Le chapitre 17 imaginé par @eurydictine
Ce texte est écrit dans le cadre du concours de "l'île Maudite"
remportera-t-il le match ? Est-ce celui-ci que vous
souhaitez que je publie ?
Aidez-moi ! Tous vos avis comptent !
La mer agitée et le père tranquille.
Assis sur ce sable brûlant qui me râpe la peau comme du papier de verre, je regarde longuement mes nouvelles victuailles : des friandises et des bouteilles d'eau plate. J'ai abandonné le coca périmé. De toute façon même non périmé c'est mauvais pour la santé. C'est ce que me dirait Sahra.
Sahra... Emily... James... ils me manquent.
Je suis seul comme un con sur cette maudite île déserte au milieu de nulle part. Mes côtes me font horriblement mal et la douleur de ma cheville est lancinante. Quelle idée ! Quelle idée j'ai eu de suivre James dans cette expédition humanitaire aux îles Samoa ! Comme si j'étais altruiste. Moi, le petit employé de bureau. Moi, qui n'ai pris l'avion que pour me rendre aux îles Canaries. Quelle étoffe d'aventurier je suis !
Si seulement je retrouvais mon sac ! Le duvet me serait utile pour passer cette prochaine nuit.
Je scrute au loin, cette moitié de carlingue qui gît là, comme un tombeau profané. Le vent se lève et emporte avec lui des grains de sable qui me fouettent le visage. Je m'allonge désespéré et regarde les nuages défiler.
Je suis complètement paumé. Des années que je suis sur cette île et pourtant je n'ai compté qu'une journée. Ces maudits bonds dans le temps me font perdre les pédales.
D'abord Maddy la petite fille, puis Suzy l'hôtesse...
Je suis seul, désespérément seul... Avec des M&M's et un minable polo rayé gris...
Pathétique.
J'ai envie de hurler, mais mes côtes me rappellent à l'ordre. Et hurler pour quoi ?
Mon corps est fatigué et ma tête va exploser. Je vais devenir fou. Cette solitude est insupportable. Vais-je finir par parler à un ballon comme Tom Hanks dans ce film ? Non, il faut que je m'occupe l'esprit à défaut d'avoir un physique en bon état.
Trouver un abri pour la nuit. Oui, c'est une bonne idée ! Rassembler tous les objets qui pourraient m'être utile. Faire du feu ? A oublier. Manger des M&M's. Dormir. Et demain chercher le reste du fuselage qui ne doit pas être loin.
Je me relève et constate que le ciel s'est dangereusement obscurci au loin. Combien de temps suis-je resté allongé sur ce sable des enfers ? Il faut que je me grouille pour trouver un refuge, une grotte... N'importe quoi qui me mette à l'abri de l'orage qui se prépare.
Alors que je ramasse tant bien que mal les affaires éparpillées sur la plage je repense à l'enchevêtrement de roches et troncs d'arbres qui abritent la petite Maddy. Non, je ne peux décemment pas m'installer là dedans. Il me faut autre chose.
Mes pas fébriles me mènent dans les formations végétales, tout d'abord des taillis et enfin des arbres tropicaux grands et touffus. Plus j'avance, plus je regrette de ne pas avoir regardé avec attention Koh-Lanta ou encore ces émissions de naufragés des temps modernes. J'y aurais peut-être appris des trucs utiles comme savoir faire un feu ou pêcher avec les mains. Au lieu de ça, je préférais rester les yeux rivés sur mon écran à fureter sur Wattpad. Quel crétin !
Dans la semi-obscurité des lieux je distingue un arbre, pas très haut, sur lequel se suspendent des fruits en forme de poire. Intrigué, j'attrape l'un d'entre eux et je le hume. Un parfum frais et légèrement sucré s'en dégage. Ca me rappelle les poires sur l'étal du maraîcher du marché du samedi matin. Je décide de charger un peu plus mon fardeau.
Je regarde autour de moi, à la recherche d'un asile pour la nuit. Rien.
Je vais tenter ma chance ailleurs. Seulement je n'ai plus beaucoup de temps devant moi.
Je me décide d'aller explorer ces falaises aussi raides que mon banquier. Marcher me fait souffrir, mais il me faut surmonter cette douleur. Du courage, Haron ! Du courage, nom d'un chien ! Le ciel menaçant ne va pas tarder à plonger l'île dans une noirceur effrayante.
Handicapé et épuisé, ma progression est digne d'un escargot malade. J'arrive tout de même aux pieds des parois rocheuses et cherche du regard une cavité hospitalière. Les ombres me jouent des tours et trompent mes espoirs.
Je n'ai pas le choix, il faut que je la longe, et voir ce qu'il y a de l'autre côté. Ce n'est pas ici que je trouverai refuge.
Sur la côte inhospitalière battue par les vents et la houle du large s'ouvre une baie spacieuse, entre un promontoire rocheux et une presqu'île frangée d'écume. La pointe de terre qui s'avance dans la mer est plus accueillante que les falaises dentelées que je viens de quitter. En revanche le crépuscule menace, ce cap est mon dernier espoir.
J'accélère le pas. Je gravis quelques mètres et surplombe enfin la mer ou l'océan, que sais-je ? Je ne sais même pas où je suis. Mon regard balaye rapidement le nouveau paysage qui s'offre à moi.
Une entrée étroite dans la paroi rocheuse de mon havre me saute aux yeux. Je crois rêver, j'en pleurerais. Allez Haron, plus que quelques mètres !
Alors que j'effectue quelques pas dans cet abri, un bonheur incroyable m'envahit. C'est comme rentrer chez soi après une dure journée de boulot. C'est ça, je suis vanné.
Le sol n'est pas plat, mais là où j'en suis je m'en fous, la cavité est sèche. L'orage peut bien tomber, la mer se déchainer, je suis protégé. A moi l'indigestion de M&M's !
Je défais mon ballot et m'emmitoufle dans la couverture de survie. De mon antre je peux voir les vagues poussées par le vent mourir sur la petite plage de la crique. J'ouvre un premier paquet de cacahuètes enrobées. C'est la douche froide : les sucreries ont fondu créant ainsi un agglomérat de chocolat, qui n'en est pas, et d'arachide. Pourquoi je n'y ai pas pensé ? La date limite d'utilisation optimale indiquée est avril 2017. Je suis dégoûté, je ne peux pas risquer une intoxication alimentaire.
L'orage gronde, et je suis dans ma grotte comme un couillon, blessé, affamé et cassé.
Une odeur de poire sucrée me chatouille les narines, j'attrape donc l'un des fruits cueillis plus tôt. Cet arôme enivrant est une invitation à la tentation. Je gratte la peau fine et pourtant résistante. Chose étonnante il se pèle comme une banane. Plutôt pratique puisque mon couteau multifonction est perdu quelque part dans le reste du fuselage.
La chair délivre en plus des effluves semblable à de la cannelle. Elle est filandreuse et juteuse à la fois. Cette exhalaison délicieuse m'incite à croquer dedans. C'est bon, excellent même. J'engloutis la première poire. C'est désaltérant et rassasiant à la fois.
- Haron ?
Je suspends mon geste alors que j'attaque la deuxième. Ai-je rêvé ?
- Haron ?
- Je suis là ! Je suis là ! crié-je de ma cachette. Je suis là !
Le silence qui suit me glace le sang, seul l'orage et le vent me répondent. J'ai soudainement la tête qui tourne et je transpire. Un bébé pleure au loin. C'est Emily, je reconnais ces pleurs ! Je sors ma tête de mon refuge, mais la pluie drue m'empêche de voir l'extérieur. Seuls les éclairs fendent l'obscurité.
- Emily ? Emily, ma chérie c'est toi ?
Je n'arrive pas à bouger. Je suis affalé sur le sol rocailleux et vois des fleurs sur les parois de ma grotte. C'est joli et coloré. Le bébé pleure toujours mais j'en suis certain maintenant, ce n'est pas Emily. C'est un piège. Les fleurs ont disparu elles ont laissé place à deux silhouettes une grande et une petite. Elles marchent mains dans la main. J'ai envie de vomir. Mes yeux sont larmoyants. Maddy et Suzy me désignent du doigt en rigolant. Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi se moquent-elles de moi ?
Mes paupières sont lourdes, mes mains tremblent et je crois que je me suis fait dessus. Le bébé ne pleure plus, Maddy et Suzy sont parties. Quelqu'un rigole au fond de la grotte. C'est James !
Mes mots restent coincés dans ma gorge. Pas un son ne sort. J'ai froid à l'intérieur et chaud à l'extérieur. La sueur perle sur mon front. Ma bouche détendue est ouverte laissant glisser un filet de bave et j'entends au loin chanter.
- Tirelipimpon sur le Chihuahua...
Carlos ? Carlos était dans l'avion ? Ma tête va éclater.
- Tirelipimpon avec la tête avec les bras...
Non, c'est mon cœur qui va sauter le premier.
- Tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas.
Je crois qu'en fait c'est mon estomac qui va agir le premier.
- Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas!
D'où sortent ces musiciens et ces danseuses face à moi ?
Mes yeux se ferment je ne peux plus lutter.
La chaleur du feu me chauffe les joues, la lumière aveuglante m'assaille. Une forte émanation de kérosène remplace le doux arôme sucré de mon fruit psychédélique. Si je pouvais cette fois me réveiller avant que James ne débarque chez moi.
***
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