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Chapitre X : L'Asile (3) [Troisième partie]

"Non ma petite, décidément tu n'as pas beaucoup de cervelle !" dit Kelly en posant ses deux mains sur les épaules de sa tortionnée, rapprochant ses doigts de son cou. "Tu appelles ça un baiser ? Oh bin ! Tu devais pourtant y mettre un peu plus de passion avec celles que tu...

-Je n'ai jamais fait ça !" se défendit fermement Dolly. "Traitez-moi de tribade, d'idiote, de folle si c'est vraiment ce qui vous amuse, mais pas de... De... Cela !" clama-t-elle dans un bref état de fougue qu'elle regretterai bien vite.

"-Hé. Personne ne t'a demandé ton avis !" remarqua Kelly en commençant à resserrer ses mains sur le cou de la patiente. Dolly trembla de tous ses membres. "Mets-y du cœur, ou je t'étrangle." souffla-t-elle sur un ton aussi glacial qu'agressif.

"-Vous êtes folle..." murmura désespérément Dolly en retenant les larmes qui lui montaient. La seule réponse de Kelly fût un rire strident et moqueur, couplé à celui de Julie, grave et lourd.

"-Embrasse-la, ma petite saphique, embrasse-la passionnément et on arrête de vous embêter, promis..." ricana l'infirmière en étranglant presque sa captive. Serait-elle vraiment capable de l'étrangler ? Dolly y songea un instant, et ses doutes se dissipèrent lorsque Julie s'avança, poings levés, vers Sally.

"Seigneur, Rosy, pardonnez-moi..." psalmodia-t-elle tout bas en se ruant vers la Silencieuse avant que Julie n'ait le temps de l'atteindre. Tant de sensations curieuses l'étreignaient maintenant, elle n'aurait su en décrire la moitié... Honte, pitié, gêne, terreur, désespoir... Elle ne pensa à plus rien l'instant ou elle posa, fougueusement, ses lèvres craquelées, gercées, glacées et mortifiées, à nouveau sur celles de Sally; et fit durer le baiser plus longtemps. Un grand souffle malade traversa tout son corps, et une sorte de pourriture mortifère sembla se déverser dans ses poumons, puis son cœur, puis le reste de ses organes, et même ses os. Un relent de Mort, une Mort qu'elle embrassait à pleine bouche incarnée en la présence de Sally la Silencieuse, s'empara de tout son intérieur, comme une vague de pourriture charnelle... Dolly se sentit décomposée, anémiée, saccagée par cette présence, cette odeur qui pourtant... Qui pourtant ne la dérangeait pas. Comme si une vieille amie qu'elle attendait depuis bien longtemps venait de s'inviter en elle... Alors brisa-t-elle le baiser. Aussitôt, elle porta sa main à sa bouche, d'effroi pour son acte, peut-être par crainte que toute la chaleur mortelle de Sally ne quitte son corps vierge de toute l'impureté qui jaillissait des plus profonds intérieurs de la Silencieuse...

Grand silence. "Met la langue !" dirent de concert Julie et Kelly, "Vous aviez promis !" se lamenta Dolly. Et pourquoi s'acharnaient-elles, ces deux affreuses ?! Dolly avait embrassé Sally trois fois, contre sa volonté, et contre le gré de l'autre. Sur la joue, puis sur la bouche, deux fois, et maintenant que demandaient-elles ? Avec la langue ?! Ah, les obscènes ! Ah, les cruelles chipies ! Mais qu'est-ce que ce serait après ? A ce rythme, on lui demanderait de franchir toutes les barrières de la décence et de la pudeur une à une en moins d'une heure ! Cela ne prendra-t-il donc jamais fin ?!

"Non... Non, je ne peux pas..." gémit faiblement Dolly, abattue devant la bassesse de telles âmes. "Je ne peux pas, je ne peux pas..." continua-t-elle de répéter en enfouissant entièrement son visage dans ses deux mains. Beaucoup de détenues baissèrent la tête, muettes, tandis que d'autres ne pouvaient s'empêcher de garder les yeux rivés sur la scène, interdites. Kelly lui frotta les épaules comme le ferait une amie pour la réconforter; et Dolly jugea à cet instant qu'il n'y avait rien de plus insupportable qu'un geste aussi simple et amical tourné d'une manière si hypocrite de la part d'une telle personne.

"Allez ma petite, promis qu'après ça, on arrête. Tu voudrais tout de même pas qu'elle se fasse encore frapper, non ? La pauvre Sally... Elle en a déjà assez vu, tu ne crois pas ? Tu peux alléger un peu ses souffrances, alors pourquoi ne le fais-tu pas ? Edmond a oublié d'ajouter dans ton dossier que tu étais égoïste ?" demanda-t-elle d'une petite voix doucereuse détestable.

"-Non... Non, non, non... Ce sera encore autre chose après ! Arrêtez... Pitié, arrêtez..." supplia Dolly, complètement soumise à sa propre faiblesse de ne pas pouvoir s'interposer d'une manière plus féroce... Elle avait l'impression d'être encore dans le cabinet d'Edmond, lorsqu'il tentait d'expérimenter sur elle de nouvelles facettes au 'traitement'. Toutes les sensations dans sa tête, sa gorge et son ventre étaient les mêmes, seule manquait la douleur physique. Elle vint immédiatement lorsque Kelly la gifla, car l'envie venait de l'en prendre.

"Tu désobéis ?" demanda-t-elle, sa voix ayant, pour le mieux, perdu toute trace d'une fausse sympathie honteusement forcée. Dolly ne répondit rien et laissa une larme couler sur ses joues déjà aplaties par la fatigue, le froid et la faim qui la tiraillaient depuis six jours, ce qui lui valut deux claques supplémentaires. Kelly la méprisa du regard, et Julie, tout aussi glaciale, lui adressa un "Pffft !" hautain et désespérant d' incompassion. Toutes deux, elles se jetèrent alors sur Dolly, et Kelly s'écria :

"AH ! Ça y est ! Encore une qui devient violente ! A l'aide ! A l'aide ! On ne la contrôle plus !" jusqu'à ce que deux médecins n'accourent au pas de course pour saisir Dolly, qui se débattait de toute ses maigres forces au milieu des peines et mensonges qui l'accablaient. Parmi les docteurs figura Edmond. Edmond jugea bon, dans l'ordre de calmer la patiente C54F, qu'il valait mieux l'emmener à son cabinet, ce qu'il fit. Le traitement se poursuivit là bas, car Edmond savait y faire avec les patientes violentes.


Mardi 19 novembre 1897 :

"Je ne suis pas malade, je ne suis pas folle."


Jeudi 21 novembre 1897 :

" Hé bien, je suis à moitié malade des ombres... dit la Dame de Shalott..."


Vendredi 22 novembre 1897 :

Aujourd'hui, Sally est partie. Un médecin l'a emmenée par la main dans un coin reculé de l'Asile, et plus personne ne l'a jamais revue. La plupart des patientes furent tant attristées qu'au fond indifférentes à cette nouvelle qui ne les concernaient guère, mais pas Dolly. Une petite douleur cogna dans sa poitrine lorsque la nouvelle lui parvint, et perdura en elle toute la journée. Elle avait eût le sentiment, le jour ou elle fût forcée de l'embrasser, d'avoir comme laissé quelque chose en cette femme. Quelque chose de personnel et d'intime, qu'elle ne retrouverait plus jamais... Aujourd'hui, Sally est partie. Qu'en est-il de Dolly ? Trop d'elle-même a déjà été laissé à cet endroit, que restera-t-il quand elle le quittera enfin ?


Samedi 23 novembre 1897 :

Bientôt, dans précisément quatre jours, Earl reviendra. Earl reviendra, et toute cette horreur prendra fin. Adieu Edmond et ses longues mains jaunes, adieu Julie et Kelly, adieu les bains forcés et la nourriture infecte, adieu les froids corridors et le désespoir ambiant, adieu, adieu, adieu l'Asile; tu ne manqueras à personne ! Personne, personne ! Tout n'est désormais plus qu'une question de patience. Il faut encore que Dolly tienne jusqu'à mardi. Alors, tout redeviendra comme avant. Oh, comme elle le souhaitait, si désespérément fort...


Mardi 26 novembre 1897 :

Aujourd'hui mardi, Dolly se montra encore plus sage et docile que tout ce que les médecins n'auraient pu espérer d'elle. Elle ne broncha pas, ne questionna personne et ne remit rien en cause. Toute la matinée durant, elle attendit silencieusement, le ventre rempli de petits papillons qui tourbillonnaient fiévreusement en elle. Personne, pas un visiteur, ne vint le matin. Mais l'Asile était non seulement un peu excentré de la ville de Port Isaac, il l'était encore plus de ceux n'habitant pas dans le South West. Le Yorkshire était à des miles et de miles de là, et nul doute que le voyage était long de l'un à l'autre. A cheval, il devait facilement prendre une semaine et demi, et au moins sept ou huit bon jours en carriole. Il, Earl, serait là dans l'après-midi...

Après le repas (un bouillon fade et une pomme de terre froide accompagnés d'un thé amer), toutes les patientes furent, comme tous les jours, confinées dans le hall vide. Assise seule sur une chaise, sans désormais la présence de Sally la Silencieuse pour en quelque sorte lui tenir compagnie, Dolly attendait avec des espoirs mêlant patience et impatience. Nerveuse, elle triturait ses doigts sans arrêt et ses jambes tremblaient légèrement. Une heure passa, personne. Deux heures passèrent, personne. Earl n'allait plus tarder. Fidèles à elles-mêmes, Kelly et Julie ne manquèrent pas d'en tourmenter certaines pour leur bon plaisir; et aujourd'hui cette malchance revint à la patiente A29D. Dolly ne connaissait pas son nom. D'ailleurs, personne ici ne connaissait le siens, tout comme celui de toutes les autres. En ce lieu où l'on retirait déjà tout au détenues, on leur interdisait également d'avoir un nom. Ici, les femmes n'était rien d'autre qu'un numéro, et Dolly n'était rien de plus que la patiente C54F.

Trois heures, quatre heures... Il va venir, ce n'est plus qu'une question de temps... Dix-sept heure, il ne va plus tarder. Dix-sept heure trente. Dix-huit heure. Dans sûrement quelques minutes... Dix-huit heure trente. Allez... Dix-neuf heure, l'Asile ferme ses portes aux visiteurs.

Earl n'est pas venu.

Earl n'est pas venu ?

Mardi 26 novembre 1897, Earl n'est pas venu. Earl n'est pas venu.

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