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15 - La princesse dans le donjon

Holmes écouta le bruit de ses pas résonner sur les marches de pierres, clapotant au passage dans quelques flaques d'humidité.

Il n'osait pas appeler. Il craignait maladivement que seul le silence lui réponde.

Enfin, une dizaine de marches plus tard, il déboucha dans une vaste salle aux relents de moisi. Des rais de lumières transperçaient la pénombre, profitant des interstices laissés par les arbres pour s'infiltrer dans la pièce.

Holmes écarta les racines qui pendaient et avança de quelques pas...

-Dites donc, Holmes, lança une voix éraillée, vous en avez mis du temps !

Le détective se figea.

Là en face de lui, à deux mètre, à peine...

C'était Watson.

Amaigrit, sale, décoiffé et à moitié nu, mais en vie ! En vie ! EN VIE !

-Holmes ? Demanda à nouveau Watson de sa voix abîmée par le manque d'eau, inquiet du mutisme de son compagnon.

Holmes ne dit rien. Il se laissa tomber à genoux, en face de son ami si cher, et tendit une main tremblante. Il sursauta quand ses doigts effleurèrent la joue de celui qu'il n'avait jamais cru revoir. Ce n'était pas un fantôme.

-Holmes ? Souffla le docteur.

-Oh, Watson...répondit le détective.

Sa voix se brisa sur la dernière syllabe. Soudain, son corps bascula en avant, et il enferma un Watson stupéfait entre ses bras pour le serrer contre lui. Il enfuit sa tête dans la nuque du docteur.

Un sanglot déchira sa gorge. Et un autre.

-Holmes, murmura Watson, qui voyait son ami pleurer pour la première fois, détachez-moi les mains, je vous en prie, que je puisse au moins vous consoler...

Dans un état second, le détective sortit de sa poche un canif et coupa la corde qui enchaînait Watson à un gros anneau de métal fixé au mur.

Les bras du docteur, au lieu de retomber le long de son corps, allèrent aussitôt se loger dans le dos de son ami pour le serrer contre lui, comme si c'était leur place naturelle.

-Que se passe-t-il ? Demanda le docteur.

Chaque mot lui écorchait la gorge, mais ce n'était rien comparé au spectacle d'un Holmes en larmes.

C'est à cet instant seulement que le détective pris conscience que Watson ne devait être au courant de rien. Ni du meurtre de son imposteur, ni...

-Je vous ai cru mort, répondit-il simplement en séchant ses larmes, déjà honteux de son éclat d'émotion.

Mais les inflexions de sa voix étaient si douloureuses que nul n'aurait pu s'y tromper. Et sûrement pas son ami intime.

Le cœur de Watson fit un bond formidable en comprenant, enfin, que les larmes de Holmes étaient pour lui.

Le détective se désengagea de l'étreinte pour mieux dévisager son ami.

À deux centimètres l'un de l'autre, leurs souffles se confondirent...

Et Holmes posa sur les lèvres de Watson un baiser douloureux.

Le docteur y répondit avec tendresse. Dieu que son ami lui avait manqué... Ses muscles, affaiblis par les privations, se relâchèrent soudain, et son corps s'affaissa.

-John !

-Ce... Ce n'est rien, Holmes. J'ai juste besoin de reprendre des forces.

Il leva sur le détective un regard rassurant.

-Après, je compte sur vous pour tout me raconter !

-Je vous le promets, Watson, répondit Holmes en passant le bras du docteur en travers de ses épaules pour l'aider à se relever.

Watson chancela, mais le deuxième bras de son ami vint fermement le soutenir par la taille.

-Restez avec moi, ordonna-t-il.

-Toujours, balbutia le docteur en souriant.

Son esprit était un peu flou. Sa gorge le brûlait atrocement. Il lui semblait qu'elle allait se refermer sur elle-même, se fusionner, jusqu'à ce que l'air ne puisse plus passer, plus jamais ...

L'effort de la marche tirait sur ses muscles amaigris, qui n'avaient pas changé de position depuis près de deux semaines. Chaque pas en avant le vidait un peu plus de ses forces. Il essaya de se concentrer sur Holmes, pour tenir la route, mais le paysage tanguait dangereusement...

Finalement, il n'était qu'à demi conscient lorsque le détective s'arrêta pour le faire basculer tout entier en travers de ses épaules.

Il savait que Holmes parlait, lui disait de rester éveillé, et essayait de le distraire. Mais il se sentait si fatigué... Et après tout, il était dans les bras de Holmes. Il pouvait s'endormir tranquillement.

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