Mercredi 6 Novembre 2019

          Ma prise de service à 18 h sans prendre le temps de manger un morceau m'évite de réfléchir. Le seul désavantage, c'est que j'ai l'air tellement fatiguée que cela se voit comme le nez au milieu de la figure ; tant pis ! Au moins le début de soirée se déroule dans le calme. J'ai juste Théo qui me contacte et désire me parler. Il me demande de venir le chercher à l'aéroport, car il se cache. Entre le LSPD, Sonia et Martin, j'hésite bien, mais finis par me décider. Chacun a le droit de se défendre...

          Prête avec mon ambulance, je paramètre le GPS lorsqu'il m'envoie un autre SMS : un taxi vient de s'arrêter devant lui, il le prend. Je préfère cela. Partir sans avoir reçu de demande sur le répondeur me mettait en porte-à-faux avec mon directeur, bien présent, même si occupé. J'avertis Charlie par mesure de précaution que je vais discuter avec Théo. Juste « au cas où » ! Lorsqu'il arrive, Aurélien et Sarah prennent justement leur service, autre détail rassurant.

          Notre discussion ensuite me laisse un arrière-gout doux-amer en bouche. Lui m'affirme qu'il aurait tasé Sonia car elle se montrait violente et qu'il n'aurait jamais menacé personne de tirer avec une arme lourde. Qu'il ne porte qu'un 9mm sur lui, bien dissimulé dans ses vêtements. Qu'il s'est rendu au LSPD la veille pour admettre avoir agressé sa meilleure amie qui l'a trahi ensuite. Que Martin n'a rien entendu et juste suivi Sonia. Que personne ne l'a réellement entendu menacer personne...

          Pour l'heure, je lui laisse le bénéfice du doute. Même si toutes les personnes présentent ce jour-là étaient des habituées du bar et que la probabilité qu'ils se soient mis d'accord pour « plomber » Théo me paraît étrange. Après, je garde en tête qu'il peut encore me mentir. Néanmoins, même si je reste méfiante, il est évident qu'en l'état, il n'est pas violent ou agressif. Sonia m'aurait demandé de ne plus le revoir en m'expliquant qu'il n'était pas digne de confiance dans l'espoir de quoi ? Juste semer la zizanie ? Ridicule. Ou isoler Théo ? Peu probable. Je compte bien savoir la vérité. Suffit d'attendre...

          Comme je l'expliquais à Vince plus tard, un médecin ne diagnostique pas sa famille. Un psy ne psychanalyse pas sa famille. Et ce pour une bonne raison : les sentiments ont tendance à corrompre notre jugement. Théo demeure mon premier ami à Los Santos, celui qui m'a le plus aidée à m'intégrer les premiers jours... tout comme je tiens à tous ceux qui travaillent à l'Oméga. Je déteste cette situation. Pour l'heure, je resterai neutre. J'aurais pu faire des études pour devenir juge si la carrière de médecin ne m'avait pas tant passionnée...

          Sonia et Théo auraient surtout besoin d'un médiateur. Le LSPD prévoit une confrontation, excellente idée, au demeurant. On verra bien.

          Théo parle avec Ben Ymanouel, le patron de la LMB, l'entreprise de bière locale. Je ne comprends pas le rôle de cet homme dans sa vie, mais Théo pense qu'il pourra l'aider. Je lui fais confiance pour sauver sa peau. Avant son départ, il me prévient qu'il a rencontré Alessia et Tom Miller pour s'expliquer avec eux et qu'il n'est pas viré du bar. Une bonne chose, surtout s'il est innocent.

          La présence de monsieur Ymanouel s'expliquera quelque temps plus tard, dans la soirée, lorsqu'un appel dans le nord m'incitera à suivre mon directeur en hélicoptère. Sur la récolte de la LMB, justement, où m'attendent Sonia et Martin... Depuis quand ces deux-là ne travaillent-ils plus à l'Oméga ? Depuis quand sont-ils brasseurs ? Je préfère ne pas poser de questions à ce sujet. Mais leur défection du bar me paraît bien plus suspecte que les 5 témoins présumés du coup d'éclat de Théo... Il se trame quelque chose de pas net.

          Le dispositif médical pour le soir des élections m'oblige à enfiler la tenue de cérémonie. Je ne suis pas fan du bleu, encore moins de la casquette réglementaire, mais bon. L'occasion de voir ces messieurs en tenue bien serrée et d'en profiter ! Enfin, sauf avec Aurélien, je ne voudrais pas faire croire à Sarah que j'ai des vues sur son homme ! Surtout que d'après lui, elle est férocement jalouse. M'enfin... C'est surtout histoire d'apprécier le spectacle plus qu'autre chose...

          Nous finissons à la Maze Bank Arena pour l'annonce des résultats. Là-bas, la foule arrive au compte-goutte. J'y retrouve Théo, déguisé en vieil homme qui tente de passer inaperçu. Il me « force » à un câlin, de quoi le cramer immédiatement, selon moi. Mais c'est lui que ça regarde. Vu le dispositif policier, j'imagine mal quiconque vouloir faire un coup d'éclat !

          En parlant de policier...

– Bonsoir ! Je voudrais parler avec votre directeur s'il vous plaît !

          Une voix grave retentit à mes oreilles et j'observe le nouveau venu de la tête au pied en deux secondes : le lieutenant Danton, encore jamais vu. Difficile de jauger « la bête » avec sa tenue de cérémonie rutilante. Surtout qu'il tient son rôle avec un sérieux incroyable. Je laisse les autres gérer avec un plaisir indicible. Certes, travailler seule a ses avantages, mais qu'est-ce que c'est plaisant aussi de n'avoir rien d'autre à faire que soigner et toucher son salaire ! Mais je m'égare.

          En attendant les résultats, on a le temps de gérer quelques personnes pour divers petits bobos et une grippe de passage. Rien de méchant. On finit tous assis en rang d'oignons sur les bancs, de quoi susciter quelques photos de curieux... Soi-disant que nous sommes « trop beaux comme ça ! »... Mouais. Venant de ces messieurs, n'allez pas me dire que c'est la première fois que vous voyez ça ! Pas à moi. Je suis aveugle la majorité du temps, mais cette excuse-là...

          Les résultats finissent par tomber avec Kyra Walker réélue. Vu les intentions de vote calculées, cela n'a surpris personne. Pour ma part, je m'en fiche un peu pour le moment, tant que je reste médecin et qu'éventuellement j'ai une réponse à mon projet associatif. Je jugerai sur pied. Après tout, elle n'a rien promis sinon de l'aide au logement...

          En parlant de logement, en fin de soirée, j'ai pris 10 tickets au nouveau Vice-Gouverneur, monsieur Russel, afin d'espérer gagner mon chez-moi. Je regretterai bien l'hôpital si je gagne, mais j'en gagnerai des places de parking gratuites, de quoi sortir plus souvent ma jolie sans permis rouge. En attendant une petite Hermès qui me fait de l'œil...

          En attendant, la soirée a été remplie ! Avec l'arrivée d'Olivia, j'ai eu une bonne excuse pour papoter avec une collègue. Surtout que nous sommes arrivées ensemble à la fois en ville et à l'hôpital, j'arrive mieux à lui parler qu'aux autres, pour le moment. Bref. Un peu de commérage, quelques patients... dont un qui a peur des armes à feu comme moi ! J'ai été agréablement étonnée. Grâce à lui, la police envisage même d'adapter le permis de port d'arme aux gens dans sa situation ! Il est gentil de faire le « crash test » pour moi, sans le savoir...

          Même si je n'ai aucune envie de passer ce truc malgré ça...

          Mais tant que personne n'aura compris que je ne vais pas hors de ma zone de confort sans une bonne raison, ou une incitation suffisante, je sens que tous vont galérer autour de moi.

          Vince aussi, tenez. Quand il m'a proposé le volant, dimanche dernier, pour que je m'entraine à aller vite « sur piste » et que j'ai refusé. Il me l'aurait imposé, ou feint d'avoir des soucis de santé, peut-être que... Trop gentil ? Non. Impossible d'être « trop » gentil ! Mais je n'ai jamais prétendu que gérer mes phobies était simple.

          D'ailleurs, en parlant de lui, je l'ai averti pour samedi... Mince...

(tâches de larmes)

          Aurélien et Sarah nous ont invité chez eux, Olivia, Max et moi, une fois le calme revenu. J'ai été étonnée. Ils habitent une grande villa avec vue sur la ville, très spacieuse et agréable. On ne croirait pas qu'ils sont si riches, en vérité. L'ambiance est un peu bizarre jusqu'à un appel d'urgence vers la joaillerie, une « zone sensible »... Je propose d'y aller, comme je connais bien ce groupe de bras cassés qui traine là-bas. Aurélien et Sarah s'inquiètent, Olivia appelle le LSPD...

          En chemin, je réponds à l'un des membres du groupe qui a laissé un appel aussi sur le répondeur LSMS. Rémi Williams qui... s'excuse de nous déranger ! Cela me fait bien rire. Tout le monde s'inquiète pour ce qui semble bien être une autre bêtise de ces joyeux lurons... Ce qui se confirme une fois arrivé sur place. Ils sont trois, morts de rire devant leur pote qui a... trébuché sur son pas de porte. Entre lui et « crête rouge » aka Jake Sully de Mirror Park qui oublie de boire, je vais finir par croire que la crédibilité criminelle de cette ville est en chute libre !

          L'affaire ne s'arrête pas là. Dès leur ami relevé, ils se mettent à se chamailler comme des maternelles, au prix d'Olivia qui finit par se prendre un coup. Je rigolais avant, cette fois, je hausse le ton, rapidement suivi par monsieur Williams... qui demande a être ramené vers l'hôpital pour rentrer chez lui. La crédibilité rase, cette fois, les pâquerettes...

          Une fois de retour à l'hôpital, nous recevons un appel de la police :

« LSPD pour LSMS ? »

          Je préfère attendre, comme Sarah, Aurélien et Max sont encore présents. Mais Olivia répond... la malheureuse !

« LSMS à l'écoute ? »
« Pourriez-vous nous envoyer un médecin pour le check-up médical de deux individus pour une mise en fédérale ? » reprend le ténor du Sergent-Chef Conor-Rache.

          Après un bref appel à nos supérieurs, qui ne râlent bizarrement pas que nous ayons répondu à l'appel LSPD à leur place, ce qui me paraît bien suspect, nous finissons par recevoir l'ordre d'aller au commissariat les attendre. Ben voyons... Ça pue. Je garde le silence néanmoins, peut-être étaient-ils trop occupés...

          Nous voilà donc parties jusqu'au comico, où le Sergent-Chef Conor-Rache nous attend et nous propose immédiatement de descendre, sans attendre les autres médecins. De plus en plus suspect... Bonjour la crédibilité !

          Dès que nous arrivons devant les cellules, où nous attendent Aurélien et Sarah, comme par hasard, ma suspicion se révèle juste : Max est en tenue de fédérale dans une des deux cellules ! Bonjour l'exercice surprise... Olivia ne comprend pas immédiatement, je dois lui pointer Max du doigt et lui dire de bien regarder le prisonnier en question...

          Comme si l'entretien privé entre Sarah et Aurélien dans leur villa, juste après avoir parlé de nos formations, n'avait pas déjà été assez suspect... Je regarde l'autre prisonnière, Charlie. Je laisse donc Max à Olivia et rentre dans la cellule de mon amie. Et me voilà à m'entrainer avec une Charlie trop heureuse de pouvoir insulter gratuitement son Sergent-Chef ! Je rigole trop. On sent qu'elle le charrie pour la forme et qu'il prend ça à la plaisanterie. L'exercice se déroule donc dans la bonne humeur générale.

          Une fois terminé, je préviens Vince qu'il venait de louper une bonne occasion... Il s'en mord vite les doigts, surtout que je laisse à Charlie le soin de l'avertir des détails et le faire mousser autant qu'elle le veut. Avant de partir, je plaisante à nouveau avec le Sergent-Chef à propos de la fichue grue devant leur comico. Je lance un hameçon et je pêche alors un gros poisson : il avoue avoir encore monté dessus lui-même ! Sale gosse !

          Sur le retour, je parle un peu de lui à Olivia, notamment de l'affaire « Conor-Rache contre Conor-Rache » que j'ai dû juger en salle d'examen, ce qui me fait encore bien rire. J'en profite pour la mettre en garde contre le Sergent Ourane, même si elle n'a visiblement aucune envie de sortir avec... En vérité, je la verrais bien avec le Sergent-Chef Menpeur, ils se ressemblent assez tous les deux. À voir.

          Ma soirée se termine après une bonne tranche de rigolade avec Sarah, Olivia, Aurélien et Max sur le parking. Au final, je finis par considérer que Sarah préfère sans doute rester sur la réserve avec les personnes qu'elle ne connaît pas. C'est une femme bien qui mérite d'être mieux connue pour être réellement appréciée. Comme je l'ai dit l'autre jour, je vais y travailler !

          Sourire, sourire... Même si le 9 arrive...