6 - Le club des compagnons
La jeune fille avait disparu, emportant avec elles l'armée des monstres sanguinaires. Tous sauf...
-Est-ce que quelqu'un sait comment vaincre un dragon ? Lança Rory, pas très rassuré, en tentant de se placer devant Amy, qui refusa tout net le geste.
-Ma lame d'ange est normalement capable de tuer n'importe quoi, répondit Castiel, qui, après avoir côtoyé de prêt l'apocalypse, Lucifer, les archanges, Dieu, et Dean lorsqu'on faisait du mal à Sam, n'était que très moyennement impressionné par la bête qui leur faisait face.
-Super, répliqua Amy. Par contre, sans vouloir te vexer, elle est pas très longue, ta lame. Et ses écailles ont l'air pour le moins résistante...
-Il lui en manque une, sous le ventre, laissa échapper John, pourtant complètement terrorisé. Je l'ai remarqué tout à l'heure, lorsqu'il nous survolait.
Les autres lui jetèrent un regard étonné.
-Tu as remarqué une écaille manquante à cette hauteur ? S'exclama Amy.
-Oui... non... répondit John, un peu confus. C'est comme si je le savais déjà, en quelque sorte...
Mais le dragon, que cette inattention commençait à vexer, choisit ce moment pour intervenir.
-Je te connais, voleur, tonna sa voix, semblable au grondement des marées. Tu es le marcheur invisible. Le porteur de chance, le vendeur d'énigmes, le monteur de tonneaux, tu es celui qui déroba l'Arkenston !
Le dragon tendit vers lui une patte griffue. John, pétrifié, n'osa pas esquisser le moindre geste.
-Tu as grandi, voleur, continua la bête. Et tu porte des habits bien étrange.
-Je ne suis pas un voleur, rétorqua John avec la même obstination qu'il mettait à affirmer que Sherlock et lui n'étaient pas un couple.
Il jeta un coup d'œil à l'ange à la lame argentée. Entre anciens soldats, il ne leur fallut qu'un regard pour se comprendre.
John reporta son attention sur le monstre. Il devait faire diversion.
-Je ne suis pas un voleur, Ô bête majestueuse, commença-t-il en soupirant intérieurement, parce que ce genre d'imbécilité n'était vraiment pas sa tasse de thé. Mais Sherlock avait disparu. Et s'il lui fallait faire la causette à un dragon pour le retrouver, eh bien soit. En vérité, continua-t-il à voix haute, je ne puis même pas concevoir qu'on ose fomenter un tel projet contre une bête aussi ... subliminale !
-Ne fais pas l'innocent, voleur, gronda le dragon en se redressant. C'est étrange, pensa fugitivement John, comme sa voix lui était familière. Je suis le feu ! Je suis la mort ! Rugis l'autre. J'ai tué le dernier Roi sous la Montagne, j'ai pourchassé les nains qui avaient osé dérobé le cœur de mon trésor, et ...
-Tu es mort, finit Castiel -qui s'était glissé sans bruit sous ses pattes- en lui enfonçant sa lame dans le cœur.
La bête hurla, lâchant vers le ciel un jet de flamme qui leur roussit la peau.
Sous leurs yeux stupéfaits, la lame plongée dans le corps de la bête se changea en une longue flèche de métal noir.
Puis, dans un rugissement de douleur encore plus puissant que le précédent, le dragon s'effondra.
Comme un mirage sous le vent, son image se ternit, perdit en consistance et, doucement, s'effaça.
Ils étaient seuls.
Il y eut un instant de flottement.
-Bien joué, lança finalement John à l'ange en trench-coat, qui inclina la tête en remerciement.
-Étais-ce vraiment nécessaire de le tuer ? Intervint Amy.
John lui lança un regard circonspect.
-On avait pas vraiment le choix, là.
-Si ça peut vous consoler, répondit Castiel, je ne suis pas entièrement certain qu'il était réel.
-Au fait, John, vous vous connaissiez ? Interrogea Rory.
-Non. Le monde d'où je viens ne compte aucun dragon. Il a dû me confondre avec quelqu'un d'autre...
-Possible, répondit l'ange, mais ça ne résout pas notre plus gros problème. À savoir, où sont les autres ?
-C'est vrai, acquiesça Amy, le Docteur ne serait jamais resté à l'écart en nous laissant combattre un dragon tout seuls. D'abord parce qu'il ne nous laisserait jamais intentionnellement en danger...
-Et surtout parce qu'il aurait voulu embrasser le dragon, finit Rory.
-Dean et Sam ne nous auraient pas non plus abandonnés, renchérit Castiel.
John ne répondit pas. Il était déjà sous les arbres.
-VENEZ VOIR ! Cria-t-il, les faisant accourir.
Il tenait dans ses mains une écharpe bleue.
-C'est celle de Sherlock, expliqua-t-il, un air triste sur le visage. SHERLOOOOOCK ? SHERLOOOOOOOCK !
-Ils ne sont plus là, intervint Castiel en mettant une main sur son épaule pour faire cesser ses cris.
-Et on ne voudrait pas vraiment attirer un autre dragon, précisa Rory en inspectant les alentours.
John soupira et glissa comme il le put l'écharpe dans sa poche.
-Nous aussi, on est inquiet, intervint Amy pour pallier au manque de tact des garçons.
-Vous ne savez pas ce que ça fait d'être abandonné, deux ans, en croyant que la personne la plus importante de votre vie s'est donné la mort ! Hurla presque un John à bout de nerfs.
-Si, répondirent d'une même voix les trois autres.
Ils échangèrent un long regard triste.
Ils se comprenaient, soudain.
Les meilleurs amis. Les laissés pour comptes. Ceux qui auraient tout donnés pour leurs héros. Ceux qu'on essayait toujours de protéger, et qui finissaient en dommages collatéraux.
-Le club des compagnons, souffla Rory. Super. Est-ce qu'on a une carte de membre ?
John sourit.
-Allez, soupira-t-il, allons à la recherche de nos idiots préférés.
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