1 - Séparation
-Comment ça, nous ne partons plus ?! s'exclama Watson, indigné.
-Il me semble que la phrase était assez claire, rétorqua froidement le détective.
Il se saisit d'un télégramme qui traînait sur la table et le tendit à son ami sans lui faire l'offrande du moindre regard.
-JE ME FICHE DE VOTRE NOUVELLE AFFAIRE ! Rugit Watson en envoyant balader le bout de papier. Ça fait trois ans que je n'ai pas pris les moindres vacances à cause de vous ! Vous m'aviez donné votre accord, Holmes ! Et j'ai déjà réservé des chambres dans un petit hôtel perdu, dans le Sussex, comme vous le vouliez...
-À ce moment-là, Watson, je m'ennuyais ! Mais je ne peux décemment pas refuser une aussi belle affaire !
-Vous avez besoin de vacances, Holmes ! Pour l'amour de Dieu, mais regardez-vous ! Si vous n'écoutez pas l'ami, écoutez au moins le médecin !
Holmes arbora la figure d'un homme que le discours de son interlocuteur ennuie profondément, ce qui n'eut pour effet que de raviver la colère de ce brave Watson.
-Vous prendrez vos vacances à un autre moment, trancha autoritairement le détective.
-Je prendrais des vacances ? Ne faites pas comme si j'étais le seul concerné !
-J'ai déjà répondu à ce client que nous prendrons son affaire en main.
-Nous ? Pourquoi partez-vous du principe que j'effectuerais forcément cette enquête avec vous ?
-Parce que vous ne refusez jamais, ironisa Holmes avec un total manque de diplomatie. Vous aimez bien trop me suivre dans mes enquêtes. Et vous êtes toujours à l'affût de quelques horribles histoires à écrire pour votre magazine.
Watson serra les poings. L'égo de Sherlock Holmes pouvait parfois atteindre des sommets.
-Donc, si je résume bien, lança-t-il froidement – et le détective, s'il avait eu trois grammes de jugeote, aurait dû se méfier de ce ton – ma vie n'est intéressante que lorsque je vous côtoie, et vous pouvez disposer de moi de la façon dont il vous plaira, en toutes circonstances ?
-Eh bien...
-JE SUIS VOTRE AMI, HOLMES, PAS VOTRE SERVITEUR ! Hurla le docteur en se levant.
Holmes, se rendant soudain compte qu'il avait blessé le docteur avec ses paroles inconsidérées, lui jeta un regard mal à l'aise, conscient d'avoir dépassé les limites.
-Vous ne voulez pas partir en vacances, soit. Mais je ne vois aucune raison de ne pas y aller, moi. Le train part ce soir. Ma valise est déjà faite.
-Mais l'affaire... bredouilla Holmes.
-Pourquoi, vous avez besoin de moi ?
-Certainement pas, rétorqua aussitôt le détective, son orgueil soudain touché.
Il ne comprit que trop tard, au regard que lui lança Watson, qu'il venait d'ignorer une perche tendue.
Le docteur secoua la tête, soudain las, et se rendit dans sa chambre. Il en ressortit un quart d'heure plus tard en habits de voyage, sa valise à la main.
Il se dirigea droit sur la porte, mais s'arrêta au dernier moment.
-Au revoir, Holmes, dit-il doucement. À dans trois semaines. Prenez soin de vous, je vous en prie. Et si... ajouta-t-il, hésitant, si vous vouliez me rejoindre, je n'ai pas décommandé votre chambre...
Le temps que Holmes décide quoi répondre, son ami était déjà dans la rue.
-Bon voyage, mon cher Watson, murmura-t-il finalement, ses paroles se perdant dans le vide. À bientôt...
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