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Chapitre IX : Le Manoir (5) [Seconde partie]

"Vous avez comme moi un cœur qui bat au tempo de la musique. Combien de fois celle-ci m'a-t-elle soulagée et guérie lorsque j'étais au plus bas ? J'ose ainsi espérer qu'il en sera de même pour vous. Allons, dites-moi : y a-t-il un morceau que vous me voudriez vous interpréter ?" Dolly, dont les yeux étaient presque fermés, et la respiration de moins en moins intelligible, expira, lentement, un souffle mortifié de ses lèvres pâles :

"Jouez ce qu'il vous plaît, je me languis déjà de vous entendre." sourit-elle avec une sincère gentillesse.

"-Allons, n'avez-vous pas une préférence ?

-Ah, puisque vous insistez...

-Sans vouloir me vanter, je puis jouer absolument tout ce que vous me demanderez. Ordonnez, je m'exécuterai ! Mais vite, pauvre Dolly ! Sinon, vous...

-Hé bien... Pourquoi pas... Un..." La voix de Dolly se confondit en un souffle aussi froid que la mort. "Une des... Sérénades... De Tchaikovsky... Ou... Ou alors... Ce morceau... De Schubert... La... La jeune fille et la..." dit-elle, les yeux clos et la tête reposée sur une épaule. Le regard brillant de Gwendolyn succomba de voir son amour si faible, si proche du trépas. Elle trouvait néanmoins une forme de beauté à cela, comme une sorte d'admiration envieuse et respectueuse, solennelle même, à voir ce corps et cette âme, face à elle, se soumettre aux étreintes de la Mort avec tant d'apaisement. Mais elle ne s'en inquiétait pas, car Dolly ne mourrait pas. Elle ne pouvait pas mourir ainsi, car, au fond, elle-même en avait décidé autrement... Dans l'acte mortifère, dans son processus de décès, dans son agonie lente et indolente, Dolly Heaventon paraissait plus belle et radieuse que jamais. Oh, le tendre visage qu'elle avait alors ! L'on aurait pu la croire endormie, bercée sur les calmes vagues de quelques doux rêves ! Un sourire s'esquissait même au coin de sa petite bouche aux lèvres liliales, maintenant pareilles à deux petits pétales blancs. A travers sa peau douce et pâle comme un grand lys, c'était toutes les veines qui apparaissaient et se rejoignaient joyeusement en une farandole de petits ruisseaux aux couleurs froides. La fleur dont elle voulût faire cadeau à Gwendolyn, toujours lovée en ses larges boucles n'aurait pu mieux se fondre qu'en cette chevelure albe et cette peau laiteuse. Aux portes de la mort, Dolly brillait comme un soleil blanc au fond du noir souterrain. Et le lys, au pied du cyprès, fleurissait en milles amours. Alors la vampiresse, éblouie devant ce précieux spectacle, commença son récital.

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Son jeu fût grandiose, sa dextérité hors-normes. La virtuosité de Gwendolyn au viola était pareille à celle de Dolly au violoncelle, et elle joua avec cœur et brio. Quinze minutes plus tard, lorsque l'ultime note fût arrachée aux cordes de l'instrument par l'archer de la vampiresse, les blessures de Dolly s'étaient refermées. Ses bras rougis avaient cessés de saigner comme par enchantement, et, bien que toujours faible, même son souffle calme parût plus fort, plus vivant. Et son visage était orné d'un splendide sourire.

"Je dois être morte..." souffla Dolly d'une voix faible et cristalline. Gwendolyn lâcha son instrument et alla s'asseoir près de Dolly en lui caressant les cheveux.

"-Il se pourrait bien...

-Je suis au Paradis !

-Ce lieu a plutôt des allures d'Enfers...

-Il n'y a qu'au Paradis que l'on puisse être en si bonne compagnie." Gwendolyn l'embrassa tendrement.

"Il y a bien un ange en ce lieu, mais à ses côtés je ne vois qu'un démon...

-Ah... Voilà dans ce cas un Paradis bien vide." Dolly passa sa main encore rougie de sang dans celle de Gwendolyn et l'approcha à ses lèvres pour l'embrasser.

"Est-ce vous qui m'avez tuée ?" demanda-t-elle avec un sourire.

"-Amour, les morts ne parlent pas..." lui murmura la vampiresse en redoublant de petits baisers et de douces caresses.

"Mais est-ce vous qui me tuerez ? Je me sens morte, mon amour. Je me sens si morte, si bien..." répliqua Dolly en blottissant sa tête dans le cou de sa belle.

"-La mort viendra, ma Dolly. La mort viendra, je vous le promet. Mais pour l'instant, vivez encore un peu...

-Je vous aime à en mourir !

-Je vous aime plus encore.

-Mon sang, était-il goûtu ? Je m'écorcherai aux quatre veines pour vous en donner toujours plus !

-Allons, vous ne réfléchissez pas à ce que vous dites...

-Oh, je ne suis sûre que d'une chose : je vous aime ! Aimez-moi, tuez-moi, je suis à vous ! Je m'offre entièrement! Aimez-moi comme je vous aime, ou tuez moi prestement !" De nouvelles lèvres sur les siennes.

"-Mon gentil petit lys... Je crains que la raison ne vous ait abandonné. Ma faim vous aura dépossédé de trop de sang...

-Oh, qu'importe la raison, qu'importe, qu'importe...

-Alors vous êtes folle...

-Oui ! Et n'est-ce pas magnifique ? Je me sens plus saine d'esprit que je ne l'ai jamais été ! Je me sens mieux que jamais...

-Alors vous êtes bien folle ! Oh ! Malheur à vous, malheur à nous ! Mais pour l'heure, embrassons-nous !

-Vous savez quelle fût ma seule folie ?

-Laquelle ?

-Je vous ai aimé ! Avec vous, j'ai d'abord été crainte et effroi, mais maintenant je ne suis plus qu'amour. Vous m'avez remplie d'amour jusqu'au plus profond de mon être; comme je sais qu'il en a été de même pour vous !

-Oui... Nous voilà maintenant les tristes esclaves d'Eros...

-Splendide malédiction ! Oh ma maîtresse, l'amour ne s'aventure-t-il pas sur les voies les plus inattendues pour nous mener sous ce soleil sucré ?

-Qu'est-ce que l'amour de toute manière ? Embrassez-moi, mon ange !" Y eût-il un jour de plus beau spectacle qu'une fresque si tendre et amoureuse ? Une union si pure et unique ? Merveilleuse ? Les funèbres et ténébreux souterrains du manoir Thrall était dès lors semblables à un mausolée d'amour, dont chaque parcelle des murs humides, chaque grain de poussière au sol, chaque étincelle de l'unique cierge à la lumière vacillante pendu au mur, semblait refléter une douceur romantique et chérie.

"Je sens comme un grand tourbillon en moi..." souffla doucement Dolly en lançant un regard affectueux à sa vampiresse. Elle poursuivit, posant un doigt blanc sur les lèvres de Gwendolyn avant que celle-ci ne puisse dire quoi que ce soit. "Oui ma tendre, je le sens qui me chatouille les entrailles et me dévore l'intérieur... Comme si milles papillons aux ailes acérées paradaient dans mon corps... Je... Je peine à comprendre ces sensation... Des petites fleurs éclosent dans mon coeur et mon estomac, des ronces déchirent mes poumons et ma trachée... Un splendide jardin fleurit en moi, mon amour, un splendide jardin... Un si beau jardin... Ah... Il y a de si belles choses... Dans mon joli petit jardin... Des lys blancs, deux boutons de rose pâles... Une mignonne orchidée... Des tulipes rouges et de jolis camélias roses et blancs... Et même des violettes ! C'est un bien joli jardin, mon amour. J'aimerai tant que vous le visitiez... Mon petit jardin tout mignon..." Heureuse et veule, elle s'assoupit quelques instants. Rendant à Dolly un sourire qu'elle ne vit pas, Gwendolyn se releva, prit sa belle dans ses bras, et se dirigea hors du souterrain. Une lune magnifique éclairait de plusieurs éclats séléniques le jardin intérieur du manoir, sa végétation conquérante et désolée, son tombeau, son sombre cyprès qui parût presque argenté sous la lumière céleste.

"Hélas, pauvre lys... L'amour est une perte, voyez dans quelle situation il nous mène... Ah, je parle d'amour, mais que dire de la folie, cette vile cavalière qui l'accompagne partout où qu'il aille... Esclave d'Eros, sans doute l'êtes-vous, sans doute le suis-je, mais qui, de nous deux, est également soumise aux tristes manifestations de Mania ? Vous, vous ma malheureuse..." murmura-t-elle gravement en emmenant sa belle encore assoupie hors de ces lieux. 

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