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Chapitre XV et dernier : Le Champ (Première partie)

En un jour de mai 1898, un visiteur peu commun fit irruption dans la salle d'attente du Port Isaac's Asylum For All Kind Of Lunatics. Un jeune homme, grand, mince sans être maigre, il devait avoisiner les vingt-cinq ans ou moins. Il avait le nez droit et fin, le regard perçant et alerte, quand bien même la partie inférieure de ses yeux cuivrés était maquillée de cernes profondes. De grandes boucles brunes étaient attachées en queue de cheval derrière son visage, et quelques mèches folles collées sur son front par la sueur laissaient supposer qu'il était venu avec beaucoup d'empressement pour se présenter dans une tenue si peu reluisante. Les traits de son jeune visage se dessinaient en autant d'élégance et de charme propres aux attraits que l'on vante à son âge qu'en expressions moins tendres : ne reflétant qu'angoisse, nervosité, et tracas. Pour une journée aussi douce, chaude sans trop l'être, et fraîche dans les mesures les plus agréables, le jeune gentleman était vêtu d'un uniforme complet semblable à celui arboré par les soldats de la Navy britannique, et dont l'état déplorable laissait à voir qu'il avait bien vécu. A peine posa-t-il un seul pas à l'intérieur du bâtiment que ses mains se crispèrent et ses poings se resserrèrent, sans doute ne s'en rendit-il même pas compte. Quand bien même, il se dirigea d'un pas vif vers le petit bureau d'accueil où étaient recensées les nouvelles patientes.

"Bonjour, mister. Puis-je vous aider ?" demanda derrière son bureau une Kelly Baker si souriante que s'en était à vomir.

"-Bonjour, répondit-il d'une voix claire. J'aimerai rendre visite à une patiente.

-Certainement. Pouvez-vous m'indiquer son numéro d'identité ?

-Son...numéro ?

-Heh, oui ! Un numéro, que l'on attribue à chaque patiente.

-En ce cas, j'ai bien peur de ne pas le connaître." Kelly se pinça les lèvres discrètement, battit des cils à toute vitesse, et reprit :

"Auriez-vous dans ce cas l'amabilité de m'indiquer le nom de celle que vous souhaitez visiter ?

-Donaelie Heaventon." Silence un court temps.

"-Donaelie...Heaventon ?" répéta Kelly, les yeux arrondis comme deux petites billes, les joues creusées par la surprise et les lèvres toujours plus serrées.

"-Oui, elle-même." répéta le visiteur d'un ton affirmé.

"-Mister, je doute que la patiente C5... que miss Heaventon ne soit en état de voir qui que ce soit si ce n'est son médecin.

-Plaît-il ? Elle est pourtant bien ici, n'est-ce pas ?

-Certes oui, mister, mais comprenez qu'elle... Comment dire...

-Hé bien ? Dites, allons, dites !

-Miss Heaventon est internée dans cet Asile d'aliénés, mister. Cela veut dire ce que cela veut dire !

-Je ne vois pas en quoi cela exclut de la visiter !

-Je suis navrée mister, mais je doute qu'il vous soit possible de voir miss Heaventon pour l'heure.

-Allons ! Il y a un instant seulement, j'ai aperçu une de vos collègues conduire un visiteur comme moi à une patiente. Miss, me refuseriez-vous cela ? Je vous demande de quel droit !

-Mister, come on, nul ne sert de hausser la voix de la sorte... Votre Donaelie...la patiente C54F... Son médecin traitant, le docteur Philbert Edmond lui même, a demandé à ce qu'elle ne reçoive aucune visite extérieure... Voyez que je ne peux rien faire ! Cela dépasse mon champ d'action, enfin, alors soyons raisonnables. Et puis, personne n'est venu lui rendre visite, à celle-la, depuis six mois au moins ! Si vous pensez que nous nous attendions à ce qu'elle ait un jour un visiteur...!

-Hé bien voila chose faite ! Je suis un visiteur, et j'exige de voir cette patiente, ou croyez bien que je saurai me ferai moins galant !

-Oh ! Vous n'oseriez pas ?!

-Je le peux, mais ni vous ni moi n'avons envie d'en arriver là, vrai ?

-Oh la la..." Kelly ravala difficilement sa salive et déglutit bruyamment, bien malgré elle. Pour la première fois de sa vie semblait-il, la situation paraissait ne pas se tourner à son avantage... Elle minauda quelque peu, battit à nouveau des cils, et ses mains devenues moites froissaient sans même qu'elle ne s'en rendre compte le registre posé sur le bureau, et contenant le nom de chaque patiente recensée à l'Asile depuis bien des années. Elle tourna la tête, à droite, à gauche, son regard revint vers le visiteur, qui à son grand désarroi n'avait pas bougé d'un pouce et attendait de pied ferme, bien décidé à ne pas céder. Alors son petit manège gêné se répéta à l'identique, et finalement interpella-t-elle une collègue non-loin.

"Julie ! Va chercher le docteur Edmond, veux-tu ? C'est urgent.

-Urgent ? En quoi ?" demanda rauquement Julie Scottish en fronçant un sourcil, sans pour autant bouger de son emplacement. Le visiteur reprit la parole à la place de Kelly :

"Urgent, en ce sens que je dois absolument voir Donaelie Heaventon. Vous avez bien une patiente de ce nom, n'est-il pas ? Réelle, vivante ! Donaelie Heaventon ! Cette jeune fille !" Il sortit précipitamment d'une poche de sa redingote bleue marine une des photographies semblables à celles tirées par James Crichton-Browne un mois plus tôt. Il les avaient donc bel et bien commercialisées... "Je la reconnaîtrais entre milles! Maintenant, menez-la à moi ou menez-moi à elle, qu'importe, mais il en va de la plus haute importance que je la voie !

-Et... Peut-on savoir pourquoi ? Peut-on seulement savoir qui vous êtes, mister ?" demanda Julie d'un ton franc et croisant les bras, sa chair musclée légèrement bombée sur les courtes manches de sa robe d'infirmière. Le visiteur, allure et face déterminée bien que submergée d'émotions se mélangeant mal, s'écria alors avec une véhémence criante de sincérité :

"Je me nomme Earlighteus Graham Johnattan Heaventon, fils de Sir Graham Johnattan Ronald Heaventon, ancien général de la British Army, et frère de la patiente Donaelie Joannah Myrtle Heaventon ! Maintenant, enfin, va-t-on après tant de mois me laisser voir ma pauvre sœur ?!" A nouveau, un silence de plomb. Kelly et Julie échangèrent quelques regards aussi embarrassés qu'interloqués, comme il en fût de même pour les quelques visiteurs et patientes présents dans la même pièce.

"Mais... Le docteur Edmond n'est-il pas en déplacement exceptionnel dans l'aile masculine ?" demanda alors Kelly en esquissant une moue pensive. Julie affirma par un hochement de tête.

"Je crois bien que si, mais tu as bien les clés des cellules de chaque bloc, non ?

-Oui... Mais tout de même...

-Tout de même !" Julie se rapprocha vivement de sa collègue et lui chuchota quelques paroles à l'oreille, un œil terne dirigé vers Kelly, l'autre discrètement tourné vers Earl. "Cela ne me plaît pas non plus, mais il risque de rester ici mordicus tant qu'il n'aura pas vu la patiente... A ta place, je ne mettrai pas en rogne le fils d'un ancien général...

-A ma place ?" s'écria Kelly tout bas. "La patiente C54F est trop instable pour sortir de sa cellule. Alors je te donne les clés, et tu conduis notre gentleman jusqu'à sa chère sœur.

-Moi ?! Et pourquoi pas toi ?

-Moi, exactement, il faut bien que je reste ici pour tenir le registre et surveiller les patientes, je te signale !" Et sur ce, elle lui mit de force un large trousseau de clés dans la main, referma ses doigts dessus, et repris, plus clairement et plus fort, avec cette inimitable mièvrerie dans la voix dont elle seule avait le secret : "Mademoiselle Scottish, pourriez-vous accompagner ce gentleman à la cellule 54-55, couloir F; du bloc C ?

-Mais bien volontiers." répondit Julie sur le même ton tout en adressant à sa collègue, qui devait rire jaune intérieurement, un regard vert de colère. "Si mister veut bien se donner la peine de me suivre..." dit-elle à Earl avec une galanterie lourde en lui faisant signe de l'accompagner.

Les deux marchèrent silencieusement. Les bruits de leur pas rythmés tout le long par ceux des patientes hurlant à mort et des lourdes portes claquées dans l'air froid, ils parvinrent finalement à destination après cinq minutes de trajet.

"C'est ici ?" demanda Earl, à qui cette courte marche avait secoué l'estomac et l'esprit.

"-C'est ici." répliqua froidement l'infirmière en ouvrant avec une résignation mal dissimulée la porte de la cellule C54-55F. "Je serai juste derrière la porte, criez si vous avez besoin d'aide." dit-elle en s'adossant bras croisés contre un mur. Sans lui prêter plus d'importance, Earl pénétra la cellule.

Elle est morte ! La pauvre Dolly! Morte, morte! Earl s'approcha, d'un pas, puis de deux, lentement, religieusement...la mine frappée d'une joie et d'une horreur dantesque partagées. Un corps... Sur ce lit, recroquevillé, dans la pénombre, dans les ténèbres... Dans les ténèbres ! La pauvre Dolly ! La mine frappée d'une horreur intense et muette... Une horreur ? Un effroi... Inerte, l'âme saccagée de cette vision, le frère s'agenouilla, grave, terrible, au chevet de sa...

"Dolly...? Dolly...?" Il murmura ce doux prénom dans un long souffle étranglé. Elle est morte ! Elle est morte, pensa-t-il sur l'instant... Blanche, aussi blanche que dans ses souvenirs, Dolly... Blanche comme une poupée de porcelaine... A porcelain doll... Dolly, inerte, froide, magnifique...! Morte ! Glacée, comme un cadavre, les lèvres bleues comme un ciel nocturne, les veines noueuses apparaissant à travers sa peau, spectrale, et les yeux rouges, rouges ! Cœur de sang, chair de nacre, ses yeux, ses yeux ouverts de l'extérieur, fermés de l'intérieur...!

"Dolly...? M'entendez-vous ? Dolly...?" Tout doucement, Earl passa une main sur celle, amaigrie et pourtant encore tendre, de sa macabre sœur. Oui, elle était froide et pâle comme un cadavre. Une main, alors, dans ses longues boucles neigeuses. "Dolly...?" Soyeuses et douces comme du satin, six mois déjà que ses doigts n'avaient plus expérimenté ce...ce langoureux...délicieux...non, indéfinissable toucher... Que...? Des fleurs entre les mèches pâles ? Les pétales d'un lys fané et flétri tombèrent dans la main du jeune homme. Puis, caressant, interdit, la joue de sa très chère d'une main qui n'osait pas :

"Dolly, me reconnaissez-vous ? Me voyez-vous ? Dolly, ma tendre Dolly...! C'est moi, Earl ! Votre frère ! Dolly! "

(MORTE ?)

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