Un autre jour
Je me réveille doucement... une sensation de chaleur enveloppe mon corps. J'ai bien dormis cette nuit. J'ouvre les yeux et observe le plafond de bois. Malheureusement je suis toujours coincé dans cet endroit. Parfois, je me demande si tous ça est vrai... si je ne serais pas bloqué dans un rêve interminable? Si ce ne serait pas une farce? Un test?
Je me redresse et mes yeux font le tour de la pièce. Tout semble si calme aujourd'hui... aucun bruit ne se fait entendre. Je vérifie l'heure sur l'horloge accroché au dessus du canapé; 7H05. Je me relève doucement en m'étirant avant de me diriger vers la salle de bain. Je m'attarde un long moment devant mon reflet. J'ai l'impression de paraitre plus jeune que ce que je ne le suis. Mes cheveux mal coiffés me tombent sur les épaules et mes yeux bleus sont rougis par une forte luminosité. J'ai un teint pâle et des lèvres sèches. Je ne suis vraiment pas au meilleur de ma forme. J'enlève tout mes vêtements et me glisse dans la douche.
Quelqu'un toque soudainement à la porte alors que je suis toujours en train de me savonner. Ne sachant trop quoi faire, je réponds;
- Entrez!
J'entends la porte s'ouvrir, des pas puissant faire grincer le parquet; c'est Driss. J'aurais mieux fait de me taire!
- Heu... je suis dans la salle de bain! J'arrive!
- Pas de problème...
Je sors de ma douche en vitesse et sèche mes cheveux comme je peux à l'aide de ma serviette de bain. Lorsque j'attrape de nouveau mes vêtements je constate avec effrois qu'ils sont trempés. Mais quelle quiche je fais! Je réfléchis un instant sur la situation... soit je sors enroulée dans une serviette... soit je lui demande de me passer mes habits ce qui revient à lui donner la permission de fouiller dans mes affaires. Ok... prenons notre courage à deux mains et oublions a tout jamais notre crédibilité face à Driss... je choisis la première option.
- Heu... Driss?
- Ouais?
- J'ai un petit problème... il faut juste que j'aille prendre des habilles dans mon armoire... du coup...
- Pas de problème! Mais... je peux te les donner s'il le faut...
- Hum...
A vrai dire, il n'y a pas grand chose dans mon armoire. Tout ce qu'il s'y trouve, c'est tout ce que l'on m'a donné en arrivant. Autrement dit; il n'y a rien de personnel dans ce meuble.
- Je veux bien.
Je m'enroule tout de même dans ma serviette et attends patiemment. J'entrouvre la porte et prends les vêtements qu'il me tend. Je les enfile en vitesse puis replonge mon regard dans celui de mon reflet. Mes cheveux sont encore humide et mes lèvres gercées. J'ai honte de me présenté à lui dans cet état mais.. après tout. Perdue pour perdue... J'ouvre timidement la porte et aperçois Driss assis sur le canapé, observant le mur d'en face, juste au dessus de mon lit dont les draps sont encore défaits.
- Je m'excuse... prononce-je à voix basse.
Il lève tout à coup le regard vers moi. Il sourit simplement, comme si, pour lui, la situation parait tout à fait normal. Je garde tout de même les yeux sur le bout de mes chaussettes noires en attendant une réponse de sa part.
- Pourquoi? Demande-t-il soudainement en se levant.
- Bah... dis-je en ouvrant les bras pour désigner ma chambre et moi même. Tout ça!
Il regarde autour de lui et fait mine de ne pas comprendre. Il s'avance un peu plus vers moi. Je passe mes mains dans mes cheveux humides. L'eau leur donne un ton plus foncé, presque brun. Je me demande pourquoi...
- Tu entends quoi par... "tout ça"?
Je redresse subitement le regard. Je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup, quelque chose bouillonne en moi. Le fil qui tenait ma bonne humeur est rompu. Ma gorge se sert. J'aimerai répliquer quelque chose mais lorsque j'ouvre la bouche, seul un son étranglé en sort.
Cela l'amuse, car son sourir s'élargit aussitôt. Si les mots ne m'aide pas, dans ce cas il ne me reste plus que mes bras. Je le pousse en arrière mais il m'attrape immédiatement les avant bras avant que je n'ai put terminé mon geste puis me tire vers lui.
- Pourquoi tu t'énerve? Demande-t-il sur un ton sec et bienveillant.
- Je ne m'énerve pas! Réplique-je.
Il rabat une mèche de mes cheveux derrière mon oreille droite. Comme de l'eau sur le feu, ma colère s'éteint. Pourquoi me suis-je énervée?
- Désolé... murmure-je.
Il reste silencieux un moment, tout en m'observant. Son regard parcourt mes cheveux, mes yeux, mon nez, mes lèvres. Puis il sourit. J'ai comme la sensation qu'un ballon se gonfle dans mon ventre et une irrésistible envie de sourir m'envahit. Alors je dévoile mes dents.
-J'ai appris que Maria voulait te grader Chef? M'annonce-t-il toujours en me tenant les bras.
- Ah bon? M'étonne-je faussement en baissant le regard vers mes pieds.
- Tu sais... c'est très rare qu'il nomme chef une "juste" arrivante!
- Je ne suis pas vraiment... juste arrivante... j'ai déjà vécu ici...
- Et tu t'en souviens?
- Non...
- Alors tu es une juste arrivante.
Mon regard se pose de nouveau dans ses yeux. Ses mains glissent le long de mes avants bras, passent par mes poignets et finissent par attraper avec douceur mes mains. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale, le ballon en moi gonfle un peu plus, et ma gorge se sert. J'essaie de ne rien laisser paraitre.
Mais malgré moi, mes mains commencent à trembler... de peur? Peut-être, je n'ai jamais vraiment tenue la main d'un garçon. C'est quelque chose de nouveau pour moi.
- Tu as froid? Me questionne-t-il en pressant mes mains.
- Non, non... enfin... non.
- Alors, pourquoi est-ce que tu trembles?
J'ouvre la bouche pour répliquer. Mais aucune idée ne parvient jusqu'à mes lèvres. Je lui jette un regard noir. C'est toujours mon plan de secourt lorsque les mots me manques. Les yeux peuvent en dire long sur la personne que vous regardez. Ses yeux bruns restent doux, mélangés aux bleus des miens. Je sens mon cœur battre sous ma peau, comme s'il se faisait de plus en plus gros. Les secondes qui s'écoulent paraissent s'étirer, s'éterniser pour mon plus grand plaisir. Mais je voudrais aussi que le temps s'accélère, que quelque chose se passe... quelque chose de bon.
- Comme tu es futur Chef ... commence-t-il en un murmure. Je voudrais te montrer un endroit.
Je lui réponds d'un sourir. Il me relâche les mains puis s'éloigne d'un pas vers la porte. Je reste un moment immobile en repensant à ce qu'il vient de se passer. J'étais comme dans un autre état. Il m'a hypnotisé et je ne me rappelle même pas avoir réfléchit sur ses faits et gestes. J'aimerais pouvoir me dire que je ne ressens rien pour lui; mon cœur continue de cogner sous ma peau.
+++++++
Nous sommes en train de monter des escaliers blancs, après avoir pris l'ascendeur pour descendre dans le hall où des surveillants commençaient à prendre place un peu partout dans la salle, nous avons pris la porte à droite du bureau de Driss. Nous n'avons toujours pas échangé un mot depuis que nous sommes sortit de ma chambre. J'essuie plusieurs fois mes mains moitent contre mon jean en essayent de me persuader que Driss est juste un ami. Il est plus âgé que moi. Que pourrait-il trouver à une fille comme... comme moi? Il est plus mature et pense surement jouer le rôle du grand frère. Et c'est très bien comme cela. Je ne demande rien de plus de sa part, que nous aider à sortir d'ici.
Nous arrivons au premier étage, et nous retrouvons face à une porte en bois assez singulière dans cet institut. Elle me semble épaisse et solide, semblable a une porte d'entrer extérieur. Driss fouille dans sa poche et en sort un badge qu'il passe devant la poignet. Un bip retentit, suivit d'un tintement. Il tourne alors la poignée et s'écarte de l'ouverture, m'invitant à entrer.
Je fais quelques pas dans la salle rectangulaire très lumineuse, le sol est recouvert d'une moquette grise, contre le mur a gauche, se trouve un canapé blanc, devant le quel trône une table basse en verre et en face, accroché au mur, une télé. Sur le mur du fond, au centre, est accroché une grande fenêtre, qui émane de la lumière douce et agréable, à gauche de celle-ci ce trouve une bibliothèque, à droite, une plante en pot aux immense feuille. Mes yeux continuent inlassablement d'observer les moindres petits détails.
- Bienvenue chez moi! S'exclame Driss en referment la porte.
- Waw... souffle-je simplement.
Une ouverture à ma droite, dans le mur grisâtre, donne accès à une cuisine très propre. Et a ma gauche, une porte lisse et blanche s'y trouve. Je pensais qu'il vivait dans les chambres des surveillants... C'est vraiment grand ici. Je sens son épaule m'effleurer lorsqu'il passe à côté de moi. Il ouvre un meuble blanc situé en dessous de la télé et en sors deux verres à pied et une bouteille en verre. Je ne comprends pas vraiment pourquoi l'état de Chef me permet de voir son appartement... mais je comprends bine vite que ce n'était qu'un prétexte pour sortir de ma chambre humide et étroite.
- Tu bois? Me propose-t-il en disposant son matériel sur la table en verre.
- Heu... j'ai pas l'habitude de boire du vin...
Il me sourit et m'invite à m'assoir sur le canapé. J'aime vraiment cet endroit. J'ai l'impression de retourner "là-haut". Comme si rien n'avait changé, comme si je n'avais pas vue mourir tant de personnes sous mes yeux. Comme si je n'étais pas des leurs. Comme si j'étais vraiment moi. Chez un ami. Ou voire même ma famille.
Driss s'assoie à mes côtés. La gorge serrée, j'hésite un instant avant de me lancer;
- Hum... commence-je en prenant le vert a moitié plein qu'il me tend. Est-ce que ... tu pourrais m'aider à me rappeler ma famille?
Il boit une gorgée puis dépose son regard dans le mien.
- Je penses que c'est mieux pour toi que tu ne sache rien.
- Mais pourquoi?! M'exclame-je.
- Tant que tu ne te souviens pas... ils ne te manqueront pas.
- Mais je dois me souvenir! Ma famille, c'est tout ce qui me raccroche à... là haut!
- Alicia, je veux juste te protéger.
Son regard devient plus dur et le ton de sa voix se veut sévère. Je baisse subitement les yeux; il joue le grand frère. Alors j'avais raison. Il n'y a rien entre nous. Ma gorge se sert et une envie de pleurer me vient soudainement. La joie qui m'animait il y a quelques minutes à entièrement disparue et un crue se forme dans mon ventre, remplaçant ce ballon qui me faisait voler loin de la vérité.
Je fais tourner machinalement mon verre entre mes doigts, attendant que le temps passe. Vite. Je sursaute en entendant le tintement que fait le verre de Driss lorsqu'il le repose sur la table.
- Tu as les nerfs fragiles en ce moment... non? Me demande-t-il alors.
Je ne réponds rien. Je laisse la douleur m'envelopper, toute cette douleur que j'ai essayé de repousser loin de moi depuis mon arrivé. Je n'en peut plus. A ce moment là, j'aimerai que tout ce termine au plus tôt. Je me relève doucement après avoir à mon tour déposer mon verre sur la table. Je fais quelques pas fébriles vers la porte mais Driss se lève soudainement et m'attrape par le bras.
- Alicia... où est-ce que tu vas? Me questionne-t-il en fronçant les sourcils.
Je baisse la tête afin que mes cheveux voilent mon visage ainsi que les larmes chaudes qui coulent le long de mes joues. Il m'attrape par les épaules et me redresse le menton. Son expression inquiète me frappe.
- Qu'est-ce qui ne vas pas, Alicia?
- C'est tout, Driss... murmure-je en lâchant un sanglot. Cet endroit va finir par me rendre folle!
J'attrape ses mains et les éloignes de moi. Il s'avance d'un pas mais je recule immédiatement. Je ne veux plus de marque d'affection. De qui que ce soit. Que ce soit Jeff, Driss ou même Selina. Mais il insiste et fait un autre pas vers moi.
- Arrête Driss... souffle-je la voix tremblante. Je ne veux pas jouer.
- Moi non plus.
Je ne peux plus reculer. J'ai atteint le mur en deux pas. Je m'appuie alors contre la porte blanche et cherche a tâtons la poignet. Lorsque je la tiens enfin, j'ouvre et me laisse emporter vers l'arrière puis je referme rapidement la porte avant que Driss n'est put me suivre. Je découvre alors une pièce un peu plus sombre, toujours recouverte de cette moquette grise, la lumière est filtrée à travers de fins, grisâtres, rideaux qui recouvrennt la seule fenêtre de la pièce. Un lit double, dont les draps sont noirs est placé contre le mur du fond, prenant toute la place et laissant seulement des couloirs de 50 centièmes autour de ce dernier. Je vois une porte brune à droite du lit. Surement une salle de bain.
Soudainement, je sens deux mains se posées sur mes hanches et me maintenir fermement.
C'est Driss. Je ne l'ai pas entendue rentrer.
- Lâche moi Driss! M'exclame-je en posant mes mains au dessus des siennes.
- Seulement si tu me promets de ne pas partir maintenant.
- Je voudrais juste me reposer... souffle-je doucement.
Je sens son souffle sur mon cou et sa chaleur dans mon dos. Je décolle ses mains et fais volte face pour pouvoir le regarder. Je lui prends les mains maladroitement et observe sa réaction. Ses yeux brillent et m'observent. J'ai les mains moites et tout le corps tremblant. J'entends mon cœur battre dans mes oreilles. J'approche alors mon visage du sien, presque sur la pointe des pieds, et contemple son regard. Je dépose un simple baiser sur sa joue puis approche mes lèvres de son oreille.
- Je crois que Maria m'attend dans les sous-sols... déclare-je en murmurant. A bientôt Driss.
Je relâche ses mains et m'éloigne sans un mot de plus. Presque déséquilibré par un surplus d'émotion forte. Cette fois-ci, il n'essaie pas de me rattraper. Je sens mes joues chauffer et une boule de joie me gonfler le ventre. Mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai osé.
+++++++++++++
Je suis dans un bureau situé au fond de la bibliothèque des surveillants. Comme je l'avais prédis juste avant d'entrer, la bibliothécaire ronde et rose m'a saluer d'un simple "Chut!" irritant. C'est Mike qui m'a mené jusqu'ici. Cela faisait longtemps que je ne lui avais pas parler. Mais j'ai compris qu'il était militant de Brainsmart car tout au long du trajet, il s'est venté de ses exploits lors des perquisitions dans des repères de Wilds. J'ai préféré arrêté de l'écouter avant qu'il ne me cite le nombre de mort qu'il a laissé sur son chemin. Avant de repartir, il m'a dit que les Chefs devaient venir pour m'annoncer officiellement mon statut de Chef. Il m'a d'ailleurs félicité par une étreinte soudaine à laquelle je n'ai pas su réagir. La pièce est très peu décoré; les murs sont nus et seule une plante verte en pot, posé près de la porte témoigne d'un brin de vie. Par moment, j'entends les pas lourd de la bibliothécaire s'approcher, se taire un instant, puis repartir. J'imagine qu'elle tend l'oreille pour, à la première occasion, me reprocher de faire un "vacarme terrible!". Malheureusement pour elle, je reste assise sur la vielle chaise en bois qu'elle m'a donné en arrivant.
Tout a coup, je l'entends siffler des "Chut" incessant alors que des pas s'approchent. Ils arrivent, enfin! La porte grince et des pas s'approchent, je garde le regard rivé vers le mur en face de moi. Une boule d'excitation gonfle dans mon ventre... pourtant ce qui va suivre ne me réjouit absolument pas... non, je crois qu'elle est là parce que je sais que Driss vient d'entrer. Jonas passe de l'autre côté du bureau et attrape une chaise pour s'y asseoir. Maria, elle, reste debout, bras croisés, le regard vif. Mon regard se pose ensuite sur Driss. Il me regarde durement. Qu'est-ce que j'ai fait pour lui déplaire?
- Bien... commence Maria en faisant un pas vers moi. J'imagine que tu sais pourquoi tu es là?
- Oui... réponds-je en un murmure lointain, le regard toujours planter dans les yeux de Driss.
- Commençons... reprend-elle après avoir jeter un regard accusateur à Driss. Aujourd'hui, je voudrais t'annoncer que ton teste a été extrêmement positif et que...
Elle tape soudainement du plat de sa main contre la table ce qui provoque un énorme claquement, résonnant à travers les murs, que même la bibliothécaire n'ose pas punir. Je me redresse subitement en un sursaut.
- Quand je parle... articule-t-elle doucement en jetant un regard froid vers Driss puis vers moi. On m'écoute. Compris?
Je hoche doucement la tête. Des frissons parcourent ma colonne vertébrale.
- COMPRIS? Hurle-t-elle.
- Compris! M'exclame-je alors.
Jonas lâche un rire niais en me regardant du coin de l'œil. Et Driss reste toujours aussi impassible.
- Donc... je suis heureuse de t'annoncer que Dan a signé officiellement ton intégration au sein du groupe commandant des lieux. Félicitation.
Elle jette ensuite un regard en biais vers Jonas qui fouille subitement dans la poche droite de sa veste en cuire noire abîmée. Il en ressort en morceau de papier jaunit et en mauvais état. Du bout de ses doigts, Maria l'attrape et le déplie sous ses yeux. Elle parcourt les lignes de long en large puis sourit d'un air satisfait. Elle le dépose ensuite en face de moi et me tend un stylo qu'elle vient de sortir de sa poche.
- Tu signes... ou tu te jette dans un gouffre infernal... me murmure-t-elle lorsque j'attrape le stylo.
Je jette un regard interrogateur vers Driss qui se contente de ne laisser paraitre que l'ennuie du moment. Mes yeux se reposent sur la page sur laquelle est écrit une centaine de lignes d'une écriture soignée. Je la parcourt des yeux; c'est un contrat. Il m'indique les sanctions en cas d'infraction du règlement supérieur des "Commandants des lieux", et cette sanction est unique pour quelque soit l'erreur; refus catégorique de tuer -> Mort. Délit de fuite -> Mort. Absence lors d'une exécution publique -> Mort. Mort... Mort... Mort! Chaque ligne fait référence de quelconques manières à la mort. Mon cœur s'emballe sous et ma tête analyse chaque moyen d'échapper aux griffes de Brainsmart sans risquer la mort. Malheureusement, aucun ne tient la route.
- N'oublie pas... me rappelle Maria. Dan n'aime pas être contrarier. Signe.
Je dépose le bout de la plume sur le papier, sur lequel elle dépose une légère goute d'encre noir. J'inspire, expire. Tu n'as pas le choix. Tu devras vivre avec ça. Ça n'a pas que des inconvénients. J'imagine que tu pourra circuler plus librement dans l'institut. Je signe.
- Bien! S'exclame Maria.
J'observe les traits de Driss se détendre et ses épaules se relâcher. Pensait-il que je serais capable de ne pas signer? Jonas se lève brusquement en soupirant et se sauve à grand pas sous les "chutements" de Madame Bonbon. Maria me salut d'un dernier doux sourir puis s'éloigne a son tour par la porte restée ouverte. Driss, quand a lui, reste de marbre. Ses yeux m'observe. Et j'observe ses yeux. Brun, sombre qui cache, je le sais, un cœur doux... Pense-t-il la même chose de moi? Ou comme je le crains... me voit-il comme la petite sœur qu'il doit protéger des méchants?
Soudainement, Jeff arrive en courant, poursuivit par la bibliothécaire lui sifflant milles et une insultes à voix basse. Cette scène est ridicule. Jeff claque la porte derrière lui puis pose son regard alternativement sur moi, puis sur Driss... et de nouveau sur moi.
- Elle n'a pas aimé que je déchire une page ... nous annonce-t-il essoufflé en brandissant dans sa main droite une feuille fraichement arracher.
J'esquisse un sourir. Driss se pince les lèvres, les sourcils froncés. A quoi il pense? Jeff s'approche ensuite de moi et pose une main avec douceur sur mon épaule. Il regarde Driss avec sérieux puis demande d'une voix presque mielleuse.
- Tu pourrais nous laisser? Demande-t-il en pressant mon épaule. J'aimerai qu'on parle... de ... d'avant.
Mon cœur loupe un battement. Non, pas encore! Je supplie Driss du regard de me sortir d'affaire. Il comprend mon geste et fait un pas vers la sortir, un sourir au bord des lèvres.
- De toute façon... commence-t-il en me jetant un regard moqueur. Je crois qu'on m'attend dans les sous-sols.
Il fait volte-face et ouvre la porte, avant de la refermer derrière lui, il se retourne une dernière fois en chantonnant de manière à m'imiter;
- A bientôt Alicia.
Une boule de colère monte en moi. Quel idiot! Jeff se place en face de moi et me tend les mains. Je les attrapes machinalement et me relève. Ses yeux vert me fixe intensément. Ma gorge se sert. Je sais ce qu'il essai de faire. Mais rien ne pourra ramener mes souvenirs. Je le sais. Lui même doit le savoir.
- Alicia... me murmure-t-il en serrant mes mains dans les siennes. Tu me manques tellement...
Il approche son visage du mien mais je le repousse automatiquement et lâche ses mains. Je me laisse retomber sur ma chaise et prend une grande inspiration avant de commencer d'un ton solennelle.
- Jeff. Est-ce que tu peux comprendre que je ne t'aime plus?
- Tu m'aimes encore. Tu as juste peur.
- Non! M'écrie-je. Je ne me souviens pas de toi!
- Mais il reste un morceau de toi qui ne m'a pas oublié! Je le sais!
- Non, tu ne sais pas Jeff!
- Alors pourquoi m'aurais-tu embrassé lorsque nous étions tout les deux si tu ne te souvenais pas?
Mes jambes, comme des ressorts, me lève et mes yeux se remplissent de larmes, fruits de la colère, la tristesse et la fatigue. Mes mains ainsi que le reste de mon corps se mettent a trembler.
- J'ai fais ça parce que tu m'avais aider...prononce-je d'une voix étranglée. Et je me sentais si mal de te laisser avec de simples souvenirs de moi... que je voulais essayer de retomber amoureuse. Mais ça n'a pas marché. C'est tout Jeff.
Son visage se décompose et j'observe ses yeux briller d'eau salé. Il baisse le regard puis prononce à voix basse.
- Tu ne veux pas réessayer?
- Jeff... commence-je en m'approchant d'un pas de lui. Je voudrais me souvenir, plus que tout au monde, de nous deux. De ce que nous avons vécu... et...
Son regard se plante soudainement dans le mien et il m'attrape les bras avant de m'embrasser. Je reste paralyser, la tête vide, les oreilles bourdonnantes, le cœur battant.
+++++++++++++++
Me voilà dans ma chambre, de retour à mon état semi réveiller. Je suis retourner seule dans ma chambre après que Jeff se soit excuser puis enfuit. Il m'a glissé dans la poche un papier que je n'es pas encore déplier. Je suis assise sur mon lit, les mains à plat sur mes cuisses. J'aimerai ne plus penser à rien. Je ferme les yeux et me laisse tomber sur le matelas en écartant mes bras. Quand cet enfer ce finira-t-il? Je n'ai pas avancé dans ma quête de liberté et des problèmes de cœur surviennent toujours au mauvais moment. Si je faisais un bilan, tout ce ramènerai à l'ancienne Alicia. Je ne sais même pas qui elle est vraiment! Elle est déjà venue à Brainsmart, on l'appelait Rouge, si j'ai bien compris. Je me frotte le visage pour essayer de me concentrer un peu plus. Je sortais avec Jeff... et je connaissais Mike... ainsi que Jonas. Connaissais-je Driss aussi? Surement s'il est ici depuis sa naissance. Pourtant je n'ai jamais de nourrissons ici. Ni de vieillards... encore moins d'enfant.
Quelqu'un frappe a ma porte, je me relève et laisse mes jambes balancer dans le vide.
La porte s'ouvre avant même que je ne prononce un mot; le visage rayonnant de Selina apparait dans l'encadrement de la porte. Sa présence me fait sourir. Elle s'approche de moi et m'attrape par les avant bras avant de me relever avec force. Je manque de trébucher et de lui tomber déçu.
- Wow! Doucement! S'exclame-t-elle en riant.
Elle me dévisage un instant, les sourcils froncés en se pinçant les lèvres.
- Il y a quelque chose qui ne va pas? Me demande-t-elle soudainement.
- Non... tout va bien...
- Alicia...
- Bon, d'accord; il y a quelque chose qui ne va pas mais je ne veux pas en parler. Pas maintenant.
Elle pose lourdement ses mains sur mes épaules puis sourir avec douceur.
- On va aller manger... tu veux venir?
+++++++++++++++++
Je me retrouve a table à côté de Boucle d'or et en face de Selina. A ses côtés se trouve Ulis qui avale ses pâtes comme s'il n'avait pas manger depuis 2 jours. Cristy et Selina éclatent de rire chaque fois que l'une fait une remarque à l'autre. Moi, je reste devant mon assiette encore pleine a esquisser des sourires en les écoutant. Une sensation de chaleur remplace le vide dans mon ventre.
- Et toi Alicia... me demande soudainement Cristy en se penchant vers moi. Tu es devenu quoi?
- Heu... hésite-je en lançant un regard en biais à Selina dont les yeux sont rivés vers moi.
- Aller! S'impassiente Ulis la bouche encore pleine de viande.
- Moi je suis "pisteuse"! S'exclame Selina en souriant. Et puis je surveille le hall secondairement...
- Pisteuse? M'interroge-je.
- Je cherche les Wilds...
Mon regard se tourne vers Cristy.
- J'apprends à tirer.
Puis vers Ulis.
- Je suis pisteur aussi. Et toi?
J'hésite encore un instant. Je ne sais pas comment ils pourraient réagir. S'ils avaient peur de moi après ça? Si Selina ne me faisait plus confiance pour la mission "liberté". Je me mors la joue, puis le regard insistant de Selina m'arrache les mots de la bouche.
- Commandant des lieux. Chef.
- Waw! S'exclame-t-ils tous.
Puis la conversation s'agite, et les rires éclatent de nouveau. Je me concentre sur mon assiette même si la faim s'est envolé. Un plat de pâte trop cuite, des morceaux de viandes... je ne serais dire de quel animal il s'agit. Un verre d'eau, un morceau de pain et une part de gâteau. Tout au long du repas, je fais mine de mangé quelques fourchettes par-ci par-là avant de m'éclipser en quelques mots: "J'ai des responsabilités".
Je descends les marches quatre à quatre avant de grimpé dans l'ascenseur des chambres. Je ne sais pas ce que je suis censé faire en temps que "commandant des lieux", mais j'imagine que j'ai des libertés que les autres n'ont pas. Tel que, passer le reste de la journée à dormir en espérant échapper au monde entier? La porte se referme doucement, et c'est alors que Driss la rattrape et se glisse dans la cage avec moi. Je soupire et évite son regard. Je crois que je lui en veux de ne pas m'avoir aider tout à l'heure.
- Alicia.
- Quoi? Lâche-je sèchement.
- Où est-ce que tu vas?
- Où veux-tu que j'aille en prenant l'ascenseur?!
Je le regarde enfin, il sert les dents et parait plus dure que jamais. Je le dévisage un instant, ses yeux bruns ont sombres, ses bras croisés sur son torse, les lèvres pincées. J'essaie de rester impassible face à lui.
- Je te demande de me parler autrement, m'ordonne-t-il. Je reste ton supérieur.
Je décide de simplement défier son regard. Il ne me fait pas peur. Il est comme Jonas. Rien qu'un chef partisan de Brainsmart. Il lisait ce livre sur les Wilds... ce n'est pas pour rien. Une bulle de colère se forme au crue de mon estomac presque vide. Je ne serai dire pourquoi, mais très vite, les larmes montent jusque mes yeux. Je tourne le regard vers le miroir afin qu'il ne s'en aperçoive pas.
- Alicia...
Sa voix est devenue plus douce. La porte s'ouvre, je le bouscule pour sortir, la tête basse, le visage couvert par mes cheveux blonds. J'entends ses pas me suivre dans le couloir jusque devant ma porte. Je pose ma main sur la poignet, mais la serrure ne se déverrouille pas. Je tourne la tête brusquement vers Driss.
- Elle est verrouillée, annonce-je sur un ton de mépris, comme si cela était de sa faute.
- Je sais... elle va accueillir un nouveau Brains.
- Un nouveau Brains?
- Tout les mois nous allons chercher des brains. Aujourd'hui c'est différent. Dès qu'un nouveau chef est nommé, nous allons en chercher. C'est comme... un petit rituel.
- Un stupide rituel!
Il baisse légèrement le menton comme pour acquiescer mes mots, mais trop brièvement pour que cela soit volontaire. Il ouvre la bouche une première fois, mais aucun son n'en sort.
- En attendant ton appartement, il va falloir que tu dormes chez moi... ou quelqu'un d'autre. J'ai une autre chambre si tu veux...
Je lève les sourcils. Mais j'accepte tout de même son invitation. Ai-je le choix? Je passe ma main dans mes cheveux puis attends une réaction de sa part. Mais il ne parle pas. Il reste là, un instant à me regarder, puis fais brusquement volte-face sans un mot. Il s'éloigne dans le couloir et disparait dans l'ascenseur. Par curiosité, j'essaie une nouvelle dois d'ouvrir ma porte. Mais rien n'y fais; elle est verrouillée. Je sursaute lorsqu'une voix masculine transperce le silence;
- Tu as besoin d'aide?
Je me retourne subitement et découvre un garçon blond aux cheveux aplatit correctement sur le crâne, au visage fin et au nez allongé. La mâchoire lunaire lui donne un petit côté fou, sans plus. Ses yeux bleus ciel me dévisage un instant, puis il s'incline. Comme pour me faire une révérence. Ses bras chargés de papier et de livre manque de tout faire tomber à mes pieds. Mais il se relève et articule doucement;
- Rouge? Murmure-t-il en jetant des regards inquiets autour de lui. Vous êtes revenus?
- Heu... hésite-je un instant prise au dépourvue. Oui.
Rouge. Encore Rouge. Combien de personne me connaissent dans cet endroit. Pourquoi tant de personnes me connaissent dans cet endroit? Je me rappelle soudainement des regards curieux, méprisants, étonnés des surveillants dans le hall la première fois que je l'ai traversé. Me connaissaient-ils aussi?
Son visage s'illumine et une flamme d'espoir s'allume aux fonds de ses yeux fatigués. Ce n'est pas un entreteneur. Il ne serait pas si bien coiffé. Et la blouse blanche qu'il porte sur ses épaules voudrait me dire que c'est un scientifique. Une paire de lunette noire est accroché à sa poche. Elle me fait bizarrement penser à quelque chose. Je me concentre sur la couleur, la forme, la manière dont il les a glissé dans sa blouse. Mais rien n'y fait, je n'arrive pas à me souvenir.
- Vous vous souvenez de moi? Demande-t-il septique.
- Je crois que oui... mais... je n'arrive plus a mettre un nom sur ton visage.
Son visage exprime alors la déception. Je me sens coupable de ne pas pouvoir me souvenir mais ce n'est pas de ma faute. Je ne sais même pas comment cela peut-être possible d'oublier tout un morceau de sa vie sans en garder aucune trace.
- Robin, me dit-il la tête basse et les épaules relâchés.
- Robin... je suis désolé de ne pas me souvenir.
- Ce n'est pas grave. Bonne chance.
Il repart dans le sens inverse puis s'arrête nette. Il fait demi tour et revient en face de moi avant de regarder la poignet.
- Elle est bloquée? Demande-t-il.
- Oui, c'est pour un brain.
- On ne bloque jamais les portes pour de nouveaux brains. Ce doit être une erreur ou un dysfonctionnement du système de sécurité. D'autant plus que les nouveaux n'arrivent que demain. J'irai rapporter ça a Dan.
- A Dan? M'exclame-je sans vraiment le vouloir.
- Oui, je suis l'un de ses conseillés maintenant.
Un sourir radieux illumine son visage. Il a l'aire fier de pouvoir se présenter à moi comme une personne très importante au sein de Brainsmart.
- Je vous souhaite bonne chance pour la suite.
Je lui souris poliment. Il fait de nouveau demi tour et s'éloigne de quelques pas dans le couloir. Mais encore une fois, il se retourne et reviens vers moi.
- J'ai appris que vous étiez devenue commandant des lieux. Il vous suffira de demander à Dross... non Driass... oui. A bientôt.
Cette fois-ci il s'éloigne pour de bon dans le couloir et disparait dans l'ascenseur. Driass? J'imagine qu'il parlait de Driss. Mais ce qui m'intrigue le plus dans cet histoire, c'est que la porte n'est pas censé être bloqué, et Driss a réagit comme si cela était une banalité. Je m'appuie, dos à la porte, pensive.
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Voilà un autre petit chapitre le prochain est pour Samedi ou peut-être plus tôt comme je suis en vacances :P Merci de me dire ce que vous en pensez? Si ça vous a plu ou non? Je prends la critique si elle est constructive :D Merci je vous aimes!!!
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