Vous apercevrez peut-être leurs restes...
Folia n'eut pas un autre regard, pas une once de pitié pour le Royaume qu'elle venait d'anéantir. Peut être ne se rendait-elle pas compte ? Peut être ne voyait-elle pas l'atrocité qu'elle commettait ? Ce n'était pas une raison. Des dragons mourraient, dehors, des dragons criaient dehors, des dragons brûlaient dehors, des dragons souffraient dehors ! Mais Folia portait le Masque. Elle se connaissait pas sa puissance, pas ses effets. Elle avait une confiance aveugle envers le dragon qui lui parlait, même si elle ne savait pas de qui il s'agissait, même si elle ne savait pas d'où il venait. Et elle aimait tant ce Masque qui lui procurait puissance et pouvoir ! Cet artéfact n'avait cependant, à son insu, pas seulement le pouvoir de métamorphoser physiquement. Il changeait mentalement. Cet objet avait un passé très ancien et amer, lié à l'autre moitié du Masque. Mais cette histoire sera contée d'ici peu. Quoi qu'il en soit, Folia n'éprouvait aucun scrupule à obéir consciencieusement.
Eirin s'immobilisa. Il fixait le charognard. C'était un test, il le savait. Entre la curiosité et obéir. Les secondes s'égrenèrent. Il serra les mâchoire, ouvrit sa gourde. Sa patte tremblait. Il s'arrêta. Il ferma les yeux. Très mauvaise idée. Des images l'assaillirent avec fureur. La mort. La douleur. Le feu. Il rouvrit les yeux. Il pouvait détruire ce Royaume sous-marin comme on le lui avait demandé et comme il avait très envie de le faire. Ou il pouvait savoir qui était son maitre, d'où venait le Masque, si il pouvait le garder, le chérir.
Eirin reboucha la gourde et plongea sur le charognard, immobile. Il la fixait, ne semblait pas du tout avoir peur. Le dragon retira le Masque, le déposa entre ses pattes.
- Je t'avais demandé de détruire le Royaume de Mer.
Comment pouvait-il parler la même langue qu'Eirin ?
- Oui. Et c'est ce que je ferais. Quand je saurais.
- Savoir quoi ?
Il déglutit. Beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête.
- D'où vient le Masque ?
- Tu ne veux pas savoir.
- Si.
- Tu ne devrais pas savoir.
- Je m'en fiche.
- Tu en aurais peur.
- Peut être bien, et alors ?
- Tu n'aimerais pas son histoire.
- Je veux en juger par moi même.
- Je peux te raconter une belle histoire que tu aimeras.
- Je n'en veux pas. Je veux la vrai.
- Est-ce tout ce que tu veux connaitre ?
- Non. Mais je veux d'abord avoir des réponses sur cette question là.
- Dis-moi le reste.
- Après.
- Pourquoi ?
- Parce que sinon tu ne voudras plus répondre.
- Je répondrais.
- Non.
- Je te le jure.
- Sur quoi ?
- Sur mon honneur.
- Qui me dis que tu as de l'honneur ?
- Moi.
- Pourquoi tu ne veux pas me répondre ?
- Parce que tu ne comprendrais pas.
- Qu'en sais-tu ?
- Je le sais.
- Tu as bien compris, toi.
- Oui.
- Alors pourquoi pas moi ?
- Parce que tu es un dragon.
- Et ?
- Et tu ne connais pas l'endroit d'où il vient.
- Je connais par coeur tout Pyrrhia et tout Innocence.
- Il ne vient ni de l'un ni de l'autre.
- D'où vient-il alors ?
- D'un autre continent.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Il n'a pas de nom pour moi.
- Donne lui en un.
- Non.
- Pourquoi ?
- Je n'aime pas nommer les choses qui ont peut être un nom que je ne connais pas.
- Donne-lui un surnom alors.
- D'accord. Je l'appellerai Pantala.
- Où est Pantala ?
- Au milieu de l'océan.
- Par rapport à Pyrrhia ?
- A l'ouest.
- Est-il loin ?
- Oui.
- Combien faut-il d'heures de vol pour y aller ?
- Je ne sais plus. Cela fait longtemps qui j'y suis allé.
- D'où vient le Masque ?
- De Pantala.
- Mais où dans Pantala ?
- Du coeur de la forêt.
- Pourquoi étais-tu là bas ?
- Parce que.
- Parce que quoi ?
- Parce que j'avais envie. Je voulais savoir ce qu'il y avait à l'horizon.
- Qu'y avait-il ?
- L'océan.
- Et après ?
- La terre.
- Pantala ?
- Oui.
- Comment y es-tu allé ?
- Sur le dos d'un dragon.
- Qui ?
- Une Aile de Ciel.
- Comment s'appelait-elle ?
- Non.
- C'est un drôle de prénom pour une Aile de Ciel.
- Elle avait été bannie.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle avait dit "non".
- Non à quoi ?
- A tout. Elle est née, on lui a attribué le rôle d'estafette. Elle a dit non. On a voulu l'envoyer dans l'arène. Elle a dit non. Ils l'ont forcée à entrer, ont voulu qu'elle se batte. Elle a dit non. L'autre dragon voulait la tuer. Elle a dit non. On lui a dit : "Tu ne peux pas t'envoler, tu as les ailes attachées." Elle a dit non. Elle a tiré d'un coup sur les attaches, ça lui a déchiré les ailes. On lui a dit "Tu ne peux pas t'enfuir." Elle a dit non. On lui a dit "Tu ne peux plus voler." Elle a dit non. Elle a tissé une sorte de lierre très léger et l'a attaché à ses ailes pour l'aider. Je lui ais demandé "Est-ce que tu as mal ?". Elle m'a répondu non. Je lui ais demandé si elle avait peur de voir l'horizon, elle a répondu non.
- Vous êtes partis. Et après ?
- Après nous sommes arrivés sur Pantala.
- Qu'est ce que vous avez fait. On a exploré.
- Il y avait des dragons ?
- Peut être, je ne suis pas resté assez longtemps pour le savoir.
- Pourquoi tu es reparti ?
- Parce qu'on était en danger.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on avait volé le Masque.
- Volé à qui ?
- A la forêt.
- La forêt vous a poursuivie ?
- Oui.
- Comment ?
- Les plantes, les animaux...
- Où était le Masque ?
- Au coeur de la forêt. Nous avons eu du mal à l'atteindre.
- Il était tel que je l'ai là ?
- Non. Il était entier.
- Entier ? Ou est l'autre moitié ?
- C'est Non qui l'a. Quand on a fui, on a pas été d'accord sur la marche à suivre. J'ai voulu partir dans la nuit en l'emportant mais elle a eu la même idée. On s'est jeté en même temps dessus, on a arraché chacun une moitié. On était certain d'avoir commis un sacrilège, mais on est parti de notre côté.
- Ou est Non ?
- Je ne sais pas.
- Que peut faire le Masque entier ?
- Je ne sais pas. Mais grâce à leur séparation, ils m'ont permis de m'infiltrer.
- Quoi ?
- J'ai dis, je ne sais pas.
- Non, tu as dit quelque chose, après.
- Je n'ai rien dis d'autre...
- Si, tu as dis "Mais grâce à leur séparation, ils m'ont permis de m'infiltrer."
- Je n'ai jamais dis ça !
- Si !
- Redonne-moi le Masque.
Coup de trop. Eirin grogna et d'un seul mouvement, remit la relique et précipita d'un coup de queue le charognard dans l'eau. Il ouvrit sa gourde et la renversa à l'endroit où le minuscule corps avait disparu. Le Masque était à lui.
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