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Chapitre XV et dernier : Le Champ [Cinquième partie]

Un léger vent souffla tranquillement et fit onduler les champs sous sa douce caresse. Il passa entre les herbes et les épis, entre les fleurs et les boucles cuivrées d'Earl. Il était à genoux, les bras pendants et les mains affalées contre la terre, le corps comme écrasé sous un indicible poids; le cadavre, cette fois-ci bien réel de Dolly gisant face à lui au milieu d'un tapis de fleurs, que ses suffocations sanglantes avaient maculés partout de petites gouttes vermeilles. Morte, elle paraissait encore vivante. Le poignard toujours dans la gorge, du sang n'avait de cesse de s'en échapper encore, et coulait, coulait sur son cou, son buste, sa poitrine, coulait sur ce corps blanc comme une tâche de vin renversée sur une nappe. Son cœur avait soufflé sa dernière note puis s'était finalement tût, enfin calmé de toutes les intenses émotions dont il avait été le mélomane hardi. Sa bouche, encore ouverte, était couverte de tout le sang qu'elle avait expiré dans ses dernières exhalaisons, et arborait une forme si effrayante, si grotesque et surréaliste dans sa terreur, que l'on crû à un masque théâtral. Quand à ses yeux... Ses yeux ! Révulsés vers le ciel, on n'en voyait presque plus que le blanc, et ils étaient écartés si grandement, si horriblement, qu'on eût crû qu'elle mourût dans une souffrance horrible, mais plus que tout, une crainte atroce. Lentement, Earl s'approcha légèrement, leva un bras fébrile. De là, sans un mot, sans même qu'aucune gravité ne vienne se loger sur son visage décomposé, il ferma tranquillement les yeux de Dolly, arrangea son visage de sorte à ce que sa bouche soit fermée et semble lui sourire tendrement. Après quoi, il sourit à son tour, et enleva calmement le poignard de sa chair détruite. En effet, comme il l'eût craint quelques minutes plus tôt, ce geste ne résulta que par un écoulement de sang encore plus important. Le liquide encore chaud coula de plus belle, sur le cou, le sol, les cheveux, colora tout ce qui fût blanc en rouge et arrosa les terres fleuries de son suc.

"Ah, pauvre Dolly... Vous avez sombré dans un sommeil bien profond..." murmura calmement Earl en se rapprochant assez de sa sœur pour la soulever légèrement et poser sa tête froide et fleurie contre son torse. "Un sommeil éternel, oui, car sans doute votre âme a-t-elle besoin de repos, fusse-t-elle assaillie par trop de tourments pour vivre un instant de plus... N'y avait-il donc pas d'espoir ? Étiez-vous destinée à cela sans que rien ne puisse être entrepris pour vous sauver de vous-même ?" Sa déclamation n'avait de cesse de gagner en force et en passion au fur et à mesure que sa langue se déliait. "Et qui est le misérable acteur de cet acte fatal commis par vos jolies mains autrefois immaculées ? Non, ce n'est pas vous, c'est votre folie, la folie qui vous gagnâtes au sein même du lieu où l'on prétendit vous en guérir sans que vous ne l'eûtes jamais contractée, ma triste Dolly ! Cette folie qui vous mordit à l'âme, c'est à coup d'aiguilles et de scalpel qu'on vous l'administra ! Ma pauvre sœur était morte dans l'âme, elle l'est maintenant également dans le corps ! Ma Dolly, et quels furent les instigateurs de tout ce sordide manège ? Nay, ce n'est point l'Asile. A y remonter plus loin, au fond, le début de votre fin ne fût-il pas annoncé dès que votre promis, ce chien d'Owain, rapporta au village entier la terrible nouvelle ? Ou plus encore, la source de tout ces maux... Fût-elle autre que l'amour ? Il n'est point question de qui aimer, mais bien d'aimer, je pense, je rumine cette idée depuis plusieurs jours déjà... Pour sûr qu'à cette charmante besogne qu'est l'amour, n'être qu'en la capacité d'accorder le vôtre qu'aux femmes seulement ne du pas vous simplifier pas la tâche, et pourtant ! Vous tombâtes amoureuse, je comprends maintenant pourquoi vous et Rose étiez si proche... Et qui suis-je pour vous blâmer ? L'amour est fait pour être vécu, zut alors ! Hommes, femmes, à quoi bon vivre si l'on ne peut aimer et être aimé ? Il faut goûter à ces plaisirs, il faut être amoureux, qu'importe de qui tant que cela est sain et réciproque. Enlacée dans vos bras amoureux, Rose aurait-elle pu vivre plus bel amour ? Non! Et comme je la comprends, moi... Moi, frère infâme, qui sait ce qu'il fait d'aimer Dolly Heaventon, comment ne pas la comprendre ?! Je vous imagine toutes deux, près de cette église en ruine, au milieu des herbes vertes et des fleurs éclatantes, amoureusement serrées l'une contre l'autre, bercées par le clapotement du ruisseau non-loin... Les cheveux doux tranquillement agités par une délicate brise tandis que vos belles lèvres échangent un tendre baiser... Et que vous êtes amoureuses ! Par la force des interdits et des codes, y eût-il en tout Riverhive d'âmes plus aimantes que les vôtres, chacune entièrement dédiée à la félicité de l'autre ? Nay, une fois de plus, car c'était là la preuve d'un amour sincère, et non d'une fausseté arborée pour faire bonne figure en société avec un ou une compagne désignée uniquement pour l'arrangement pécunier que pères et mères gripsous peuvent en tirer ! Vous avez été amoureuse, vous avez aimé ! La voilà donc, la terrible fatalité ! Car aimer fût votre malédiction, et l'amour une voie tracée vers le tombeau ! Morte ! Et vous voilà morte d'avoir aimé! Aimer, n'y a-t-il donc rien de plus cruel ? L'amour, y a-t-il de maladie plus pernicieuse et vile ? Pour une caresse, c'est cent larmes que l'on verse ! Un baiser seul, et c'est des journées entières qui se passeront à ruminer colère et chagrin, au nom de l'amour uniquement ! Mais l'homme n'est-il pas au fond masochiste, ma pauvre Dolly ? Il veut tant aimer qu'il est prêt à souffrir dix fois plus, et ce toute sa vie durant ? Quel genre de calcul d'utilité est-ce là ?! A moins que les charmes illusoires de l'amour ne soient si envoûtants qu'il n'embrouillent toutes nos fonctions logiques et analytiques ? Ah, c'est un malheur, une horreur ! Il n'est pas de pire malédiction que l'amour; sommes-nous, frère et sœur maudits, bien placés pour le savoir ! D'amour vous êtes morte, Dolly, ma belle Dolly ! La folie fût votre bourreau, oui, mais c'est bien l'amour qui vous conduit à l'échafaud ! Et moi, frère répugnant, frère détestable...! Oh, je peine même à le dire à voix haute... Mais puisqu'il semble en être ainsi ! Je puis imaginer, ma Dolly, l'étrange mal doux-amer qui dût vous sauter au corps et au cœur lorsque vous comprîtes, adolescente sûrement car c'est en ces périodes que nous nous découvrons, que vos sentiments se portaient aux filles, en étant vous-même une... Oh, mais homme ou femme, qu'importe, qu'importe qui l'on aime tant que cela est mutuel, je l'ai déjà dit. Aussi ne puis-je oser me comparer entièrement à vous, car il n'y avait rien d'impur ou de malsain à vos sentiments... Qu'en est-il du frère ! Y est-il de constatation premièrement si innocente et pourtant plus atroce, cataclysmique, que peut faire un jeune garçon de quatorze ans découvrant que quoi qu'il n'en pense, et fasse tout pour s'en détourner...ses sentiments s'orientent, irrémédiablement et bien malgré lui, vers sa sœur ? Oh, en voilà une triste farce ! Je ne voulais pas ! Dieu, je ne voulais pas, je ne veux toujours pas, mais si tel est mon péché, il faut bien me confesser ! Oh, Dolly, l'amour n'apporte que le malheur, et c'est une vérité vérifiée ! Je vous aime et vous êtes morte ! Ah, immonde frère ! Pourceau animé de la plus honteuse des passions ! Oui, Earlighteus Heaventon aime Dolly Heaventon ! Je le maudis ! Je maudis son âme et sa chair noircie de la plus impie des passions ! Oui, oui, je suis une un démon, une bête, un moins-que-rien, une charogne, je ne vaux guère mieux qu'une charogne pour n'avoir jamais désiré autre femme que ma sœur ! Et bien que je fisse tout pour me détourner de cette monstrueuse attraction, que je voulus en aimer une autre par tout les moyens, je suis impuissant ! Lâche et faible ! C'est plus fort que moi, Dolly, c'est plus fort que moi : je vous aime de tout mon corps et de toute mon âme, et je ne peux lutter ! Je ne peux pas m'en empêcher, aussi révulsant soient mes désirs impies ! Mais il est à l'esprit ce que le corps ne peut contrôler, je présume, oui... L'un n'a-t-il pas dit que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ? Ah, sans doute, peut-être... Assez, vilain garçon, tu parles trop... Ta sœur est là, dans tes bras : elle gît, elle est morte ! Ta tendre sœur aux blancheurs et pâleurs liliales, angéliques, jamais plus son petit cœur ne battra en rythme contre le tiens dans une douce symphonie... Ta pauvre sœur que tu n'as su sauver, toi qui fût trop minable et incapable devant ses malheurs, elle a succombé dans d'atroces souffrances et tu n'as rien fait ! Et la vie est-elle seulement concevable sans ce doux être à tes côtés pour t'apporter un bonheur dont tu ne saurais jouir sans sa présence ? Serais-ce supportable ? Que fera-t-on de son corps ? L'enterrera-t-on dans un cimetière quelconque, sous une pierre tombale quelconque, sur laquelle feront office d'épitaphe quelques faussetés pour que tous les passants se souviennent d'elle comme d'une pauvre pieuse décédée sereinement selon le bon vouloir du Seigneur ? Ah ! Non, la mort n'est guère sereine, ma Dolly... Je suppose qu'elle l'est pour certains excentriques et neurasthéniques, un soulagement sans doute; mais moi qui ait vu le dernier souffle s'échapper de vos lèvres, je peux dire que vous ne mourrûtes pas dans l'apaisement, non ! Vous souffrîtes horriblement, comme mon cœur en ce même moment... Puis-je vivre sans vous ? Nay, je ne le pense... Que vous soyez En Haut, En Bas, je vous suivrai, je vous trouverai ! Dolly, ma Dolly aimée ! L'idée d'une vie sans votre présence à mes côtés est inacceptable ! J'ai survécu ces six derniers mois en vous sachant encore vivante, avec l'espoir démesuré de vous sauver de la prison où vous fûtes contrainte de séjourner ! Mais maintenant que vous êtes morte, maintenant que vous n'êtes plus, quel espoir saurait subsister ? Il n'y en a pas... Ma sœur, mon amour, ma sylphide est morte, et je ne puis de cette tragédie faire fi; je ne puis suite à cette folie espérer un instant de plus marcher avec assurance dans cette vie ! La lumière à mon phare s'est éteinte, il n'est plus d'intérêt à ce que cet édifice demeure encore debout..." Il prends le poignard, serre une main de Dolly autour, et le porte contre sa poitrine : "De la lame offerte par notre père qui vous apporta la délivrance de la mort, sans doute pourra-t-elle prendre une âme de plus en ce jour. Ma belle Dolly, m'aiderez-vous à cette besogne fatale ? Ah, mais laissez-moi vous mirer une dernière fois... Patience, ma pâle nymphe, j'arrive !" Il se plante l'arme dans le cœur, esquisse une terrible grimace de douleur et pousse un affreux cri de souffrance. Sa plaie saigne à flot, sa main et celle de Dolly demeurent sur le poignard. Tremblant, il se couche contre sa sœur. "Par l'amour, par la folie, par la mort, nous voilà unis... Je suis heureux, car si quelqu'un dû mettre fin à mes jours, votre main est encore la plus douce qui puisse m'accorder ce beau châtiment. Songez à la tendre éternité qui nous attends l'un à côté de l'autre... Et ce champ fleuri, n'est-il pas splendide pour y mourir ? Ah, au diable ce monde, nous serons bien heureux dans la mort...!" Il effectue un ultime effort, que l'on devine atrocement douloureux, le poignard toujours enfoncé dans son cœur. Le visage imbibé de larmes ravies, la bouche effectuant une moue attristée, et la chair en sang, il se penche sur le visage de Dolly, hésite longtemps, pousse un râle et crache quelques gouttelettes épaisses qui retombent sur la joue de sa sœur. Il embrasse fébrilement ses lèvres et s'éteint, le corps enlacé contre celui de son aimée.


Autour de leurs corps, fleuriront quelques lys blancs et jonquilles qui, dit-on, jamais ne fanèrent. Tout au loin, en haut de la colline qui surplombe les champs, demeure un manoir où, d'après ce qui est dit, l'ombre d'un grand cyprès plane sur eux. Le temps passa, et les deux cadavres en vinrent à être entièrement recouverts de magnifiques fleurs, changeant d'allure et d'apparat à chaque saison, l'automne étant celle où leur beauté resplendissait le plus. La nouvelle se propagea des bouches de quelques marchands, fermiers et vagabonds qui passèrent par les champs, si bien que le couple non-identifié commença même à faire parler de lui dans les villes. Des rumeurs en tous genres s'élevèrent, la plus populaire étant celle d'un couple maudit ayant préféré se rejoindre dans la mort car ne le pouvant dans la vie. Aussi alla-t-on jusqu'à ériger une petite pierre tombale au pied de la large coupole fleurie formée autour des corps au fil des mois. Dessus, l'on pût lire :

"Aux amants inconnus, puisse l'Au-Delà leur être plus délectable que ne le fût leur existence torturée."


Deux mois plus tard, enquête fût menée à propos des mystérieux amants inconnus.

Les deux semaines qui suivirent, l'identité des corps fût mise à jour. 

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