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Chapitre 12

Charlie se sentit définitivement mal à l'aise. Était-ce à cause de cette tension dans l'habitacle de la voiture ? Wulfran semblait tendu et il avait les poings serrés sur les genoux, droit comme un i, je regard rivé sur l'extérieur. Sofia, Noshoba et Amarok avaient pris une autre voiture. C'était Tristan qui conduisait la magnifique berline noire.

Elle n'avait pas vu le rouquin aux yeux verts depuis son départ de la villa. Il avait dit, là-bas, qu'il s'occupait essentiellement de l'intendance. En tout cas, Charlie avait souri en revoyant ce visage angélique parsemé de taches de rousseur. Elle se sentait... Moins seule.

Cependant, elle était toujours mal à l'aise. Elle ne cessait de gigoter sur son siège, réajustant sa robe rouge, vaporeuse, élégantes... Pas pour elle. Jamais elle ne portait de robe et encore moins de talons si... vertigineux. Après quelques minutes, elle avait fini par s'y habituer. Peut-être était-ce dû à son habileté sur les chemins de randonnée, à parfois tenir en équilibre sur une corniche ?

Le bracelet de serpent cliquetait légèrement à son poignet, tant ses doigts serraient et desserraient le tissu de sa robe. Son regard se perdit dans les rues parisiennes qui défilaient sous ses yeux. Quelle était cette soirée ? Wulfran ne lui avait rien dit ? Ni Sofia d'ailleurs.

Le contact de la main de Wulfran sur son poignet la prit par surprise et dans un geste instinctif, elle se retourna et tenta de retirer sa main. Échec. Il la retenait, mais avec une extrême douceur, sans serrer. Il la tenait, tout simplement. Il haussa un sourcil moqueur.

— J'étais perdue dans mes pensées ! Dit-elle pour se défendre face à sa moquerie.

— Oui. J'ai vu ça.

Et il fit glisser le bracelet. Aussitôt, Charlie se sentit nue et un sentiment d'angoisse la saisit. Elle le regarda manipuler l'objet et écarter doucement le métal pour l'agrandir. Puis, il prit à nouveau son poignet et glisser le bijou jusqu'en haut de son bras. Là, il serra doucement la main, laissant le serpent s'enroule délicatement et ne plus bouger contre sa peau.

— Pourquoi m'avoir donné ça ?

La question avait fusé sans qu'elle ne puisse la retenir et elle la regretta aussitôt. Les doigts de Wulfran étaient toujours autour de son bras, plaçant correctement le bijou pour le mettre en valeur.

De nouveau, la tension monta et lorsqu'elle croisa son regard, Charlie retint son souffle. Les mains de Byrne glissèrent de son bras et elle regratta aussitôt l'absence de ce contact avant de se fustiger. Mais à quoi pensait-elle !

— C'est un bracelet très ancien. Troisième siècle avant notre ère.

C'était exactement ce que lui avait dit Marcel. Mais Charlie se garda bien de lui dire.

— Il a été retrouvé dans un temple d'Hestia à Corinthe. Chez les Grecs, le serpent symbolise l'esprit gardien. Il est présent sur de nombreux autels datant de la Grèce antique.

— Je ne vous pensais pas spécialiste de la Grèce Antique, Monsieur Byrne, souffla Charlie avec ironie mais sans pouvoir cachée cette petite pointe d'admiration.

Les lèvres de Wulfran s'étirèrent.

— Je vous impressionne, Mademoiselle Perrin ?

Charlie resta muette un instant, puis elle perdit légèrement son sourire.

— Oui, souffla-t-elle en détournant le regard et en se mordant la lèvre.

Oh oui, il l'impressionnait, en bien comme en mal. Charlie s'émerveillait à chaque fois devant son élégance sauvage, sa force, sa voix... Mais parfois, elle avait peur de cette lueur qui s'animait parfois au fond de ses yeux, peur de cet homme qu'il était, un homme de main, un soldat à la solde de Fenrir.

— Regardez-moi !

Son ton était devenu soudainement sourd, puissant, intense, néanmoins sans agression. Elle se mordit davantage la lèvre, mais finit par s'exécuter. La puissance de son expression la laissa pantoise.

— Vous n'avez rien à craindre de moi, vous m'entendez. Jamais...

Ses dents relâchèrent sa lèvre et Charlie le regarda, muette, sans voix face à cette déclaration pleine de promesse.

— Vous m'avez bien compris ?

Sans le quitter des yeux, Charlie hocha la tête, lentement.

— On arrive, Monsieur Byrne.

Le cœur de Charlie marqua un battement. Déjà ? Mais...

— Ne vous inquiétez pas. Tout va bien se passer.

— Mais je... qu'est-ce que je suis censée faire ?

L'expression de Byrne changea pour laisser place à une certaine amertume.

— Rien, Mademoiselle Perrin.

— Alors pourquoi suis-je ici ?

Une sorte de grognement s'échappa de la gorge de Wulfran et Charlie ne put s'empêcher d'avoir un léger mouvement de recul.

— Parce que Rolf a la langue bien pendue et que Fenrir a demandé à rencontrer l'appât de la Résistance.

— L'appât !

L'indignation transparaissait dans le ton de sa voix.

— Je ne suis donc qu'un vulgaire appât ?

— Non et vous le savez.

Charlie ne put rien rétorquer, la voiture venait de s'arrêter. Tristan était rapidement descendu pour ouvrir la porte de Wulfran qui descendit. Encore sous le choc, Charlie ne sut comment réagir, mais elle n'eut guère le temps de réfléchir. Une seconde après, Byrne ouvrait la porte et lui tendait la main pour l'aider à sortir.

Ce qu'elle vit alors la laissa sans voix. Une pyramide de verre se tenait devant eux, illuminée et encadrée de bassin qui lançaient des geysers à intervalles réguliers. C'était majestueux. Fastueux. Bien sûr, Charlie avait déjà vu des photos de Paris, du musée... mais voir ça en vrai, c'était quelque chose. Un tapis rouge avait été déroulé pour l'occasion.

— Je vous souhaite une bonne soirée, Monsieur Byrne.

— Merci, Tristan.

Puis Wulfran mit sur sa tête une casquette qui complétait sa tenue d'uniforme. Il avait fière allure avec cette veste sombre, ajustée sur laquelle était brodée un F.

— Que signifie le F ? Demanda Charlie en prenant son bras.

— Frumentarii, répondit-il d'un ton neutre tandis qu'il avançait lentement sur le tapis.

— Qui signifie...

— Police secrète.

Charlie manqua de tomber à la renverse, à la fois par la révélation de Byrne, mais également à cause de ses fichus hauts-talons. Heureusement qu'elle lui tenait le bras et qu'il était solide.

Les révélations de Louis et Victor dans les catacombes prenaient alors tout leur sens. Les rafles. Le fait qu'il soit tacticien. Proche de Fenrir. Si bien renseigné... Alors qu'elle retrouvait son équilibre, elle le vit toucher le nœud de sa cravate en grimaçant. Cela la fit sourire.

— Vous n'avez pas l'air très à l'aise, constata-t-elle avec un sourire en coin, qu'il lui rendit.

— Je vous retourne le compliment.

— Je déteste les robes et les talons.

— Et moi, les costumes.

Comment un tel homme pouvait être aussi monstrueux ? Charlie se posait sans cesse la question, mais celles-ci s'envolèrent lorsqu'ils pénétrèrent dans la pyramide de verre et descendirent dans un hall immense dans lequel se trouvait une ribambelle de personnes. Il y avait des bruits de conversion sur fond de musique. Une vraie soirée mondaine, bien loin des soirées bières à la belle étoile qu'elle pouvait faire avec Louis.

Wulfran n'était pas le seul en uniforme. Charlie vit d'autres soldats portant différentes couleurs, correspondant certainement à leur service, leur mission. D'autres étaient en costume, certains plus élégants que d'autres. À leurs côtés, des femmes en robes longues, discutant en agitant leurs mains ou en buvant une coupe de champagne. Charlie avait l'impression d'entrer dans un autre monde. Il y avait un véritable fossé entre la vie misérable dans les catacombes et cette vie-là.

Bien vite, Wulfran l'abandonna lorsque quelqu'un vint le consulter au sujet d'une question importante et l'entraîna pour lui en parler en détail.

— Je ne vous ai jamais vu. Vous êtes nouvelle ?

Une jeune femme, à peine plus âgée qu'elle, se plaça à ses côtés et lui présenta un verre que Charlie accepta avec une légère résistance tant elle était mal à l'aise. Alors elle se contenta de hocher la tête.

— Marlène, dit-elle en lui tendant une main.

— Charlie, répondit Charlie en souriant, emportée par la bonne humeur communicative de cette femme.

Marlène fit s'entrechoquer leurs verres pour célébrer leur rencontre.

— On se met un officier dans la poche et le tour est joué.

Charlie faillit avaler de travers. Elle regarda, sans voix, la jeune femme. Elle était belle, brune, des yeux verts en amande avec un coté provoquant assumé. Et malgré la parure de diamants et sa tenue élégante, elle ne transpirait pas la classe et la noblesse de ces gens riches et élevés avec une cuillère en argent dans la bouche.

— Je te choque hein !

Charlie hocha négativement la tête et haussa les épaules.

— Non... Je crois comprendre.

— Tu viens d'où toi ?

Charlie lui expliqua sa vie dans les campagnes et comment elle était arrivée ici.

— Tu sais, moi je suis d'ici. De Paname. J'étais à l'université, sans un sou, dans une chambre minable de 15 m2. Les toilettes étaient dans la douche. Et je payais ça une fortune. Mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des études et ils avaient d'autres chats à fouetter... Alors je devais me débrouiller pour travailler et payer mon loyer... Et vivre. 

C'était une vie tellement différente de la sienne. Vivre dans 15 m2 en ville, elle en aurait été incapable. Pendant ses études, à Chambéry, elle habitait sur le campus qui lui-même se trouvait en montagne. En plus, avec sa réussite au bac, elle avait reçu une bourse de l'excellence. Charlie voulait se spécialiser dans la région, c'était son rêve d'ouvrir un cabinet en montagne. Et puis avec la Grande Révélation, elle avait tout abandonné pour retourner à Lépin, s'occuper de son père malade et ouvrir une librairie.

— Alors tu sais, quand ils sont arrivés et que Peter m'a accosté, j'ai tenté le coup. Je n'avais rien à perdre. Et regarde. Je porte des vêtements que je n'aurais jamais pu acheter. Je vis comme je veux. Je profite de la vie.

Et pour illustrer ses propos, Marlène vida sa coupe. Charlie sourit, mais un peu tristement. Elle la comprenait parfaitement, mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela triste. Son cœur était assurément trop romantique pour aimer cette idée. Elle était femme de lettres, amoureuse de la poésie. Elle pouvait pleurer en lisant les vers d'Hugo, Apollinaire ou s'émouvoir à la lecture d'un roman d'amour, voire verser quelques larmes devant une vieille comédie musicale, tragique ou non.

Les deux jeunes femmes discutèrent encore un moment puis Marlène rejoignit son Peter de façon très... Exubérante. Cela saillait parfaitement au personnage.

— Un verre de vin, mon agneau ?

Le cœur de Charlie manqua un battement et les couleurs s'envolèrent aussitôt de ses joues. Il s'était approché, dans son dos sans qu'elle ne le remarque. Il était beau dans son uniforme noir et rouge, mais son sourire malsain et son air de voyou lui renvoyait un portrait effrayant.

Son regard embrasa la salle à la recherche d'une aide, mais personne ne se préoccupait d'eux. Elle sursauta en sentant sa main sur son coude, l'invitant à se rapprocher de lui. Elle ne pouvait pas le repousser. Pas ici. Pas entourée de loups.

— Bien... Tu sembles avoir compris ta position.

Il jubilait. Elle était proche de lui et n'osait pas le repousser. Il en profita pour se pencher et humer son parfum.

— Hum. Je sens que j'ai toujours mes chances.

— Ne prenez pas vos désirs pour des réalités, souffla Charlie, les dents serrées par la rage et la peur.

— Mais regarde-toi, petit agneau. Tu es magnifique. Tu pourrais être plus mal lotie. Regarde.

Rolf désigna une jeune femme qui faisait le service. Elle était vêtue d'une robe verte, courte, des sandales plates avec une manchette au poignet en acier, qui lui fit aussitôt penser à des chaînes. Alors qu'elle servait les invités, elle se prenait parfois des coups, parfois un homme lui volait un baiser, ou bien posait les mains sur elle. Malgré son air impassible, son regard semblait vide. Sans espoir.

Charlie sentit la main de Rolf remonter le long de son bras jusqu'à toucher le bijou à tête de serpent. Aussitôt, elle eut un mouvement de recul et chercha à se dégager. Mais Rolf avait une poigne de fer.

— Lâche-la, Rolf.

— Tiens donc, Sofia.

Sofia venait d'arriver à leur côté. Contrairement aux autres femmes de la soirée, elle ne portait pas de robe, mais le même uniforme que Wulfran. Car toutes les femmes présentes à cette soirée étaient venues en compagnie d'un loup, ce qui n'était pas le cas de la louve, indépendance, Moniris. Libre.

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, Sofia.

— Mais de moi, oui.

La voix de Wulfran, basse, presque chuchotante, n'en était pas moins nette et tranchante. Charlie avait l'impression de revoir cette scène à la villa où Rolf s'était retrouvé nu face à Byrne. Il prit l'épaule d'Anderson et le poussa à se retourner et à lâcher Charlie.

— Oh non, détrompe-toi, Byrne. Ici, toi et moi, nous sommes pareils.

— Elle est sous mes ordres. Elle a un contrat, rétorqua Wulfran d'une voix grondante.

— Qu'importe, j'étais là le premier.

— Tu me défis ?

Aussitôt, Rolf Anderson eut un mouvement de recul et un grondement sortit de sa gorge. Sous les yeux effarés de Charlie, son regard prit une teinte jaune fauve et ses traits devinrent plus durs. Il claqua des dents deux fois sans le quitter des yeux.

— Qu'est-ce donc ? Deux de mes généraux qui se battent ?

Il y eut aussitôt un silence de plomb dans l'assemblée. Et Charlie s'immobilisa en voyant approcher un homme vêtu d'un élégant costume noir, les cheveux blancs brossés en arrière. Une barbe soigneusement entretenue couvrait ses joues. C'était un vieil homme, mais pour autant, il ne paraissait pas faible. Bien au contraire. Il sentait le danger, il s'imposait. Alors Charlie sut qu'elle se trouvait en présence de Fenrir. Tous ceux qui l'entouraient s'inclinèrent alors elle en fit de même. Rolf avait repris une apparence plus humaine.

— Quel est l'objet de cette dispute ? Demanda-t-il, pour être juste pour la forme, car Charlie sentait son regard sur elle, bien qu'elle gardait les yeux rivés au sol par crainte de croiser son regard.

Wulfran prit la parole en premier.

— Fenrir, dit-il avec une certaine diligence, Anderson veut s'approprier quelque chose qui ne lui appartient pas.

— J'étais là le premier. Notre code dit qu'une humaine possédée nous appartient. Je suis celui qui a fait le raid à Lépin. Celui qui a capturé Thomas Rigaud, membre actif de la Résistance. Elle est mon prix.

— Actif ? Ce n'est qu'un pion et tu as brûlé le village et ses habitants. Tu as outrepassé les ordres de notre cohorte.

Fenrir leva la main et aussitôt les deux lycans se turent.

— Notre loi affirme que lorsque nous possédons un humain, nous avons des droits d'exclusivité. Mais ce n'est pas le cas ici... n'est-ce pas, Mademoiselle ?

Charlie sursauta et releva la tête. Il la fixait de son regard gris, froid comme de l'acier, implacable. Il avait un léger sourire, mais sans âme. Une façade de bienséance qui le rendait terriblement impressionnant et dangereux.

— Non, répondit-elle d'une voix étranglée.

Fenrir hocha la tête.

— Rolf, dit-il en se tournant vers Anderson, croisant les mains dans son dos, tu as lancé un défi à Wulfran. L'acceptes-tu ? Demanda-t-il en se tournant cette fois vers Byrne.

Le chef des Frumentarii hocha la tête, les sourcils froncés, le regard sombre.

— Très bien. Mes amis, ce soir, nous aurons un combat. Mais pas à mort. Je tiens à garder mes deux meilleurs généraux. Le prix sera cette jeune humaine.

En disant cela, il désigna Charlie qui se raidit davantage. Elle entendait les exclamations des autres, des cris de joie, d'excitation. C'était morbide.

— Charlie.

C'était Sofia. Elle posa une main bienvenue sur son épaule tandis que Rolf et Wulfran s'éloignaient. La foule se dirigeait lentement vers la sortie. Sofia l'invita à suivre le mouvement.

— Wulfran est le meilleur.

Surprise, Charlie découvrit Amarok à sa droite. C'était la première fois que la louve amérindienne lui adressait la parole. Noshoba la suivait de près.

— Ne t'inquiète pas, il ne laissera pas Rolf poser ses sales pattes sur toi.

Le cœur de la jeune femme se gonfla d'espoir et elle remercia au fond d'elle la louve de lui apporter un peu de réconfort et de chasser son angoisse. Elle se trouva bien vite à une fenêtre, au premier étage, qui donnait sur une petite cour intérieure. Tous les autres invités avaient investi les lieux, spectateurs impatients de ce combat.

Alors qu'elle se demandait quelles pourraient bien être leurs armes, elle vit les portes s'ouvrir et deux loups s'avancer. Ils allaient combattre sous leur forme lupine.

Un loup, massif, au pelage sombre, grognait bruyamment. Charlie reconnaît aussitôt le loup du Mont Grelle. Rolf. C'était lui. Face à lui, un loup gris, plus fin, mais d'un calme olympien. Il y eut des hurlements de lycans, encourageant l'un ou l'autre. Une arène improvisée et tous s'extasiaient du combat à venir. C'était écoeurant. Mais lorsque tout deux se lancèrent dans le combat, Charlie ne put détourner le regard.

Les grognements emplissaient la cour et Charlie sursautait à chaque fois qu'une patte atteignait l'épaule du loup gris.

— Champagne ?

Charlie saisit la coupe et la vida d'un trait sans quitter des yeux la scène. Wulfran saisit alors le loup noir, sa gueule se referma sur son museau et il se mit à secouer violemment la tête. À ses côtés, les deux louves se réjouissaient.

— Quand tu sais qu'il ne met pas toute sa force dans ce combat, souffla Sofia.

— C'est sûr. On la déjà vu plus acharné encore.

Plus ? Charlie saisit une nouvelle coupe qui passait près d'elle. Rolf réussit à se soustraire à sa prise et il referma sa gueule sur la patte de Wulfran. Elle ne put s'empêcher de pousser un cri d'effroi, mais bien vite remplacé par un soupir de soulagement quand le loup gris réussit à se libérer.

Le combat se termina quelques minutes plus tard, alors que le loup gris tenait son adversaire immobile, les crocs plantés dans son cou. Il y avait du sang partout. Wulfran fut annoncé vainqueur par Fenrir. Il y eut un nouveau mouvement de foule et sans vraiment comprendre comment Charlie se retrouva bientôt seule dans les couloirs du musée. Ils devaient tous être retourné dans le hall, mais perdue dans sa rêverie, face à une étrange peinture, Charlie n'avait rien vu venir.

Elle demanda son chemin à une serveuse qui passait là, non sans saisir une nouvelle coupe au passage. Elle avait tellement soif. Elle se retrouva à déambuler dans une vaste galerie aux murs rouges... Comme le sang. Elle eut un frisson de peur quand elle se rappela tout ce sang pendant le combat, tâchant le pelage du loup gris. Et avec ces dorures, ce plafond façon verrerie... Très fastueux. La couleur sanguine faisait ressortir les tableaux. D'ailleurs, son regard accrocha une scène qu'elle connaissait bien.

— Tiens donc. Tu es là toi, dit-elle en s'adressant à Joséphine, agenouillée devant Napoléon, prête à être sacrée impératrice dans la magnifique Cathédrale Notre Dame.

Elle leva son verre.

— À la tienne, Nap.

Charlie déambula ainsi devant les chefs d'œuvre, devant le Radeau de la Méduse, la Joconde. Et, perdue dans sa rêverie, elle se retrouva bientôt dans une immense cour abritée d'une verrière, laissant deviner la noirceur de la nuit. Et elle était plutôt bien encadrée, avec toutes ces divinités de l'eau. Devant la magnifique statue d'une nymphe, délicate, les seins nus, Charlie fit une révérence exagérée et un peu tremblante à cause de l'alcool.

— Madame, dit-elle d'un ton faussement exagéré. J'ai peut-être abusé du champagne.

Un petit rire lui échappa. Elle était seule, au calme dans cette vaste cour... Dans un palais royal. Tout était si calme. La musique lui parvenait avec peine, trop lointaine. Tout était si immobile et froid. Et pourtant, ces statues de marbre étaient d'une grande beauté.

Elle s'arrêta pour contempler Apollon, figé en train de poursuivre Daphnée, une nymphe. Cupidon avait décoché une flèche à chacun. Celle destinée à Apollon le rendit transi d'amour par la belle, tandis que celle qui perça la peau de Daphnée lui fit ressentir du dégoût pour le Dieu. L'amour pouvait être cruel.

En lui faisant face, Charlie avait l'impression que le Dieu la poursuivait.

— Voyons, nous nous connaissons à peine.

Quelques paroles lui vinrent en tête.

— We've just been introduced. I do not know you well. But when the music started, something drew me to your side, chantonne-t-elle face à cette statue de marbre.

Charlie ne put s'empêcher de rire. De quoi avait-elle l'air, seule dans cette immense salle, entourée de statues, à chanter et faire quelques manières ubuesques.

— So many men and girls are in each others arms.It made me think we might be similarly occupied...

Après une légère révérence...

— Shall we dance, chanta-t-elle plus fort tout en balançant ses chaussures d'un mouvement de cheville.

Charlie se mit alors a tournoyer en chantant cette chanson qu'elle connaissait par cœur, issue de la Comédie Musicale « Le Roi et Moi ». C'était vieux, de 1950, si intense... Yul Brynner avait fait battre son petit cœur de jeune adulte à l'époque. Et cette séquence où le Roi du Siam dansait avec Anna après avoir débattu sur l'amour et la fidélité envers une femme. Et une seule. Pas un harem. Un vrai régal. Elle avait vu et revu ce film, adapté de la comédie de Broadway. Il y avait eu bien d'autres adaptations et Charlie les aimait toutes.

Toute à sa bulle, Charlie dansait, enfin, c'était un grand mot, elle tournoyait et s'arrêtait devant chaque statue comme si l'une d'elle allait soudainement se mettre à bouger pour la rejoindre. Elle se serait même contentée de ce pauvre homme sans bras. Cependant, la prochaine statue n'était pas de marbre. Elle était de chair et la regardait, l'épaule appuyée sur un mur, un sourire franc sur les lèvres.

— Oh non, ne vous arrêtez pas dans votre... Valse improvisée.

Charlie ne put s'empêcher de rire, complètement désinhibée par les nombreux verres de champagne qu'elle avait avalé.

— Je crois avoir légèrement abusé du champagne, avoua-t-elle à Wulfran en montrant son pouce et son index, d'abord proche de l'un et de l'autre, puis s'écartant progressivement.

Puis elle éclata de rire à nouveau.

— Valser seule ce n'est pas drôle, mais personne ne veut danser avec moi, dit-elle en désignant les statues, personnes inanimées.

— Ne comptez pas sur moi, dit-il quand elle se tourna vers lui.

— Oh. Aurais-je trouvé votre point faible, monsieur Byrne ? Vous ne savez pas danser, dit-elle tout en se rapprochant.

Avait-il seulement un point faible ? Charlie se mit à repenser au combat et revoir les deux loups se sauter à la gorge lui serra le cœur. Elle avait vu les mâchoires de Rolf se refermer plus d'une fois sur les pattes de Wulfran. Sa gorge. Était-il encore blessé ? Il ne portait plus sa veste d'uniforme, ni sa casquette. Sous sa chemise, elle aperçut quelques renflements, preuves de la présence de quelques bandages.

Alors, soudainement, Charlie se jeta au cou de Wulfran. Surpris, il n'eut aucune réaction et il resta un instant les bras légèrement levés, ne sachant que faire de ses mains. Mais il n'eut guère le temps de réagir puisque Charlie s'écarta et lui balança un coup-de-poing de l'épaule.

— Vous alors ! Je suis en colère. Très en colère.

Wulfran la regardait à présent les yeux écarquillés de stupeur.

— Disputée comme un vulgaire objet. Qui fait ça encore aujourd'hui ? S'exclama-t-elle, encouragée par son ivresse, en faisant des gestes exagérés avec ses bras.

Wulfran la regardait toujours, trop choqué pour réagir.

— Mais ce n'est pas tout. J'ai eu très peur. Je ne doute pas de vous, mais je ne voulais pas... Pas Rolf. Je ne veux plus jamais le voir...

Cette fois-ci, les larmes perlèrent au coin de ses yeux.

— Mais ce qui me met le plus en colère, c'est vous. Vous êtes blessé... À cause de moi.

Charlie se pinça les lèvres et fronça le nez pour empêcher les larmes de couler, des larmes de rage et de peur contenues. C'est alors que les lèvres de Byrne se courbèrent avec douceur. La tête inclinée sur coté, il la regardait d'une manière délicieuse, presque tendre. Il leva la main et du pouce, il chassa les gouttes qui menaçaient de couleur à tout moment.

— Ce n'est rien.

— Non ce n'est pas rien, rétorqua Charlie d'un air boudeur en détournant le regard.

Wulfran ne put s'empêcher de rire.

— Les femmes... Vous êtes un abîme, un mystère... Et celui qui croit vous connaître est trois fois insensé !

Charlie fronça les sourcils. Elle avait une impression de déjà-vu.

— Allez ! Remettez vos chaussures.

Nouvel air boudeur.

— Elles me font mal aux pieds, grogna Charlie en croisant les bras sur sa poitrine.

— Vous pourrez les enlever quand on sera sorti.

— On s'en va ? Demanda-t-elle avec espoir.

Seul le sourire de Wulfran lui répondit, alors la bouderie s'envola du visage de la jeune femme qui s'empressa de retrouver ses chaussures aux pieds de la statue de cette pauvre Daphné, poursuivie par Apollon.

Quelle horreur de remettre ses talons. Ses pieds avaient légèrement gonflé et les remettre dans cet écrin était une véritable torture. Heureusement, le bras de Wulfran se glissa sur sa taille et il lui apporta un soutien, l'aidant à marcher sans en avoir l'air. Ils passèrent rapidement devant quelques personnes, il récupéra sa veste et sa casquette d'uniforme, enfilant le tout rapidement et ils montèrent le large escalier pour sortir du musée. Quand elle sentit l'air frais de la nuit, Charlie poussa un soupir d'aise et elle se sentit de suite mieux. Mais elle n'eut guère le temps d'en profiter, Wulfran la prenait dans ses bras et s'élançait rapidement, contournant la large pyramide de verre, passant sous l'arche, traversant une autre cour royale, vide, sans lumière, triste. Puis une autre arche. Et enfin, ils quittèrent le palais royal et débouchèrent sur une large artère, sans voiture, vide.

Quand il la déposa, ils étaient à l'orée d'un pont. Aussitôt, elle grimaça en sentant de nouveau la douleur dans ses pieds.

— Je peux les enlever, maintenant ?

— Faîtes vous plaisir.

Aussitôt, Charlie enleva les souliers à semelle rouge et poussa un soupir d'aise. Certes, ce n'était pas très propre de marcher pieds nus en ville... Wulfran avait déjà avancé de quelques pas et aussitôt, Charlie le rejoignit en quelques enjambées, marchant à ses côtés le long de la rambarde de verre qui l'empêchait de tomber dans le fleuve. Wulfran avait déjà avancé de quelques pas et aussitôt, Charlie le rejoignit en quelques enjambées, marchant à ses côtés le long de la rambarde de verre qui l'empêchait de tomber dans le fleuve.

Il avait enlevé sa casquette et celle-ci était calée sous son bras. Il avait également ouvert les boutons de sa veste d'uniforme, desserré le nœud de sa cravate et déboutonné le haut de sa chemise.

— Vous détestez les costumes.

— Et vous les talons.

C'était un léger rappel de leur échange en début de soirée. Charlie, encore sous l'effet des bulles de champagne, eut un petit rire. Puis, elle se tourna vers lui, l'œil malicieux.

— Vous voulez que je vous montre à quel point ?

Wulfran la regarda un instant sans comprendre. Charlie prit ses chaussures fermement en main et, d'un geste souple, elle les fit voler dans les airs. Le loup les vit alors se balancer et tournoyer avant de redescendre de l'autre côté de la barrière et sombrer dans les eaux noires de la Seine.

Charlie était fière d'elle, mais lorsqu'elle se tourna à nouveau vers Wulfran, en voyant son air, elle fut prise d'un doute.

— Vous faites ça avec tous les cadeaux qui ne vous plaisent pas ?

Alarmée, Charlie porta les mains à ses lèvres, le regard écarquillé d'horreur. Est-ce qu'elle venait de balancer à l'eau quelque chose qu'il lui avait acheté. Mais maintenant qu'elle y pensait... Le paquet enrubanné... L'ivresse lui avait fait oublié ce petit détail.

— Oh non. Je suis désolée. Vous êtes...

Charlie fronça les sourcils. Était-il en train de sourire ?

— Vous êtes en train de vous moquer de moi.

Wulfran eut un rire. Puis d'un geste souple, il défit le nœud de sa cravate, fit glisser la soie hors du col, puis balança à son tour le vêtement à la Seine.

— Vous n'aimiez pas non plus les robes dans mon souvenir.

— Certes mais j'attendrai d'être rentrée pour la jeter.

Était-ce l'ivresse qui la rendait si volubile, et surtout si réactive aux traits d'humour de Wulfran. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait de tel sous-entendu, mais si à chaque fois elle s'était renfrognée, ce soir, elle n'en fit rien. Appuyés contre les barrières, ils observaient le paysage urbain, la Tour Eiffel, au loin, qui diffusait son rayon de lumière, tel un phare dans la nuit. Les quais et les ponts étaient également illuminés. La ville lumière portait bien son nom.

Quelques cadenas se trouvaient là, accrochés par-dessus les panneaux de verre. Charlie se pencha davantage, intriguée pour voir s'il y en avait d'autres et Wulfran lui prit aussitôt le bras. Elle tourna vers lui un regard surpris.

— Au cas où vous voudriez, vous aussi, plonger dans la Seine.

Charlie lui sourit avec confiance. « Jusqu'où serais-tu prête à aller? » La question du Général Leroy lui revint en tête tandis qu'elle ancrait son regard dans le sien.

Tout s'envola quand il y eut une soudaine explosion qui fit trembler le pont. La prise de Wulfran se fit plus ferme et il l'écarta aussitôt de la rambarde pour la serrer contre son torse. Sa main était plongée dans sa chevelure, l'invitant à baisser la tête et par instinct de survie, Charlie se blottit contre lui. Étrangement, la peur s'envola rapidement. Elle se sentait en sécurité, comme si rien ne pouvait lui arriver.

Quand il desserra son étreinte, Charlie s'écarta légèrement pour voir une fumée noire s'envoler et les flammes surgir du palais du Louvre. Une bombe venait d'éclater dans le cœur de la capitale.  

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