Chapitre 6 – La Chose dans le Labyrinthe

Le sol vibrait sous leurs pieds. Un battement sourd, profond, résonnait dans les entrailles du labyrinthe, comme si la structure elle-même s’éveillait après un long sommeil. Lena échangea un regard avec Élias et Mara. L’urgence se lisait sur leurs visages.

— On dégage d’ici. Maintenant.

Ils s’élancèrent à travers le couloir, leurs torches projetant des ombres tremblantes sur les murs calcinés. Le bruit derrière eux s’intensifiait, devenant une pulsation lourde et régulière, un son presque organique qui semblait venir des entrailles du labyrinthe.

— C’était quoi ces ombres ?! cria Mara en courant.

— Des âmes piégées, répondit Élias entre deux respirations. Mais elles nous ont laissé partir…

— Ça veut dire que quelque chose de pire nous attend.

Lena ne pouvait qu’acquiescer.

Soudain, le couloir bifurqua brusquement vers la droite. Ils s’y engagèrent sans ralentir, mais à peine avaient-ils tourné qu’un bruit terrifiant retentit derrière eux.

Un grondement.

Non pas un son humain. Pas un cri. Pas un hurlement.

Un rugissement profond, guttural, comme si le labyrinthe lui-même prenait une voix.

Mara poussa un cri et trébucha, s’effondrant sur le sol couvert de cendres. Lena s’arrêta net et l’aida à se relever, mais Élias, lui, resta figé, fixant l’obscurité du couloir qu’ils venaient de quitter.

— Qu’est-ce que tu fous ?! On doit bouger ! s’exclama Lena.

Mais Élias ne répondait pas.

Là, dans le noir, une silhouette gigantesque venait d’apparaître.

Une forme indistincte, massive, qui remplissait presque toute la largeur du couloir. Son corps semblait composé de cendres et de suie, une masse mouvante qui ondulait comme un organisme vivant.

Deux lueurs blafardes s’ouvrirent dans l’obscurité, hautes, inhumaines. Des yeux, mais sans éclat de vie. Juste un vide pâle et affamé.

Puis, la Chose avança.

Le sol trembla sous son poids, et Lena comprit. Ce battement qu’ils entendaient depuis tout à l’heure… c’était son pas.

— Cours, Élias ! hurla-t-elle en l’arrachant à sa stupeur.

Ils détalèrent à travers le couloir, mais la créature les suivait. Chaque pas qu’elle faisait résonnait comme un coup de tonnerre, chaque mouvement soulevait un nuage de cendres.

— On va jamais lui échapper ! sanglota Mara.

Lena chercha une issue, une porte, un passage, n’importe quoi.

Et puis elle le vit.

Un passage étroit sur leur gauche, dissimulé dans l’ombre. Juste assez large pour qu’ils puissent s’y glisser.

— Par ici ! cria-t-elle.

Sans hésiter, ils plongèrent à l’intérieur.

Lena se retourna juste à temps pour voir la créature s’arrêter devant l’entrée, trop massive pour les suivre. Ses yeux vides les fixèrent un instant…

Puis elle rugit, et le labyrinthe tout entier sembla trembler.