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Chapitre XII : Distances - Partie 2/2

- J'en ai marre !

Le hurlement d'Aphrodite réveilla Hadès, qui dormait, et sa nourrice dut le prendre dans ses bras et le bercer pour qu'il se rendorme. Cet enfant serait le futur chef du clan de Satan, elle n'avait aucun doute là-dessus. Même si Jupiter était devenu leur représentant officiel et leur membre permanent au Ministère, elle savait que c'était toujours Apophis et son épouse qui tiraient les rênes et ce, malgré les sautes d'humeurs de la femme.

Une fois que l'enfant se fut endormi, elle le coucha dans son berceau et quitta la chambre pour se rendre dans la salle de réception, où Apophis tentait de calmer son épouse.

- Jupiter est en chemin, il va nous donner des nouvelles du Ministère, mon amour.

- Et alors ? Nous sommes condamnés et en fuite ! Cela ne changera rien ! J'en ai marre d'être ici à ne rien faire ! J'en peux plus !

La sonnette de leur demeure, prêtée par Tulla, retentit et, lorsqu'Apophis ouvrit, il fut ravi de constater que l'officiel chef de clan se trouvait sur le seuil. Après une accolade amicale, il fit entrer la grande créature à la peau mate et le conduisit au sein de la salle de réception.

- Bonjour Aphrodite et Tulla.

- Oui, oui, bonjour Jupiter. Alors, le Ministère ?, s'agaça Aphrodite.

- Que veux-tu que je te dise ? Vous êtes toujours condamnés, cela n'a pas changé...

- Et à part ça ?

- Il n'y a aucun mouvement de la part des clans de Kergianov ou Thorsen... Je ne sais pas si la deuxième version est vivante ou non. La première n'est pas revenue au Ministère depuis quelques temps, et je ne sais pas ce qu'elle peut bien faire. Il parait qu'elle teste une vie « humaine »...

- La première version ? Tu as vu l'animal ? Jamais elle n'abandonnerait sa vie pour devenir cette espèce ! Elle se battrait jusqu'à la mort pour...

- Jupiter, écoute-moi attentivement, coupa Apophis. Je t'ai chargé de représenter le clan de notre bien-aimé Satan à une condition, que tu surveilles ce qui se passe au Ministère et que tu nous fasses des comptes-rendus réguliers. J'espère bien qu'à ta prochaine venue, tu auras été plus vigilant.

Il rattrapa son épouse, qui menaçait de s'énerver et planta ses yeux dans ceux de Jupiter, jusqu'à ce qu'il les baisse. Il fallait absolument que celui qu'il avait désigné pour prendre sa place durant les cinquante prochaines années comprenne enfin les responsabilités dont il était affublé. Ils devaient connaître les plans de leurs ennemis afin de les contrer et de récupérer les deux Messagers.


Hermès était posé dans sa chambre, attendant avec hâte l'arrivée de sa demi-sœur. Cela faisait presque une semaine qu'elle était partie chez elle, le laissant chez Rama, et ses sentiments à son égard le troublaient. D'un côté, il était impatient de la retrouver et, d'un autre, il était fâché contre elle. Il avait l'impression qu'elle venait de l'abandonner, après avoir passé presque trois ans chez elle, puis trois semaines avec elle, chez son frère d'armes, cela faisait sept jours qu'il ne l'avait pas revue. Certes, elle l'avait appelé, il l'inondait de messages auxquels elle répondait, mais ce n'était pas pareil que d'être dans son grenier, dans la maison de la femme.

Son regard était fixé sur son téléphone, qui ne vibrait plus depuis quelques minutes, et il décida de surfer sur Internet, cherchant des informations sur l'amour. Il aurait aimé connaître ce sentiment, comprendre ce que ressentaient les gens qui étaient amoureux, comme sa demi-sœur. Parfois, il lui arrivait de ressentir les impressions de Marie B, le bonheur de voir ceux qu'elle aimait, les hormones que son corps sécrétait, la douleur de l'absence. Mais il ne parvenait pas à faire la distinction entre l'amour qu'elle portait à son époux, Wlad, Rama ou à ses amis et lui-même. Etait-il possible qu'elle aime autant chaque personne de son entourage, ou masquait-elle ses sentiments ?

Des bruits à la porte de sa chambre le sortirent de ses pensées, et il fit entrer sa demi-sœur, Wladimir et leur frère d'armes. Aussitôt, avant même qu'elle n'ait eu le temps de franchir le seuil, il attrapa Marie B et la serra fortement dans ses bras, n'arrêtant que lorsqu'elle commença à suffoquer.

- Tu ne m'as pas abandonné...

- Bien sûr que non, Hermès... Tu viens avec nous ? Wlad et Rama voudraient que nous ayons une discussion tous ensemble.

Ils descendirent tous les quatre les escaliers des deux étages et se posèrent dans les deux canapés du salon, Marie B s'asseyant à côté de son demi-frère pour le rassurer.

- D'abord, Petit loup, ça s'est apaisé avec Orlando et tes amis ?

- Nous nous sommes expliqués avec Orlando, puis avec Ho Sang et Shinji. Ils ont compris mais... de là à accepter, ça prendra du temps, je pense...

- C'est normal, ma belle. Tu leur as menti pendant trois ans, c'est quand même énorme pour eux.

- Je sais... Au moins, ils ont compris les raisons. Vous vouliez vraiment qu'on se réunisse pour parler de ça ?

- Non. C'est plutôt de toi, Hermès, dont nous devons parler, répondit Rama.

Le jeune homme, malgré sa taille et sa musculature impressionnantes, se tassa sur le canapé, se rapprochant de sa demi-sœur. A la vue de ce réflexe, les deux créatures s'échangèrent un regard, revoyant malgré eux l'attitude de leur protégée vingt ans auparavant. Ils n'avaient pas besoin d'être des Messagers pour comprendre que la peur était omniprésente en lui.

- Ne t'inquiète pas, Hermès. Nous devons surtout parler de tes liens avec Petit loup et de ton avenir.

- Tu sais, tu as le droit de nous parler, ce n'est pas la petite bête qui va manger la grosse !, ajouta Rama pour le jeune homme, en riant, voulant détendre l'atmosphère.

- Comment ça ?, commença à s'énerver l'intéressé.

Marie B agrippa immédiatement son demi-frère, qui menaçait de se lever, et ancra ses ongles dans ses bras pour le maintenir assis et tenter de le calmer. Elle sentait ce grondement en elle, et savait qu'il était en proie au même problème qu'elle.

- C'est une expression humaine, Hermès. Ce n'est en aucun cas de l'agression. Rama a juste voulu nous faire rire pour nous calmer.

- D'accord... mais je ne comprends pas cet humour...

- C'est pas grave, oublie Hermès. Ce dont nous voulions te parler, Wlad et moi, c'est de tes sentiments vis-à-vis de ta demi-sœur. On parlera plus tard de votre étreinte, là n'est pas la question. Le problème est que plus vous êtes ensemble, plus vos instincts sont présents. Je l'ai remarqué, c'est souvent soit quand vous êtes l'un avec l'autre, soit quand vous venez de vous quitter. Vous avez une « mauvaise influence » l'un sur l'autre, et vous n'y êtes pour rien. Malheureusement, tant que vous n'arriverez pas à contrôler cette rage destructrice, vous devrez essayer de vous tenir loin l'un de l'autre...

- Hors de question !

- Hermès, jeune homme... C'est dans votre intérêt à tous les deux de vous éloigner, ce n'est pas une punition contre toi ou contre Petit loup.

- Je refuse, point !

Devant l'attitude du jeune homme, Rama décida de mettre sur la table les autres questions qu'ils devaient aborder. Il fallait absolument qu'Hermès se rende compte qu'il pouvait rester chez lui tant qu'il voudrait, mais qu'il devait lâcher un minimum sa demi-sœur, avant qu'ils ne parviennent plus à se contrôler.

- Ecoute, Hermès, cela suffit. Je vais prendre ton éducation en main, d'accord ? Marie B t'a appris le français, un peu d'anglais, je vais finir l'apprentissage de cette langue et t'apprendre le norvégien. C'est un pays qui contient encore de nombreuses terres relativement sauvages, les humains y sont grands, tu pourras y faire ta vie.

- Rama a raison, Hermès, ajouta sa demi-sœur. Ce pays serait parfait pour toi, plus tard.

- Loin de toi, c'est ça ?

- Si un jour, on te découvre ici, tu seras bien plus en sécurité loin de moi. Je serai la première personne qui sera suspectée ou suivie. Loin de moi, tu seras bien...

- Mais moi, je ne suis pas d'accord !

- Et, dans tout ça, est-ce que tu penses parfois à Marie B ?, explosa Rama. Est-ce que tu penses à tout ce qu'elle a fait et tout ce qu'elle a perdu pour toi ? Elle a perdu son nom, sa place au Ministère, elle s'est embrouillée avec son époux ! Elle t'a caché pendant trois ans, mettant entre parenthèses sa vie avec les humains ! Elle a menti pour toi !

- Rama, arrête !

- Non, ma belle, il faut qu'il comprenne. Si tu ne la lâches pas un minimum, vous n'allez plus être une symbiose, mais tu vas devenir un parasite pour elle.

Le jeune homme baissa les yeux, réfléchissant à ce que venait de dire la créature. Il n'avait absolument pas envie de faire du mal à sa demi-sœur, qui représentait tout pour lui. Il était partagé entre l'envie de rester auprès d'elle et la volonté de ne pas la faire souffrir. En relevant la tête, il croisa le regard aimant de Marie B, et sa décision fut immédiatement prise.

- C'est d'accord, murmura-t-il. Je vais faire un effort pour m'éloigner de Marie B.

- Je suis fier de toi, Hermès. T'éloigner de Petit loup est compliqué pour toi, mais ce sera mieux pour vous deux. Je serai là, avec Rama, pour t'aider à avancer dans ta vie, et Marie B ne t'abandonnera pas.

- Bien sûr que non, Hermès. Je passerai régulièrement te voir.

Elle l'avait senti, son demi-frère souffrait de sa décision. Elle le prit dans ses bras et le laissa fondre en larmes sur son épaule, lâchant ainsi toute la pression qu'il contenait depuis plusieurs heures. Son instinct prenait le dessus, elle le savait, et il n'allait pas arrêter à craquer. 




Bonjour à tous !

Voici la fin d'un chapitre court, mais néanmoins nécessaire pour comprendre comment vont vivre, apparemment, Marie B et Hermès !

Alors : 

- Qu'avez-vous pensé de l'attitude d'Orlando ? 

- Celle d'Hermès ? 

- Les arguments de Rama et Wlad ? La décision ? Bonne ou mauvaise ? 

- Le clan de Satan ?

Nous sommes maintenant à la moitié de ce tome ! :)

Rendez-vous demain pour le début d'un chapitre un peu plus calme et peut-être un peu surprenant ;)

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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