Chapitre 3 - Old School
Il y a 2 ans et demi, post incident
Quelques rayons matinaux se perdent, par-delà la vitre plastique du Bus. Le voilà finalement presque arrivé. Loin devant se dessine peu à peu ce bâtiment isolé grisâtre et abîmé, un lycée banale pour les sans alter.
Voilà maintenant 6 mois qu'il a quitté UA.
Une musique s'élève de son téléphone, et les regards s'orientent entièrement sur lui, ne décrochant pas, laissant l'interminable son standard user les oreilles.
Katsuki sait pertinament que c'est un appel de ce fichu nerf. Tout les jours à des heures variées, il l'appel et laisse un message vocal. Katsuki ne les a encore jamais écouté, une soixantaine comblait déjà sa boîte de reception. Il sait que c'est inutile, c'est assurément une soixantaine d'excuses, de remords de "pourquoi tu es parti ?" Et de bruit de nerd qui renifle. Et puis quoi, il n'a rien à répondre à tous ça, il n'a pas à le subir non plus.
Le téléphone sonnait toujours, et comme le regard du chauffeur se fit lui aussi insistant il l'éteigna, et ne n'allumera plus.
Izuku n'était pas le seul à l'harceler, il pouvait compter aussi sa mère et ses autres camarades.
Katsuki vient de juste de tout quitter, sa ville d'Enfance, son rêve, ses amis, sa famille. Les regrets sont tapis ailleurs, le cœur est vide et les valises sont lourdent.
Il a bien besoin de souffler un peu et prendre de la distance sur ces derniers mois.
Voilà le topo : passer sa terminale et sa fin d'année dans ce bâtiment maintenant proche, en internat, puis faire des études, comme un gars normal.
Ce sera trop facile, se dit il, la tête encore appuyé à la vitre, le regard emplis de doutes. Il faut que ça le soit.
6 mois se sont écoulés avant de finalement se décider de se rendre ici, dans ce bus, cette nouvelle école, cette nouvelle vie où bien la chute aux enfer.
Il y a 6 mois, le premier diagnostique était pourtant tombé, fiable, quelques jours après son hospitalisation. Devant la feuille criblée de graphiques dont il ne comprenait rien, il a rit, il a rit si fort puis à jeter la paperasse au pied du médecin et il a demandé à ce que l'on refasse les tests.
Katsuki a repassé ce putain de test tellement de fois qu'il se souvient encore de la procédure, et même si ça lui faisait un mal de chien toute ces seringues qui prélevaitent on ne sait quels bout de lui, c'était toujours moins pire que l'idée même que son alter l'ai quitté.
Les hôpitaux et les médecins se sont enchaînés, comme à l'usine et les papiers ressortaient de là identique. Finnissait à la poubelle, systématiquement.
Le pire, c'est que même au bout de l'énième diagnostique -Il n'en a pas retenu le nombre- il ne pouvait toujours pas le croire. Il se souvient même avoir demandé les cours à Kirishima pour lorsqu'il reviendrait une fois en forme.
Ça a duré 3 mois, puis, lorsqu'il a fait le tour de ses options, une fois pied au mur, il n'a pas pu faire autrement que de se résoudre à sa propre fatalité.
Les autres 3 mois qui ont suivis ensuite furent sûrement les pires de son existence. On lui a imposé un choix et pousser par-delà le navire, lorsque All might et les professeurs sont venus, essayant de lui annoncer la chose, polir les angles, lui faire signer quelques papiers pour conclure la désinscription, les dédommagements, les éloges. Tous ça réunis en même temps, comme une grosse tempête, et Katsuki qui était là dans son putain de lit, la tête encore bandé, et les rêves.... les rêves brisés. C'etait pathétique. Katsuki s'est senti pathétique, a en crever. Il n'a pas dit un mot.
Une partie de lui est morte ce jour là.
L'autocar s'arrête soudainement, net, signe de leur arrivé imminente. D'un pas lent il sort du bus, contemplant son nouvel environnement. C'est laid, fut sa première pensée.
L'école était disproportionnellement grande comparée au nombre d'élève présent. C'était le terminus, la déchéance, le cul de sac.
Le bâtiment, l'ambiance, les élèves. Tout relevait d'un ridicule pesant.
Mais il n'avait plus d'autre choix pas vrai ?
Il suivit une bonne dizaine de minutes le groupe d'élève qui finirent par rentrer dans une classe. Il ne savait pas où se trouvait l'accueil ici.
Le couloir fut bientôt vide, et il resta planté là, comme un con.
Seul.
C'etait terrible cette sensation, il n'avait même plus de chez lui. Il n'avait même plus la possibilité de se cacher dans sa chambre, sa bulle de réconfort. Katsuki gisait là, et il se pinçait encore le bras, espérant de toute son âme être tombé dans un cauchemar un peu trop sombre.
Rien ne se produisit, et un professeur s'imposa dans le couloir, venu à sa rencontre et Katsuki aurait préféré ne jamais l'avoir croisé, rester dans le silence, et ne rien affronter.
-Mr.Bakugo je présume, Suivez moi jusqu'a votre classe.
Sa nouvelle classe était miteuse, seulement rempli de 15 élèves. Les pupitres et les chaises dataient bien d'au moins 50 ans, en bois et fissurés.
-Veuillez accueillir dans l'enceinte de notre lycée un nouvel élève, il restera ici la fin de l'année en cette classe de Terminal. Veuillez l'accueillir comme il se doit.
-Bakugo Katsuki. Simple, il manquait un grain de poivre : Ah et Juste une chose : me faites pas chié.
Les élèves fronçerent les sourcils et les messes basses commencèrent à s'élever.
Katsuki pris place côté fenêtre, espérant ainsi respirer plus d'air que de poussière.
Le temps s'écoula, le regard bloqué sur l'extérieur, la vision troublée impossible de faire une mise au point et les oreilles assourdis de ses pensées, n'entendaient plus rien du cours.
Katsuki se sentait comme dans le corps d'un fantôme, tellement il ne percevait plus rien, ni même un sens, ni même son corps et les pensés n'étaient qu'un amas de bruits, d'insultes qui formait un gros gribouillis à l'encre noir.
Ça lui rappelait les dessins minables de Deku
A midi, arrivé dans le réfectoire il était clair que la nourriture n'avait rien avoir non plus avec ce qu'il avait habitude de manger. Mais ce n'était pas comme si la faim était au rendez vous, le blond ne prit qu'un simple sandwich et s'assit à l'écart des autres, toujours contre la vitre, du moins jusqu'à qu'un groupe d'abruti viennent s'asseoir à sa table.
-Salut hum Katsuki c'est ça? On est dans la même classe !
La fille avait une voix un peu trop criarde, et globalement son visage lui faisait penser à Jiro. Ce n'était pas une bonne chose, Katsuki savait qu'il était en train de projeter sa vie d'avant. Et puis a coté d'elle, ce gars lui donner des airs d'un 'Monoma", au rictus des lèvres agaçantes.
Katsuki ne répondit rien, se contenta de souffler. Et puis le faux Monoma commença à ouvrir sa grande gueule.
-Laisse tomber, encore un recalé, c'est le genre de mec qui n'arrive à rien. Juste un fouteur de trouble qui s'est fait virer de son lycée prestigieux pour venir ici. Eh ouais mon vieux, bye bye la vie de rêve de riche et de héro. T'es plus rien ici, bourres ça dans ton petit crâne d ex-surdoué.
-C'est de moi que tu causes ?
Katsuki n'avait pas changé de posture, seulement son regard noir dévisageait amèrement le garçon assis dans sa diagonale. Il était a deux doigts de le chopper par la peau du cou.
-Arrêtes un peu Kabuto ! Il est nouveau ici ce n est pas une façon de l'encourager à s'adapter.
-Encourager ce mec avec son orgueil surdimensionnée ?! Nan sérieux c'était quoi ce numéro en classe ? S'il pouvait s'adapter ce serai déjà un bon point.
Le spectacle du guignol qui lui crachait ses pré-avis à la gueule, s'en était trop.
Katsuki se leva brusquement, une aura meurtrière en main, et rapidement le chopa par le col, ses yeux encrés dans les siens. Il voulait être clair.
-Recommence ce ptit jeu avec moi tête de rat, et je te jure que tu vas le regretter.
-ohhh tout doux le fauve ! La provocation a son paroxysme, il s'avança lui meme vers Katsuki, faussement innocent. En tout cas ce que les gens vont retenir de toi en ce premier jour, c'est juste que tu es un fou furieux.
En effet le réfectoire silencieux les observaient attentif et inquiet.
Il lâcha le garçon, et sortit du réfectoire les mains dans les poches. Il avait merdé sur ce coup là.
Une fois dans la cours il s'assit contre un muret, posant sa tête en arrière exaspéré. Cela ne faisait même pas une journée, et le voilà déjà avec une sale réputation.
Mais cette tafiole avait raison, ce lycée n'avait rien avoir avec ce qu'il avait connu, c'est l'envers du décor, l'ombre crasseuse de la carrière héroïque. Ceux qui n'ont pas d'alter ou (du moins peu utile) sont littéralement délaissés. Merde. Il n'a jamais su, il n'aurait jamais su.
Il était devenu un grain de poussière parmi le sable. Et quand on a connu le sommet, c'est pire que tout, c'est l'inexistance absolu, alors que quelques mois auparavant il était à deux doigt de toucher le Soleil.
De son veston il sortit nerveusement ce qu'il avait acheté dans un tabac quelques jours plus tôt. Ça n'avait pas été conscient, ou réfléchi, c'est juste arrivé.
Du paquet il retira une cigarette qu'il coinça entre ses lèvres. Puis l'alluma avec son briquet aux motifs gothiques, et laissa la fumée grisâtre s'incorporer dans son corps, le soleil au plus haut de sa grandeur lui caressant la joue. Magiquement, il se détendait petit à petit.
Une ombre lui priva soudainement du soleil apaisant. Ce n était autre qu'un élève du lycée. Le contre jour empêchait une nette vision de son visage .
-Je me permet.
L'individu s'assit à côté de Katsuki, sortant lui aussi une cigarette pour venir l'allumer, son visage maintenant exposé à la lumière. Il avait en effet une tête peu ordinaire : des cornes sur la tête et des joues aussi noirs que ce qui aurait dû être le blanc de ses yeux. Il lui rappelait Mina, mais d'une version plus sombre.
- Alors, commença le type, toi aussi ils t'ont jeté là hein ?
Il expira la fumée. La question était un peu confuse, et Katsuki tiqua seulement de la langue. Il n'avait pas envie de parler, et surtout pas de lui, et c'était la limite pour qu'il se relève et s'en aille. Mais l'autre type continua.
- Mon alter m'a été arraché, je ne saurais pas t'expliquer comment... ils m'ont d'abord défendus de revenir au Lycée, puis ils m'ont expulsés et enfin ils m'ont foutu ici il y a 2 mois. Je ne te blâme pas pour ta réaction tout a l'heure. Je l'a comprend.
Katsuki n'était donc pas le seul cas dans cette situation.
- Putain, je t'ai rien demandé, je m'en tape de ta vie. Tu ne sais rien de moi.
C'etait la seul façon que Katsuki avait de se défendre, puisque ce type était venu en apercevant une faiblesse qu'il s'efforçait de ne pas faire transparaître malgré tout.
-Personne ne vient ici en cours d'année, sauf si les conditions on fait que cela se produise. Je voulais juste te dire que tu n'étais pas seul dans cette merde. Nous sommes tous des losers ici, alors ne te morfond pas trop.
Katsuki ne sortit aucun mot de sa bouche, ça l'a surpris au début, à une époque il l'aurait insulter si fort rien que pour le mot losers. Mais une partie de lui accepta la critique. C'etait comme si la colère, dont il a été rempli toute sa vie s'essoufflait. Il était un loser.
Ne pas trop se morfondre ? C'est à mourir de rire. Comment pouvait il gérer ça ? Impossible.
Les protections se sont éclatés entre elles, le mettant à nue, comme un nourrisson. Et la chute n'avait finalement pas de fin, pas de sol tout au fond pour qu'il s'écrase. C'etait déjà trop, il voulait que ça cesse. Une grosse comédie de merde, voilà ce que c'était. Comment pouvait il ne pas avoir atteint la fin de la chute, alors qu'il s'efface à la pierre ponce, il s'arrache tout, il s'autodétruit à ne plus se reconnaître, à ne plus rien faire.
Il reprend une bouffée de cette saloperie.
Peut-être que s'il était mort, cela aurait été moins pénible.
*****
Les cours se finirent enfin. Après de longues heures d'attentes.
Katsuki se dirigea vers l'internat, positionné en face du lycée.
Devant le bâtiment il y retrouva kabuto et sa team faire barrage devant l'entré.
Katsuki reconnaissait les positions, il les as déjà vécu lui-même. L'odeur de la violence, et les points serrés prêt à en découdre.
- Face de rat, à quoi tu joues ?
La violence Katsuki connaît bien, surtout lorsqu'elle est injuste, trop tranchée.
Une douleur au tibia le mis à genou. Il s'agissait d un coup de pied de l'un de ces sbires postaient a coté.
Ça ira, il est bon dans ça, quand il faut taper il est le plus fort, ça ira. Il va les défoncer. Il va leur montrer qu'il n'est pas si faible.
Mais rien ne vint, et son genou resta planté sur le sol, incapable de bouger. C'etait comme s'il acceptait l'exécution, qu'il acceptait son sort, la désillusion.
Une partie de sa tête disait qu'il méritait peut-être tous ça, que c'était ça le châtiment.
Katsuki renonça à gagné, pour la première fois.
Il reçu ensuite un coup dans la nuque puis dans le ventre. Les bleues perlèrent sur la peau de ses joues et de ses bras. Ce n'était même pas si douloureux.
La peau nue de Katsuki continua ainsi à prendre des teintes violettes, comme le ciel.
Le soleil se couchait par delà l'internat, épuisé et las, laissant apercevoir pour la seconde fois sa forme ronde nue et fragile, dans une dernière couleur rosée.
****
Tout ira bien, bien
Tout va bien se passer, va bien se passer
Ça va être une bonne, bonne vie
Je suis un gâchis, je suis un perdant
Je suis un haineur, je suis un manipulateur
Bebe-rexha-i-m-a-mess
*****
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro