L'hirisseu solitaire.
Chan vivait sur son petit lopin de terre depuis toujours et même bien au-delà de ça. Avant lui, ses ancêtres avaient foulé cette même maison et tout ici sentait le livre usé par la passion autant que le bois fraîchement coupé.
Sa petite chaumière, en bordure d'une forêt luxuriante, possédait une multitude de fleurs colorées, plantées sur presque la totalité du jardinet. Cette particularité donnait à son chez lui, une ambiance si chaleureuse que quiconque avait pu l'observer, se serait arrêté, subjugué par tant de beauté.
Mais cela était impossible, depuis toujours et pour toujours, l'intégralité de son terrain était recouvert par un sort qui ne permettait à personne de pouvoir en observer la majesté. Perdu au fond d'un chemin de terre sèche, surplombé par des champs luxuriants et des forêts enchantées, personne ne risquait pourtant de le croiser, mais c'était dans la nature de son peuple. Chan était précautionneux autant que solitaire, tel que les siens l'avaient toujours été.
Les hirisseux.
Cette espèce, connue pour sa gentillesse sans pareille autant que sa générosité, avait vite fait de devenir l'objet de brimade et de servitude. Alors pour cela, ils s'étaient réfugiés à l'oré des forêts, là où le soleil brillait toute l'année et où les températures douces et perpétuelles, réchauffaient leurs peaux à la couleur du miel.
Les hirisseux avaient la caractéristique d'un physique tout particulier. Tous dessinés en muscles et en robustesse, ils s'étaient fait à leur environnement et avec le temps, leur timbre de peau semblait avoir été façonné avec de l'or.
De son quotidien, Chan était heureux. Il y vivait seul, comme chacun d'entre eux éparpillés sur les contrées de plusieurs royaumes environnants. Chan y cultivait ses terres en silence sous la douce compagnie de quelques insectes bourdonnants et autres animaux qui, de leur bonté, étaient étranger à la capacité déployée pour le cacher.
Au-delà de leur prudence, le peuple de Chan était connu pour une main verte particulièrement développée, en plus d'un don inné pour communiquer avec tout ce qui les entouraient. Probablement pour cela, quelques animaux errants et heureux de l'être se baladaient régulièrement sur son petit chemin de pierres et tous les jours, un oiseau magnifique aux ailes impressionnantes et iridescentes venait lui rendre visite, charmé lui aussi par sa délicieuse compagnie.
Aujourd'hui n'était pas différent des autres jours et c'est un Chan souriant qui sortait pour la première fois de la journée sa tête par la fenêtre de sa chaumière. Un peu plus loin, perché sur la clôture en bois foncé de sa propriété, Chan pouvait observer quelques reflets pastels qui, face au soleil, révélaient la présence de cet oiseau qui se voulait transparent quand il le souhaitait. Mais qui savait observer pouvait reconnaître sous certain angle l'aspect irisé de son plumage, touché par certains reflets.
- Je te vois !
L'animal lui répondit par un son aigu et amusé alors que Chan termina cet échange en riant. Absorbé par l'extérieur, l'homme laissa ses yeux glisser sur des bosquets enchantés qui, lorsqu'ils étaient d'humeur, donnaient de délicieux fruits aux goûts aussi sucrés que salés, il fallait bien tomber... S'il regardait bien, en plissant les yeux, Chan pouvait voir quelques-uns des plus sucrés. Entièrement roses, ces derniers se profilaient devant lui, prêts à être cueillis. Dans la journée, il fallait qu'il pense à aller en chercher, mais à peine y réfléchissait-il que l'oiseau lui indiqua de son long bec pointu et orangé son seau d'eau vide.
- Laisse moi le temps de me réveiller et on pourra aller en chercher.
L'animal s'envola dans les cieux et Chan savait que ce dernier s'apprêter à se poser sur son toit de paille épaisse en l'attendant, tel qu'il le faisait toujours. L'homme lui avait déjà demandé d'arrêter d'en grignoter la surface, mais l'oiseau ne l'écoutait jamais. Alors tous les mois, Chan montait sur quelques ronces solides et il allait ajouter quelques morceaux de terre séchée, sous l'œil gentiment moqueur de son compagnon de route.
Amusé en y pensant, Chan balança sa tête de gauche à droite avant de traverser sa chambre pour rejoindre son salon tout en rondeur et en douceur. Sa maison n'avait pas la prétention de celles des grandes villes, mais tout le nécessaire s'y trouvait et Chan en était heureux. Les espaces étaient couverts de livres et de plantes magiques aux fleurs à la couleur des cerises. Tous ces éléments donnaient une ambiance feutrée qui plaisait plus que tout à l'hirisseu. L'odeur des bourgeons avait le pouvoir d'insuffler l'espoir et la bonne humeur et pour cela, Chan se trouvait toujours particulièrement enjoué. Justifiant peut-être le nombre d'animaux à ses côtés...
Cependant, à peine avait-il passé la porte immense et ronde de son habitat qu'il sentit quelques gouttes perler dans le ciel pour venir s'abattre dans une douceur toute maitrisée sur ses larges épaules.
- Ivan, pourquoi es-tu si triste ?
Chan s'était assis sur la clôture en bois de son jardin pour observer le ciel. Un peu plus loin dans ce dernier se tenait les nuages qu'il avait toujours connus. Haut perchés, des frères inséparables s'y tenaient, ceux sous lesquels il vivait au gré de leurs humeurs. Dans ce printemps quasi éternel il était difficile d'envisager quelconque bourrasque ou pluie et pourtant, cela pouvait arriver, tel qu'il semblait être le cas aujourd'hui.
- Nous avons eu la terreur de trouver un homme blessé proche du ruisseau.
- Un homme ?
- Un lunarie...
- C'est impossible !
Chan semblait bouleversé par la nouvelle autant que par la possibilité de voir de ses propres yeux une créature dite disparue depuis des centaines d'années. Pourtant, le ciel ne mentait jamais et Chan savait qu'Ivan disait vrai. Aussi invraisemblable qu'il semblait, un lunarie était ici.
- Ils ont disparu depuis des siècles, chassés et rendus esclaves pour leur pouvoir inné de voir l'avenir.
- Ils l'ont été oui, alors, il se sont cachés. Leurs pouvoirs leur permettent de se fondre dans n'importe quel type d'environnement et ce dernier vit depuis bien longtemps dans la forêt que tu considères être la tienne.
- Et je serais passé à côté tout ce temps ? Jamais nous ne nous serions croisés ?
- Oh, à ce sujet...
Ivan sécha ses larmes doucement et en silence avant de laisser parler son plus proche frère, Evan.
- Lui, il te connait. Il t'observe depuis des années et ayant compris ton mode de vie solitaire et intègre, il sait qu'il n'a rien à craindre de toi.
- Et vous n'avez jamais pensé bon de me le dire ?
- Nous devrions dévoiler ses secrets alors même que tu t'évertues à garder précieusement les tiens ?
Chan ne répondit rien pendant quelques instants, soucieux et concerné. Il savait que les cieux avaient raison et jamais l'homme n'aurait voulu qu'ils parlent de lui à qui que ce soit. Pour autant, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'omettre et mentir étaient deux choses différentes et que ses compagnons quotidiens semblaient en maîtriser la nuance à la perfection ...
- Il est blessé à la jambe Chan. Il ne peut plus bouger pour le moment, pétris de douleur sur le bord du ruisseau. Tu dois l'aider. Tes concoctions pourraient lui éviter une infection autant que de soulager cette vilaine blessure.
- Je ne peux pas faire ça...
- Pourtant il est déjà au fait de ta présence...
Les cieux semblaient penser à sa place mais cela n'aida pour autant pas l'hirisseu a prendre une décision. Alors, comme pour le pousser dans la bonne direction, l'oiseau jusque là perché sur le toit de la maison prit le chemin du ruisseau, comme si rien n'était à craindre.
Les hirisseux étaient aussi méfiants que craintifs et l'animal savait qu'un petit coup de pouce ne serait jamais de trop le concernant.
Au loin, peut-être à quelques minutes à pieds se tenait une forêt enchantée dans laquelle Chan aimait se perdre. Il y trouvait là-bas baies sauvages, eau potable, ingrédients pour ses décoctions et plus important, la sérénité et la tranquillité d'esprit que seule cette dernière pouvait offrir. Ici, les bosquets étaient si coutumiers de le voir s'y balader que les arbres étaient maintenant devenus soucieux de son confort. Se ravissant toujours de sa présence plus qu'adorée.
Lorsqu'il se couchait sur l'herbe claire et épaisse de la bordure du ruisseau, Chan pouvait toujours entendre les arbres l'entourant décaler leurs branches pour laisser le soleil baigner sa peau. Et lorsqu'il en avait de trop, ces derniers lui offraient feuillages et humidité pour le couvrir d'une fraîcheur bien méritée.
Alors, peut-être que si ces derniers avaient accepté sans rien dire la présence de ce Lunarie entre leur buissons, il n'avait véritablement rien à craindre. Chan l'ignorait et c'est la mine pour la première fois contrite depuis des mois, qu'il attrapa le seau pour aller le remplir. Cette attention n'était destinée qu'à son ami aux plumes irisées. Pour son jardin, Chan comptait sur la gentillesse des cieux pour offrir à ses terres ce dont elles avaient besoin. En échange, il se montrait toujours à la hauteur de ce que ce peuple était, doux, bienveillant et respectable.
Alors si aujourd'hui les frères le lui demandaient, il n'avait que peu de choix... Et puis, il aurait été contre ses valeurs que de laisser un être vivant souffrir autant. Avant de partir, davantage sur de lui, Chan attrapa un peu de poudre de Sophie, une poudre magique et rose pâle, presque pailletée, qui avait le don de soulager quelconque âme tourmentée. Qu'il s'agisse de souffrance psychique ou physique, on pouvait toujours compter sur cette plante robuste et pourtant si fine qui poussait pour qui en avait la véritable utilité.
Maintenant, sur le chemin, Chan se posait mille et unes questions. À quoi ressemblait véritablement un lunarie ?
Ses livres les nommaient comme des créatures d'une beauté sans pareille, avec des traits fins et une peau aussi douce que le pelage des lapins blancs qui vagabondaient dans les forêts. Certains contes disaient même d'eux qu'ils possédaient des yeux aussi profonds que les plus claires des rivières. Leurs oreilles étaient pointues et longues alors qu'un drôle de brouillard se mettait à les entourer lorsqu'ils étaient énervés.
Selon son peuple, il paraissait qu'ils avaient même la faculté de se cacher en adoptant les couleurs de ce qui les entouraient. Peut-être était-ce comme cela que le lunarie avait échappé à sa vigilance durant tout ce temps... Chan se demandait si tout cela était vrai, mais à peine eu t-il le temps de se poser plus de questions qu'il était déjà arrivé et que ses pieds foulaient déjà le chemin menant aux premiers bosquets.
Heureux, l'hirisseu leur sourit alors que ces derniers gondolèrent de leur feuillage épais, fier d'être ainsi considérés par un être aussi loyal que Chan l'était.
À peine arrivé qu'il ne fallut pas longtemps à l'homme pour entendre les gémissements plaintifs d'un être qui semblait effectivement en pleine douleur. Il marcha encore quelques vingtaines de mettre jusqu'au ruisseau, croisant nombre de champignons violacés qui, épanouis de ne plus être seuls, se développaient à mesure qu'il avançait pour rejoindre les geignements.
Une fois aux abords du ruisseau, Chan trouva une créature d'une beauté irréelle. Couchée sur le sol, le corps mince et laiteux de cet être que jamais Chan n'avait aperçu de sa vie, se trouvait en une drôle de posture.
Après plus d'observation, Chan en était maintenant certain, c'était un lunarie. Et aussi rusée soit cette espèce, ce dernier semblait avoir abandonné la bataille alors qu'inspirant doucement de douleur en un mouvement entrecoupé, la créature se tenait vivement la jambe. À vue d'œil, cette dernière était amochée par une foulure qui mettrait probablement des semaines à guérir. Pour cela, le lunarie devait probablement ne pas pouvoir se parer de ses subterfuges habituels pour se soustraire à son regard.
Silencieux, Chan l'observa encore quelques instants avant de remarquer les yeux quasi blanc de la créature. Ses iris étaient si bleus qu'ils semblaient presque blancs et l'hirisseux aurait menti s'il avait dit de pas en avoir été charmé. Cette particularité rendait le lunarie singulièrement beau, pour il ne savait quelle raison un peu étrange.
De plus, Chan savait de ses livres que chacun d'entre eux portaient une couleur particulière en leurs yeux. Comme une manière de savoir de quelles capacités ils étaient les maîtres.
- Merci d'être venu.
L'hirisseux sursauta alors que doucement, prudemment, comme s'il pouvait être en danger, il s'approcha du lunarie couché sur l'herbe.
- Comment savais-tu que je viendrais ?
- Je l'ai vu. J'avais même entrevu ma blessure, mais dans tous les scénarios possibles, elle semblait inévitable.
Ils voyaient véritablement l'avenir... Et si tel était le cas, probablement que le reste devait l'être également. Alors à quoi la couleur de ses yeux renvoyait-elle ? Chan était de plus en plus perdu, habitué à une vie de solitude heureuse, il n'était plus sûr de savoir comment s'y prendre et plus il y pensait et plus il semblait totalement confus par cette rencontre.
Pour autant, le lunarie ne semblait pas déstabilisé et c'est d'un regard plus confiant que la créature tourna son visage vers l'homme pour le rassurer. Son regard était si hypnotique que Chan ne pouvait en détourner les yeux. C'était profond, intime, c'était si pur qu'il aurait pu s'y perdre des heures durant.
- Peux-tu m'aider ? Juste pour cette fois.
- À quoi bon me le demander si tu connais déjà la réponse ?
Le lunarie émit un éclat de voix qui fit chanter les oiseaux alentour alors que celui de Chan, haut perché sur un arbre que personne ne pouvait atteindre, le toisait d'un air méfiant.
- Je vois des bribes d'avenir, mais je n'ai aucun pouvoir dessus de même qu'il m'est impossible de savoir ce que tu vas dire, ce que tu vas faire ou encore, quel genre d'homme tu vas décider d'être aujourd'hui.
Chan ne dit rien, perturbé de comprendre enfin que depuis toutes ces années, il n'avait jamais été si seul qu'il le pensait. Observé, épié, Chan se demandait s'il avait toujours était qu'une attraction pour le lunarie. Pourtant, à le regarder maintenant, rien ne lui permettait de confirmer cela et bien qu'il souhaitait véritablement s'en méfier, c'était impossible.
La beauté autant que la bonté que lui transmettait le jeune homme l'empêchait d'y croire.
Maintenant sûr de lui, Chan s'avança vers la créature avant de se pencher vers sa blessure. À l'approche, cette dernière se tendît légèrement. Peut-être était-elle la plus méfiante, finalement. Chan la rassura d'un sourire, de celui qui faisait ressortir une de ses fossettes alors que plus rassuré, le lunarie acquiesça d'un hochement de tête pour qu'il puisse le toucher.
Dans un geste doux et maîtrisé, l'hirisseu approcha sa main de la jambe fine du lunarie alors que ses yeux transmettaient malgré lui une crainte évidente. Il était dans une telle position de faiblesse qu'il ne pourrait rien faire si l'homme décidait de lui faire du mal. Pire, et s'il se décidait à annoncer sa présence aux royaumes alentours ? Son espèce était censée avoir disparu et l'homme ne pouvait pas trahir les siens par négligence. Certains s'étaient laissé mourir pour moins que cela.
- Je te promets de ne rien dire de ton existence ni de te faire du mal.
- Lis-tu dans les pensées ?
Chan rit légèrement avant de sortir un pot en terre cuite de sa sacoche en liège.
- Une simple déduction face à la peur que je semble provoquer chez toi. Ton visage parle à ta place.
Le lunarie rit à son tour et c'est lorsque Chan appliqua la pommade sur sa plaie et son articulation que la créature crispa son visage.
- J'ai failli oublier.
Chan attrapa un deuxième objet enfermé dans un tissu de soie à la couleur du lila. À l'intérieur se tenait une quantité non négligeable de poudre de Sophie. Le lunarie en avait bien besoin et c'est d'un geste aussi lent que voluptueux que Chan s'approcha de son visage. Le plus jeune homme avait reconnu la couleur caractéristique de la cendre et c'est d'un battement de ses longs cils qu'il ferma les yeux pour recevoir la poudre.
Doucement, à quelques centimètres à peine de sa bouche, Chan souffla sur le sable fin et légèrement satiné pour que ce dernier vienne se répandre sur le visage et le nez du lunarie. Instinctivement, comme le voulait cette décoction, il en inspira les particules alors qu'immédiatement, il sentit la douleur de sa jambe se calmer. Le feu ardent dans sa cheville n'était plus qu'une douleur diffuse supportable et sans qu'il ne s'en rende compte, la poudre apaisa également son esprit, le fatiguant quelque peu. Ce dernier maintenant rêveur, parti rejoindre les étoiles, encombré de tout un tas de pensées magiques qui ne lui permettaient plus de s'inquiéter de rien.
Avec délicatesse, l'hirisseu attrapa le corps de l'homme alors que d'un geste certain il le plaqua contre son torse fort. Malgré sa taille, la créature ne pesait rien et Chan, de nature attentive, se demanda s'il mangeait comme il le devait.
Sans mal, il traversa le ruisseau alors que son oiseau, maintenant dans les cieux, volait déjà en direction de leur chaumière. Tant pis pour le seau, Chan ne pouvait pas tout faire et c'est d'un pas certain qu'il rebroussa chemin, suivant son ami.
À moitié dans des pensées diurnes diffuses, le lunarie remarqua qu'il ne touchait plus le sol et c'est d'un regard brouillé par le sommeil et le confort de la poigne qu'il lui enserrait le corps qu'il observa dans un vague agréable l'homme qui le tenait.
Sans savoir pourquoi, il n'eut pas peur, à vrai dire et sans oser se le dire, il était même soulagé. Le temps d'un très court instant, il n'était plus seul.
La jeune créature observa la mâchoire carré de ce possible nouvel ami et d'un doigt qui n'atteignit pas sa cible, il eut envie d'en tracer les contours. Les lunaries étaient des êtres profondément tactiles, mais il savait des hirisseux qu'ils ne l'étaient pas et la forêt le lui avait confirmé. Alors, il retint sa main. Après tout, ils ne se connaissaient pas et il aurait été bien impoli d'imposer ainsi sa présence.
Bercé par les pas léger de son nouveau camarade de route, le lunarie eut à peine le temps de souffler quelques mots que ses yeux se refermèrent, bientôt profondément endormi,
- Félix, je m'appelle Félix...
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Alors, cette petite mise en bouche féerique ?
La totalité de l'écrit arrive dès demain, ce soir, je suis épuisée mes fées.
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