Chapitre 1
Le regard brouillé par le sommeil, Lina ouvrit les yeux le plus grand possible face à la lumière. La lumière du jour. Le long soupir qu'elle poussa lui permit de s'éveiller complètement. Le réveil affichait sept heures, mais n'avait pas sonné. Il ne sonnait plus depuis longtemps.
La jeune fille ouvrit en grand ses fenêtres, et l'air parfumé du matin d'hiver s'engouffra dans sa chambre, accompagné du chant somptueux du vent à ses oreilles. Elle les referma rapidement, lorsque les photographies accrochées au mur commencèrent à battre contre leurs socles. L'adolescente s'étira d'un mouvement félin, et s'habilla au plus vite.
Lina n'était pas du genre discrète, sa volumineuse crinière de feu attirait immanquablement les regards, et avait par le passé refusé maintes fois les camouflages. Aussi avait-elle choisi pour avatar ce personnage excentrique aux cheveux de gorgone et au sourire avenant, de ceux qui ne semblent rien dissimuler. Elle en achevait chaque jour la ligne rouge avec comme un pincement au cœur.
Les bruits de la cuisine se suspendirent lorsqu'elle s'apprêtait à partir, et Sylvie en sorti pour lui souhaiter une bonne journée, tout de même veux-tu déjà quitter ta mère ? Derrière son sourire, l'adolescente craignait cette question à laquelle elle ne savait pas encore apporter de réponse, et une fois seule dans le couloir elle vérifia consciencieusement que la pochette des services sociaux était toujours dans son sac. Dans quelques mois, il faudrait choisir, mais l'adolescente repoussait toujours plus le moment de décider quel nom elle voulait garder : c'était en se prenant la tête sur cette question qu'elle avait déclenché la plus douloureuse de ses transformations depuis le centre. Une pointe s'enfonça lentement dans sa poitrine. Le centre n'est plus, ces souvenirs n'existent pas, ça n'existe pas...
Enfin dehors, dans l'air et le vent furieux, Lina reprit son souffle, et reprit sa marche vers le bus. Mais pourquoi prendre le bus aujourd'hui ? La lumière pâle de dehors lui faisait le plus grand bien, et le temps ne manquait pas. Elle s'enfonça donc, seule, dans le quartier, vers le plus gros de la ville, et en se retourna pas. Les rues n'étaient pas vides, et elles fourmillaient de plus en plus, aussi, la jeune fille se sentait rassurée de passer quelque peu inaperçue dans la foule. L'heure lui fit tout de même prendre un raccourci.
Elle bifurqua donc presque sans se faire remarquer.
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