XXIII. Secret / Partie 1
- Comment ça va ?, demanda la psychologue.
- Comme quelqu'un qui va bientôt dévoiler un lourd secret, répondit le Messager.
- C'est-à-dire ?, insista Hélène.
- Stressée... mais bientôt soulagée, répondit la femme en souriant.
Wladimir et Rama accoururent auprès de leur protégée dès que les animaux se poussèrent et les laissèrent passer.
- On doit t'enlever cette balle au plus vite, afin de te permettre de bien te régénérer, expliqua son ancien tuteur créaturien. On va te ramener au manoir.
- Elle doit répondre de ses actes !, fulmina Natacha.
- Vous, la vieille, vous la fermez !, hurla Rama. Si vous n'êtes pas contente, vous dégagez !
Le duo se précipita, leur protégée dans les bras du musicien jusqu'au manoir, courant aussi vite qu'ils le pouvaient dans la forêt, se tordant les chevilles sur les racines parfois dénudées des arbres.
- Dépêche-toi, Wlad, ta mère va finir par nous rejoindre !
- Si je tombe avec Petit loup dans les bras, ce serait gênant, non ?
- Je suis encore vivante...
Wladimir jeta un œil, tout en continuant sa course effrénée, à Marie B. Parfois, Rama et lui avaient la fâcheuse tendance à parler d'elle alors qu'elle était éveillée, habitude prise lorsqu'elle dormait dans leurs bras la nuit et qu'ils continuaient tous les deux à discuter.
Son frère d'armes l'avait devancé et il entendit la porte de son manoir s'ouvrir. Pressant sa course, Wladimir s'engouffra à son tour dans sa demeure et se précipita dans le salon, où il déposa leur protégée.
- Nous devons nous dépêcher ! Si nous n'enlevons pas assez vite cette balle, tu pourrais commencer à te régénérer autour, et cela entrainerait des complications pour te l'ôter par la suite, expliqua la créature, tout en prenant la pince que son frère d'armes venait de passer sous la flamme d'un briquet.
- Ça va piquer, ma belle !
- Ça piquera toujours moins que le coup que mon cœur a pris...
Rama entendit les invités pénétrer dans l'entrée et quitta le salon pour les y restreindre. Il n'avait aucunement envie que la comtesse vienne ennuyer Marie B alors que son ancien tuteur créaturien était en train d'extraire la balle que Natacha avait destiné au deuxième Messager.
- Que fait Hermès ?, s'impatienta Aphrodite. Ça fait cinq heures qu'il y est !
Depuis qu'ils attendaient la deuxième version, la situation s'était dégradée dans la voiture. Après avoir été totalement euphorique, sautant brutalement sur son époux pour lui faire l'amour de façon sauvage, la femme avait été un peu plus calme pendant environ deux heures. Depuis, plus le temps avançait, plus elle fulminait et pestait, poussant régulièrement son époux à sortir de ses gonds.
- Partons et rejoignons la planque. Il nous y retrouvera.
- Comment savoir s'il va savoir la retrouver ?
- Au pire, nous irons le chercher ! N'oublie pas que nous l'avons pucé dans ce but !
Apophis démarra le véhicule et sortit du chemin peu fréquenté qui menait au manoir de leur ennemi. Malgré ce qu'il venait d'affirmer à son épouse, il doutait. Ce retard ne pouvait avoir que deux raison. Soit la deuxième version était morte, soit elle avait déserté. Et eux, étaient coincés, ne pouvant pas revenir au Ministère avant cinquante années.
Hermès se retrouva seul dans une forêt, après avoir sauté par au-dessus du mur du domaine à un autre endroit que par où il y était entré, quelques heures auparavant. Il ne voulait pas rejoindre ses parents et c'était la raison pour laquelle il avait fui plusieurs centaines de mètres au sud de leur position. Il l'avait compris grâce à sa demi-sœur : ils lui avaient menti. Elle n'avait jamais voulu sa mort. Et, s'ils avaient pu détourner la vérité sur une chose aussi grave, sur quoi d'autre avaient-ils modifié la réalité ? Il se demandait s'ils ne lui avaient pas menti sur tout. Ils lui avaient raconté que sa mère humaine était morte en couche, que les Hommes étaient le mal incarné mais, au final, avaient-ils raison ? Les humains que Marie B protégeait semblaient gentils et, dans l'histoire, c'était sa propre famille qui avait brutalisé la femme et tenté de tuer ses proches, non pas l'inverse.
Il s'arrêta un instant de courir pour réfléchir à ce qu'il devait à présent faire. Il ne pouvait pas retourner auprès de sa demi-sœur. Son clan cherchait toujours à le tuer. Il ne voulait pas retourner auprès de son propre clan. Il n'avait pas la possibilité de se fondre parmi les Hommes car il ignorait leur langue et leur alphabet. Il décida donc de s'enfoncer dans une autre forêt, plus sauvage et surement moins fréquentée. Il avait l'impression d'être seul mais, sa connexion avec la femme l'apaisait. Il décida de grimper dans un arbre, et s'y endormit.
- Tu n'aurais pas dû faire ça, ma belle. La vieille va tout faire pour que tu payes.
Avec Wladimir, ils avaient décidé de monter Marie B dans sa chambre, afin qu'elle ne soit pas importunée par Natacha et qu'elle puisse se reposer un peu.
- Je sais... Et dire que tu ne voulais pas qu'on s'enlace tout à l'heure à cause des lois !
La femme sourit tristement à son frère d'armes en prononçant cette phrase ironique. « Vaste blague de craindre pour un moment de tendresse, maintenant que je vais être probablement punie pour traîtrise ! », pensa-t-elle. Elle regarda sa jambe et ne fut pas surprise de ne plus y voir la marque de la balle qui y était encore peu de temps avant. Cependant, elle était un peu lasse de cette régénération. Elle aurait aimé garder cette trace, comme une communion avec son demi-frère qui se retrouvait maintenant seul et traqué.
- Aux diables les lois ! Je t'aime et je n'en ai que faire que les autres le sachent ! Transgression pour transgression, nous n'en sommes pas à une près aujourd'hui !
Rama plongea ses yeux saphir dans ce regard que la tristesse avait rendu plus vert et s'approcha doucement de cette bouche rosée et pulpeuse qui lui faisait tant envie. Voyant que sa sœur d'armes ne le repoussait pas, il posa ses lèvres contre les siennes, effleurant ce visage comme s'il avait été un papillon. Puis, il l'embrassa de manière plus poussée, mêlant sa langue à celle de la femme et sentant le petit corps à côté de lui bouger au rythme de ses caresses, qui se firent de plus en plus précises.
- Un peu de douceur avant la confrontation ?
- Transgressons, ma belle.
Wladimir était descendu, laissant la garde de sa protégée à son frère d'armes. Il voulait tenter d'arrondir les angles en faveur de la femme.
- Vous l'avez vu ! Il est monstrueux, une vraie bête !, hurla la comtesse.
- Là-dessus, c'est vrai qu'il n'a pas été gâté par la nature, admit Astéria.
- Nous devons immédiatement partir à sa recherche, déclara Ulysse.
- Il doit déjà être loin, avec le reste du clan de Satan, rétorqua son épouse.
Dimitri aperçut son fils et vint vers lui.
- Ta mère est très énervée contre la gosse. Ça va très mal finir...
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un silence pesant se fit dans le groupe lorsqu'apparurent, dans l'encadrure de la porte, Marie B et Rama.
- Je devrais te tuer !, ragea Natacha. Tu as permis à cet animal de nous échapper !
- Je vous avais prévenue que je ne vous laisserais pas faire.
- Ne vous avisez pas, mère, de la menacer.
La comtesse regarda son fils. Cet enfant qu'elle avait tant désiré et choyé. Elle avait tenté de le mener dans le droit chemin, celui de la droiture et de la légalité. Mais, il n'en avait que faire, et préférait suivre ses sentiments. Et son frère d'armes. Un enfant de leurs alliés qui avait débarqué chez eux âgé de sept ans, et qu'elle n'avait jamais apprécié. Ses parents l'avaient mal élevé. Il avait la transgression dans le sang et suivait toujours son instinct, vivant au jour le jour. Un étrange duo s'était alors formé, enfreignant les règles au gré de leurs sentiments. Et ce, jusqu'à la trahir, avant de transgresser la règle ultime entre humains et créatures. L'interdiction de se mettre en couple entre les deux espèces. Le mariage entre son fils chéri et cette humaine en 1926, sous la protection et le secret de Rama, alors qu'il avait déjà commis une très grave erreur avant cela, qu'elle avait dû, malgré elle, couvrir. Ça en était assez, il fallait que Wladimir ouvre les yeux et suive enfin le droit chemin. Elle ne pourrait plus masquer indéfiniment aux autres créatures et membres permanents du Ministère les idioties qu'il faisait.
- Wladimir. Tu vas la laisser immédiatement. Cela suffit, nous ne jouons plus. Tu es adulte et tu dois te conduire en créature responsable. Tu as un rôle très important à tenir dans notre clan et au Ministère.
- Non, mère. Jamais je n'abandonnerai Petit loup. Elle fait des erreurs, elle n'est pas délicate mais, c'est grâce à elle que j'ai réappris à vivre et à aimer.
Voyant que la conversation prenait une tournure très personnelle, la plupart des créatures décidèrent de partir. La fête était finie, après avoir à peine commencé. Tous savaient qu'ils se reverraient très vite et, malheureusement, dans des circonstances bien moins sympathiques.
Rama et Dimitri restèrent avec Marie B, tandis que Natacha tentait de « raisonner » son enfant.
- Que penses-tu qu'il va arriver à Marie B ?, demanda Uranie à son époux, dans leur voiture.
- Je ne sais pas. Elle a désobéi aux lois et je pense que Natacha va tout faire pour le lui faire payer...
La femme regarda le soleil qui se levait. Elle se sentait fautive. Sa trahison avait forcé son alliée à croiser le chemin de son demi-frère, et son envie de se racheter l'avait poussé à le défendre. Il lui semblait temps d'arrêter de prendre des décisions. A chaque fois qu'elle en avait pris une, elle l'avait menée dans le mauvais chemin. Elle soupira. La dette qu'elle avait envers Marie B n'était pas payée. Peu importe que ses prochaines décisions soient bonnes ou non. Elle ferait tout pour défendre la femme face à la comtesse.
Et voici pour la première partie de l'avant-dernier chapitre ^^
Alors :
- Des idées sur ce que Hermès va faire ?
- Sur Apophis et Aphrodite ?
- Des avis sur les pensées et actions de Natacha ?
- Des idées pour la suite ??? ;)
Comme toujours, n'hésitez pas à voter, commenter, papoter ^^
Prochaine partie mardi ou mercredi ;)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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