Une fois de retour au LSMS, j'y retrouve Riley avec plaisir et la remercie lorsqu'elle me félicite. Je me remets de mes émotions en me plongeant derechef dans le travail : dons du sang, interventions, soins divers... Tout s'enchaîne assez pour m'éviter de réfléchir. Soudain, nous sommes appelés pour une explosion de station essence. Je saute sur le camion de pompier telle une mort de faim — je l'adore ce gros camion — et me précipite sur place. Nous restons un moment sur place pour évacuer les blessés, éteindre l'incendie et réguler la situation avec la police arrivée entre temps. Enchaîne alors un autre appel d'incendie, à l'Oméga, cette fois. Nous voilà repartis de plus belle !

          Sur place, aucun blessé cette fois, mais la patronne, Alessia Miller totalement soûle et son DRH, Martin Journey, en pleine panique. Les cônes de sécurité placés devant la porte pour éviter les « glissades » intempestives auraient pris feu... Inutile de dire que connaissant le passé de Martin, j'imagine déjà dans quel état il se trouve. Pendant que mes collègues s'occupent de l'Oméga, j'en profite pour essayer de gérer la crise de panique en cours de son côté... Rien n'y fait. Ni les discussions de nourriture qui peuvent me calmer ou les évocations de paysages naturels...

          Bien vite, tous les médecins sont réunis au même endroit, réparti en trois groupes : ceux qui éteignent les flammes et jaugent l'incident, ceux occupés à gérer les patients dehors et les derniers, une unité volante qui s'occupe des appels qui continuent d'affluer malgré tout. La ville continue de vivre à côté... Et l'arrivée de John et Olivia vient renforcer encore nos « troupes » bien surchargées. L'équipe est alors quasi au complet, il ne doit manquer que le directeur et un adjoint...

          Plusieurs appels retentissent les uns à la suite des autres, nous obligeant à partir à plusieurs équipes. Je pars avec Olivia sur un accidenté de la route qui se révèle être monsieur Crawley. Pendant qu'Olivia l'emmène à l'hôpital, je rejoins Riley pour une autre intervention, au Benny's cette fois. Ma pauvre amie n'est pas très en forme et je l'incite à faire une fin de service sitôt après. À peine rentrée à l'hôpital, j'y retrouve John en piteux état, lui aussi. Je lui propose de le raccompagner chez lui, pendant que Riley retourne se reposer, elle aussi.

          Le calme semble enfin revenir après cela. La crise de Martin a été gérée par les collègues, les patients n'affluent plus, je peux enfin souffler... Vince fait un bref passage et je prie pour que la fin de soirée demeure ainsi.

          Je laisse mes collègues aller visiter le commissariat nouvellement rénové pour mieux profiter du calme retrouvé. J'irai plus tard... Et je songe à tous les événements de cette journée lorsqu'une voiture noire défoncée s'arrête devant l'accueil pour mieux klaxonner. Qui c'est, encore ? Je me rapproche, mi-figue, mi-raison.

– Vous auriez pas vu Russel, là ?

          Une voix masculine. J'ai vaguement connaissance d'où il pourrait être, mais comme je ne l'ai pas « vu », je réponds en toute franchise :

– Non, désolée.
– D'accord, merci !

          La voiture repart en trombe. Mieux vaut ne pas se mêler de ça. Dans le doute, si je le « vois » je pourrai toujours lui en toucher deux mots. Mais un SMS va vite me changer les idées : Martin.

          Le voilà reparti à me déclarer ses sentiments par messagerie. Je souris, incrédule. Comment peut-on vouloir de moi autant ? Je n'ai rien à offrir, ou très peu de choses... Déjà Vince, je trouvais ça bizarre, mais avec Martin, c'est pire encore. Il me comprend. Et il m'accepte... Je le traite de fou dans ma tête. Pour l'heure, ma réponse n'a pas changé...

          Un second SMS me laisse perplexe. Un certain « Fleur de Lotus » qui me demande un ticket... Qu'est-ce que c'est encore que ce truc ? À peine mes collègues revenus, je leur demande si ça leur dit quelque chose, mais personne ne connaît. C'est bien ma veine...

          Le reste de la soirée est aussi calme et morne que le reste de la journée a été hyper active. Je m'ennuie ferme, malgré une tranche de rire partagée avec Max. Je finis par prendre ma fin de service et je rejoins Vince pour aller faire quelques courses. Une tenue d'hiver ne sera pas superflue !

          Surtout lorsque quelques flocons tombent du ciel en début de nuit...

          Le ciel a parlé : Winter is coming !