chapitre 13
Margot est là, dans la salle de bains. Elle a un chiffon à la main et une serpillère est posée à côté d'elle, contre le mur.
- Mais... heu... que..., je bredouille, surpris de la scène.
- Ilan ? Dit-elle d'une voix tremblante. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je t'apporte tes devoirs. Vu que tu étais absente...
Elle baisse les yeux comme une gamine prise en faute.
- Tu n'es pas malade ? Je finis par demander, interloqué.
Je l'observe un peu plus attentivement et mon sang se glace dans mes veines.
Elle a les poignets striés de coupures et des marques rouges sur le cou, sans parler des bleus qui constellent sa peau, bien plus que d'habitude. Et elle a un énorme œil au beurre noir, au point de le fermer à moitié - Comment ne l'ai-je pas remarqué plus tôt ?
- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? Murmurai-je, ébahi.
- C'est rien, essaye-t-elle de me rassurer. C'était ma faute.
- Margot ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi tu n'es pas au lit ? Mieux, chez le médecin ? Qu'est-ce que tu fabriques dans la salle de bains ?
- Eh bien, je... je fais le ménage, explique-t-elle d'une petite voix.
- Le ménage ? Mais...
Je ne trouve pas les mots tant cette situation me paraît aberrante.
- Tu es blessée, finis-je par dire.
- C'est rien, bredouille-t-elle, c'était ma faute.
- Mais encore ? Dis-je d'un ton ironique.
Je ne la crois pas vraiment. Aucune punition, car c'est sans doute de cela qu'il s'agit, ne doit blesser ainsi une enfant.
- J'ai fait n'importe quoi mercredi soir. J'ai fait brûler le repas, j'ai cassé la théière, j'ai perdu la télécommande de la télé...
- Attends, la coupai-je. Tu as le droit de regarder la télé ?
- Non, avoue-t-elle, mais je devais changer les piles et j'ai laissé la télécommande dans le garage alors que je devais la rapporter.
- Vraiment ? Ils t'ont mise dans cet état juste pour ça ?
Je suis ébahi. Ce n'est quand même pas vrai ?
- Oui, souffle-t-elle en jetant un coup d'oeil inquiet dans le couloir. Mais...
- Mais ?
- J'avais dit que je n'aimais pas le type qui était venu à la maison sans savoir que c'était le nouveau copain de ma mère. Alors ils... ils m'ont tous battue. Mais j'aurais pas dû dire ça, c'était méchant.
- C'était ton avis ! Tu as le droit d'avoir des émotions, des sentiments, des pensées, un avis ! Finis-je par exploser, furieux.
- Arrête de crier ! Me supplie ma cousine. Nolan va t'entendre.
- D'accord, je ne crie pas, acceptai-je en baissant la voix. Margot, il faut parler de ce que tu vis à quelqu'un. Mes parents, un prof, un adulte !
- Non, Ilan, s'il te plaît ! Je vais bien ! Tout va bien. N'en parle pas. Ne dis rien. Ca... ca risque d'être pire si ma mère apprend que tu en a parlé à quelqu'un. Ne fais pas ça, s'il te plaît !
- D'accord, d'accord, dis-je pour la calmer le temps de réfléchir. Je ne dis rien tant que tu ne voudras pas. Mais pense-y, s'il te plaît. Je m'inquiète pour toi, tu comprends ?
- C'est pas la peine, je vais bien, me promet-elle.
- Enfin, tu ne t'es pas vue !
- Bah... si...
Elle baisse les yeux et je vois les larmes perler au coin de son œil. Cette conversation est dure pour elle, visiblement. Je décide d'y mettre un terme pour ne pas la perturber plus.
- Écoute, je te demande juste d'y réfléchir. Je ne dirai rien à personne pour l'instant. D'accord, Margot ?
- Oui, merci Ilan.
Elle esquisse un minuscule sourire puis, après un silence, ose me demander :
- Tu veux bien y aller ? Ma mère ne va pas tarder à revenir des courses et si elle sait qu'on a discuté...
- Bien sûr, j'y vais. Tu n'auras qu'à dire que j'ai posé tes devoirs sur la table, en bas, et que tu les a récupérés après mon départ.
Elle acquiesce et je redescend après lui avoir dit au revoir. Je ressors et je marche dans la rue d'un pas vif. Il me reste trois quarts d'heure environ avant que ma mère ne vienne me chercher. Je ne sais pas trop ce que je vais faire en attendant, mais il ne faut pas que Constance sache que je suis venu et que j'ai discuté avec Margot. Ce qui est un peu aberrant, c'est ma cousine ! Mais rien n'est normal dans cette famille...
Donc il faut que je m'éloigne en attendant ma mère. Je pars en direction d'un parc dont je connais l'emplacement, à quelques rues d'ici.
Oui, bon, j'avais dit que je posterai plus régulièrement pour ne pas me retrouver "en panne". Sauf que je n'ai pas pu résister à l'envie de vous poster ce chapitre, notamment face à l'insistance de Solys_Stalowhite et de EvaLecocq22. Merci de lire cette histoire et merci aussi à ceux qui ne mettent pas de commentaires !
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