Londres 1690,

Le Soleil n'était encore levé, mais déjà les domestiques grouillaient sans faire le moindre bruit. Malheur à celui qui réveillerait les maitres de maison. Dans la cuisine, tous se donnaient à préparer le déjeuner tandis qu'au salon la table était mise. Tous vaguaient à leurs taches habituelles. Cela aurait pu être un jour comme les autres mais au première étage quelque chose était différent. L'unique fille de la fratrie de la famille et sa suivante discutaient d'une manière animée.

- Mademoiselle c'est impossible !

-S'il te plait Agathe, seulement une fois

Voilà maintenant 10 minutes qu'Olympe tentait de persuader sa suivante de lui prêter l'une de ses tenues pour sortir.

-Je serais prudente, je te le promets, pour affirmer ses dires elle prit les mains d'Agathe dans les siennes.

-Le monde extérieur est beaucoup trop dangereux pour une femme seule mademoiselle, et si jamais il vous arrivait malheur ou bien si quelqu'un vous reconnaissait, votre réputation serait détruite.

Agathe avait plus que raison mais que serait la vie sans excitation, Olympe avait besoin de découvrir le monde par elle-même. Et par monde elle voulait dire le véritable monde pas cette mise en scène qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Elle devait y arriver et pour ça elle avait plus d'un tour dans son sac après tout elle possédait 5 frères qui avaient la regrettable habitude de la taquiner.

-Très bien Agathe, elle reprit son monologue avec une voix tremblante, Je comprends ton point de vue mais comprends-moi, je n'ai aucune liberté et pour une fois j'aurais voulu décider par moi-même, rien qu'une seule fois. Ne pas être qu'une potiche sans cervelle qui ignore tout de la véritable vie. Bientôt je serais mariée et je n'aurais pas d'autre choix que d'obéir à chaque ordre de mon mari sans rechigner. Mais je t'en supplie à genou, elle joignit le geste à la parole, laisse-moi voir l'extérieur rien qu'une fois.

Un silence pesant suivi le monologue d'Olympe qui avait les larmes aux yeux mais qui ne quitta pas Agathe du regard

-Je suis désolée Mademoiselle mais c'est non. 

Elle prit aussi vite la porte pour ne pas subir les foudres de sa maitresse. Et quelle foudre, à peine la porte fermée que les premiers objets volés contre le mur dans un bruit fracassant. Elle n'en avait que faire si c'est parents ou l'un de ses frères se réveillaient, c'était de leur faute tout cela. Et bien qu'ils aient tous en enfer et le plus tôt sera le mieux. Ses frères ne lui avaient jamais manqué d'affection, parfois de trop en la couvant comme un bébé incapable de penser par elle-même. Mais maintenant, s'en était de trop. Les joues inondées de larmes, elle lança un dernier bijou contre le mur avant de comprendre. Ses frères étaient la solution à son problème, enfin surtout John de 2 ans son ainée. Un homme peu imposant par rapport à ses autres frères qui étaient de véritable force de la nature.

Une légère brise matinale souleva la légère chemise en lin de son frère, lui donnant la chair de poule. Une veste plus chaude aurait été la bienvenue mais le temps lui avait manqué, plus tôt elle partait, plus vite elle pourrait revenir et personne ne verrait la différence. Elle avait jusqu'à 11h avant qu'Agathe ne vienne la réveiller, 4h était bien suffisant pour découvrir partiellement Londres. Son épaisse crinière était cachée sous un horrible bonnet, sa poitrine désagréablement comprimée par des bandages, elle ressemblait à un véritable garçon à peine sortit de la puberté. Fière de son déguisement, elle commença à déambuler dans Londres. C'était merveilleux, le monde, les odeurs tout étaient fascinant et cette sensation de pouvoir aller où elle le souhaitait était grisante. Le marché était immense et la foule s'y pressé. On y poussait du coude pour se frayer un chemin. Les marchants hurlaient à s'en casser la voix, la foule étaient bruyantes, une compétition à qui parlait le plus fort. Tout cela était si réelle. Olympe savourait avec plaisir ce moment. Oh si seulement, elle pouvait vivre plus de moment quand celui-ci. Depuis son enfance, les personnes qui côtoyaient Olympe avaient l'habitude de la décrire comme une jeune fille rêveuse, tête en l'air. Un comportement qui lui avait valu de nombreuses punitions par sa mère. Après une heure de marche, elle se trouvait maintenant à l'orée du port. Peut-être était-elle allée trop loin mais son envie de découvrir la poussa à continuer malgré l'odeur pestilentielle et l'apparence peu agréable des passants. Enfant, son plus vieux frère James lui avait offert un livre sur les pirates pour son 10 anniversaire. Un cadeau que la famille regretta bien vite, en effet depuis ce jour Olympe nourrissait le rêve de partir en mer et de connaitre le sentiment du grand large, du vent soufflant dans ses cheveux, l'odeur de la mer. Seul ses frères étaient au courant, que Dieu la garde si jamais sa mère le découvrait. Madame Anderson serait capable de l'envoyer prendre le voile pour eu une idée aussi indécente.

Perdu dans ses pensées, Olympe ne put remarquer que devant elle se trouvait 2 hommes tenant une caisse qui a l'odeur semblait rempli de poissons frais. Malheureusement, ce fut lorsque la caisse s'étala au sol que la demoiselle remarqua son erreur. La caisse n'était pas la seule à être au sol, le choc face à ces 2 hommes plus que musclée l'avait poussé au sol. Les injuries des 2 marins la firent enfin sortir de sa torpeur, malencontreusement les hommes n'allait pas laisser l'accident non puni.

-Je suis désolée, je vous rembourserai promis. Sa petite frêle ne convainquit pas les 2 marins qui se lancèrent sur elle.

Ohh Agathe avait raison, c'est deux brutes allaient la tuer ici même. Un coup, puis un autre, une douleur lancinante lui pris la tête. Seigneur faites que quelqu'un vienne la sauver, n'importe qui par pitié. Soudain elle ne ressenti plus rien, la douleur était bien trop puissante, le sang tapait si fort dans ses tempes qu'elle n'entendait plus les rires des ignobles marins. Quel soulagement quand elle tomba enfin dans les ténèbres.

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