Chapitre XVIII : Confidences - Partie 2/3
- Ah bonjour Uranie. Comment vas-tu ?
- Nous allons très bien à la maison. Gaïa a encore grandi. Mais... et ton père, Wladimir ? Tu sais, nous ne sommes pas stupides non plus, nous avons bien remarqué que tes parents ne se parlent plus...
Wladimir soupira, cachant le micro de son téléphone pour ne pas que la femme ne l'entende. La séparation du comte et de la comtesse n'avait pas été ébruitée et personne ne devait, théoriquement le savoir.
- Wladimir ? Tu sais que nous ne dirons rien... Mais il faudrait peut-être qu'ils soient plus discrets... Dimitri vit chez toi ?
- Non. Il est parti il y a bientôt un an... Il vit chez Rama pour le moment...
- Et Marie B ?
- Elle est chez elle...
Les réponses qu'il donnait, fuyantes, ne passeraient pas inaperçues à la femme qui, il le savait, était extrêmement intelligente. Il devait à tout prix trouver un moyen de détourner son attention.
- Vous pourriez venir chez moi le week-end prochain ! Cela me ferait grand plaisir de vous revoir tous les trois ! Et je pourrais inviter mon père, peut-être que votre présence lui ferait du bien...
- Je suis d'accord, à une condition ! Rama et Marie B !
- Bien entendu, ma chère ! Nous nous voyons dans trois jours, alors ?
Après qu'Uranie ait acquiescé, Wladimir raccrocha. Il devait partir chez son frère d'armes l'après-midi même et l'idée de voir son père ne l'enthousiasmait guère. Il en voulait à sa mère du mal qu'elle faisait à cet homme qu'il aimait énormément et qui n'était plus que l'ombre de lui-même.
Dimitri leva les yeux vers son fils, qui se trouvait sur le palier de la porte et le sermonnait depuis déjà de très longues minutes tandis qu'il restait muet.
- Vas-tu me répondre enfin, père ?
- Je...
- Mais bordel, tu vas répondre ?
Wladimir fut détaché de son père, qu'il secouait de toutes ses forces, par Rama qui, alerté par les cris, avait monté les escaliers.
- Calme-toi, mon frère...
- Toi, tu me lâches !
- Fais attention, fiston... Tu risques de redevenir comme tu as été..., murmura Dimitri.
- Il se fiche de moi ! Tu ne me parles pas et quand, enfin, tu prononces quelques mots, c'est pour me dire ça !
Rama resserra davantage son emprise sur son frère d'armes. Il savait pertinemment que ce Wladimir, impulsif et agressif, n'existait plus depuis bien longtemps mais, comme pour Blanche, le lui rappeler était risquer de voir son courroux.
- Très bien. Uranie, Lucifer et Gaïa viennent ce week-end chez moi. Tu as intérêt à venir, grogna la créature. Je descends !
Une fois qu'ils ne furent plus que deux dans la chambre, Rama soupira en regardant Dimitri.
- Vous avez vraiment intérêt à vous bouger, Dimitri ! Vous n'êtes pas seul ! Votre fils a besoin de vous ! N'oubliez pas ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'il s'est senti abandonné...
- Je ne l'ai jamais oublié, mon fils...
- Alors, bougez-vous ! Ce n'est peut-être pas dans la nature profonde de Wlad d'être agressif, mais ce n'est pas non plus dans ma nature d'être patient... Méfiez-vous !
Dimitri regarda l'homme quitter sa chambre et refermer la porte derrière lui. Il ne savait que faire. D'un côté, sa peine et sa détresse étaient toujours bien présentes chez lui mais, d'un autre, ses fils avaient besoin de lui. Il ne voulait surtout pas que son absence, et celle de son épouse, aient les mêmes conséquences sur Wladimir qu'une centaine d'années auparavant. La peur commença à emparer son âme. Dans un sursaut, il se leva, quittant cette pièce qui était son antre depuis près d'un an, et descendit les escaliers. Il devait redevenir le père qu'il était.
- Ton père semble aller mieux, murmura Marie B.
- Oui. Il faut croire que la venue de Luci, Uranie et Gaïa lui fait du bien, Petit loup...
- Mais Rama m'inquiète. Depuis qu'il a ce poids sur ses épaules, il est de plus en plus fatigué... J'aurais dû le garder chez moi...
- Ne dis pas n'importe quoi... Il est beaucoup mieux chez Rama, c'est plus grand et surtout moins dangereux. Par contre, il faudrait penser à mettre d'autres personnes dans la confidence... C'est trop compliqué de le maintenir à ce point caché, surtout avec Dimitri chez Rama...
La femme n'eut pas le temps de répondre qu'Uranie fit irruption devant eux, un immense sourire aux lèvres et Gaïa dans les bras.
- Drêrerh !
- Oui, ma puce !, s'exclama Marie B, en prenant la fillette de vingt-deux mois dans les bras.
- Amour !
Gaïa se colla contre la femme, qui s'apaisa à son contact. Depuis la connexion qui s'était établie entre elles, chaque fois qu'elle était proche de l'enfant, elle se sentait mieux. Comme si cette connexion semblait plus puissante que celle qu'elle partageait avec les autres personnes qui lui étaient proches, dont Hermès. Les cheveux crépus de la fillette lui chatouillaient les narines et les grands yeux marrons la dévisageaient, rieurs.
- C'est fou comme tu grandis ! J'ai beau te voir presque chaque mois, je n'en reviens jamais !
- Petit loup a raison, c'est toujours incroyable à cet âge-là !
- C'est vrai... le temps passe bien vite ! Mais vous deux alors, comment allez-vous ? Et Rama ? Il me semble de plus en plus exténué...
Wladimir jeta un œil à sa protégée, qui hocha la tête en signe d'approbation. Ils devaient parler d'Hermès, partager ce fardeau, comme celui de son père, à d'autres personnes pour soulager leur frère d'armes.
- Veux chanter !
- Oh ! Eh bien alors, nous allons nous mettre sur le canapé pour que je te fasse une comptine !
En passant devant Rama, la femme lui murmura :
- Wlad va parler de ton... invité.
- Tu es certaine que c'est ce que tu veux ?
- Pour ta propre santé, oui.
Il rejoignit donc son ami, qui discutait encore avec Uranie. S'ils devaient parler, ils allaient le faire sans que Marie B ne soit présente dans la salle de réception, afin de lui éviter des interrogatoires de la part des personnes présentes.
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