20 novembre 1968

Je suis différent, je ne suis pas comme les autres,
Les autres jouent, mais moi je suis toujours à l'écart,
Mes nuits sont pleines de rêves qui me font peur,
La lune brille, et moi je tremble dans le noir.

Ma mère dit que tout ça passera un jour,
Mais parfois, j'ai l'impression que je suis déjà perdu,
Elle dit que je serai changé, que je serai plus grand,
Mais je ne veux pas devenir ce monstre effrayant.

Je suis un garçon, mais je me sens différent,
J'ai des choses qui me rendent sale, un secret cruel,
Mon père me regarde, mais je n'ai pas sa place,
Je suis celui qu'il évite, celui qui laisse une trace.

Les autres me regardent, mais je ne veux pas qu'ils sachent,
Que la bête est là, qu'elle prend tout l'espace,
Un an peut-être, et je serai plus qu'un garçon,
Je serai un monstre, et je ne pourrais plus fuir l'horizon.

Je suis différent, c'est comme ça que je suis,
Un enfant effrayé, dans l'ombre de ma nuit,
Et même si la lune brille au-dessus de ma tête,
Je suis Remus Lupin, et je crois que je suis une bête.

Assis sur le bord de son lit, dans l'obscurité presque totale de sa chambre, Remus tenait son petit carnet serré dans ses mains tremblantes. Il avait peur, comme toujours, de ce qu'il allait écrire, mais il n'arrivait pas à arrêter. Les mots tournaient dans sa tête, bousculant ses pensées, et la plume, presque instinctivement, glissait sur le papier, traçant les mots qu'il n'osait jamais prononcer à voix haute.

Il se sentait différent, comme un enfant perdu dans un monde qu'il ne comprenait pas, pris entre la lumière de la lune et l'ombre de ce qu'il allait devenir. Les autres enfants ne le comprenaient pas, et même ses parents semblaient si lointains, chacun vivant dans sa propre réalité. Il avait besoin d'écrire pour tenter de rendre sens à sa peur, pour comprendre un peu mieux cette terreur qui l'envahissait chaque nuit. Les mots venaient plus facilement quand il était seul, dans cette pièce silencieuse, la seule où il pouvait vraiment être lui-même.

En terminant son poème, il resta un long moment là, son regard fixé sur les mots. Ils étaient sa vérité, une vérité qu'il ne pourrait jamais partager avec quiconque. Un frisson lui parcourut l'échine en pensant à la transformation qui approchait, à cette promesse de changement que sa mère lui avait donnée. Un changement qu'il ne voulait pas. Remus savait au fond de lui qu'il était destiné à devenir quelque chose qu'il redoutait plus que tout, et c'était ce qu'il avait écrit, là, sur cette page.

le poème d'une bête sauvage