25th entry - Winter is coming (1/2)
Lundi 25 Novembre 2019
Invitée à prendre mon service plus tôt, j'arrive vers 16 heures ce jour-là. Kévin et Benjamin sont déjà présents tous les deux. L'ambiance est étrange. Difficile d'expliquer en quoi, je ressens une certaine gêne indéfinissable tandis que je gère quelques dons du sang en attendant de savoir ce qu'ils me veulent.
Le temps file... J'échange quelques SMS avec Vince où je m'étonne d'avoir été appelée aussi tôt pour... rien. Voilà. Je fais mon travail, bien sûr, mais si je suis venue, ce n'était quand même pas pour trois dons du sang et faire plante verte à l'accueil ensuite, si ?
17 heures arrive que la situation n'a pas évolué... Je commence à m'en inquiéter lorsque je vois un patient arriver pour une visite médicale. J'ouvre la bouche dans l'idée de l'inviter à me suivre, enfin une activité, lorsque Kévin me coupe la parole :
– Tu pourrais revenir plus tard ? D'ici une heure environ ?
Oh non ! Je désespère au fond de moi avant de recommencer à attendre... quoi ? Bonne question. Un premier appel au nord retenti, je saute de joie à l'idée de prendre l'hélicoptère, sauf que non...
« Je prends l'hélico, je me dépêche. » déclare le directeur en radio.
D'accord. Très bien. Je suis clouée au comptoir de l'accueil ! Mon cerveau s'emballe depuis une heure, ça sent le roussi. Ils manigancent quelque chose. Le second appel au nord retentit alors : en haut du mont Chiliad !
– On va prendre ! me déclare Kévin.
Et Benjamin en hélico ? En ambulance ? Je n'ai jamais entendu qu'il fallait aller là-haut en ambulance ! Surtout lorsqu'un pilote d'hélicoptère est de sortie ! Je sens d'ici le test impromptu pour ma pomme... Inutile de chercher plus loin. La raison à leur attitude plus que suspecte devient évidente. Me voilà donc en route avec Kévin à mes côtés pour la montagne la plus haute des environs, dans une ambulance alors que c'est normalement interdit (ou au moins vivement déconseillé), sur une intervention qui put le piège à plein nez... Et tout cela en moins de dix minutes ! Je gémis en mon for intérieur. Trop de virages sur la route pour que je réussisse...
Le début du trajet sur bitume se déroule au mieux. Lorsque nous passons sur les chemins de terre, je commence à me méfier. Et dès qu'il faut monter, mes doigts déjà glacés deviennent plus rigides. Foncer dans des virages en lacet pareil revient à me torturer au fer chauffé à blanc. Je déglutis plus d'une fois. Je me trompe sur un virage, que je rattrape vite. La seconde erreur arrive peu après, un peu plus compliquée, mais elle me fait juste perdre du temps. Et comme « jamais deux sans trois », voilà l'ambulance qui glisse sur la pente après un ultime raté ! Je bénis alors mes longues heures de service seule qui m'ont obligée à maîtriser les ambulances : je récupère le contrôle sans paniquer et reprends la montée une fois la route retrouvée. Le pauvre Kévin a dû avoir des sueurs froides...
Bien sûr, j'échoue à arriver tout en haut en moins de dix minutes. Avec ces trois erreurs, dont la dernière, c'était évident. Une fois sur place, je cherche néanmoins la victime, jusqu'à découvrir l'une de mes collègues, cachée dans un buisson. Évidemment ! Un test... Pendant qu'elle parle avec Kévin, je profite du paysage tandis que je refais le chemin dans ma tête. Échouer a toujours été difficile à digérer pour moi. Je déteste les erreurs. Ce qui ne m'empêche pas de les reconnaître pour mieux les éviter après...
Le directeur arrive peu après avec l'hélicoptère, un autre collègue avec une seconde ambulance. Ils discutent ensemble dans leur coin tandis que je patiente, le nez levé vers les nuages. Dans un coin de ma tête, je m'imagine au sommet du mont Borah, où j'allais avec mon père pour de la randonnée. Peut-être est-il ici, à mes côtés, sans que je le sache... Peut-être même qu'il est fier de moi... Des larmes me montent aux yeux, que je refoule vite. Je n'aimerais pas qu'ils s'imaginent des choses, derrière.
– Maé ?
La voix de Benjamin me ramène à la réalité. Je les rejoins, un brin nostalgique, un peu distante, avec l'envie folle de rester là plus longtemps.
– Tes services en tant qu'interne du LSMS sont terminés...
Je me sens pâlir. Est-ce que je réponds quelque chose ? Je ne m'en souviens plus...
– Peux-tu me rendre ton badge, s'il te plaît ?
– Euh, oui...
Échec. Abandon. Solitude. Déprime. Douleur. Tout se mêle et s'entremêle. Une boule au ventre, une autre au fond de la gorge. Ben reprend mon badge de mes doigts glacés avant de m'en tendre un autre, différent.
– Bienvenue au LSMS au docteur Maé Fox...
L'ascenseur émotionnel qui remonte d'un coup me fait tourner la tête. Je me souviens lui sourire avec soulagement, il me semble bégayer quelques mots d'une voix mal assurée. La boule au ventre se dissout non sans difficulté. J'entends bien les félicitations autour de moi, je m'entends répondre, sans me souvenir quoi. Lorsque j'émerge enfin, c'est pour entendre le directeur me proposer de redescendre vers Los Santos en hélicoptère avec lui. Je souris.
– Je dois rentrer en vitesse, je vais plutôt venir avec toi, Ben, déclare alors Kévin.
– Ce serait plus logique que ce soit le nouveau médecin gradé qui en profite, non ? rétorque le directeur.
– Oui, mais c'est pressé, moi, gémit l'adjoint.
Je lève les yeux au ciel à les entendre se chamailler. Face au conflit, je laisse ma place à Kévin dans l'hélicoptère – tant pis. J'aurai bien l'occasion de monter dedans à nouveau... pas dans les mêmes circonstances, certes, mais... À quoi bon ? Je ne suis plus une petite fille... Je n'ai pas à me montrer aussi capricieuse ou égoïste... Je soupire.
– Pour la peine, tu redescendras en ambulance ! annonce Benjamin d'un ton presque boudeur.
Mon regard passe du directeur à l'adjoint. Je m'interroge un moment sur leur relation, avant de laisser ça dans un coin de mon esprit jusqu'à nouvel ordre. Pendant ce temps, Ben reprend l'hélicoptère — seul — tandis que je récupère Kévin et ma collègue dans l'ambulance. L'autre médecin reprend la seconde et redescend par le chemin le moins escarpé, ce gros veinard. Quoiqu'en sens inverse, je me sens plus confiante. Je fais bien un « deux roues » quelques instants à un moment donné, mais rien qui puisse me faire peur. J'ai l'ambulance assez bien en main pour savoir ce qui passe de ce qui ne passe pas...
C'est ainsi que je rentre tranquillement à l'hôpital...
A suivre...
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