14 - La cachette
Brakenrid toqua à la porte d'une énième maison, où une énième bonne vint lui ouvrir. Holmes le regardait de loin, peu convaincu. Watson n'était pas dans une des maisons du village. Il était certain que l'inconnu ne connaissait personne ici, sinon pourquoi recourir à un plan aussi retord ?
Non, non, il devait être autre part, mais où... Où...
Watson...
Les minutes défilaient, et il fallait qu'il trouve, lui, le plus grand détective de Londres, il fallait qu'il fasse bouger ses méninges, il fallait qu'il trouve, maintenant, MAINTENANT !
Quelques grains de panique bloquaient l'engrenage de ses pensées. Perdu dans l'urgence de la situation, il ne pouvait penser qu'à Watson, quelque part, Watson qu'il venait de retrouver, et qui allait peut-être mourir à nouveau... Non, non, ce serait trop horrible, trop cruel...
Il fallait...
Il fallait qu'il se calme.
Il inspira lentement, et s'adossa au mur d'une maison passablement décrépit. Inspirer. Expirer. Ce n'était qu'un problème comme un autre. Des données. De simples données à analyser. Il n'était pas question de Watson. Juste de mathématiques et de logique.
La solution vint d'elle-même, si évidente qu'il faillit se frapper de ne pas y avoir pensé.
L'imposteur partait tous les matins en randonné. Certainement pour nourrir son prisonnier.
Et où allait-il ?
Où était-il possible de cacher un homme dans une lande déserte ?
À quel endroit quelqu'un pourrait-il crier et appeler sans que personne ne s'en étonne ?
Un vieux château réputé hanté, par exemple...
Une minute plus tard, l'inspecteur Brakenrid tourna la tête pour poser une question à Holmes...
Et trouva la rue vide.
~
Cette fois, il ne fut pas question d'admiration mélancolique devant le paysage. Holmes fonça droit sur le pont-levis qu'il traversa à toute vitesse, dérapant une ou de fois sur les planches pourris jusqu'à la moelle.
De jour, le château présentait un tout autre visage. Les arbres qui soulevaient les dalles de la cours bruissait de murmures joyeux, teintant de vert tendre les rayons du soleil.
Holmes n'en avait cure. Il se planta au milieu de la cour, à peu près à l'endroit d'où il lui avait semblé entendre des plaintes, la veille au soir, et hurla de toutes ses forces :
-WATSOOOOOOOON !
Il s'arrêta, essoufflé, pour écouter.
Mais seul le silence lui répondit.
-WATSOOOOOOOON ! JOOOHN !
Il s'arrêta de nouveau, tentant, par quelque pouvoir extralucide d'étendre son ouï, de capter chaque mouvement de l'herbe, chaque chant d'oiseau... Mais rien, aucune voix humaine...
Et s'il s'était trompé...
-WAAAT...
Il stoppa net son cri.
Un bruit de chaîne.
Un bruit de chaîne !
Un raclement continu, métal contre pierre ! Non, pas continu, pas tout à fait... Plutôt des tapotements... Des tapotements réguliers...
Un énorme frisson secoua Holmes, qui faillit en perdre tous ses moyens. C'était lui. C'était Watson. Tout près.
Il se concentra sur les sons.
Long. Long. Long. Long. Court. Court. Long. Court. Long. Court. Long. Long. Long. Long...
Le détective, habitué à déchiffrer les codes en deux temps trois mouvements, comprenait le morse comme une deuxième langue.
T.O.U.R.
Le détective se rua vers le bâtiment coupable. Une porte tenta de l'arrêter. Il la défonça d'un coup d'épaule avant de s'apercevoir qu'elle était ouverte. Qu'importe. Personne ne se mettait en travers de son chemin.
Il dut aussitôt faire un choix. L'escalier, où la salle principale ?
La difficulté de monter un corps inanimé sur un escalier aussi branlant le fit opter pour la seconde solution...
Qu'il regretta aussitôt.
La salle était vide. Une petite salle ronde tout ce qu'il y a de plus banal. Un seul meuble trônait au milieu de la pièce ; quelque chose qui avait sûrement été une commode, des décennies auparavant.
Le bruit s'était tu.
Holmes se mit aussitôt à quatre pattes.
De grosses rayures étaient visibles dans la poussière.
Et puis, qui irait placer une commode au milieu de la pièce ?
Il poussa sans ménagement le meuble, qui ne fit pas d'histoire pour basculer.
En dessous, une ouverture laissait voir un escalier. L'inconnu n'avait pas dû en croire sa chance, en amenant sa victime ici...
Il descendit une à une les marches qui s'enfonçaient dans les ténèbres, le cœur serré d'espoir mêlé d'appréhension.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro