XVIII. Destin / Partie 2
Le lendemain matin, Orlando et le couple se dirigèrent en voiture vers la gare de Longueau, les yeux minuscules par la nuit blanche qui venait de se dérouler. Ils devaient descendre à Paris et y prendre un TGV dans lequel, fort heureusement, il restait des places. Ils ne savaient pas à quoi s'attendre. Cette histoire avait ravivé des souvenirs douloureux aux deux Chinois qui se revirent, vingt ans en arrière, à New-York, lors de leur affrontement avec le juge O'Neil. Ils avaient espéré ne plus voir de mort violente entrer dans leur vie. Mais, ils avaient l'impression qu'ils y fonçaient.
Durant tout le trajet, Orlando fut stressé et angoissé. Ses deux amis eurent bien du mal à le calmer car, par moments, il entrait dans des crises de pleurs. Il avait peur pour son épouse et craignait qu'elle ne meure. Lui qui avait toujours pensé qu'il la quitterait bien avant, commençait à redouter qu'elle ne parte maintenant.
- Je ne pourrai pas vivre sans elle, parvint-il à dire, entre deux sanglots.
Shinji le prit par le bras de son ami, et le traina dans la plateforme, loin des regards indiscrets, curieux, voire parfois agacés, des autres passagers.
- Ne pense pas à ça, Or. Marie B est forte, et n'oublie pas que Wladimir et Rama seront là pour nous.
- Je n'arrive pas à m'ôter cette idée de la tête...
- C'est normal. Nous aussi, nous sommes inquiets pour elle. Mais, nous devons essayer de nous concentrer sur les aspects positifs. Allez, viens, on retourne s'asseoir. Nous avons besoin de nous poser pour être en forme ce soir.
Orlando acquiesça et enlaça son ami pour le remercier. Il ne savait pas ce qu'il aurait fait si le couple n'avait pas été là pour l'accompagner.
- Elle est dans un piteux état, constata Apophis en regardant la première version par la fenêtre.
- Comme tu me l'avais demandé. Hermès a rempli sa mission.
- Parfait ! Accroche-moi ça dans la salle de bal.
- N'est-ce pas dangereux ? La salle de bal n'est pas insonorisée.
Apophis rit à la remarque de son allié et rétorqua :
- Regarde-la ! Elle n'est même plus en état de se lever ! Tu crois vraiment qu'elle serait capable d'utiliser son pouvoir ?
Arès observa la femme. En effet, Hermès l'avait réellement massacrée... elle était devenue totalement inoffensive. Même s'il émettait toujours des réserves quant à la résistance de la deuxième version, force était de constater qu'elle ne représentait plus une menace... et que la cérémonie serait bien plus grandiose dans la salle de bal.
Uranie avait garé sa voiture et attendait les trois humains sur le quai. Le clan de Satan lui avait dit qu'ils avaient besoin d'eux afin de faire plier son ancienne alliée et qu'ensuite ils les relâcheraient. Elle n'aimait pas l'idée de les utiliser pour démonter psychologiquement la femme mais, elle n'avait pas le choix. Elle espérait juste qu'il n'y aurait rien de grave. Juste un simple aller-retour pour les trois humains, qu'elle préférait voir comme une promenade de santé. Elle serait là pour les défendre en cas de problème.
Elle récupéra le trio, à la fois abattu et énervé, et le conduisit à sa voiture, tout en tentant d'esquiver leurs innombrables questions.
- Où est ma femme ?
- Pourquoi t'ont-ils demandé à toi de venir ?
- Es-tu certain que Marie B va bien ?
Leurs interrogations étaient multiples et, même si elle avait voulu, elle n'aurait pas pu leur répondre. Entre les discussions du couple qui était assis à l'arrière, Orlando à côté d'elle, et la conduite, elle était tellement préoccupée qu'elle ne se rendit pas compte qu'un véhicule les suivait.
- J'espère que la promenade ne va pas durer jusqu'à la tombée de la nuit, soupira Rama, qui conduisait. Les phares nous rendraient trop visibles.
- Alors, nous ferons sans !
L'ambiance était tendue dans le véhicule. Ils avaient tous les deux hâte de retrouver leur protégée et espéraient pouvoir l'aider. Ils avaient pris le quatre quatre de Rama afin de pouvoir pallier à toute sorte de chemins. Sobre, de couleur foncée, puissant, le tout-terrain avait tout pour passer inaperçu, tant que les phares n'étaient pas allumés. C'était ce que redoutait le plus le conducteur.
- Quelle magnifique statue tu fais !, ironisa Aphrodite, en caressant les cheveux courts de Marie B. Je pense te garder à cette place. Tu es mon plus beau trophée.
Hermès et Arès avaient attaché la femme au mur, assise sur les genoux, avec, pour plus de sécurité, des entraves aux mains, aux pieds et au cou. Elle n'avait presque plus de force, mais parvint à murmurer :
- Va te faire foutre.
La créature la gifla violemment, puis lui attrapa le visage entre son pouce et son index pour la forcer à la relever vers elle.
- Je t'apprendrai le respect ! Tu te soumettras à notre clan !
Marie B la regarda partir, dans son allure magistrale qui n'appartenait qu'à elle. Elle n'avait aucune idée de ce que signifiait cette mise en scène dont elle était, apparemment, un des actrices principales.
Apophis sourit en voyant la salle de bal. Sa femme avait le sens du grandiose. L'intégralité de la pièce avait été vidée, permettant de voir la grandeur et la magnificence de la salle, qui faisait une centaine de mètres carré. Le parquet de chêne en point de Hongrie avait été ciré, les murs de pierres grises ôtés de toute décoration. Les immenses fenêtres, au niveau du sol, et les miroirs du côté opposé agrandissaient l'espace immense. Seuls trois fauteuils style Louis-Philippe restaient dans la salle de bal, à l'opposé de l'entrée, devant la cheminée. Les fauteuils au dossier plat, haut et arrondi au sommet, aux accoudoirs moulurés, et aux assises en velours fleuries tranchaient avec la froideur des murs et la lumière fournie par des lustres en cristal. La première version était enchaînée à la cheminée et, épuisée, elle se forçait à rester éveillée. Les murs étaient très solides, les pierres faisaient presque un mètre de large, et la femme ne pourrait jamais s'en décrocher.
Il savait que cette vue serait un choc pour tous, que ce soit Uranie ou les humains qui l'accompagneraient. Ainsi que pour Wladimir et Rama qui, il en était persuadé, avaient dû être prévenus par les amis de Marie B. Grand mal leur en aurait pris. Cette venue signifierait pour eux, leur mort.
Marie B leva les yeux vers Apophis, qui s'installa à côté d'elle, avec son épouse. Hermès les rejoignit bientôt et resta debout près d'elle. Les genoux à terre, la femme se sentait minuscule à côté de lui, sa tête arrivant à peine en haut des cuisses de son demi-frère. Elle se sentait abattue, à bout de force. Elle aurait eu envie qu'on la laisse tranquille, elle voulait juste dormir et mettre un terme à sa migraine. Ses côtes la faisaient toujours souffrir, elle était toujours vêtue de ses haillons, le sang qui avait séché la démangeait. Ses douleurs finissaient par avoir raison d'elle. Mais quelque chose la maintenait éveillée. Elle sentait le stress de son mari et de ses meilleurs amis humains et créaturiens. Elle était connectée à eux. Et elle commençait à comprendre qu'ils allaient tous faire une terrible erreur et venir la rejoindre.
- J'espère que Marie B va bien, continua Orlando.
Uranie était exaspérée. Depuis quatre heures qu'elle conduisait, les trois humains répétaient inlassablement ce genre de phrases. Et, elle ne pouvait rien leur dévoiler. Bien sûr que Marie B était toujours en vie. Le clan de Satan en avait besoin. Et elle, elle devait les conduire à ces monstres afin de sauver les vies de son mari et de Rama.
Inconsciemment, elle retraçait le chemin qui l'avait menée jusque-là. C'était ce sentiment maladif qu'elle avait eu contre son ancien amant et son alliée qui l'avait poussée à les trahir. C'était cette jalousie qui avait failli être la cause de Rama. Et c'était à cause d'elle que le clan de Satan avait récupéré la femme. Elle avait eu le choix et elle regrettait de ne pas avoir pris la bonne décision quatre ans plus tôt. Mais, aujourd'hui, entre les décès de Lucifer et Rama et la récupération de Marie B par le clan de Satan, elle avait fait son ultime choix. Deux vies valaient mieux qu'une seule.
- Le soleil ne va pas tarder à se coucher, constata Rama. Pourvu qu'on soit bientôt arrivés, qu'Uranie n'ait pas l'occasion de nous repérer.
Déjà quatre heures qu'ils suivaient la créature et les routes qu'elle empruntait devenaient de moins en moins fréquentées. Rama craignait qu'elle ne finisse par constater qu'elle était suivie. Avec Wladimir, ils avaient prévu d'entrer dans le repaire du clan de Satan après les humains, afin de pouvoir les secourir au besoin.
Soudain, la voiture d'Uranie tourna dans un chemin et Rama se gara.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je m'assure qu'elle ne puisse plus nous voir avant de continuer sur cette route.
- Nous ne la verrons plus non plus.
- Nous les suivrons avec les traces de pneus.
Wladimir, de plus en plus inquiet, hurla :
- Mais fonce, bordel !
Son frère d'armes redémarra au quart de tour et rattrapa le véhicule d'Uranie, qui tournait dans l'enceinte d'un petit château.
Arès sortit pour accueillir la créature et les trois humains. La nuit tombait et, dans les bois qui entouraient le domaine, les animaux nocturnes s'éveillaient. « Rien à craindre de ce côté-là », pensa l'homme. Marie B était dans un tel état qu'elle ne pourrait rien contre eux.
- Je suis enchanté de vous recevoir en cette belle soirée !
- Où est ma femme ?
- Patience, jeune homme. Je vais vous conduire à elle.
Il les fit entrer dans le château et se dirigea vers la salle de bal. Il ne vit pas Rama et Wladimir qui traversait la forêt pour les rejoindre.
- Chers invités ! Entrez, je vous en prie !, déclara Apophis, lorsque les quatre nouveaux pénétrèrent dans la salle de bal.
- Marie B !
Le hurlement de son mari et de ses deux amis éveillèrent les sens de la femme. Elle se força à lever la tête, chacun de ses membres la faisant atrocement souffrir.
- Non, souffla-t-elle.
Elle vit Orlando tenter de se précipiter vers elle. Il fut aussitôt stoppé par Arès. La colère monta en elle mais, malgré cela, elle n'avait plus assez de force pour les défendre.
- Et voilà l'instant de vérité ! Soit ils meurent, soit tu te tues en essayant de les sauver, déclara Aphrodite. Entre nous, les dés sont pipés, Messager. Tu es trop affaiblie pour les sauver. Tu les regarderas donc mourir.
- Attendez ! Ce n'est pas du tout ce qui était prévu !, cria Uranie, en s'interposant devant eux. Les humains devaient avoir la vie sauve.
- Nous avons changé d'avis, belle arachnide, rétorqua Apophis. Et à ton sujet également.
Il dégaina son pistolet et tira sur la créature.
Et voilà pour la deuxième partie !!!
Alors :
- Des idées pour Uranie ?
- L'état de Marie B ?
- La mise en scène ? Vous arrivez à visualiser ?
- L'angoisse de Rama, et surtout de Wladimir ?
- Des idées pour la suite ?
Peut-être la fin de ce chapitre, avec la partie 3, avant mon retour de vacances, tout dépendra de vous ! Alors votez, commentez mais, surtout, révolutionnez ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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