-Voyez-vous, mon brave Watson, je crains d'être allé un peu trop vite en affaire.

De retour au 221b, Holmes réfléchissait à voix haute et, comme souvent lorsque son ami n'était pas là pour écouter ses monologues, il les adressait à un Watson imaginaire. Le véritable Watson aurait sûrement souri de cette manie, mais il faut dire qu'avant de le connaître Holmes n'aurait jamais imaginé qu'on puisse l'écouter aussi attentivement, et, lors de ces soliloques, ne s'adressait qu'aux meubles. Comme il avait trouvé étrange, les premiers temps, qu'on puisse ainsi s'intéresser à lui, l'écouter patiemment et le supporter à longueur de journée !

-Voyez-vous, mon brave Watson, déclama donc le détective, je crains d'être allé un peu trop vite en affaire. M'agiter dans tous les sens sans prendre la peine de réfléchir posément, et, surtout, faire une erreur aussi grossière que celle de tout à l'heure, vraiment ! Dans mon égocentrisme, j'ai stupidement passé outre le fait qu'on eusse pu être attristé de votre blessure, et non de l'échec de mon assassinat ! Une lueur de tristesse passa dans les yeux de Holmes, qui la repoussa aussitôt pour se concentrer sur les faits, rien que les faits. Puisque mes virées nocturnes et l'enquête de mes irréguliers ont plus ou moins démontré que personne, à Withchapel, ne semblait m'en vouloir au point de prendre ce risque, prenons le problème sous un autre angle. Deux possibilités s'offrent à nous : soit le grief que j'ai fait à cet personne était récent, soit elle a été jusque là empêchée d'agir, peut-être par un séjour en prison ? Ah, Lestrade, s'exclama Holmes un ton plus haut, anticipant l'entrée de l'inspecteur dans la pièce, avez-vous ce que je vous ais demandé ?

-Euh... certainement, Holmes, répondit l'inspecteur, un peu déstabilisé d'avoir été reconnu avant d'ouvrir la porte. Voici la liste de tous les malfrats que vous avez arrêté qui ont été libéré ou se sont évadé ces deux derniers mois.

-Maigre liste, commenta Holmes en l'examinant.

-Il faut dire, Holmes, que ceux que vous attrapez sont en général coupable de crimes si horrible que cela leur vaut la prison à vie ou l'échafaud.

-Oui, soupira Holmes, et les personnes sur cette liste ne me semblent pas avoir le profil d'un meurtrier venu me poignarder de sang froid...

-Vous savez, la prison, ça change un homme.

-Certes, certes...

Il y eu un blanc. Lestrade se rendis soudain compte que Holmes n'osais pas lui poser la question. L'idée que Sherlock Holmes pouvait être humain, après tout, le frappa de plein fouet, et il se retint de sourire.

-Il n'y a pas de nouveau, déclara l'inspecteur pour répondre à cette question non formulé. Il est dans un état stable, la blessure n'est pas infectée, mais nul ne sait si et quand il se réveillera. Toutefois... Lestrade hésita. Le médecin n'a pas trop d'espoir, avoua t-il enfin.

-Merci, inspecteur, soupira Holmes. Pouvez-vous localiser tous les individus de cette liste ?

-Mes hommes sont en trains de les interpeller, acquiesça Lestrade. Vous voulez venir avec moi au poste ?

-Oui, laissez moi juste me changer.

-Entendu. Au fait, avez-vous jeté un œil au journaux de ce matin ?

Holmes fronça les sourcil et se dirigea vers la table ou madame Hudson avait posé un petit déjeuner, encore intact, et le Times.

En première page s'étalait un titre racoleur...

TENTATIVE D'ASSASSINAT SUR SHERLOCK HOLMES

-Le docteur Watson entre la vie et la mort-

Holmes grogna en reposant le journal. Ces satanés journalistes, à fourrer leur nez partout...