Résumé des chapitre précédents :

Ira et Maxance se sont rapprochés et Ira prend la mesure des problèmes de Maxance. Une relation, entre eux deux, est compliquée.

Maxance a bien réagit jusqu'à présent, mais pour combien de temps.

Ira doit partir pour les autres centres d'entrainements et les deux garçons se donnent rendez-vous aux JO au Japon.

Personnages principaux :

Ira Ranowich, 19 ans

Maxance Ioni, 20 ans

Personnages secondaires :

Le directeur Ioni : le responsable du centre sportif de Rochefort

David Ioni : oncle de Maxance

Robert Dalambert : le psychiatre de Maxance

Les coéquipiers d'Ira : Achille, Joachim, Luis, Mehdi, Diego.

Le coach Grégoire, le directeur des courses Eric.

Les championnes cyclistes : Daphné, Aude

L'équipe handicapés : Corinne, Mario

***

Ira

On part à Paris en TGV, notre matériel suit. J'ai un énorme coup de spleen, je suis inquiet de le quitter, mais il me faut m'occuper de nos entrainements. Je sais que Maxance n'aimerait pas que je lâche mes rêves.

Je ne suis pas tranquille. Ma grand-mère Ukrainienne se prenait pour une sorcière et je la revois psalmodier des malédictions. J'ai l'impression que ses anciennes paroles vont me porter la poisse. Les gars me charrient et s'amuse de mon air maussade.

─ Tu n'as pas oublié quelque chose ?

─ Quoi ? je demande inquiet, checkant mentalement le matériel.

─ Les J.O.

Ils explosent de rire.

Je proteste, pas très convaincant. La vérité c'est que je ne pense qu'à Maxance, qui me rejoindra dans deux mois au Japon.

Le coach ne cesse de me rappeler qu'un champion doit se consacrer à son sport sans se disperser dans ses amours. Il y a un temps pour chaque chose. Je suis complétement paumé.

À Vincennes, loin de lui, j'arrive à me ressaisir et je travaille d'arrache-pied. Nous nous appelons tous les soirs, il est bavard, drôle et je retrouve un peu Maxou.

Nous partons demain dans les Alpes quand Maxance m'appelle.

─ On se met en visio ? je mendie.

Généralement il refuse.

─ Je vais dans les jardins attends une minute, cède mon chéri.

Il babille sur ses poules, ses chiens, ses souris, n'importe quel sujet de conversation me va. Son oncle et son père vont s'installer ensemble, quand il va partir à Toulouse. Il est soulagé que son père ne reste pas tout seul.

─ Dis tu voulais quel genre d'alliance ? demande t'il alors que deux minutes plus tôt nous parlions de ces souris.

─ Je ne sais pas. Et toi ?

C'est la première fois qu'il évoque notre mariage. Je pousse un yes intérieur.

Maxance me sourit de son merveilleux sourire. Je me retiens de caresser le téléphone.

─ J'aime bien les alliances de la maison chaumet, elles s'appellent : « amour éternel » mais elles coutent chers.

─ ça a l'air cool, et la couleur ?

─ J'aime l'or rose et toi tu choisis quelle couleur ?

─ Il y a quoi comme choix ?

─ Argent, rose et or.

─ alors disons Argent.

─ Super nos alliances seront assorties. Merci Ira.

─ De rien mon amour.

─ Tu ne me l'as pas dit en face, maugréé Maxance, qui a les larmes aux yeux.

─ Je suis un lâche, je marmonne l'admirant rire et pleurer en même temps.

Je n'ai pas eu le temps d'aller chercher les alliances à cause des entrainements, puisque nous partons dans les Alpes et ensuite ce sera le Japon. Je lui ai promis de m'en occuper dès mon retour en France.

Nous nous sommes envolés pour le japon début juin pour nous acclimater et nous entrainer là-bas.

Mon coach m'a convaincu qu'après les jeux et les championnats du monde de Septembre, j'aurais tout le temps pour la gaudriole.

Joli mot la gaudriole. J'y repense en pédalant tous les jours.

Je ne l'ai jamais embrassé encore et sexuellement je me demande ce que ça va donner.

***

Les flashs crépitent.

L'équipe Française de cyclisme est qualifiée pour le premier tour des épreuves. Nous sommes photographiés par des hordes d'appareils photos de et de petits japonais surexcités qui nous hurlent des ordres que nous ne comprenons pas.

J'ai deux interviews ensuite, avec des journalistes qui se rappellent de l'existence du cyclisme quand nous avons une opportunité de ramener une médaille.

Tous les conseils de ma coach me reviennent en mémoire : Souris, reste impassible, n'affiche pas ce que tu penses ! Imagine toi être un joueur de poker !

C'est moi qui aie eu l'idée du joueur de poker et elle trouvait que c'était génial.

Je sais que je ne dois pas montrer mon stress, mon impatience, mes souffrances.

Il me faut me comporter comme un champion. Nous avons passé une première étape, ils nous restent d'autres courses à gagner.

Intérieurement je suis anéanti.

Maxance n'a pas pu venir. Il a piqué une crise d'angoisse dans le train. Son psy est venu le chercher dans le TGV, qui a été stoppé pour lui et l'a fait hospitaliser en psychiatrie.

Le psy embêté m'a appelé pour m'expliquer que Maxance vit très mal sa rechute et son incapacité à voyager. Ils sont inquiets pour sa rentrée à l'école vétérinaire en septembre et ça je ne le supporte pas.

Je n'arrête pas de me marmonner que je l'avais senti, ma vieille grand-mère de sorcière me revient en tête. Je savais que ça allait merder, je le sentais ! J'aurais dû aller le chercher. Il a eu peur sans moi.

Son père est resté avec lui, me suppliant de gagner mes courses pour Maxance. Le pire entre mon chagrin et ma culpabilité, c'est que Maxance ne veut plus me parler.

J'ai des nouvelles par le psy, il a obtenu que ses souris soient placées dans sa chambre.

Je regrette tellement ! J'aurais dû aller le chercher. Quel con je suis ! Je suis impardonnable !

J'ai l'impression d'être un monstre d'égoïsme. J'ai envie à nouveau de tout casser.

Corinne est à Tokyo, elle est venue m'assurer que ce n'est pas ma faute. Le directeur Ioni m'appelle régulièrement pour me donner des nouvelles. Nous nous sommes rapprochés par magie, pour faire front contre notre ennemi commun, les traumatismes de Maxance.

Mon moral à la veille des épreuves en a pris un coup, mais je compense en me consacrant au sport.

Toutes les délégations sont au courant que chez les français, le futur champion est gay et que son mec est tellement cinglé qu'il a fait stopper un train. Les rumeurs vont vite !

Je m'en moque qu'on parle de moi ! Mais je ne supporte pas qu'il soit malheureux et que son rêve de devenir vétérinaire soit brisé.

Sur accord de son psy, nous avons mis en place une petite ruse car Maxance a rechuté. Il faut stopper son anorexie par tous les moyens. J'ai appelé le Directeur Ioni, en faisant mine de ne parler que des courses, alors qu'il était en visite à l'hôpital.

─ Vous pouvez me montrer Maxance s'il veut bien ?

Le directeur s'est tourné d'un côté que la caméra ne me montre pas.

─ Ira aimerais te voir tu es d'accord ?

Je pense que Maxance a dû accepter, son père a tourné la caméra me permettant de l'admirer.

Il est au fond de son lit avec une perfusion et les souris sur la table devant lui.

C'est tellement dur de le voir si fragile. Je me sens si con de lui avoir demandé quelque chose de trop difficile pour lui.

Je m'efforce de garder une allure neutre, alors que mon cœur saigne. Je dois être courageux pour nous deux. Me voir pleurer sur son sort, ne l'aidera pas.

─ Maxance j'espère que je vais gagner l'or et je rentre promis.

Il hoche la tête, semble minuscule au fond du lit.

─ Tu pourras aller voir le Mont Fuji pour moi et me faire un Visio de là-bas.

─ Si tu veux oui bien sûr. Les souris vont bien ?

─ Elles me protègent. Ils n'ont pas voulu me laisser mes chats et mes chiens.

─ Maxance exagère ! Je suis venu avec Bella. La chienne reste avec lui plusieurs heures tous les jours.

─ Embrasse les souris de ma part. Je suis content qu'elles s'occupent de toi.

L'idée de ne pas avoir ses animaux il n'a pas supporté. J'aurai dû y penser ! Il était pourtant avec son père, mais cela n'a pas suffi.

─ Je n'ai pas pu prendre le train je suis nul, souffle Maxance.

─ On ne voyagera pas ou peut être que si j'avais été là tu aurais pu. Ecoute Maxance on ne se prend pas la tête, on ne voyagera pas.

─ Tu ne me détestes pas ?

─ Je t'aime Maxance, soit patient avec toi !