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Chapitre 7 - J'ai un père...

4 Janvier 1665,

La journée commence comme toutes les autres. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, j'ai le pressentiment que quelque chose va se produire. Attends, je viens vraiment d'écrire ça ? Je ne sais plus quoi inventer pour rendre mon quotidien passionnant.

Maman va mal. Son état a empiré depuis hier. Elle délire par moments. C'est assez effrayant. Je fais de mon mieux pour la soulager mais rien n'y fait. J'ai peur. Peur pour elle. Il faut dire qu'elle n'est peut-être pas la mère dont tout le monde rêve mais elle m'a élevée et aimée, ce qui est déjà beaucoup. Peut-être veux-tu en savoir plus sur elle Monsieur Gift ?

Ma Maman est née en 1629. C'est la petite dernière d'une famille de huit enfants. Pour ne pas endetter ses parents, elle a décidé de partir vivre seule à l'âge de 16 ans. Elle est alors venue sur l'île dorée, une colonie française au climat dur et froid, et a cherché un travail. A l'époque, on n'embauchait pas les jeunes filles sur le port.

Il ne lui restait qu'une solution pour ne pas mourir de faim. Un travail on ne peut plus dégradant. Elle m'a toujours dit que son métier était de rendre les hommes heureux en leur donnant de l'amour. Je sais à présent ce que cela signifie mais Maman a toujours su montrer le bon côté des choses.

A force de'travailler' elle a finit par tomber enceinte. De moi. Et c'est là que l'on voit toute la différence entre elle et les autres femmes. Au lieu d'essayer de se faire enlever le bébé, elle l'a gardé et l'a élevé du mieux qu'elle a pu. Elle m'a aimée de tout son cœur. Il y a quelques mois, elle a contracté un virus lié à son'travail' et elle a dû arrêter. Tu connais la suite. Je sens quelquefois qu'elle aimerait qu'un homme soit là pour nous protéger, nous nourrir et me servir de père. Mais je n'en ai pas besoin, je l'ai elle.

Bref, après cette histoire attristante, je viens de me rendre compte que cela fait exactement 15 jours que j'ai envoyé la lettre de Maman au capi... Tu vois de quoi je parle. Peut-être qu'il va enfin se montrer ? De toute façon, s'il n'est pas là aujourd'hui, j'abandonne.

J'ai eu de mal à quitter Maman ce soir. Son état est vraiment alarmant. Je suis tout de même partie pour le port et je suis arrivée juste à temps. Le clocher sonnait 21h au moment où j'ai posé le pied sur le ponton. J'ai regardé autour de moi. Personne. J'ai levé les yeux vers l'horizon. Rien. On m'a encore posé un lapin...

Eh ! Mais... Il y a des voiles à l'horizon. Et je suis bien placée pour savoir que tous les bateaux de pêche sont déjà rentrés au port. Ce bateau est vraiment... grand. Je n'en ai jamais vu avec d'aussi larges voiles. Je vais attendre qu'il se rapproche. Ça y est ! Je distingue la proue. Euh... Ce n'est pas possible, je rêve ?! La proue, c'est tout simplement Maman. Ma Maman. En version jeune. Et elle tient dans ses mains une gemme dorée en forme de cœur. Plus de doute, c'est le Golden Gem. Maman n'a pas menti. Il est venu.


Nicolas a eu bien du mal à s'extirper de l'histoire mais une fois de plus, il a fallu aller déjeuner. Il a mangé goulûment son repas devant son père, interloqué.

– Tu es pressé Nicolas ? A fini par demander ce dernier.

– Oui...

– Puis-je savoir pourquoi ?

– Livre à lire. Pachionnant. A répondu son fils, la bouche emplie de riche nourriture.

– Ah... Je vois. Quel est ce mystérieux ouvrage ?

– Le Chid.

– Le... ?

Nicolas avala avant de reprendre :

– Le Cid. Corneille.

Son père approuva d'un mouvement de tête.

– D'accord. Tragédie cornélienne. Passion. Combat. Je vois. Intéressant, en effet.

– J'y retourne. Bonne fin de repas, père.

Le jeune homme avait vidé son assiette en un clin d'œil et remontait déjà l'escalier quand son père leva les yeux de sa propre assiette.


5 Janvier 1665,

Je ne sais pas par quoi commencer. Dois-je te raconter tout ce qui est arrivé depuis que j'ai aperçu ce fichu rafiot au loin ? Ou t'expliquer l'état émotionnel compliqué dans lequel je me trouve ? Ou décrire tout simplement l'endroit d'où je t'écris – assez différent de celui d'hier, j'en conviens.

Je pense que je vais tout reprendre depuis le bédut (oui, je n'ai pas pu m'empêcher de faire ce génial jeu de mots, je sais ce que tu en penses...). Donc, hier soir, 21h10, je vois, comme sorti d'un rêve, le Golden Gem surgir devant moi. Des voiles immenses. Une proue magnifique. De quoi éblouir même le marin le plus aguerri. S'il y en avait eu un sur le port, je suis sûre qu'il se serait jeté à l'eau, rien que pour embrasser la coque de ce fabuleux vaisseau. Je m'égare.

Je vois donc la frégate s'approcher, à une vitesse impressionnante. Elle accoste et je me poste sur le bord du ponton, appuyée contre une bite d'amarrage. Une passerelle est jetée à bas du bateau, un homme en enjambe le bord et commence à descendre. Un grand homme. Je ne peux ni voir ses yeux, ni ses cheveux dans la pénombre de cette soirée d'hiver mais un détail retient mon attention. Deux points brillants le long de ses jambes. Les broches ! Il porte également un grand chapeau sur lequel je distingue deux plumes. Plus de doutes, c'est lui.

Il  est arrivé sur le ponton, suivi de deux hommes. Ce n'est pas le moment de se démonter. Il faut absolument qu'ils consentent à me suivre. Aussi, au moment où il allait passer devant moi, j'ai pointé mon sabre en travers du chemin. Il s'est arrêté net et à tourné la tête vers moi. J'aurai parié qu'il ne m'avait même pas remarquée avant cet instant et n'aurait pas été surpris de voir un fantôme à ma place. J'ai parlé :

Qu'est-ce qui vous amène par ici... Monsieur Shark ?

Qu'est-ce qui vous fait croire que je suis cet illustre pirate, Mademoiselle... ?

Ariana. Mademoiselle Ariana. Et bien, à moins que le bateau dont vous venez d'émerger soit un vaisseau fantôme, il me semble qu'il s'agit du Golden Gem. Or, le capitaine de ce bateau s'avère être nommé Shark. Suis-je dans l'erreur ?

Non. Je vous le concède, vous avez raison. Mais que me vaut l'honneur d'être arrêté ainsi sur l'île de tous les excès ? Vous n'allez pas me faire croire que vous êtes un homme du gouverneur ?

Suivez-moi.

Pourquoi devrais-je vous obéir ? A vous ? Une jeune fille. Jeune donc inférieure à moi de part l'âge. Et femme. Doublement inférieure dans ce cas.

Je n'avais toujours pas enlevé ma lame de son menton et il osait argumenter ? Me traiter d'inférieure ?

Regardez plus attentivement cette lame.

Il a, pour la première fois, posé ses yeux sur mon sabre et son visage a changé de couleur. Même dans l'obscurité environnante, je l'ai vu pâlir.

Montrez-nous le chemin, a-t-il dit.

J'ai rengainé mon arme et, sans un regard en arrière, j'ai tracé la voie vers chez moi. A mon grand étonnement, ils ont suivi. Notre petit groupe a donc traversé les rues tortueuses et boueuses de l'île pour arriver chez moi. Je m'attendais presque à l'entendre se plaindre de la saleté, mais non. Rien de cela. Ils m'ont tous suivie en silence, comme des ombres.

Une fois arrivés, je suis entrée en leur demandant d'attendre dehors. Maman a compris dès que je suis entrée. Elle sais lire sur mon visage comme personne. Parfois, je me demande à quoi sert la parole ? Je suis retournée ouvrir. J'ai laissé entrer le capitaine mais j'ai claqué la porte au nez des deux autres. Un malotru chez nous passe encore. Trois ?! Non.

Une fois de plus, le capitaine m'a grandement étonnée. Il faut dire que je ne m'attendais pas à sa réaction. Pas du tout. Je pensais qu'il allait à peine reconnaître Maman, à peine parler. Rien de cela. Il s'est tout simplement jeté à genoux devant son lit et a pris sa main pour la serrer dans les siennes. Voici à peu près ce qu'ils se sont dit :

Jeanne ! Jeanne..., a commencé le pirate, j'ai eu ta lettre. Dis-moi que ce n'est pas vrai, dis-le moi !

Hélas, tu sais bien que je ne t'aurais pas fait venir si je ne savais que la fin était proche.

Non. C'est impossible. Ne me laisse pas Jeanne. Ne m'abandonne pas si tôt.

Là, j'ai cru bon d'intervenir.

Euh...Puis-je me permettre de vous rappeler, tout d'abord que j'existe, parce-que vous paraissez avoir oublié ce léger détail, et ensuite que cela fait quinze ans que vous n'avez pas montré le bout de votre museau. Donc évitez de parler ainsi à ma mère.

Votre mère ?

Cette fois, c'est Maman qui a voulu expliciter la situation.

Oui Peter. Ariana est ma fille, TA fille.

Voilà le tour du pirate d'être étonné. Maman nous a fait le coup à tous les deux visiblement. Me révéler l'existence de mon père au bout de quinze ans. Lui révéler qu'il a une fille qui a déjà quinze ans.  

Ce n'est pas vrai, fut tout ce qu'il trouva à dire. 

Non, en effet, je ne me tiens pas juste devant lui avec des éléments de ressemblance assez frappants, non, c'est vrai. Ma mère énuméra une fois de plus tout ce qu'il y avait de commun entre nous. Plus elle parlait, plus je voyais qu'elle avait raison.

Aussi saugrenu que cela puisse paraître, j'étais bien le fille du capitaine Shark. Finalement, la vie peut être pleine de surprises, non ? Une fois que Maman m'eut légitimée aux yeux de Shark, de Peter, de mon père, -enfin bref, tu sais de qui je parle – elle a raconté une histoire que je ne connaissais pas encore :

Voilà, il y a seize ans maintenant, tu es arrivé pour la première fois ici, Peter. Tout jeune capitaine. Tu venais de quitter les ordres du gouverneur pour te faire pirate. Tu es venu pour prendre des conseils et tu m'as rencontrée. Du moment où je t'ai vu jusqu'à maintenant, je n'ai cessé de t'aimer. Sache-le. Et je sais que c'était réciproque. Nous avons passé une année merveilleuse, pendant laquelle tu cherchais des matelots. Mais tu n'avais pas d'argent. Pas un sous. Alors, une fois ton équipage au complet, tu es parti. Tu m'as laissée. Ne dis rien. Je sais que c'était nécessaire. Comment aurais-tu pu m'aider ? Nous n'avions aucune chance de pouvoir vivre ensemble comme toutes les autres familles. Tu avais fait ton choix de vie. J'avais fait le mien. (Maman a soupiré) Quelques semaines après ton départ, j'ai découvert que j'étais enceinte. Je n'avais eu aucun client après toi, j'étais trop triste pour travailler. L'enfant était donc bien le tien et je l'avais sur les bras. Mais je n'ai pas fait comme toutes les autres. Je n'ai pas essayé de le perdre. Non. Je savais que l'enfant à naître était le tien, que j'aurai un bout de toi avec moi, pour longtemps. Ariana est née et je l'ai élevée comme j'ai pu. J'ai dû reprendre mon malheureux travail pour nous faire vivre mais j'étais heureuse parce-qu'elle était là, toujours près de moi. C'est une bonne petite Peter. Elle m'a aidée de son mieux dès qu'elle a tenu sur ses jambes. Et en même temps, elle est exactement comme toi. Je suis heureuse. Je n'ai aucun regret. J'ai eu une vie extraordinaire, mieux que tout ce dont j'aurais pu rêver. (Maman a de nouveau fait une pause) Ariana, approche-toi mon enfant. (Je me suis agenouillée près d'elle). Écoute-moi bien. Je veux que tu vives aussi heureuse que moi. Tu es d'un naturel joyeux mais je veux que tu trouves le bonheur, tu m'entends ? Et pour cela, il faut que tu trouves l'amour, juste comme moi. Même sans être là, Peter a égayé toutes mes journées. Même si j'ai dû consoler d'autres hommes, mon cœur n'a jamais appartenu qu'à un seul. Je sais que ton père m'aimait aussi de tout son cœur, qu'il pensait à moi chaque jour. Trouve ton âme sœur ma chérie, c'est ce qu'il y a de plus merveilleux dans la vie. C'est pour cela qu'elle mérite d'être vécue. Alors maintenant, écoute ton cœur et vis !

J'ai vu Maman fermer les yeux. Le capitaine et moi nous sommes jetés sur elle. Elle a lentement rouvert ses paupières et j'ai soupiré de soulagement. Comment avais-je pu croire un seul instant qu'elle me quitterait ? Elle a recommencé à parler, au capitaine cette fois.

Peter... Peux-tu me promettre quelque chose ?

Tout ce que tu veux Jeanne, ma chérie.

Prends...Prends soin d'Ariana.

Je ne peux pas... Je...

Emmène-la avec toi. Elle a tout d'une vraie pirate et je sais qu'un grand destin l'attend. C'est ta fille.

Jeanne...Si je ne t'ai pas emmenée avec moi – et crois bien que je le désirais de tout mon cœur – c'est parce-que j'avais peur pour toi ! Peur qu'on te blesse, peur qu'on te prenne en otage, ... La vie de pirate n'est pas faite pour les femmes, aussi déterminées soit-elles.

Elle a la piraterie dans le sang. Je t'en prie. Promets-moi que tu t'occuperas d'elle.

Il a hésité encore un instant et a finalement accepté :

C'est d'accord. Je te le promets.

Oula ! Stop.  A ce point, la conversation prenait une tournure qui ne me plaisait pas du tout. Je suis intervenue :

Sans vouloir interrompre ce charmant échange, je ne suis pas un objet. Je reste avec toi Maman. Nous resterons toujours ensemble.

Maman a souri. Un sourire qui ne me plaisait guère. Un sourire du genre « Je suis fière de toi ma chérie, tu as compris ce que je t'ai enseigné, maintenant je te laisse avec un inconnu en qui j'ai entièrement confiance ». Elle a de nouveau fermé les yeux et je me suis instinctivement rapprochée.

Je meurs heureuse, entourée de ma famille, que j'aime plus que tout, a-t-elle dit, d'une voix faible.

Alors là, je peux dire que ça me plaisait encore moins que tout ce qui s'était dit avant. J'ai crié :

Maman ! Ne me laisse pas. J'ai encore besoin de toi !

Elle n'a pas répondu. J'ai continué, encore plus fort.

Je t'aime Maman !

Elle a soulevé doucement ses paupières, m'a regardée et m'a dit :

Moi aussi Ariana.

Elle a levé la main et l'a posée sur mon cœur.

Je serais toujours là, avec toi.

J'ai pris sa main et je l'ai serrée de toutes mes forces. Je sentais les larmes couler le long de mes joues mais cela ne me préoccupait pas outre mesure. Je sentais aussi la présence du capitaine, à mes côtés, qui tenait l'autre main de Maman. D'ailleurs, cette main que je tenais, que je serrais, je l'ai sentie se raidir dans la mienne et j'ai su que c'était fini. Fini. Fini de la belle vie avec ma Maman adorée. Fini de son sourire, de ses paroles réconfortantes, de la douceur de ses bras. J'ai hurlé, pleuré, tout en tenant la main de Maman. Mais non, c'était fini. Terriblement, irrémédiablement fini.

Le capitaine s'est levé. J'ai cru le voir essuyer une larme et il est allé ouvrir la porte. Je l'ai entendu dire à ses hommes ces simples mots « Emmenez-la ». Sur le coup, je n'ai pas compris. J'entendais mais je n'écoutais pas. J'ai senti de grosses mains me saisir sous les aisselles. Je ne voulais pas lâcher la main de Maman. Je ne voulais pas partir et la laisser seule. Mais les mains ont tiré plus fort et les bouches associées à ces mains ont grommelé. J'ai été forcée de lâcher et j'ai vu Maman, ma Maman, s'éloigner de moi à mesure qu'on me traînait hors de la maison.

Ils m'ont traînée jusqu'au port. Je n'aurai pas pu marcher, de toute façon. Mes pieds raclaient le sol, ma jupe se maculait de boue, mes larmes coulaient, coulaient, coulaient. Sans que je sache vraiment comment, j'étais sur le Golden Gem. J'ai vu les hommes s'agiter et j'ai compris que nous allions lever l'encre. Partir. Partir loin de cette île qui m'a vue naître et grandir, loin du monde que je connaissais, loin de tout ceux que j'aimais, loin de Maman.

Je me suis précipitée vers la balustrade pour voir que nous avions déjà quitté le port. Je ne voulais pas partir. J'ai commencé à enjamber le bord pour me jeter à la mer et rejoindre ma terre natale mais une fois de plus, une main m'a retenue. Une voix, que je ne connaissais que trop bien, a dit :

Si j'étais toi, je ne ferais pas cela.

Sans me retourner, j'ai répondu :

Et pourquoi donc ?

Je doute que tu saches nager.

Malgré mon cerveau embrouillé, j'ai enregistré que cette information n'était pas totalement fausse et pas inutile. J'ai pourtant renchéri :

De toute façon, j'ai tout perdu.

Je sais. Je suis désolé.

J'ai eu envie de me jeter dans ses bras. Quelqu'un s'attristait sur mon sort. Même si les mots étaient banals et sans peu de sens, quelqu'un pensait à moi. Et je connaissais ce quelqu'un. Je me suis retournée pour faire face à William. Son visage, ses yeux noisette, ses cheveux blonds. Finalement, j'avais un père – dont je ne savais rien, c'est vrai – et un ami sur ce rafiot. Il m'a tendu la main et je l'ai prise. Je suis remontée sur le bateau, toute envie de me jeter à la mer envolée. J'ai parlé :

C'était donc ça. Tu fais partie de l'équipage de Shark.

Je suis même son second, a-t-il déclaré fièrement.

Intéressant, me suis-je contentée de répondre.

Ça fait déjà quatre jours que l'on mouille dans la baie d'à côté.

Pourquoi le capitaine n'est pas venu avant ?

C'est un homme prudent, le capitaine. Il est recherché dans à peu près tous les pays de cette Terre et ne voulait pas tomber dans un piège. Certains chefs d'Etat ont fini par faire le lien entre le proue du bateau et ta mère. Alors, le capitaine a déjà reçu de nombreuses lettres de Jeanne, le pressant de venir à terre. Toutes se sont avérées fausses, sauf celle-ci. C'est pourquoi j'étais en reconnaissance depuis quatre jours, pour m'assurer que ce n'était pas un piège... Tu sais, il l'aimait vraiment ta mère, il est allé dans tous les endroits d'où venaient les fausses lettres pour vérifier si elle n'avait pas vraiment besoin de lui.

J'ai souri. Et j'ai baillé. Il devait bien être 22h30 à présent.

Si tu veux bien, je vais aller voir mon père, ai-je dit, peux-tu me montrer sa cabine Will ?

Il m'a montré le chemin jusqu'à l'arrière du bateau et s'est arrêté devant une porte en bois, gravée de tortues. Il a frappé doucement et est entré.

Votre fille désire vous voir capitaine, a dit Will.

Qu'elle entre.

Will m'a fait signe d'entrer, s'est écarté et est sorti, refermant la porte derrière lui. Je ne savais pas vraiment quoi dire. J'ai simplement posé une question qui devenait essentielle :

Je suis fatiguée père, où puis-je dormir ?

Il a levé la tête de son bureau, où il étudiait une carte, et a levé un sourcil dans une expression à la fois interrogatrice et réprobatrice.

Ne m'appelle pas ainsi. Ici, je suis le capitaine pour tout le monde.

Très bien, capitaine, ai-je dit, en insistant bien sur le 'capitaine'.

Il n'a pas eu l'air d'apprécier mais semblait trop fatigué lui-même pour argumenter.

Pour ce qui est de dormir, trouve-toi une place sur le pont, comme les autres.

Comment ? Je n'ai pas dû bien comprendre, capitaine. Dois-je vous rappeler que je suis votre fille ?

Dois-je vous rappeler que je suis capitaine du navire sur lequel vous êtes embarquée ? Capitaine et seul maître à bord après Dieu. Pas de favoritisme avec moi. Vous dormirez sur le pont, comme tous les nouveaux. Si vous réussissez le test, vous aurez peut-être un hamac et de meilleurs vêtements que vos habits crasseux. A présent, rompez.

Je suis sortie en claquant la porte, assez abasourdie par ce que je venais d'entendre, et je suis allée me coucher sous l'escalier menant à la dunette, pour essayer d'être un peu tranquille. C'est de là que je t'écris, monsieur Gift. Je n'ai rien pu emmener avec moi à part toi. Ils m'ont arraché à mon logis, à Maman, sans me laisser le temps de prendre quoi que ce soit. Heureusement que je t'ai toujours avec moi.

Bonne nuit Monsieur Gift.


Nicolas était passé par toutes les émotions, en même temps qu'Ariana. Il avait d'abord été attendri par le récit que le jeune femme avait fait de la vie de sa mère, puis étonné de voir le Golden Gem finalement arriver. Ensuite, les paroles de la mère d'Ariana l'avaient fait réfléchir sur sa propre existence et la mort de cette dernière l'avait profondément attristé. Il avait même pleuré, pleuré de cette injustice de la vie, pleuré de voir Ariana désespérée. Il avait enfin été révolté par l'attitude des pirates et jalousait encore plus Will. Cependant, il était heureux de lire, heureux d'apprendre. Apprendre à travers quelles circonstances Ariana avait été poussée à devenir pirate. Apprendre la vie. C'était de loin le roman le plus passionnant qu'il avait lu de son existence. Aussi, il reprit sa lecture dès qu'il eut terminé de sécher ses larmes.

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