XVIII. Destin / Partie 3
Uranie n'eut pas le temps de réagir qu'elle se retrouva par terre, la balle l'ayant à peine effleurée. Elle regarda avec stupeur celui qui venait de lui sauver la vie. Rama.
- Voici nos chevaliers !, ironisa Arès. Nous savions que vous viendriez. Lâchez vos épées, ou Hermès la tue !
En voyant la deuxième version, à genoux à côté de Marie B, placer un poignard sous la gorge de la femme, les trois créatures du clan Kergianov s'exécutèrent. Le piège se refermait sur eux.
Hermès avait obéi, mais il ne comprenait pas pourquoi il devait menacer sa demi-sœur. Il n'avait pas imaginé devoir tenter de la violer, la massacrer, et maintenant, lui mettre un poignard contre sa gorge. Il ne voulait pas, il n'avait jamais voulu tout cela. Il aurait voulu l'aimer charnellement, comme il l'avait vu dans des vidéos sur Internet, où les gens s'enlaçaient tendrement, et bien loin des images pornographiques que son oncle lui faisait visionner quotidiennement. Il aurait aimé apprendre à la connaître, en faire une alliée et peut-être une amie. Elle avait suivi un mauvais chemin mais, elle aurait pu le rejoindre.
Il regarda à nouveau Marie B, dont il tenait les cheveux courts de sa main gauche, pour rendre sa gorge plus exposée à son poignard. Ses yeux croisèrent ceux de la femme, dont l'éclat se brillait plus. Ses parents et son oncle lui avaient dit qu'ils voulaient en faire une alliée, pas la tuer...
- Alors, jeune fille. Par lequel commence-t-on ? Ton mari ? Ton frère d'armes ? Ton ancien tuteur créaturien ?, questionna Aphrodite, d'humeur joueuse. J'avoue que j'ai une revanche à prendre sur Rama, il m'a déjà échappé une fois. Hermès, ôte ce couteau de sa gorge, je veux qu'elle puisse regarder.
Le jeune homme obtempéra et se redressa, rendant la femme un peu plus libre de ses mouvements.
- Tuez-les, murmura la femme. Wlad, Rama, tuez-les.
Apophis la gifla sévèrement, mais elle releva un regard implorant vers ses amis créaturiens. Ils devaient se défendre. Elle ne pouvait pas les laisser mourir ainsi... Elle essaya de rassembler tout ce qu'il lui restait d'énergie et tira un grand coup sur les chaînes, s'étranglant davantage. La réponse du clan de Satan fut immédiate. Apophis lui lança un coup de pied dans le ventre.
- Arrêtez !, hurla Orlando.
Marie B leva les yeux vers son mari. Il était en danger. Elle devait le sauver. Elle devait les sauver. Mais elle n'avait plus assez de force. Elle était usée et ne trouvait plus de stratagème pour les aider.
- Alors, belle arachnide. Veux-tu expliquer à ces gens comment, pourquoi et à cause de qui ils vont mourir ce soir ?, demanda Apophis.
Des larmes coulèrent le long des joues de la femme.
- Pardonnez-moi. J'étais jalouse. Je voulais me venger de toi, Rama, et de Marie B. J'étais jalouse de votre relation. Mais... je n'ai jamais voulu ça...
- L'heure n'est pas au pardon, décréta Wladimir.
Les humains le regardèrent, stupéfaits. Ils ne comprenaient pas la phrase de la créature, qui tentait de faire diversion.
- Ça va pas, non ?, hurla Ho Sang.
- Si, ça va très bien. Et je redis que l'heure n'est pas au pardon !
- Tu es tombé sur la tête ?, cria Shinji.
Aphrodite sentit ce qu'essayait de faire Wladimir et le menaça de la pointe de son épée.
- Bien joué, Kergianov. Créer une embrouille pour détourner l'attention. J'avais prévu de commencer par Rama mais, tu es toi-aussi un adversaire de taille.
Marie B leva les yeux vers une des fenêtres. Déjà deux chouettes venaient de passer. « Serait-ce possible ? », se demanda-t-elle. Elle n'avait plus assez de force pour exercer son pouvoir et, pourtant, elle les avait vues. Il n'y avait qu'une seule façon de savoir, et elle saurait. Malgré la douleur et la fatigue, elle regroupa ses forces et tira brusquement sur ses chaines et en sentit une qui menaçait de se décrocher.
Comme elle s'en était doutée, Apophis entendit le crissement du mur et se dirigea vers elle pour la frapper.
Les trois membres du clan Kergianov et les trois humains regardaient, impuissants, Marie B se faire martyriser. Ils le savaient, s'ils tentaient quoi que ce soit, Apophis n'hésiterait pas à la tuer. Il préférerait la voir morte plutôt que de risquer qu'elle ne leur échappe. Et les trois créatures avaient la lourde tâche de tenter de garder en vie les trois humains. Aucun ne comprenait cet acharnement qu'avait Marie B à tenter de se libérer, alors qu'elle en était physiquement incapable... Il aurait mieux valu qu'elle reste calme pour éviter le courroux des membres du clan de Satan. Elle risquait sa vie inutilement et eux, malheureusement, se retrouvaient pieds et poings liés.
Marie B tentait d'encaisser les coups comme elle le pouvait. Cependant, elle sentait que la délivrance n'était plus loin et que l'attitude de son bourreau choquait Hermès. Elle ressentait les émotions diffuses qui traversaient son demi-frère et l'incompréhension qui le dominait à présent. Tout ne serait pas perdu pour lui si elle parvenait à le récupérer. Mais, avant cela, elle devait sauver ses amis qui étaient venus l'aider, et se retrouvaient à présent en danger. Elle murmura, presque inaudiblement :
- S'il-vous-plait...
- Je savais que tu finirais par me supplier, Messager !, railla Apophis, qui l'avait entendue, tout en continuant de la frapper. Mais ce n'est pas suffisant !
- Ce n'est pas à toi..., murmura-t-elle, avant de s'évanouir.
Ils étaient là. Elle les avait entendus. Mais, cette nuit, ils ne lui obéissaient pas. Ils venaient la sauver.
- C'est impossible !, cria Aphrodite en se mettant à courir, paniquée.
Devant les yeux de toutes les personnes présentes, une nuée gigantesque de chauves-souris venait de briser une fenêtre et fondait sur les membres du clan de Satan. Soudainement, puisque la brèche était au niveau du sol, des sangliers et renards pénétrèrent dans la salle de bal et se dirigèrent immédiatement vers Apophis et Hermès, qui durent fuir vers la porte arrière, suivis par Aphrodite.
Rama ne fut pas assez rapide pour attraper la femme, mais il mit en joug Arès, proche de lui, et stoppé dans sa fuite vers la fenêtre par un ours brun, qui lui assena un coup de patte, le faisant voler et atterrir près de son ennemi.
- Uranie ! Les humains ! Occupe-toi d'eux !, ordonna Wladimir.
Malgré les protestations des trois humains, et dans la cohue générale, Uranie parvint à les faire sortir du château et les entrainer dans sa voiture.
- Je veux retrouver ma femme !
- Wladimir s'occupe d'elle ! Nous, nous devons fuir !
- Pas sans Marie B !, cria Ho Sang, en arrachant les clefs du contact.
Wladimir décrocha sa protégée des liens qui l'entravaient. Heureusement pour lui, les renards qui entouraient la femme le laissèrent opérer et il se rua, hors de la demeure, sous la protection des animaux de la forêt. Il rejoignit Rama, qui avait ligoté Arès et l'avait jeté dans le coffre, et l'attendait dans son véhicule, inquiet. Aussitôt que Marie B fut couché sur les sièges à l'arrière, et son frère d'armes installé à côté de lui, Rama démarra et devança la voiture d'Uranie, qui le suivit. Ils entendirent des bruits de balle derrière eux. Le reste du clan de Satan devait tenter de se défendre contre les animaux pour les poursuivre. Mais, ce fut vain.
Dans le rétroviseur, le frère d'armes de Marie B vit les chauves-souris s'élever dans les airs et se rassura. Il savait que la femme n'aurait pas supporté l'idée que des animaux se sacrifient pour elle.
Uranie décida de s'arrêter chez elle et le groupe fut accueilli par un Lucifer étonné et déconcerté, entre les trois humains, Arès ligoté et bâillonné, et Marie B dans un piteux état...
- Que se passe-t-il ?, demanda l'hôte.
- C'est une longue histoire mais, pour le moment, nous devons la soigner et la nourrir, rétorqua Wladimir.
Il déposa la femme dans un des trois canapés. L'absorption de sang étant impossible, puisque la femme s'était évanouie, les quatre créatures lui transfusèrent de leur hémoglobine. Une fois l'urgence réglée, Rama menotta Arès et l'enferma dans la pièce adjacente, avant de téléphoner à Natacha pour la prévenir de la situation. Il n'aimait pas la comtesse mais, en tant que membre permanent et « cheffe » de leur clan, c'était à elle de régler les problèmes et qu'incombait la lourde tâche de remonter l'affaire au Ministère.
- Elle va aller mieux, n'est-ce pas ?
- Bien sûr, jeune homme, mais il lui faut du repos et de la nourriture, répondit Wladimir.
- Mais... Comment a-t-elle fait, dans son état, pour commander les animaux ?, questionna Uranie.
- Ils ne lui ont pas obéi, ils l'ont aidée, précisa Wladimir.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, demanda Lucifer.
- Vous devriez peut-être demander à votre femme !, ragea Ho Sang.
L'hôte se tourna vers son épouse, qui détourna son regard pour le poser dans la direction de Marie B en soupirant.
- Je n'ai jamais voulu ça. Ça ne devait pas se passer ainsi... Je regrette !
- Tu as failli me faire tuer par Aphrodite, tu as livré Marie B, puis les humains au clan de Satan, et tu ne trouves que ça à répondre ?, hurla Rama, qui venait de revenir, après une discussion compliquée avec Natacha.
- Non. Ma femme n'aurait jamais...
- Je l'ai fait, Luci. Rama dit la vérité. J'ai... j'étais jalouse ! J'ai voulu me venger ! Je pensais juste à ça, la vengeance ! Je voulais que Rama souffre comme j'avais pu souffrir de son rejet !
Elle s'approcha de son mari, mais il tendit son bras pour l'empêcher d'avancer davantage. Ça en était trop pour lui.
- Alors... Tu as feint de m'avoir retrouvé. Tu m'as menti. Tu as trahi nos alliés. Tu as entaché notre nom.
- S'il-te-plait, Luci...
- Ne m'approche même pas !
Il voulut quitter la pièce, mais la santé de Marie B était encore incertaine, et il ne voulait pas souiller son nom davantage que sa femme l'avait fait. Il s'approcha donc de Rama et Wladimir. Les trois humains étaient assis dans un des canapés, interdits devant le spectacle qui se déroulait devant eux, et stressés pour leur amie, allongée sur le divan en face. Lucifer regarda la femme, qui commençait à reprendre des couleurs et dont les blessures se refermaient petit à petit. Sa capacité de régénération, malgré tous les chocs qu'elle avait subis, était impressionnante.
- Apophis, Aphrodite, et leur création doivent être loin maintenant, soupira Rama.
- Hermès, murmura Marie B, les yeux à moitié clos. Il est en moi...
Wladimir et Rama la regardèrent. Ils avaient peur de bien comprendre la phrase prononcée par leur protégée. Ils auraient pu craindre que la femme se lie d'affection pour son demi-frère mais, c'était pire. Ils redoutaient qu'ils ne soient à présent connectés.
Et voilà, je n'ai pas été trop sadique, je vous ai posté la fin avant mon retour ^^
Alors :
- Que pensez-vous des réactions d'Hermès ?
- Uranie ? La réaction de Lucifer ?
- Le lien de Marie B avec les animaux ?
- Le possible lien de Marie B avec Hermès ?
- Que vont faire Apophis et Aphrodite, à votre avis, maintenant qu'Arès a été récupéré ?
Comme toujours, n'hésitez pas à voter, commenter, blablater, révolutionner...
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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