Le deuxième HS, un peu en retard mais bon...

"N'aimer personne", c'était plus facile à dire qu'à faire. Et Lyrna s'en rendait de plus en plus compte.
Allongée sur son lit dans la semi-obscurité, elle tentait d'ignorer la chaleur. On était quoi, fin juillet ? C'était bientôt son anniversaire...mais elle n'en était même pas heureuse. Si personne ne le lui souhaitait, ça n'aurait aucun sens.
Luna et son père parlaient dans la pièce d'à côté. Ils devaient penser qu'elle dormait, puisqu'ils parlaient assez fort pour qu'elle entende.

- Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de cette gamine ? Tempêtait Daris.

- Je ne te fais plus confiance depuis que tu t'es marié avec Dinaë, voilà tout ! Cracha la femme en réponse. Tu te fais manipuler comme une marionnette...

- C'est faux !

C'est vrai, pensa Lyrna d'un air désabusé. Daris suivait l'odieuse femme comme un petit chien suit son maître.

- Peu importe, j'aimerais qu'au lieu de t'occuper de mes affaires tu éduques ta fille. Je ne peux plus le faire toute seule !

Lyrna sentit une nouvelle vague de jalousie monter en elle envers Alizée. Luna ne s'occupait plus d'elle à cause de sa fille adoptive, c'était logique...

- Je suis perdu, Luna...je ne sais pas comment faire. Quand j'essaie de lui parler, elle ne me répond pas, ou alors elle s'énerve.

Peut-être parce qu'il lui parlait de tout sauf d'eux deux ? Lyrna ne voulait pas entendre parler plus de Dinaë, ni de n'importe quelle autre conquête de son père. Ni du fils qu'il voudrait tant avoir avec l'une d'elle...

- Tente ce que tu veux, mais ça ne peut plus durer comme ça. Elle va finir par être trop violente et agressive, et on ne pourra plus rien y faire..,

Daris garda le silence. Le lâche !
Son père n'était qu'un minable. Minable avec les femmes, minable avec son peuple, minable avec sa dernière amie Luna, et minable avec sa fille.
Il ne m'aime pas non plus, lui. Sinon il aurait agis différemment...

- Tu ne veux pas aller parler à Lyrna, toi...? Tenta son père.

- Désolée mais je dois y aller, Alizée m'attends à la maison, déclina la femme. Et puis elle doit dormir.

C'est pas juste. J'étais dans la vie de Luna avant Alizée...pourquoi c'est moi qui me fait jeter ?
Elle essuya rapidement les larmes brûlantes qui s'échappaient de ses yeux. Ça ne servait à rien de se lamenter sur son sort, même si elle était enfant elle savait cela. L'amour, elle s'en passerait: peu importe comment mais elle apprendrait à le faire. Pour le bonheur, ça risquait d'être compliqué...il ne lui restait qu'un seul objectif à atteindre, un seul qu'elle pourrait atteindre de ses propres moyens.
La liberté !
Prise d'un élan d'exaltation, Lyrna se redressa dans son lit et s'approcha de la fenêtre. Si elle se souvenait bien, il y avait...oui, un chêne. Un grand chêne bien noueux, tout à fait capable de supporter son poids.
Lyrna eut la même sensation que lorsqu'on aperçoit un panneau "exit" dans une situation d'urgence. Elle avait sa porte de sortie, enfin, sa fenêtre de sortie. Elle se sentait jubiler, enfin quelque chose qui n'était que de son ressort ! Personne n'aurait d'emprise sur son destin. Ni Luna, ni son père, ni Dinaë, ni...
L'image d'Aurélie s'imposa dans son esprit. C'était son amie, non ? Comment devait-elle réagir avec la rousse ?
Lyrna soupira presque avec tendresse. L'amitié, d'accord. Surtout avec une personne aussi gentille, idiote et désintéressée que l'était Aurélie.
Mais là s'arrêtait la liste de ses concessions ! Aurélie pourrait influencer sur son avenir, rien qu'un peu. Et personne d'autre.
C'est ma seule amie, de toute façon...
Elle jeta un regard au chêne à travers sa fenêtre, et se fendit d'un léger sourire. Puis elle retourna s'allonger sur son lit, l'âme plus sereine.
Un jour, je partirai. Sans aucun doute !

~~~

- Aujourd'hui les enfants, nous accueillons une toute nouvelle camarade ! Elle s'appelle Alizée Skystar.

Lyrna faillit s'étrangler avec sa salive en voyant Alizée arriver mi-septembre lors de l'année scolaire de ses neufs ans.
Elle qui avait essayé de ne plus jamais la revoir...
Le pire, c'était qu'Alizée semblait être décidée à faire de Lyrna son amie. Dès la recréation, elle alla leur parler, à elle et à Aurélie.

- Salut, Lyrna. Salut Aurélie.

- Coucou Alizée ! S'écria la rousse.

Lyrna se contenta de regarder la grise avec animosité. Hors de question qu'elle lui pique l'amitié de la rousse !

- Aurélie, allons ailleurs.

- D'accord ! Tu viens, Alizée ?

La blonde crut qu'elle allait étrangler son amie, qui la fixait d'un air tout à fait innocent.

- Oui, sourit l'autre d'un air soulagé.

Les deux filles commencèrent à marcher, puis remarquèrent bien vite que Lyrna ne les suivait pas.
Cette dernière n'allait pas tarder à exploser. Elle ne voulait pas d'Alizée !

- Aurélie, je veux pas qu'elle vienne.

- Mais pourquoi...?

- Je veux pas, c'est tout !

Aurélie était tiraillée entre sa loyauté envers Lyrna et sa gentillesse naturelle qui la poussait à accepter Alizée.

- Tu fais un caprice ? Demanda soudain cette dernière, d'un ton dénué de colère ou de mépris. C'est une simple question, ne te fâche pas...

Lyrna la regarda comme si elle allait lui jeter une atroce malédiction qui la poursuivrait des années à venir.

- Si tu veux être amie avec elle, Aurélie, ce sera sans moi.

La blonde tourna les talons et traversa la cours. Elle avait une telle rage dans le regard que les élèves s'écartaient d'elle pour la laisser passer.

- Reste là, sourit Alizée à la rouquine qui menaçait d'éclater en sanglots. Je vais la chercher.

En réalité, la grise n'avait pas arrêté de penser à sa première rencontre avec Lyrna et en avait conclu qu'elles étaient dans le tort toutes les deux. Depuis elle se sentait un peu mal que Lyrna se soit fait gronder entièrement à sa place.
Lyrna était partie de l'autre côté du bâtiment, et regardait la grille de l'entrée avec un air de défi. Elle n'avait que 9 ans, mais elle avait déjà envie de d'expérimenter dans la fuite en tout genre.

- Lyrna ! Attends !

La blonde se tourna d'un air énervé vers sa rivale. Qu'est-ce qu'elle lui voulait encore celle-là ?

- Je ne veux pas te forcer à devenir mon amie si tu ne le veux pas, commença Alizée.

- Alors va-t'en ! S'emporta la blonde.

- Je voudrais que tu me tolères...pour Luna.

L'autre resta perplexe. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Alizée avait vraiment un grain...

- Luna en a rien à faire de moi.

- C'est faux ! Elle aimerais que tu viennes à la maison de temps en temps...enfin, on aimerait.

La proposition était alléchante, mais le mal était fait. Lyrna ne croyait pas Alizée au sujet de sa mère adoptive.

- J'ai pas envie de venir.

- Je m'excuse de t'avoir taclée l'autre fois, Lyrna. Je ne le ferais plus, même pour sauver un papillon.

- Je t'ai dit que j'avais pas envie ! Laisse-moi tranquille !

Alizée regarda tristement la colère brûler dans les prunelles de sa vis-à-vis. La grise essaya de dire quelque chose de stylé que disent les héros dans les films.

- Si tu changes d'avis...tu sais où me trouver.

- Ben oui patate, on est dans la même classe ! Me prend pas pour une demeurée non plus...

Alizée éclata de rire sous l'air surpris de la blonde.

- Aha, c'était vraiment stupide ce que j'ai dit !

Lyrna se surprit à penser que quand elle partirait, Aurélie aurait besoin d'une autre amie pour s'occuper d'elle.
Alors...Alizée pouvait bien être utile quelques temps, pas vrai ?

Et puis comme vous vous en doutez Lyrna va finir par réellement apprécier Alizée. Et vice-versa...
On a raté le train du retour alors je suis là plus tard que prévu, mais je suis là ! Le prochain HS arrivera sûrement après minuit, j'en ai peur...

À bientôt !