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Chapitre 13

Une bombe avait explosé au sein du musée. Une épaisse fumée noire s'échappait de l'ancien palais royal et une odeur de poudre se répandit bientôt dans le cœur de la capitale. Charlie était choquée par ce qu'il venait de se passer. Elle était là-bas, quelques minutes auparavant. Elle... elle aurait pu...

— Tristan. Viens la chercher au niveau du Pont des Arts.

Charlie sursauta en entendant la voix tranchante de Wulfran. Directe. Sans appel. Il raccrocha aussitôt et glissa le téléphone portable dans la poche de son pantalon. Puis, d'un geste souple, il enleva sa veste d'uniforme et la posa sur les épaules de Charlie.

— Restez-là. Tristan sera là dans quelques minutes.

Charlie hocha la tête un peu absente et légèrement effrayée à l'idée qu'il s'en aille. Sans s'en rendre compte, elle serrait la chemise de Wulfran, les lèvres pincées, le regard rivé sur le sol.

— Regarde dans ma poche.

Le soudain tutoiement la prit par surprise et elle releva aussitôt la tête, la main plongeant dans la large veste d'uniforme posée sur ses épaules. Ses doigts rencontrèrent un objet lisse, en bois. Elle découvrit alors un petit oiseau avec une queue longue et fourchue. Coup de klaxon. Lorsque Charlie releva la tête, elle était seule hormis cette voiture qui l'attendait à l'orée du pont. Tristan avait ouvert la fenêtre passager pour lui faire signe. Alors, sans attendre, elle se précipita dans l'habitacle et Tristan démarra en trombe.

— Tout va bien ?

— Oui, merci ! Dit-elle tout en accrochant sa ceinture.

Par réflexe, elle s'était installée à l'avant.

— C'est une chance que vous étiez à l'extérieur au moment de l'explosion.

— Il y a beaucoup de blessés ?

Tristan eut une grimace.

— Il y a quelques morts. Mais heureusement, Fenrir n'a pas été touché par le souffle de l'explosion.

Heureusement ? Vraiment ? Charlie ne saurait dire s'il le pensait réellement tant son visage et son ton étaient imperturbables.

— Il y a très peu de pertes chez les employés d'après ce que j'ai pu entendre avant de venir vous chercher.

Tristan la vouvoyait encore. Il était l'employé de Wulfran, mais ils étaient seuls, tous les deux. Ou bien mettait-il de la distance entre eux volontairement. Elle ne parvenait pas à le cerner.

— C'est un coup de la Résistance. Ce ne peut être qu'eux. Qui serait assez fou pour attaquer les loups, et surtout Fenrir ?

Dupin... c'est le nom qui lui vint aussitôt à l'esprit. Elle jeta un œil à Tristan. Lui parlait-il de tout cela pour faire la conversation ou bien la mettait-il sur une piste ? Savait-il pour les catacombes ? Et si c'était lui, Dupin ? Après tout, il était dans l'entourage proche de Wulfran, il était dans une excellente position pour rassembler des informations, non ?

Le reste du chemin se passe dans le silence le plus total. D'un coté, elle a aussi un peu mal au coeur. Maintenant, elle commençait un peu à regretter les quelques coupes de champagnes. Quelques... La tête appuyée contre la vitre Charlie gardait les yeux rivés sur le paysage urbain tandis que dans sa tête, une douce litanie résonnait en boucle : « ne pas vomir » « ne pas vomir » « ne pas vomir » « ne pas vomir ».

La voiture finit par s'arrêter devant l'immeuble et Charlie prit le temps de descendre, lentement, en titubant légèrement.

— Est-ce que ça va aller ?

Charlie hocha la tête avec un sourire qu'elle voulait confiant, mais qui fut rapidement gâché par une grimace. Le mouvement lui avait aussitôt donné le tournis.

— Je dois retourner là-bas. Rentrez vous reposer.

Et la voiture disparut à l'angle de la rue, laissant Charlie seule dans le silence de la nuit. Malgré la veste de Wulfran, reposant sur ses épaules, elle ne put retenir un frisson, de froid, mais aussi de peur. Le sol avait tremblé. Le souffle de l'explosion. Des morts, il avait dit ?

Charlie sentit aussitôt la bile monter et elle ne put s'empêcher de vomir en se penchant en avant, les mains sur les genoux. Les larmes coulaient le long de ses joues à cause de l'effort et de la douleur dans son œsophage.

Quand enfin se fut terminé, Charlie recula jusqu'au mur de l'immeuble pour s'éloigner du caniveau. Du revers de la main, elle essuya la commissure de ses lèvres tout en reniflant. Quelle horreur.

Rage. Effroi. Colère. Frayeur. Ces sentiments se bousculaient dans son esprit.

Une prise sur son bras la fit brusquement sursauter. Elle voulut crier, cependant une main s'abattît aussitôt sur sa bouche.

— Charlie ! C'est moi.

Victor. Les doigts du résistant quittèrent ses lèvres et leurs regards s'ancrèrent l'un dans l'autre.

— Mon dieu, tu vas bien. J'avais peur que...

Qu'elle soit encore là-bas. C'étaient donc bien eux.

— Dupin nous avait dit de continuer la mission. Qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Il avait raison. Tu es sauve.

— Il savait que j'étais là-bas ?

Victor hocha la tête.

— Il est très bien informé.

Le visage de Victor s'assombrit soudainement.

— Mais la mission a quand même échoué. Fenrir est toujours vivant.

Le silence se fit jusqu'à ce que Victor pousse un long soupir.

— Je dois y aller, dit-il en tournant les talons et en s'enfonçant dans l'impasse voisine.

Une bouche d'égout était ouverte, ne laissant qu'un trou noir sur l'asphalte. Charlie le suivit jusque-là.

— La sécurité va être renforcée. Ça va être difficile pour nous de circuler. On va devoir se faire discret pendant un moment.

Charlie le suivit jusqu'à l'entrée du ventre du Paris.

— Combien de temps ?

— Je ne sais pas, Charlie.

— Mais, et moi alors ?

Victor se tourna vers elle, au bord de la bouche, le sourcil levé, interrogateur.

— Tu es plus en sécurité là où tu es que nous.

— Entourée de loup ?

Le résistant hocha la tête puis, sans prévenir, il leva la main et la glissa dans son cou pour rapprocher son visage du sien. Il posa son front contre le sien.

— Je ne t'abonne pas, petite étoile. Je ne te laisserai pas tomber. Je te contacterai dès que possible. D'accord.

Charlie hocha lentement la tête, les joues rouges, sans le quitter des yeux. Victor eut un sourire puis il déposa un baiser sur sa joue, le regard brûlant.

— Tiens bon.

— Les braises sous la cendre ?

Victor eut un sourire en coin en s'éloignant d'elle.

— Les braises sous la cendre.

Puis il disparut dans les ténèbres des égouts de Paris, refermant soigneusement la plaque de fonte. Elle était de nouveau seule. L'inquiétude grimpa de nouveau en elle alors elle se précipita sans attendre dans l'immeuble.

La résistance avait bien failli arriver à ses fins cette nuit. Dans l'ascenseur, Charlie se mit à penser à Fenrir, cette figure impressionnante, de haute stature. Elle repensa à cette sensation de terreur qui l'avait envahie lorsqu'elle avait croisé son regard, d'un vert forêt, profond, bestial. Dangereux.

Mais presque aussitôt, le visage de Wulfran se posa dans son esprit. Son regard déterminé et dangereux face à Rolf. Son sourire et son rire sur le pont des arts. La chaleur qui émanait de lui. La flamme qui s'allumait parfois dans son regard. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent avec un big sonore. Tel un robot, elle pénétra à l'intérieur de l'appartement. Puis il y avait Victor à présent.

Son dos s'appuya contre la porte close de l'appartement tandis que l'image de Victor s'imposait dans son esprit. Son sourire en coin, perpétuel. Son assurance débordante. Et ce surnom. « Petite étoile ». Il résonnait en elle comme un écho.

Tout était silencieux et pourtant Charlie avait l'impression d'être au coeur d'une immense cacophonie. Trop de bruits dans sa tête. Migraine. Les mains sur ses tempes, elle tentait de calmer ces voix en elle et cette souffrance.

Là, elle craqua. Le sanglot franchit ses lèvres et elle se mit à trembler, glissant le long de la porte pour se poster en position fœtale, à même le sol, la tête enfouie dans ses genoux. L'alcool la poussait à réagir ainsi. Comme toujours. Ce n'était pas la première fois qu'elle fondait en larmes après avoir trop bu. Certains se mettaient en colère, d'autres s'endormaient ou devenaient très volubiles. Elle... elle pleurait.

Et Sofia ? Amarok ? Nashoba ? Étaient-ils saufs ? Elles s'inquiétaient pour eux, c'était étrange, n'est-ce pas ? Alors qu'elle était séquestrée... Protégée ? Séquestrée ? Quelle était la différence ? Elle n'en avait aucune idée. Et Victor... Si beau. Si sauvage. Si provoquant. Si sombre. Le souvenir de son baiser avait laissé une trace brûlante sur sa joue. Un autre souvenir calma aussitôt ses pleurs tandis qu'elle plongeait la même dans la poche de la veste de Wulfran qu'elle avait toujours sur les épaules.

Pourquoi lui avoir donné ça ? A présent, elle était à l'appartement, seule. Elle prit le temps de contempler cet oiseau sculpté. Petite, la queue longue et fourchue, c'était une hirondelle. Essuyant du dos de la main ses larmes, Charlie souffla un bon coup et calma sa crise de nerfs en dardant son attention sur cette petite sculpture de bois. Ses doigts caressèrent doucement n'essence de ce bois tendre qui avait une légère finition rosée. Du noyer cendré, très certainement.

C'était un bon travail, avec quelques petites imperfections, mais cela faisait partie du charme de cet objet. Pourquoi une hirondelle. Il y avait tellement de symboles dans ce petit oiseau. La liberté. Le bonheur. La fécondité. L'enthousiasme. La chance. La fidélité. La loyauté. La pureté. L'espoir. À quoi pensait ce loup en lui donnant ceci ?

Charlie serra le petit objet contre son cœur en reniflant et étrangement, elle se sentit mieux. Inspirant profondément, elle trouva le courage et la force de se redresser puis se dirigea dans la salle de bain. Avec précaution, elle posa l'hirondelle sur le bord du lavabo puis elle se délesta de sa robe, la laissant choir sur le sol avant de se glisser sous un filet d'eau chaude. Les yeux clos, elle savoura cette douche nocturne qui lui donnait l'impression de la laver de toutes ses mauvaises pensées en plus des saletés accumulées sur la plante de ses pieds qui, nus, avaient arpenté le Pont des Arts.

Elle resta un long moment sous l'eau salvatrice, qui la fit légèrement dessaouler et calma ses nerfs. L'image de Wulfran s'imposa dans son esprit. Il était si beau ce soir dans son uniforme. Et son rire, quand il avait fait virevolter sa cravate par-dessus la rambarde, tout comme elle avec ses maudits talons. Et son regard si profond quand il la regardait. Comme si... Brusquement, Charlie tourna le robinet et aussitôt de l'eau froide l'aspergea pour lui remettre les idées en place. À quoi pensait-elle ?

Plus d'eau froide.

Charlie sortit quelques minutes plus tard en tremblant. Quelle idée de s'asperger d'eau glacée ! Vigoureusement, elle frotta son corps avec une large serviette, puis ses cheveux. Ses prunelles vertes se posèrent à nouveau sur la petite hirondelle.

— Pourquoi ? souffla-t-elle.

Cette question tournait en boucle dans son esprit. Pourquoi faisait-il tout cela ? Toutes ces petites attentions, sa façon de lui parler, de prendre soin d'elle tout en lui laissant sa liberté.

Son corps s'agita sous un niveau frisson. Charlie s'empressa de sécher ses cheveux, les laissant à peine humides, avant de se faufiler jusqu'à sa chambre. Elle avait froid et ses tenues étaient estivales, légères. Elle avait besoin d'une tenue plus confortable. Son regard avisa les tenues de Wulfran. Bien que cette chambre soit la sienne, il ne s'y était jamais introduit, en tout cas, jamais en sa présence. Les vêtements n'avaient pas une seule fois changé de place. Ses yeux se posèrent sur un large sweat. Sans tergiverser davantage, Charlie le prit et l'enfila en abandonnant sa serviette humide. Pour le bas, elle enfila un short élastique et confortable.

Bien souvent, quand elle se sentait fragile, malade, ivre ou tout simplement déprimée, la jeune femme avait besoin de s'entourer d'un large vêtement dans le haut. C'était un peu comme retrouver la chaleur de bras confortables, vous enlaçant tendrement. Autrefois, elle avait un large pull ayant appartenu à son père.

Charlie déposa le linge sur le sèche-serviette puis récupéra la sculpture de bois en prenant le chemin du salon. Elle ne voulait pas rester dans la chambre, préférant guetter leur retour dans le salon. Elle s'allongea dans le canapé, approchant les genoux de sa poitrine, allant jusqu'à les glisser dans le pull, tant il était large. Elle resta longuement pensive en faisant tourner l'oiseau entre ses doigts. Morphée l'emporta finalement une heure plus tard.

*.*.*.*.*.*.*.*

Des voix chuchotant la tirèrent de son sommeil. Les yeux de Charlie papillonnèrent alors qu'un léger mal de tête pointait sournoisement le bout de son nez.

— On va devoir faire très attention, souffla Noshoba, laissant transmettre une légère inquiétude dans le ton de sa voix.

C'était bien la première fois qu'elle l'entendait s'exprimer de la sorte. Il était tellement discret et silencieux.

— On finira par les avoir. Ce n'est qu'une question de temps.

Wulfran. Charlie se redressa d'un bond, mais elle le regretta aussitôt. Une grimace de douleur rôdait les traits de son visage et elle plissait les yeux, comme si ce geste suffisait pour bannir ce marteau-piqueur de sa tête. Elle ne put retenir le gémissement qui franchit ses lèvres, attirant l'attention des lycans.

Alors qu'elle soulevait laborieusement ses paupières, elle vit Wulfran, la dominant de toute sa hauteur. Malgré le brouillard du réveil, elle vit nettement son sourire en coin.

— Trop de champagne ?

— Assurément, rétorqua-t-elle en se massant les tempes.

Wulfran lui tendit un verre d'eau.

— Buvez. L'alcool déshydrate.

Charlie se saisit du verre avec gratitude.

— Amarok ! Tu lui expliqueras tout en chemin. Je dois aller régler quelques détails avec ton frère, ordonna Wulfran en tournant les talons.

La louve hocha la tête.

— Sofia est déjà sur place. Elle s'occupe de notre arrivée.

Puis, sans autre forme de discours, il s'échappa, laissant Charlie seule avec l'amérindienne. C'était bien la première fois. D'ordinaire, elle avait affaire à Sofia qui était bien plus chaleureuse qu'Amarok. Elle n'était pas détestable pour autant. Elles n'avaient simplement pas eu l'occasion de discuter. Cependant, l'attitude noble et fière de la louve intimidait beaucoup l'humaine. Cependant, la nuit dernière, au Louvre, elle s'était montrée rassurante lorsque Wulfran avait dû combattre Rolf.

— Il faut que tu rassembles tes affaires. Nous partons.

La voix d'Amarok la sortit de ses pensées.

— Pourquoi ? Que s'est-il passé ? Demanda Charlie après avoir vidé son verre.

— Va t'habiller et fais ta valise, je t'expliquerai en chemin.

Charlie hocha la tête. Elle prit le temps de se lever en douceur, pour ne pas avoir le tournis, avant de s'échapper dans la chambre de Wulfran. Un sac de sport avait été déposé sur son lit. Sans réfléchir, elle saisit les quelques vêtements qu'elle possédait et enfila un jean et un t-shirt blanc.

— Mandragore. J'ai failli oublié.

Mandragore. Une étrange façon de parler que Charlie héritait de son père. Il n'aimait pas les gros mots, alors il les remplaçait par autre chose. De ce fait, « merde alors » était devenu « mandragore ». Charlie évitait de dire de vilains mots et de les remplacer, car tout le monde finissait par, soit se moquer d'elle, soit la prendre pour une folle.

Tout en gardant un œil sur sa porte, la jeune femme tira de sous son oreiller la clef USB. Elle la cacha entre deux t-shirts et sortit enfin de la pièce.

— Tu as tout ?

Charlie hocha la tête.

— Si tu veux emporter quelque chose d'ici, tu peux. Wulfran te l'autorise.

Charlie embrassa la pièce du regard. Peut-être pouvait-elle prendre quelques livres.

— Je peux ? Demanda-t-elle en pointant du doigt la bibliothèque.

Amarok hocha la tête.

Charlie prit plusieurs livres, des romans, des recueils de poésie, des nouvelles... Il y avait un tel choix. Des auteurs tels que Victor Hugo, Montesquieu, George Sand ou encore Balzac, atterrir dans le fond de son sac.

Fin prête, elle suivit la louve jusqu'à une voiture qui les attendait. Tristan en sortit en laissant tourner le moteur.

— Voilà la clef. Remets tout en place et rejoins nous à l'hôtel.

— Bien, répondit-il en prenant le sésame.

Il salua Charlie avant de disparaître dans l'immeuble tandis qu'Amarok prenait le volant. Charlie s'installa coté passager.

— À l'hôtel ? Osa-t-elle demander une fois en route. Pourquoi alors que vous avez un appartement.

— Ordre de Fenrir. Notre clan doit résider au Meurice pour veiller à sa protection.

Veiller à sa protection. Charlie avait du mal à saisir.

— Il vit dans l'une des suites de l'hôtel. Et c'est là qu'est installé le gouvernement.

— On va être dans le même hôtel que Fenrir ?

Le corps de Charlie frissonna au souvenir de cet homme. Elle ne voulait pas le croiser.

— Ne t'inquiète pas. Tu es protégée grâce au contrat de Wulfran. S'attaquer à toi serait enfreindre une de leurs lois.

— Même Fenrir peut être puni ?

Amarok garda le silence. Évidemment, la justice ne s'appliquait pas au loup qui dirigeait le pays. Quelle infâme dictature.

Les deux femmes roulèrent en silence, longeant les quais sous le soleil de Paris.

— Amarok, souffla Charlie, les yeux rivés sur la Seine.

— Hum.

— Je peux te poser une question ?

— Que veux-tu savoir ?

Charlie prit soin de choisir ses mots avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

— Hier soir, toi et Sofia, vous étiez les seules en uniforme. Toutes les autres femmes étaient... Aux côtés des loups.

— Tu me demandes pourquoi les hommes étaient accompagnés de femmes ?

— Non. Je...

Charlie ne savait pas comme le dire.

— Exprime-toi franchement. N'aie crainte.

— J'ai entendu des choses. Comme quoi les femmes étaient arrachées à leur famille, si elles en avaient encore une, puis elles étaient violées, obligées d'être... à leurs côtés.

— Et qu'as-tu vu à la réception ?

— Pour la plupart des femmes qui se gargarisaient de porter de belles robes et se pavanaient. Il y avait des louves, mais elles étaient plus... discrètes.

— Tu es observatrice.

Était-ce un compliment ou autre chose ? Charlie ne saurait le dire.

— Et j'en ai vu qui avait peur.

— Aujourd'hui qui ne craint pas notre race.

— Mais tu n'as pas répondu à ma question... Est-ce vrai que des humaines sont enlevées pour être offertes...

Amarok resta silencieuse un moment, concentrée sur la route.

— La vérité n'est pas toujours bonne à entendre.

— Qu'importe... je suis prête.

— Je n'en suis pas sûre... mais soit.

Amarok lui apprit donc la vérité sur ces raids, leurs objectifs et Charlie dut bien reconnaître que c'était affreux.

— Alors ce ne sont que des ventres ? Elles sont utilisées pour enfanter des loups.

— Ils appellent ça des fontaines de vie.

— Mais pourquoi des humaines. Les louves ne sont-elles pas plus propices à...

— C'était le cas avant, la coupa Amarok. Aujourd'hui, ces louves sont devenues stériles.

— Ces louves ? S'étonna Charlie. Tu ne te considères pas comme l'une des leurs ?

Amarok se contenta de hocher négativement la tête et Charlie sut qu'elle n'en dirait pas plus la concernant.

— Je peux te poser une dernière question.

La louve haussa un sourcil avec un sourire en coin.

— Juste une ? Demanda-t-elle avec humour.

— Oui, la dernière. Ce sujet est assez... éprouvant. Puisque ce programme unit un lycan et une humaine, il est donc possible que des enfants humains naissent. Que deviennent-ils ?

De nouveau, Amarok garda le silence et il n'en fallait pas plus pour que Charlie comprenne.

— Mon dieu... souffla-t-elle, au bord de la nausée.

— Je t'avais dit que certaines vérités devaient être tues.

— Mais si tu me dis tout ça, c'est qu'au fond, tu n'y adhères pas... n'est-ce pas ?

— On arrive bientôt, éluda Amarok. Fais attention, une fois là-bas. Les murs ont des oreilles.

La voiture remonta la rue de Rivoli puis s'arrêta devant un immeuble. L'entrée du Meurice était située sous d'élégantes arcades, en face du jardin des Tuileries. Un jeune homme vint aussitôt lui ouvrir la portière.

— Bonjour et bienvenue au Meurice.

D'autres personnes arrivèrent et prirent leurs effets personnels.

— Vos bagages vont être montés dans vos chambres. Monsieur Fenrir vous attend.

Elle allait le revoir. Son cœur s'emballa et il ne se calma que lorsqu'Amarok posa une main rassurante sur son épaule.

En entrant dans le Meurice, suivant leur guide, les deux femmes passèrent par un hall tout a fait remarquable. On ne pouvait manquer cet immense miroir givré. Le dessin était moderne, contemporain.

— C'est une œuvre de Philippe Starck qui s'est inspiré de Dalí et son esprit espiègle.

— Dalí ? Le peintre ?

Leur guide eut un petit rire.

— Oui, c'était un habitué de notre établissement.

Notre établissement ? Charlie ne manqua pas de noter l'attitude de cet homme, humain et non lycan. Il agissait comme si elle était... une touriste. Une cliente. Et comme s'il n'y avait pas eu ce coup d'État lycan.

— Chaque jour, la toile glacée offre une œuvre nouvelle. L'empreinte de Dalí est partout au sein de l'Hôtel. Avec une petite touche de contemporain.

Comme en attestait cette étrange sculpture. Charlie observa longuement ces deux colonnes entrelacées, semblant échanger un baiser. Le regard brûlant de Wulfran s'imposa dans son esprit et Charlie secoua la tête pour chasser vigoureusement cette image.

— Fenrir vous attend au Salon Pompadour.

— Comme la maîtresse de Louis XV ?

Leur guide se retourna, tout en continuant de les guider à travers les corridors époustouflants de l'hôtel. Un sourire poli ornait ses lèvres.

— Notre établissement a accueilli bon nombre de personnalités, rois et reines. La Reine Victoria, par exemple ou encore Dalí qui y séjournait au moins un mois par an, et ce, jusqu'à sa mort.

Ça expliquait les décors, dignes d'une demeure royale. C'était un petit Versailles... Enfin, elle le supposait. Charlie n'avait jamais visité la Résidence du Roi Soleil, ne l'observant qu'à travers les photos de son manuel d'histoire et sur Internet. Mais encore une fois, Charlie était surprise de ce détachement et de ce professionnalisme.

Une fois arrivée au salon, Charlie resta sur le seuil, muette devant tant de splendeur. Elle était époustouflée par ce décor étincelant qui évoquait clairement la splendeur de Versailles avec ses reflets dorés. Ce salon féerique était un joyau artistique. Au plafond, d'immenses lustres de cristal diffusaient une lueur douce, éclairant les instruments de musique, représentés en l'honneur de la marquise de Pompadour, mécène des arts et de la musique.

Au centre de cette salle, se trouvait Fenrir, installé à une table ronde. Seul. Deux personnes l'encadraient, debout, les yeux rivés sur elle, habillés de costumes sombres. Des gardes du corps, supposa-t-elle.

— Amarok, salua le loup tout en continuant de manger, sans relever les yeux de son assiette.

Charlie n'osait pas bouger, ni même respirer. Quand enfin, il releva les yeux, elle se tendit.

— Où est Wulfran ?

— Il a découvert une piste à propos de la Résistance. Il est parti vérifier par lui-même.

— Très bien.

Il ne la lâchait pas des yeux, elle sentait ses prunelles sauvages la fixer dangereusement.

— Sofia est venue préparer votre arrivée. Mais avant, j'aimerais vous présenter mes femmes.

Ses femmes ? Charlie ne put s'empêcher d'exprimer de la surprise. Trois femmes firent leur entrée de l'autre côté du salon. Elles étaient magnifiques. L'une d'elle s'approcha aussitôt du lycan pour le saluer. Les deux autres en firent de même quoiqu'avec moins d'entrain.

— Vous semblez surprise.

Charlie resta muette.

— Pose-moi la question qui te taraude.

C'était un ordre, à ne pas en douter.

— Et bien, je... Je pensais qu'il n'y avait qu'une... qu'une...

Charlie perdait ses mots. Que dire ? Femelle ? Femme ? De plus, Fenrir était particulièrement impressionnant. D'ailleurs, celui-ci se mit à rire.

— Le temps de ces règles absurdes est révolu. Ces femmes enfantent ma descendance. Des loups forts, puissants. Marie m'en a déjà donné quatre.

La femme à ses côtés sourit avec fierté, couvant le lycan d'un regard amoureux ? Vénal ? Admiratif ? Charlie ne pouvait le dire. Elle comprenait mieux le sens des paroles d'Amarok sur le rôle des femmes.

— Je me demanda si vous êtes une porteuse.

Le visage de Charlie perdit toutes ses couleurs et un frisson de peur parcourut son corps tandis qu'il la contemplait, de bas en haut, la joue appuyée contre son poing, le regard sombre et pénétrant. Puis un sourire étira ses lèvres et il continua son petit-déjeuner.

— Mais je laisse le soin à Wulfran de le découvrir. Cela ne saurait tarder.

La discussion était terminée. On les invita à sortir, mais avant de franchir le seuil, Fenrir l'interpella à nouveau.

— J'ai du travail pour vous ici. Retranscrire des documents, un peu d'administration, rien de très laborieux. Vous commencerez demain. Votre ami prend un bain pour l'instant.

Prend un bain ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Et de quel ami parlait-il ? Charlie se sentait perdue tandis qu'elle suivait Amarok et leur guide jusqu'à un ascenseur.

— La suite penthouse est au dernier étage.

Dans l'ascenseur, une petite musique rendait la montée plus agréable. Les yeux de Charlie étaient rivés sur les étages, regardant la valse des chiffres jusqu'au septième ciel.

— Je vous souhaite un agréable séjour chez nous, lança le garçon avant de disparaître derrière les portes, la laissant seule avec Amarok dans cette suite majestueuse. Sofia les accueillit.

— Il ne se moque pas de nous. Il nous laisse la meilleure suite.

— Il préfère la suite présidentielle, je suppose, déclara Amarok, guère impressionnée, en haussant les épaules.

Charlie était subjuguée. Elle n'aimait pas le luxe, la ville, l'opulence et pourtant, elle ne pouvait rester de marbre face à cet endroit, dont la décoration était un savant mélange entre le meilleur de l'innovation, la quintessence du style et le confort absolu.

Pendant sa visite, comment pouvait-elle résister à l'envi de toucher au marbre frais, aux dorures étincelantes et aux belles étoffes.

L'entrée de la Suite Belle Étoile donnait sur un salon bibliothèque, qui lui-même se prolongeait vers la terrasse. C'était tout en longueur, mais il y avait un coté cosy avec les fauteuils blanc au dos rond et cette petite table de travail sur laquelle était posé un vase rempli de fleurs fraiches.

En continuant, Charlie atteignait une large table de repas, pouvant accueillir jusqu'à dix convives. Un peu plus loin, il y avait le salon avec un large canapé et des fauteuils, encadré d'immenses baies vitrées qui offraient une vue imprenable sur la capitale et notamment la Tour Eiffel.

Charlie ne put résister à l'envi de s'aventurer sur la terrasse, véritable jardin sur les toits. Tous les grands monuments de Paris s'offraient à elle : le Louvre, le jardin des Tuileries, le musée d'Orsay et la tour Eiffel. D'ailleurs, toute la suite offrait une vue à 360° sur la ville.

— Charlie.

Cette dernière se retourna et vit Sofia lui faire signe d'entrer.

— Je te montre la chambre. Tes affaires sont arrivées.

La clef ! Elle l'avait presque oubliée. La chambre était à l'image du reste de la suite : somptueuse. Avec ses allures de cocon, elle offrait des vues sur Paris côté terrasse, mais aussi vers le nord, en direction de la butte Montmartre. Son sac de sport était posé sur une banquette, au bout du lit. Il y avait également un bureau et un immense dressing. Au fond, une porte ouvrait sur une salle de bain entièrement habillée de marbre. Dotée d'un bain à remous circulaire, elle témoignait de l'opulence de la Suite Belle Étoile.

Des fenêtres sur chacun des trois murs encadraient cette pièce, offrant une lumière naturelle et une vue sur Montmartre et le Sacré-Cœur.

En revenant dans la chambre, Charlie remarqua qu'on y avait également déposé les affaires de Wulfran. Les mots de Fenrir résonnèrent en elle comme un écho. Lui et la résistance attendaient une chose d'elle... et elle ne se sentait pas encore prête à l'offrir. Son cœur et son esprit étaient d'un romantisme à toute épreuve.

Où pouvait-elle cacher la clef ? Son regard se posa sur un vase, le matelas, les draps, mais dans ce genre d'endroit, il devait y avoir des personnes qui venaient tous les jours pour mettre en ordre. Elle ne pouvait pas les cacher là. Alors qu'elle rangeait ses affaires dans le dressing, elle eut l'idée de cacher l'objet dans ses sous-vêtements. C'était trop intime pour qu'on y touche. Fière de sa trouvaille, Charlie quitta la chambre pour rejoindre le salon, dans lequel se trouvait Sofia, assise dans le canapé. Charlie s'assit sur l'un des fauteuils en face.

— Dis-moi, Sofia. Qu'est-ce que Fenrir attend de moi ? Il a dit que je devais travailler pour lui...

Le visage de Sofia se ferma, elle affichait une mine sombre.

— Amarok t'a expliquée que le gouvernement était installé ici.

— Oui. D'ailleurs, pourquoi pas à l'Élysée ?

— Trop de failles. C'est un endroit connu des humains. Certains anciens membres sont encore activement recherchés.

Le général Leroy devait faire partie de ces personnes, tout comme Dupin. Qui était-il d'ailleurs ?

— Donc comme je le disais, le gouvernement est installé ici. Et Rolf travaille ici.

— Rolf ? La Pretoria donc.

Sofia hocha la tête avec un sourire en coin.

— Tu apprends vite.

— C'est l'armée d'élite si je me souviens bien. N'est-elle pas censée être sur le terrain ?

— Parfois, leur travail les amène à rester un peu.

Quelque chose n'allait pas. Charlie le sentait. C'était viscéral et Sofia ne la regardait pas directement dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu ne me dis pas.

— Charlie, n'oublie pas que je suis Frumentarii. C'est mon travail de ne rien te dire.

La police secrète. Parfois, elle oubliait qui étaient ses geôliers.

— En te faisant travailler ici, Fenrir va mettre tes nerfs à rude épreuve.

— Il le sont déjà, soupira la jeune femme.

Le ton de Sofia se fit soudainement plus ferme.

— Je ne plaisante pas, Charlie. On t'a préservé de tout ça pour l'instant, mais dès demain, tu vas être tout près des bureaux de la Pretoria et des salles d'interrogatoires.

Le sang de Charlie se glaça. Les salles d'interrogatoire.

— Thomas.

— Tu as compris...

Son regard s'écarquilla soudainement. Alors c'était donc ça... Son ami était...

— Sofia... Qu'est-ce que ça veut dire « prendre un bain » ?

La louve plongea son regard en elle.

— Tu veux vraiment savoir ?

— Si je dois y être confrontée demain, autant y être préparée.

Sofia eut un sourire triste.

— Très juste.

Puis son air se durcit.

— C'est comme ça qu'ils appellent le supplice de la baignoire. Pour les hommes, on se contente de plonger la tête dans une bassine remplie d'eau glacée jusqu'à la limite de l'asphyxie, on le ressort et on le replonge.

C'était horrible.

— Jusqu'à ce qu'il parle, n'est-ce pas.

La louve hocha la tête, un air froid toujours posé sur le visage. Elle avait d'ailleurs précisé « pour les hommes ». Cela voulait donc dire... que les femmes avaient un autre traitement. Rien que d'y penser, elle eut un grand frisson. Thomas... Tout ça, c'était à cause d'elle.

— Pourquoi les loups font-ils ça, souffla-t-elle. Ces tortures...

— Qui te dit que ce sont uniquement les loups qui torturent les résistants ?

De stupeur, Charlie se redressa. Sofia eut un rire ironique.

— Parce que tu crois qu'il n'y a que des loups qui travaillent pour le gouvernement. Certains collaborent réellement, pas toujours de leur plein gré, c'est vrai, mais ce sont souvent ceux-là les plus féroces...

À qui faire confiance alors ? Sofia se leva du canapé et quitta la pièce en posant une main sur son épaule. Confiance... Ce mot était si important aujourd'hui. Wulfran ne cessait de lui répéter qu'elle n'avait rien à craindre de lui. Et pourtant, cette sphère, dans laquelle il évoluait, était si effrayante.

Dupin.

C'était lui, l'homme de confiance. La résistance aussi, mais pour l'instant, les visages de Louis, Victor et les autres étaient placardés dans toutes les rues de la ville. Mais Dupin restait un fantôme, une identité secrète qui veillait à leur libération.

Qui pouvait-il être ? Pour savoir qu'elle serait à la réception, et qu'elle ne serait pas touchée par l'explosion, elle devait être proche d'eux. Malheureusement, Sofia peinait à se souvenir des visages humains de la soirée.

— Je suis venue reporter les clefs. Vous pourrez leur dire. Je dois repartir.

Tristan se trouvait devant elle. Elle ne l'avait pas entendu rentrer.

— Ou bien sûr, répondit-elle en prenant les clefs.

— Je vous remercie.

Mais alors qu'il allait tourner les talons, il se ravisa.

— Vous n'êtes plus à l'appartement. Prenez garde à vos déplacements.

Charlie ne dit rien. Elle se contenta de hocher la tête en le regardant quitter l'appartement.

Une personne proche d'eux. Capable d'entendre des renseignements importants.

Tristan... Tristan était Dupin. 

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