Chapitre 1 – Les Cendres Murmurantes

Le vent s’engouffrait entre les ruines calcinées, soulevant des volutes de cendres qui dansaient comme des âmes errantes. Lena resserra son foulard autour de son visage, essayant d’ignorer l’odeur âcre qui imprégnait l’air. Devant elle, l’entrée du labyrinthe s’élevait, massive et menaçante, ses parois noircies par un incendie dont plus personne ne se souvenait vraiment.

— C’est ici, murmura Élias en ajustant son sac à dos.

Lena hocha la tête, observant le mur fissuré qui s’étendait à perte de vue. Il n’y avait aucune porte, aucune indication. Seulement un passage béant, comme une gueule prête à les engloutir.

— On est sûrs de vouloir faire ça ? souffla Mara, la plus jeune du groupe.

Élias lui lança un regard agacé.

— On en a déjà parlé. Si ce qu’on cherche est là-dedans, alors on doit y aller.

Ce qu’ils cherchaient ? Une légende. Un espoir. Certains parlaient d’une cité intacte, cachée au cœur du labyrinthe, épargnée par le feu qui avait tout dévasté. D’autres murmuraient que le labyrinthe lui-même était vivant, qu’il testait ceux qui osaient s’y aventurer.

Lena ne croyait ni aux légendes ni aux contes pour enfants. Mais elle croyait en la survie. Et ici, dans ce monde réduit en cendres, l’espoir valait tous les risques.

Elle s’avança la première.

L’entrée du labyrinthe était étrangement silencieuse. Le bruit du vent s’était atténué, et chaque pas semblait étouffé par la couche de suie qui recouvrait le sol. Derrière elle, Élias et Mara la suivaient de près, leurs torches projetant des ombres mouvantes sur les murs noircis.

Puis un bruit retentit. Un grattement léger, comme si quelque chose rampait dans l’obscurité.

Lena s’arrêta net.

— Vous avez entendu ?

Élias dégaina son couteau, les muscles tendus. Mara, tremblante, resserra sa prise sur son arme artisanale.

Le grattement s’intensifia. Un souffle. Un murmure.

Les cendres bougèrent sous leurs pieds.

Et puis, une voix, faible mais distincte, s’éleva du sol :

— Partez… tant qu’il en est encore temps.

Lena sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Ils n’étaient pas seuls dans le labyrinthe.

Et peut-être que ce qui les attendait n’avait rien d’humain.