Holmes ressortis de Scotland Yard complètement dépité.

Les trois quart des hommes réunis par Lestrade avaient un alibi, et les autres n'étaient que des voleurs à la petite semaine, bien trop heureux de leur liberté pour la remettre dans la balance.

Rarement une enquête avait autant piétiné. La grosse difficulté venait du nombre beaucoup trop important de suspects possibles. Rien qu'au cour de la dernière année, Holmes s'était occupé d'au moins quarante affaires ! Et pour chaque coupable appréhendé, il y avait des amis, une famille, des amants... Comment savoir où chercher ?

Sa seule chance, c'était que le meurtrier réessaie de le tuer.

C'est pourquoi il avait énergiquement refusé la protection que lui offrait Lestrade, et semé les deux policiers qu'il avait quand même voulu coller à ses basques. Le meurtrier allait attaquer un jour ou l'autre, de cela, Holmes était certain. Il y avait bien trop de haine chez cet homme pour qu'il se contente d'un coup manqué...

Inconsciemment, les pas du détective l'avait ramené devant l'hôpital.

Holmes hésita, longuement. Puis, sur une impulsion, il se décida à entrer.

Watson était blême.

Dans la chambre aux autres lits inoccupés, Holmes regardait son ami, recouvert de bandage, lutter en silence contre la mort.

Un ami dont je me passerai bien.

La phrase était méchante, blessante. Qu'avait ressenti le docteur lorsqu'il lui avait jeté à la face ? Aujourd'hui, c'est lui qu'elle blessait cruellement.

-Non, John, murmura t-il, je ne peux pas me passer d'un ami tel que vous... Et je vous demande pardon...

Les yeux du détectives, embués, rendait flou le visage de son compagnon. Mais il ne pleura pas. Sherlock Holmes n'avait pas pleuré depuis si longtemps qu'il n'était même plus sûr de savoir comment s'y prendre.

Un bruit lui fit soudain relever la tête, un peu honteux de son accès d'émotion.

Un homme en blouse blanche le regardait avec circonspection, une seringue à la main, et un flacon de morphine dans l'autre.

Holmes s'écarta pour laisser la place au médecin, et l'observa distraitement. C'était un homme plutôt grand, musclé, légèrement basané. Un séjour récent dans un pays chaud. D'origine indienne. Il avait subis quelques revers de fortune, et une récente prospérité. Au vue de son maintient et de ses quelques cicatrices, certainement un médecin militaire. Le regard du détective glissa sur ses mains. Il fronça les sourcil. Ça, par contre, ce n'était pas des mains de médecin...

Il bondit sur l'homme juste avant qu'il ne pique son aiguille dans le cou de Watson. La seringue vola à travers la pièce et explosa contre le sol, tandis que l'agresseur rejetai Holmes en arrière.

Mais cette fois, Holmes était bien déterminé à poursuivre cet individu jusqu'au fin fond de l'enfer, s'il le fallait !

Le faux médecin s'engouffra dans le couloir, aussitôt suivis du détective, qui avait sortit son revolver. Mais même si tout le monde s'écartait sur leur passage, il ne pouvait pas prendre le risque de faire feu et de toucher une infirmière ou un passant.

L'homme vira brusquement à droite, et poussa une porte qui menait à un petit escalier de service. Il avait peut-être eu l'intention bloquer le battant derrière lui, mais le détective le talonnais de trop près pour qu'il puisse se retourner.

Holmes le frôlait presque, maintenant.

L'un derrière l'autre, ils surgirent hors de l'hôpital.

Alors qu'il allait prendre son élan pour plaquer le malfrat au sol, Holmes reçu soudain un formidable cou à la tête.

Le sol vint à sa rencontre à une vitesse proprement ahurissante.

Il sentit son corps heurter les pavés.

Et tout devint noir.