Chapitre 4 : Un peu trop près...
L'atmosphère était devenue très tendue depuis qu'il était entré dans cette pièce. Katlyn avait même peur de respirer trop fort. La veille il n'avait pas été très aimable, pas aimable du tout d'ailleurs, et il lui faisait peur. Oh oui effrayant comme elle n'avait encore jamais rencontré avant. Elle n'osait même pas bouger le petit doigt tant elle craignait d'attirer son attention et de croiser son regard.
Quant à lui, il ne bougeait pas non plus, pas d'un pouce, comme figé, telle une statue, il ne clignait même pas des yeux. Cette chose ne pouvait pas être humaine, ce n'était pas possible... Quelle espèce de genre d'homme était-il donc ? Comment pouvait-il se permettre de parler ainsi aux gens ? De les mépriser à ce point ? Même tout simplement de les regarder comme il le faisait ?
Katlyn le regarda un moment, détailla son visage, et elle fut surprise de constater qu'il était très séduisant. Elle ne pouvait quand même pas dire ça d'un énergumène pareil ? Il l'avait accueillit avec encore moins d'amabilité qu'un meurtrier. Ses yeux passèrent de sa main posée à plat sur la table à son visage. Ses cheveux étaient plus noirs que les plumes des corbeaux, tranchant avec la pâleur de sa peau, et en parlant de corbeaux, il y en avait deux ou trois qui laissaient entendre leurs horribles cris dehors. À en donner des frissons. Sa mâchoire restait crispée, ses sourcils tout aussi noirs indéfiniment froncés, le fait qu'il ne fasse pas un geste lui donnait un air étrange. Ah oui ! Il avait une tête de constipé !
Elle se mit alors à rire soudain, à cette pensée. C'est alors qu'il tourna la tête, l'air étonné, ne comprenant pas ce qu'elle avait.
Qu'avait-elle donc à rire ainsi, sans raison ? Elle semblait ne pas pouvoir s'arrêter. Respirant la joie de vivre, tel un rayon de soleil, elle riait comme une enfant. Étrangement, une sorte de rictus se forma sur son visage sombre, mais il disparut presque aussi tôt. Cet homme ne souriait donc jamais ? Mais il était triste à mourir ! Connaissait-il seulement le sens du mot sourire ?
Lorsqu'elle s'arrêta enfin, revenant doucement dans le monde réel, un sourire sur son visage, elle le vit la fixer, ses yeux devenus ronds comme des billes, bleues. Pourquoi la regardait-il ainsi ? Le sourire de Katlyn disparut peu à peu, laissant place à l'étonnement, la bouche entre-ouverte.
Ils restaient tous les deux silencieux. Le regard lié. Ces yeux étaient magnifiques, même s'ils n'en restaient pas moins glacials. Quelle froideur dans ses yeux... Quelle souffrance... Quelle tristesse... Katlyn pouvait y lire tellement de choses. Mais pourquoi y voyait-elle tout ça ? Pourquoi...?!
Mais il a baissé les yeux. Il semblait avoir repris une attitude « normale » - enfin normale pour lui - et ne la regardait plus. Elle vit pourtant ses lèvres bouger, mais elle ne fit pas attention à ce qu'il venait de dire, trop perturbée par ce regard qu'il avait, quelques secondes plus tôt, posé sur elle. Il lui parlait ?
- Oh pardon ? Vous disiez ? dit-elle alors, reprenant ses esprits, tant elle était troublée par sa présence.
- Pour quelle raison... étiez-vous en train de rire...? répéta-t-il donc. Il parlait tellement calmement par rapport à la veille que s'en était déconcertant.
Katlyn repensa à la raison pour laquelle elle s'était bêtement mise à rire. Une simple pensée et elle gloussa de nouveau, une main posée sur sa bouche comme pour éviter d'éclater de rire. Mais cette fois-ci, il ne réagit pas aussi bien. Malheureusement il semblait trop habitué à déverser sa colère sur les autres. Mais elle n'avait pourtant rien de fait de mal... Était-ce un crime que de rire ?
- Assez !!! cria-t-il soudain, la stoppant nette. Elle ne respirait même plus. Si elle s'y attendait ! Evidemment... il ne pouvait pas rester calme si longtemps. Il était terrifiant, sa voix semblait avoir résonnée dans toute la maisonnée, à en faire trembler les murs.
- C'est déjà assez d'être obligé de vous avoir sous mon toit, je n'ai rien demandé à personne, et en plus vous vous permettez de vous moquer de moi ! Quel manque de respect ! continua-t-il en s'approchant dangereusement d'elle.
- Alors pourquoi me permettez-vous de rester si cela vous dérange autant ? répliqua-t-elle essayant d'avoir l'air détendue alors qu'en vérité elle avait un peu peur.
- Parce qu'Alice me l'a demandé.
- Et pourquoi avoir accepté, sachant que vous semblez avoir tous les droits...
- Cela ne vous regarde pas ! cria-t-il ne supportant pas cet interrogatoire. Cette femme n'avait pas besoin de savoir, elle n'avait pas à poser de questions d'ailleurs. Qu'elle s'estime heureuse d'être logée et nourrie !
Il se trouvait maintenant de l'autre côté de la table face à elle. Il voyait très bien dans ses yeux de biche que la peur se cachait, et il s'en amusait follement ! Son énervement semblait le rendre fou. Il décida se s'approcher d'elle le plus possible...
Et Katlyn était bien totalement effrayée, son premier réflexe à été de s'éloigner le plus possible de lui. Elle s'est donc levée et a reculé de quelques pas, les yeux rivés sur lui. Il semblait dévasté par une colère monstre. Et s'il ne se contrôlait plus ? Et s'il en venait aux mains ? Oserait-il la frapper ? Serait-il capable de lui faire du mal ? Ou voir pire... de la tuer ?
Il avançait toujours vers elle, poussant des jurons à tort et à travers. Elle voulu reculer encore, mais un mur semblait s'être dressé derrière elle. Impossible de lui échapper désormais.
- Vous n'êtes qu'une sale petite fouineuse ! siffla t-il entre ses dents, se trouvant maintenant à quelques centimètres d'elle. Il respirait vite et fort, son visage rouge de colère, et ses yeux... Ses yeux... Aucune once de colère. Mais des larmes qui faisaient soudain apparition.
- Qu'est-ce que vous regardez ? demanda-t-il, toujours aussi brutalement, la faisant d'ailleurs sursauter. Il cligna plusieurs fois des yeux, et les rares larmes n'arrivèrent jamais. Elles disparurent en un battement de cils. Katlyn s'est même demandé si elle n'avait pas rêvé.
Elle n'avait pas encore fait attention à la proximité à laquelle il se trouvait d'elle. Mais lorsqu'elle leva légèrement la tête, hésitante, pour voir si la colère qui le hantait était toujours aussi violente, elle se rendit compte qu'à peu de mouvements leurs lèvres se touchaient presque. Cette proximité ne la rassurait pas. Son cœur s'en allait à tout rompre, et sa respiration était maintenant saccadée.
Comment osait-il la traiter de tous les noms qui lui passait par la tête ? Une sale petite fouineuse ? Mais elle ne cherchait rien du tout. Il se trompait totalement sur son compte.
- Vous, vous êtes l'homme le plus horrible qu'il m'ait été de rencontré ! Un sale abrutit d'égoïste dénué de sentiments ! s'écria Katlyn, elle aussi sous l'effet de la colère. Mais peut-être aurait-elle mieux fait de se taire...?
- Ah oui ? Répétez un peu ça ! dit-il alors à seulement quelques centimètres de son oreille. Avant de lui refaire face, les yeux dans les yeux, son visage tout près du sien. Elle sentait sa respiration effleurer sa peau. Cette proximité devenait étrange, presque gênante. Comme un prédateur qui attendait sagement que sa proie face le moindre faux pas pour lui sauter à la gorge...
Paniquée, elle finit par le pousser violemment, avant de se mettre à courir en dehors de cette salle. Son seul objectif : s'éloigné le plus vite possible de lui !
Mais... il avait bien sûr pris l'initiative de la poursuivre...
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