Chapitre 3
1. Cléandra
Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ce ne fut pas la délicate mélodie de ses cloches carillonnant à en réveiller tous les membres bâtisse qui tira Cléandra de son doux sommeil, mais un simple rai de lumière un peu plus prononcé que les autres qui caressa ses paupières.
Avec une langueur irrévérencieuse pour ses congénères, elle rabattit son édredon sur ses genoux et sortit de son lit pour, enfin, mettre un terme au calvaire des bonnes gens de la maisonnée. Elle passa une main sur son visage dans l'espoir de se débarrasser de la fatigue qui cherchait par tous les moyens à la ramener au confort de son matelas... ce fut pour le moins inefficace.
Ses pieds l'avaient amenée jusqu'à la baie vitrée par laquelle la lumière était rentrée et lui avait fait ouvrir les yeux. Poussière, qu'est-ce qu'elle avait mal dormi... elle essayait de se rappeler ce qui l'avait tenue éveillée toute la nuit ou presque, mais rien ne lui venait.
La vue que lui offrait la grande porte de verre n'avait rien de très réjouissant : au loin, les plaines désertiques de la Lande étaient avalées par la brume et la Poussière ; les champs où ne poussaient qu'une poignée de céréales faméliques étaient dissimulés par les murailles de la Cité, et son balcon lui cachait la vue en dessous. Malgré tout, elle préférait le spectacle des remparts silencieuses à celui du Ciel et de ses décadences. Et puis l'absence d'éléments perturbateurs dans son champ de vision lui permettait de clarifier son esprit et trier ses pensées.
Elle avait un rendez-vous important aujourd'hui... non ? Pourtant, c'était son jour de repos. Sauf qu'elle était sûre de devoir rencontrer quelqu'un aujourd'hui. Quelqu'un d'important. Quelqu'un... qu'elle n'avait pas envie de rencontrer.
... Quelqu'un comme le Limier.
Poussière !
Cléandra se rua vers le dossier de chaise sur lequel elle avait négligemment jeté sa tenue de la veille. Elle boutonna son uniforme aussi rapidement qu'elle put – pourquoi fallait-il donc qu'il y ait autant de boutons ? – et dévala les escaliers en trombe pour aller retrouver le Monstre de la Cognerie.
À peine Cléandra eut-elle quitté le logis que la maison laissa échapper un soupir de soulagement collectif.
Le brouillard s'était levé lorsque Cléandra arriva en courant sur la Place de la Fontaine. On n'y voyait déjà pas grand-chose en temps normal, mais le smog masquait tout à un rayon de plus de dix pas. Associé à la clarté du jour encore jeune, il lui donnait l'impression de marcher dans l'éther, dans un autre monde. La cogne se faisait l'effet d'un esprit arpentant des limbes sans fin. Il avait plus la veille au soir, elle s'en souvenait. Il pleuvait presque toujours, le soir. Le brouillard était moins fréquent.
⸺ Vous êtes en retard, constata une voix masculine dans son dos.
La première chose qu'aperçut Cléandra fut une paire d'iris fendus qui brillaient d'un jaune lumineux. De suite, l'adage que se murmuraient les cognes entre eux prenait tout son sens :
Œil qui luit,
Gredin qui fuit.
⸺ Je suis tout juste à l'heure, rectifia-t-elle en refoulant sa surprise.
Une montre à gousset ouvragée trancha la brume pour apparaître devant elle.
⸺ Allez dire ça aux aiguilles.
Éberluée, elle bigla sur le cadran immaculé avant de remonter le bras qui brandissait l'objet.
⸺ ... Sérieusement ?
Le Limier était un homme rigide, grand et sec comme le balai qu'il paraissait avoir enfoncé dans le... un homme rigide grand et sec comme un balai.
... Non, pas un homme. Un Fé. Les deux prodigieuses oreilles pointues qui dépassaient de chaque côté de sa casquette étaient là pour le lui rappeler.
⸺ Vous avez fini de me dévisager ?
Il fronçait les sourcils. Ça lui donnait un air encore plus sévère. Presque intimidant. Dommage pour lui qu'elle ne soit pas femme à se laisser effaroucher si facilement... On n'entrait pas chez les cognes quand on avait la frousse au ventre, après tout.
Cléandra dressa le menton.
⸺ Il faut bien que je sache à qui j'ai affaire, non ?
Il l'observa sans mot dire. Elle lui rendit son regard.
Le silence s'éternisa... jusqu'à ce que, de guerre lasse, le Limier ne reprenne la parole :
⸺ Sergent Eliah Digenvez.
⸺ Lieutenante Cléandra Eriaremet. (Elle réfléchit.) ... Vous êtes mon subordonné, si je comprends bien, nota-t-elle en souriant.
Les yeux fauves du Fé continuèrent de la fixer. Le rictus disparut.
⸺ ... Oui, je ne sais pas à quoi je m'attendais. Vous savez pourquoi vous êtes là, sergent ?
⸺ On a sollicité mes talents pour une affaire. C'est tout ce que je sais.
⸺ Rien d'utile, donc. Venez avec moi ! Je vais vous briefer en chemin.
Ils étaient enfin arrivés au poste. C'étaient des bâtiments anciens, construits peu après le Jour de Poussière. Autre époque. En y prêtant attention, on remarquait çà et là des restes de pièges de ferrailles, tous destinés à repousser les Fé·es qui auraient voulu s'en prendre à la Cognerie et à ce qu'elle représentait. Désormais, rouille et lichen en dévoraient les débris, et personne ne prenait plus la peine de les maintenir en état. Pourquoi faire ? Même s'iels existaient toujours, aucun·e n'irait prendre le risque de descendre aussi bas dans la Cité-État, là où personne ne pouvait venir l'aider. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus de Fé·es En-Bas.
Sauf un.
Celui qui se tenait derrière Cléandra alors qu'elle préparait le thé dans la salle de conférence.
Le mutisme qu'avait instauré le Limier depuis que Cléandra avait mis un point final à son résumé était inconfortable, et la cogne n'osait pas poser les yeux sur lui tandis que l'eau terminait de bouillir. À la place, elle scrutait la gazinière avec application.
La bouilloire du poste était un objet qui avait vécu, un engin cabossé de partout, mais qui offrait toujours un thé de première qualité. Petit avantage de cogne...
Enfin, le capuchon laissa échapper un sifflement strident. Cléandra en remplit deux godets à ras-bord, s'arrogea le premier et offrit l'autre à son compagnon. Les bras du Limier restèrent plaqués le long de son corps.
⸺ Vous pensez que c'est un·e Fé·e qui a fait le coup.
Ce n'était pas une question. Elle fit taire le sentiment de malaise qui l'étreignit une seconde.
⸺ Tout porte à le croire.
Il plissa les yeux.
⸺ « Tout » ?
Le gars avait de la suite dans les idées, elle devait bien lui donner ça. Mais elle n'était pas encore prête à partager ses soupçons avec qui que ce soit... encore moins avec ce Fé-là. À la place, elle opta pour l'offensive :
⸺ Arrêter l'un de vos congénères vous pose problème, Limier ? demanda-t-elle d'un ton faussement nonchalant, les yeux mi-clos au-dessus de son thé.
Elle bluffait, naturellement – même le plus antisocial des Citoyens savait que le Limier était responsable à lui seul de plus des trois-quarts des arrestations de Fé·es criminel·les au cours des dernières années – mais sa réaction l'intéressait. Il ne flancha qu'à peine face à l'accusation voilée :
⸺ ... Non. Je suis loyal à ma Cité.
⸺ Vraiment ?
⸺ Vraiment.
Cléandra lui servit un sourire mielleux.
⸺ Parfait ! Dans ce cas, il est temps pour nous de payer une petite visite à la morgue. Si vous n'en voulez pas, dit-elle en montrant sa tasse, remettez le dans la bouilloire pour les suivants : ce thé devient infect quand il refroidit...
Son expression enjouée s'évanouit dès qu'elle dépassa son Fé de subalterne. Cette mission commençait déjà à lui peser...
2. Mona
La porte s'ouvrit sans effort.
À l'intérieur, les rideaux étaient tirés, et seul un mince trait de jour venait éclairer la poussière de la pièce.
C'est bizarre.
Lucien avait horreur de la poussière, elle lui rappelait trop celle du dehors.
⸺ Lucien ?
Mona entra. C'était bien ce qui lui semblait :
Y a plus personne ici.
Et ce, depuis un sacré bon bout de temps. Elle se dirigea à tâtons vers les fenêtres et les ouvrit grand – ce qui provoqua un important courant d'air.
Poussière et poussière se mélangèrent.
Tourbillonnèrent.
Formèrent une silhouette bestiale...
Qui s'estompa dans la seconde : la poussière s'était envolée.
Mona tourna la tête. Elle n'apprécia pas ce qu'elle vit : on aurait dit qu'un ouragan était passé par là. Un ouragan, ou les cognes. Dans les deux cas, c'était vraiment pas rassurant.
⸺ Luce ?
Il ne répondrait pas, elle le savait. Où qu'il soit, Lucien n'était pas revenu ici depuis un moment.
Tout en déambulant parmi les meubles renversés, Mona se demanda ce qui avait bien pu se passer ici. Ça faisait combien de temps que son ami avait disparu, déjà ?
Une semaine.
Une semaine et toujours pas une trace de lui. Elle n'avait pas osé venir ici avant parce que Lucien lui interdisait toujours de s'approcher de chez lui, mais maintenant, elle regrettait de ne pas l'avoir fait plus tôt. Ils étaient censés se voir il y a deux jours, mais il ne s'était pas pointé. C'était ce qui l'avait décidée à venir.
Une tache sombre sur le parquet attira son attention. On aurait dit... de l'huile ? Qu'est-ce que Lucien irait faire avec de l'huile ? Pour autant que Mona en savait, Lucien se nourrissait de pain rassis et d'eau un peu croupie et se couchait en même temps que le soleil. Il n'avait pas l'utilité d'un tel produit... D'autant que, sans être un produit de luxe, l'huile était loin d'être gratuite !
Bizarre.
Un peu plus loin, elle repéra d'autres souillures du même acabit. En passant le doigt dessus, toutefois, la gamine observa une texture un peu différente, quasiment absorbée par les lattes pourries mais encore un peu gluante, avec une teinte un peu rosée, comme une glaire ensanglantée.
Un peu.
Le temps avait bien fait son travail... Que se serait-il passé si elle était venue plus tôt ? Plus tard ? Mais elle n'eut pas le temps de trouver une réponse à sa question, car elle entendit le bruit reconnaissable de pas montant des escaliers.
Et puisqu'il n'y avait pas d'autre appartement à cet étage et que celui-ci était le dernier de l'immeuble, ça ne pouvait être que...
⸺ Lucien !
Mona se précipita vers l'entrée, mais la porte s'ouvrit à la volée avant qu'elle ait seulement eu le temps d'effleurer la poignée. Sa joie creva aussitôt.
⸺ Qui... ?
3. Cléandra
⸺ Qu'est-ce qu'on sait de lui ? demanda le Limier en se penchant au-dessus du cadavre.
Ses yeux inhumains scannaient tout. Du bout des gants, il effleura le torse découvert du macchabé, suivit le relief de ses monstrueuses blessures. Cléandra lui tendit le dossier. Il le compulsa sans hâte, prit le temps de lire chaque témoignage et d'examiner chaque cliché.
Elle s'écarta pour porter son regard sur l'une des grandes fenêtres de l'édifice. Ils se trouvaient dans la salle la plus propre de la Cognerie, mais l'âge se faisait sentir dans tous ses recoins, toutes ses lézardes sur les briques. Rien que le souvenir de cette nuit-là suffisait à lui retourner l'estomac, mais elle ne pouvait se permettre de perdre la face devant un collègue – aussi féérique soit-il – alors que celui-ci se plongeait dans l'affaire avec un recul aussi effrayant qu'admirable.
⸺ C'est l'œuvre d'un·e Fé·e, énonça le Limier.
Ravie de constater qu'il n'avait aucun problème à dénoncer les siens, Cléandra se borna à répéter ce qu'elle avait déclaré plus tôt :
⸺ Comme je vous l'ai dit, c'est ce que tout porte à croire.
Il hocha la tête sans la regarder. Ses pensées avaient l'air ailleurs, comme si un nouvel élément encore non soulevé le taraudait. Sa lieutenante le pressa de lui en faire part.
⸺ ... Pourquoi un meurtre aussi sanglant ? finit-il par demander.
⸺ Vous doutez que l'un de vos semblables en soit capable ?
Il s'assombrit. Apparemment, il n'appréciait guère qu'on lui rappelle sans arrêt pourquoi ses oreilles pointaient et ses yeux brillaient...
⸺ Ce n'est pas la question. Mais quel·le Fé·e aurait intérêt à laisser un tel carnage à la vue du public ?
⸺ Un·e Fé·e pris·e par surprise ? suggéra Cléandra. Suffirait que la patrouille soit arrivée trop tôt...
⸺ Sauf que ça ne colle pas. d'après les rapports, le corps était déjà froid lorsqu'ils sont arrivés sur les lieux.
Elle ne le contredit pas. Chacune de ses répliques n'avait de toute façon qu'un seul but : voir jusqu'où le Limier pouvait pousser sa réflexion.
⸺ Et si c'était un coup des Sorcières ?
La cogne sourit. Elle commençait à comprendre pourquoi Ennortap lui avait envoyé ce gars-là.
Il enleva sa casquette pour l'épousseter, découvrant un crin gominé et soigneusement plaqué en arrière dont les pointes rebiquaient en boucles indociles derrière ses oreilles.
Une sorte de métaphore du personnage.
Une créature indomptable menottée par une rigueur à toute épreuve.
Il recoiffa son couvre-chef et se pencha vers elle.
⸺ Lieutenante ? Vous ne dites rien ?
Elle cligna des yeux.
⸺ Hein ? Ah, oui, pardon !
⸺ Alors ? Qu'en pensez-vous ?
⸺ Je n'en sais rien. (Ses yeux errèrent dans le vague.) J'y ai pensé aussi... mais à la réflexion, ça me paraît improbable. Enfin, les Sorcières ? Leur dernière action remonte avant ma naissance. Ça tient plus de la spéculation mystique que d'autre chose, à ce stade...
Cléandra s'arrêta dans sa phrase et soulevait le mouchoir qui voilait le visage du cadavre : son épouvante avait été capturée par la faucheuse, mais ça ne lui en donnait l'air que plus vivant. Il était de coutume de fermer les yeux des morts pour qu'ils ne voient pas le désespoir de leurs proches, mais personne n'était encore venu pour lui, puisque son identité n'avait pas encore été dévoilée au public. Il faudrait bientôt le faire.
⸺ ... Mais ?
⸺ Mais en même temps, reprit la cogne, je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre. Qui pourrait transformer un meurtre en un tel spectacle à part elles ? Sauf que ça ne marche que si une revendication politique suit ; et il y en a eu aucune.
⸺ Ça ne fait que deux jours.
⸺ Deux jours de trop. Tous les quotidiens en parlent : si c'est vraiment leur fait, qu'attendent-elles pour se manifester ?
Le Limier réouvrit le dossier sur l'un des négatifs pris sur place.
⸺ Peut-être... commença-t-il. Peut-être que ce n'est pas un coup des Sorcières. Peut-être que c'est un·e Follentez.
Cléandra tressaillit. Les Follentez... tout le monde connaissait ce nom. Sa nourrice lui racontait leurs légendes avant de la mettre au lit. On n'en avait pas vu depuis une éternité – encore plus longtemps que les Sorcières –, pourtant leur nom donnait toujours la chair de poule à ceux qui l'entendaient.
Les Fé·es étaient par essence des créatures instables. Mais les Follentez ? La folie gangrenait leur engeance, elle les dévorait de l'intérieur jusqu'à les transformer en pantins assoiffés de sang. Il ne faisait pas bon d'être fou au cœur des Cités-États... encore moins lorsqu'on était un·e Fé·e à Egnosnem.
En théorie, celleux-ci n'existaient plus depuis longtemps – à l'exception du Limier, Eliah Digenvez. En pratique, comme la Cognerie n'avait pas assez de moyens pour purger entièrement la Cité et que l'avantage dans un combat allait toujours à la hauteur... les deux camps s'ignoraient autant que faire se peut (même si les cognes se devaient d'intervenir de temps à autres pour la forme), et tout allait pour le mieux. Si la·e responsable était un·e Fé·e sauvage... Ils n'auraient pas d'autres choix que d'aller secouer les tapis des Cimes.
Il paraissait que Là-Haut, tout n'était que spectacles et débauche. La condition de fille de bonne famille de Cléandra (ou plutôt, de sa bonne famille) l'avait toujours empêché d'y mettre les pieds. Est-ce que sa première expédition au Ciel serait suscitée par cette enquête barbare ?
En tout cas, une chose était sûre :
⸺ Il va nous falloir traiter cette affaire avec beaucoup de précautions...
4. Eddgar
Il n'était censé y avoir personne.
Il.
N'était.
Censé.
Y.
Avoir.
Personne.
Alors qu'est-ce que cette gamine foutait là ?
Ils se dévisagèrent sans rien dire.
⸺ ... Z'êtes pas Lucien, finit-elle lâcher.
Ed faillit ricaner en entendant ça – son penchant cynique, sans doute.
⸺ Non, effectivement.
Elle avait une apparence troublante. Comme si on avait effiloché une ombre pour s'emparer d'un brin d'obscurité et qu'on l'avait coiffé d'un morceau de coton.
Il voulut lui demander comme elle s'appelait, mais à peine avait-il entrouvert la bouche que la fille parut se rappeler ne pas devoir être là et décampa sans demander son reste : en une couplée de secondes à peine, il ne restait devant lui que la toile abimée des rideaux que le vent faisait danser. Il aurait bien tenté de la suivre, mais... il était assez lucide quant à ses propres capacités physiques. Sa main se faufila dans la poche de son veston pour vérifier l'heure.
⸺ ... Poussière.
Il faudrait qu'il revienne un autre jour.
5. Mona
Mona pédalait à toute vitesse, puisant dans le rythme de ses halètements celui de se propulser sur la pente ardue qui la menait au sommet des Cimes.
Par la Poussière, c'était qui ce zig ?
Et qu'est-ce qu'il fichait dans l'appartement de Lucien ?
Il était pas d'En-Haut, elle était au moins sûr de ça. Trop propre, trop sobre. Et le foulard sur son nez devait couter presque autant que les recettes de l'Arvest en une soirée. Et puis, il était vieux ! Pas autant que Johan, mais quand même ! Au moins... trente ans ! Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir faire dans ce logement à l'abandon ? Il n'avait pas l'air d'être là pour la vue.
Lucien, mon gars, dans quelle misère t'es allé te fourrer ?
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