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Chapitre II : Riverhive (1) [Première partie]

Dolly souleva légèrement son poignet, archer en main, et délivra de son violoncelle la dernière note, endiablée, de la "Passacaglia en G mineur". Elle leva alors la tête en arrière, la bouche ouverte, reprenant son souffle, tant jouer lui avait mobilisé de concentration au point qu'elle n'en respira pendant tout son récital qu'au rythme des soupirs; et la Passacaglia était bien connue pour son rythme vif et infernal soutenu. Elle pencha suite à cela son visage en avant, étendant ses fins bras nacrés sur le manche de son instrument, collant presque sa joue tendre contre le bois verni. Enfin, elle souffla calmement. La transe musicale était finie. Earl applaudit chaleureusement. Assis au rebord d'une fenêtre, il avait délaissé son manuel de grammaire allemande pour profiter pleinement de la prestation de sa sœur.

"A quand jouerez-vous à l'orchestre royal de Londres ? Car je paierai cher mon siège pour vous y voir !" demanda-t-il en souriant, une fois de plus subjugué par le talent de Dolly.

"-Allons, vous me flattez !" répondit celle-ci en portant une main à son visage tout en souriant à son tour. Earl se leva de son siège et s'approcha de Dolly, qui elle se mit à jouer distraitement quelques notes hasardeuses mais non moins mélodieuses en pizzicati.

"-Vous flatter ?" dit-il en prenant sa main pâle et froide "Nay, la flatterie n'apporte rien d'autre qu'une satisfaction illusoire de l'ego. Vous êtes bien au dessus de cela !

-Hé bien, que d'éloquence ! Mais avant de songer à Londres, peut-être devrions-nous viser York, vous ne pensez pas ?

-York ? Bah, on y trouve de bons musiciens, mais la meilleure violoncelliste de toute l'Angleterre est à Riverhive, dans cette demeure !

-Oh, cessez donc ! Vous allez me faire rougir !" s'exclama Dolly en repoussant doucement son frère avec un sourire. Earl saisit le manuel qu'il avait lâché pour applaudir et reprit :

"Vous jouiez du Haendel, si je ne m'abuse. N'était-il pas allemand ?" Dolly esquissa une moue pensive.

-Heum... Oui, il me semble. Enfin...ou était-il français ? Non, Haendel a une sonorité flamande...ou bien, allemande, oui...

-Dans ce cas, sauriez-vous m'expliquer ce que Haendel voulait dire avec la suite de phrase suivante ?" Earl s'éclaircit la voix et commença à réciter une suite de mots qui résonnèrent comme des sons tranchés et égorgés aux oreilles de Dolly, dans un accent allemand plus que correct, tout en parcourant la pièce, livre à la main. Il referma ensuite son ouvrage en ayant gardé un doigt à la page de sa lecture, et consulta sa sœur du regard, qui elle le dévisageait avec des yeux ronds et les lèvres légèrement retroussées.

"Allons, vous savez bien que je ne parles pas un mot d'allemand ! Vous êtes le linguiste de la famille, pourquoi me consulter sur ce que je ne sais pas ?

-Oh, vraiment ?" répondit Earl sur le ton de la plaisanterie. Il s'approcha de Dolly, passa ses doigts entre les soyeuses boucles blanches de sa sœur, coiffées à l'anglaise, et commença à les titiller gentiment. "Mais mademoiselle Donaelie !" poursuivit-il en imitant la voix pincée de leur mère. "Les plus grands compositeurs que vous interprétez avec tant de grâce; aucun ne sont anglais ! Tous sont allemands, français, italiens, ou russes ! Allons, comment se fait-il que votre maîtrise de ces langues ne soit pas faîte ?

-Oh, vous ! Pour votre gouverne, j'ai des bases en italien que vous ne possédez pas !

-Plaît-il ?" Earl était réellement surpris. "Dolly, vous apprenez l'italien ?

-Certo che si. Voyez par exemple la "Passacaglia" ? Elle est en 'Allegro con fuoco'. Voyez que je parle italien !

-Vous jouez sur les mots !

-Hé bien ! Dans ce cas, traduisez-moi allegro con fuoco en anglais, très cher !

-Joyful with fire.

-Oh, vous n'êtes pas drôle ! Bien ! Alors traduisez-le en allemand !

-Fröhlich mit dem Feuer.

-Zut ! En...en français !

-Joyeux et enflammé.

-Vous n'êtes vraiment pas drôle..." Dolly croisa les bras, tournant la tête. Lèvres retroussées, sourcils froncés, elle esquissait une moue un peu vexée, bien qu'au fond, elle ne l'était pas. Un des attributs de sa candeur si charmante, pensait Earl, qui avait lâché les doux cheveux de sa sœur, quand bien même il aurait pu les caresser encore longtemps.

"Allons, allons." commença-t-il en s'accroupissant face à Dolly. Lui prenant les mains avec beaucoup de tendresse : "Dès demain matin, nous devrions nous rendre à la librairie, près du parc, et vous quérir un manuel d'italien. Je suis sûr qu'en peu de temps, vous le parlerez très bien !

-Ah, pas aussi bien que vous le français." soupira Dolly en clignant doucement des yeux. "Il me faudrait des années entières pour cela !

-Enfin, mais vous parlez déjà un peu français !

-Plaît-il ?

-Hier toute la nuit durant, même lorsque j'ai quitté votre chambre pour aller dormir, vous étiez encore sur vos partitions de Debussy ! Vous aviez beau jouer piano, croyez bien que l'on vous entendait !

-Oh, seigneur ! Vous ais-je empêché de trouver le sommeil ?

-Non, non, n'ayez crainte. Votre virtuosité est délectable. Mais, Claude Debussy, il est français, n'est-ce pas ?

-Hé bien...oui.

-Et les noms donnés à ses œuvres sont en français ? Vous aviez commencé hier lors du thé, vous jouiez le...

-Prelude to the Afternoon.

-Prélude à l'Après-midi.

-P-Pwéludeuh...à l'aw...pwè midi...

-Voyez qu'en dépit de votre accent, vous parlez aussi français !

-Oh, mais c'est une langue d'une telle complexité ! Quelle idée avez-vous eût de vous torturer avec une grammaire et un orthographe si complexes, sans parler de la prononciation ?!

-C'est la langue des philosophes. Et des amoureux." acheva-t-il en se relevant, invitant sa sœur à en faire de même. Il lui tandis alors sa main de jeune homme, tout sourire, et Dolly la prit en lui rendant son rictus. Earl laissa son manuel sur la petite chaise en osier où Dolly s'était assise pour pratiquer, et invita la demoiselle à valser. Dolly fût tout d'abord légèrement embarrassée, car pour une fille de sa caste, ayant reçut un enseignement approprié à la danse comme à divers autres activités physiques et intellectuelles, elle dansait fort mal. Earl le savait bien : les deux s'étaient toujours entraînés ensembles à cette activité. Combien de fois s'était-il fait marcher sur les pieds (dans le premier sens du terme) au cours de leurs leçon quotidiennes données par leur mère en personne ? Lady Joannah s'en retrouvait à chaque fois autant désespérée de la maladresse de sa fille qu'impressionnée du talent de son fils. Lorsque les leçons étaient à l'équitation toutefois, la donne avait forte tendance à s'inverser entre le frère et la sœur.

Finalement, Dolly accepta fébrilement l'invitation de son frère, qui la gratifia d'un sourire tendre. Ils pressèrent leur main l'une dans l'autre, unirent leurs doigts; et tandis que Dolly posa d'un geste mal assuré son bras contre le dos d'Earl, celui-ci descendit tout juste au dessus des hanches de sa sœur, et glissa son bras dans le creux de son bas-dos. Vinrent les premiers pas, souples et agiles chez l'un, lourds et déséquilibrés chez l'autre.

"Mais autrement, ces quelques phrases que vous m'avez récité ?" demanda Dolly tandis qu'elle faisait de son mieux pour danser correctement, avec difficulté néanmoins. "Les avez-vous finalement comprises ?

-Non, hélas. Je n'en ai saisit que le premier mot..." avoua Earl en resserrant davantage son étreinte sur sa sœur. La danse se précisa; et tandis que Dolly faisait preuve de la plus grande des concentrations pour exécuter correctement une simple valse, Earl, à qui ces gestes étaient aisés, et empreints dans leur exécution de la même perfection dont faisait preuve sa sœur lorsqu'elle jouait du violoncelle, se perdait dans de profondes réflexions. Il se sentait, lorsque tous deux dansaient, comme isolé de ce monde. Tout était bien loin dans son esprit maintenant, car Earlighteus Heaventon, en ces moments avec sa sœur chéris comme des trésors, n'était pas moins un homme de raison qu'il ne devenait un corps rempli de sensations. Les mots et les voix n'étaient plus que des mirages, tout comme son esprit ne devenait rien d'autre qu'un vaste brouillard; autant que son corps était tel un printemps où fleurissaient les ressentis les plus fougueux. Il ne se souciait plus de ce poème ou quoi que cela puisse être, ses pensées n'étaient plus, éteintes; en ces brefs et précieux moments : ne restait que les perceptions charnelles. Il sentait la main froide de Dolly contre la sienne, ce corps pâle comme la mort et pourtant rayonnant de vie collé au siens, pauvre mortel; elle était son ange ! Il ne le voyait pas, mais pourtant sentait, le regard rougeoyant de Dolly, dirigé vers le vide à force de concentration pour effectuer les bons pas de danse. Il sentait ses belles boucles albes, douces et soyeuses, retomber avec une mollesse langoureuse sur ses épaules nacrées. Il sentait le souffle chaleureux de Dolly, comme une brise estivale. Il sentait. Il entendait. Il contemplait. Il RESSENTAIT ce cœur, ce beau, chaud, vigoureux et sacré, ce cœur, BATTRE, bondir sous ce blanc tissus de chair blême !

"Et quel était-il ?" poursuivit Dolly en se resserrant à lui, ayant cependant remarqué que l'étreinte d'Earl se faisait de plus en plus...étouffante.

"Amour." répondit le frère en s'arrêtant net, manquant de déséquilibrer sa cavalière.

"-Oh, ce doit être un poème romantique comme vous les aimez !" s'exclama Dolly en appuyant ses grands yeux rouges dans ceux de son frère.

"-J'ai crû comprendre que mademoiselle était elle aussi amatrice de poésie lyrique." répliqua Earl, n'appréciant guère d'être rattaché à l'image de celui aimant à se repaître de poésie à l'eau de rose.

"-Mais je ne le nie pas, très cher !" Aussitôt s'éloigna-t-elle de son frère pour se diriger vers la fenêtre. Ses mains jointes, son pas était voluptueux, et sa silhouette semblait se redessiner, plus belle encore, dans les courbes que le soleil lointain semblait n'avoir tracé que pour elle. Mais, craignant l'éblouissement du brillant astre, elle s'en retourna finalement dans l'obscurité, tel un pâle fantôme hantant les coins sombres. De ses mains blanches comme celles de ces poupées de porcelaine, elle saisit à nouveau l'archer qu'elle avait délaissé pour danser, et s'assit au violoncelle. Commençant une sombre mélodie, son visage se tourna lentement vers la lumière émanant de la fenêtre, dont elle ne pourrait jamais sentir la chaleur sur sa peau fragile. Langoureusement, elle se mit à réciter, bas :

"On either side the river lie
Long fields of barley and of rye,
That clothe the wold and meet the sky;
And thro' the field the road runs by
To many-tower'd Camelot;
And up and down the people go,
Gazing where the lilies blow
Round an island there below,
The island of Shalott.

Willows whiten, aspens quiver,
Little breezes dusk and shiver
Thro' the wave that runs for ever
By the island in the river
Flowing down to Camelot.
Four gray walls, and four gray towers,
Overlook a space of flowers,
And the silent isle imbowers
The Lady of Shalott.

By the margin, willow veil'd,
Slide the heavy barges trail'd
By slow horses; and unhail'd
The shallop flitteth silken-sail'd
Skimming down to Camelot:
But who hath seen her wave her hand?
Or at the casement seen her stand?
Or is she known in all the land,
The Lady of Shalott?

Only reapers, reaping early
In among the bearded barley,
Hear a song that echoes cheerly
From the river winding clearly,
Down to tower'd Camelot:
And by the moon the reaper weary,
Piling sheaves in uplands airy,
Listening, whispers " 'Tis the fairy
Lady of Shalott."

Elle poussa un petit soupir, semblant soudainement bien mélancolique. Prête à continuer sa récitation, Earl l'interrompit soudainement en posant une main sur la sienne.

"Allons, que vous arrive-t-il Dolly ? Je vous trouve soudainement bien macabre. 'The Lady of Shalott' ? Nay, c'est là tant de lyrisme que de sombre tragédie !

-Du gothique, mon cher. C'est très en vogue depuis un certain temps déjà. Allons, je n'en ai récité que la première partie. Aimeriez vous entendre les trois suivantes ?

-Mais ce sont les plus tristes ! Enfin, je sais que vous avez toujours aimé les choses sombres... Vous lisez avec goût Keats, Byron, Cowper et Moore, mais je devine vos préférences vers Shelley, Dickinson, Tennyson et Poe.

-Et n'oubliez pas Shakespeare !

-Comment le pourrais-je ! Mais tout de même... Les âmes ayant contribué à ce...gothique devaient être bien torturées..." songea-t-il d'une voix atténuée, comme marquée par les cicatrices de pénibles souvenirs.

"-Ma foi, je ne saurai l'affirmer..." conclût Dolly. A peine eût-elle achevé cette réflexion hasardée que ses yeux s'écarquillèrent d'un seul coup.

"Oh ! Earl !" s'écria-t-elle d'une voix enfantine ne cachant pas sa surprise. "Il y a...il y a une araignée dans vos cheveux !" Le visage de Earl, en un éclair, vira presque aussi pâle que celui de sa sœur.

"-V-Vous plaisantez ?!" bredouilla-t-il, blanc comme un linge et tremblant comme un petit garçon devant une vilaine bête.

"-Mais non ! Il y a bien une araignée dans vos cheveux, je la voie comme je vous vois !" répliqua sa sœur d'un ton bien différent que celui qu'elle employât quelques minutes plus tôt lors de sa récitation.

"-En-Enlevez-la ! Dolly, enlevez-la !" supplia Earl en commençant à se gratter la tête comme un forcené et à gesticuler dans tous les sens, le visage balafré d'une grimace craintive. L'on en attendait sans doute autrement d'un des plus grand escrimeurs et des plus érudit de Riverhive. Earlighteus Heaventon, arachnophobe ? Dolly ne pût s'empêcher de rire de bon cœur. Petite déjà, c'était elle qui délogeait les araignées de la chambre de son frère; et le fait que cela n'ai pas changé même en grandissant ne cessait de lui faire songer à tous ces bons moments passés avec Earl qu'elle n'aurait jamais vécus en étant fille unique. Il lui arrivait d'y penser certaines fois : qu'aurait été sa vie sans son frère ? L'imaginer lui était un exercice bien compliqué : elle n'avait jamais passé ne serais-ce qu'une journée sans le voir, à quelques exceptions près dont feu l'une d'elle se révéla porteuse des plus terribles conséquences... Mais une vie entière ? Étais-ce seulement concevable ? Être loin de lui une heure seulement, lorsqu'elle était seule, lui semblait déjà être le pire des châtiments. Cela lui rappelait leur enfance. Certains enfants étaient punis en se voyant enfermés dans leur chambre, en ayant leurs jouets confisqués ou leurs privilèges désistés; il n'en fût jamais ainsi pour Dolly, ni pour Earl. Pour punir l'un ou l'autre, il suffisait de les séparer un temps : c'était là la pire chose qu'il puisse leur arriver, même aujourd'hui. Inséparables, deux âmes sœurs véritables, ils ne trouvaient la pleine satisfaction de l'être qu'en présence de l'autre. Être loin l'un de l'autre une heure seulement, lorsque leur esprit n'était pas férocement occupé à autre chose, animait en eux la plus vive anémie. Il y eût par exemple une fois ou, dans leur jeunesse là encore, Dolly tomba gravement malade, et il fallût l'emmener jusqu'à York afin de la soigner (il s'agit d'un après-midi ou elle avait eût le malheur de s'endormir au pied d'un arbre : dans son sommeil, son bras qui tenait l'ombrelle la protégeant avait glissé contre son corps, et le soleil s'en était alors donné à cœur joie...). Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans à l'époque : elle ne jouait même pas encore de violoncelle. Pourtant, elle se souvenait parfaitement de ce maudit jour et de ceux qui suivirent... Loin de son cher Earl, comme elle fût malheureuse ! Et que dire de celui-ci, resté à Riverhive... D'après Ms Copstone, qui avait veillé sur lui en l'absence des Heaventon, son état fût désastreux, il tomba lui-même malade, mais guérit miraculeusement lorsque sa sœur chérie lui revint. Mais là ne fût pas le pire de leurs malheurs.

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