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Le Gouffre

Bip

Je me suis souvenue...

Bip bip

J'ai oublié mon prénom. J'ai oublié la vie. J'ai oublié qui j'étais... Qui suis-je réellement ?

Bip bip bip

Mes oreilles bourdonnent. Je sens la solitude m'envahir. Je voudrais ouvrir les yeux mais ces derniers restent désespérément clos. Une voix qui semble venir de très loin retentit tout à coup dans mon esprit. « Réveille-toi, je t'en prie. Tu nous manques... ». Qui me parle ? Alors que je vois un brin de lumière s'infiltrer dans mes yeux, je sens alors la douleur familière me percer l'arrière du crâne qui se propage dans tout mon corps. La douleur devient insoutenable et comme à chaque fois, je sombre de nouveau dans le Gouffre.

Je rouvre les yeux. Le blanc, il n'y a que du blanc qui m'entoure. Je sens le désespoir m'envahir. Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ça ne s'arrête pas ?

Je sens alors un goût salé entrer en contact avec la langue. Je m'arrête instantanément de pleurer. J'ai fini par comprendre, se lamenter ne sert à rien. Il faut que je m'accroche à cette voix qui semble sortir de nulle part. Et peut-être trouverai-je le moyen de sortir d'ici ?

Je m'assois et prends mes genoux dans mes bras et attends. Je ne peux qu'attendre. Que puis-je faire d'autre ? Je suis enfermée ici. Je ne peux pas en sortir... A moins que... ?

Je me lève d'un bond sur mes deux pieds. Tandis que je me mets à courir dans ce paysage blanc, j'essaye de me rappeler. Je suis entrée ici, il doit forcément y avoir une sortie.

Je regarde autour de moi. Le paysage n'a pas bougé, il paraît toujours aussi immobile et inerte. Je ralentis le pas et me laisse tomber à genoux. Je prends ma tête entre mes mains. C'est toujours la même chose. Toujours le même environnement. Toujours ici et toujours seule.

Je me redresse et hurle jusqu'à ce que je n'ai plus de souffle. Mes larmes redoublent lorsque ma propre voix ne parvient pas à mes oreilles. Je vais finir par oublier de parler si ça continue, je pense en séchant mes larmes rageusement d'un coup de manche.

Je regarde alors celle-ci. Je ne porte qu'un sweat et une robe. Je suis pieds nus. Je me donne quatorze ans mais si ça se trouve j'en ai quinze ou bien douze. Je ne sais pas vraiment puisque je n'ai aucun souvenir d'avant. Pendant un temps, je me suis inventée des prénoms puis ce petit jeu a fini par me fatiguer alors j'ai arrêté.

Je regarde droit devant moi et je reprends ma course. Je sortirai d'ici ! Je me le promets.

Je cours encore et encore. Je sens l'air me manquer mais je ne ralentis pas pour autant. Un pied devant l'autre et tu sortiras d'ici ! je songe avec conviction.

Je ne sais pas depuis combien de temps je cours mais j'ai pris une décision. Je trouverai la sortie, coûte que coûte. Mes jambes me font souffrir, ma gorge me brûle, j'ai les poumons en feu, j'ai besoin d'air. Mon cerveau ordonne à mon corps de s'arrêter mais mes jambes refusent. Je ne ralentirai pas. Je suis bien décidée à trouver cette fichue sortie.

Soudain, je vois des étoiles danser devant mes yeux. Je sens mes mains devenir moites et mes jambes se dérobent sous moi. Je n'aurai pas dû aller si vite, me dis-je avant de perdre connaissance.

Je ne sais pas si j'ai réellement perdu connaissance car lorsque je rouvre les yeux, je réalise que le paysage a changé. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. J'ai réussi à sortir du Gouffre ? me je me demande le cœur battant.

Je regarde autour de moi.

Je me trouve dans une maison. Sur ma gauche, il y a un canapé devant une télé. Devant moi, il y a une porte entrouverte. La cuisine ! je devine. Je sens alors une boule monter dans ma gorge. Comment je le sais ? Je tourne la tête vers la droite. Un escalier de bois verni étincelant à la lumière de la journée monte à l'étage. Sur les murs, il y a quelques cadres en guise de décorations. Je baisse les yeux et découvre des jouets d'enfants qui traînent sur le sol. Alors que je relève les yeux, mon regard s'arrête sur un petit coffre qui se trouve sur ma droite, à mes pieds. Je m'abaisse et effleure du bout des doigts, le bois lisse du coffret.

Tout à coup, c'est comme si la pièce s'animait. Des bruits de vaisselles et des éclats de voix retentissent alors. La femme qui sort de la cuisine semble crier quelque chose et jette l'assiette qu'elle tient dans ses mains, au sol. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle dit. Les sons me proviennent déformés. Puis, un homme sort à son tour de la cuisine. Ils se mettent à hurler. Papa, maman... je pense en fermant les yeux. Je sens les battements de mon cœur s'accélérer et je rouvre les yeux. Mais ils ne semblent pas me voir, comme invisible à leurs yeux.

Des bruits me font soudainement tourner la tête. Un petit garçon qui doit avoir quatre ou cinq ans, descend doucement les escaliers. Il garde la tête baissée. Sa petite tignasse blonde cache son visage. Ce n'est que lorsqu'il relève la tête et que je croise ses yeux bleus remplis de tristesse que je me souviens. Pierre... J'ai un petit frère et il s'appelle Pierre. Je sens mes larmes me monter aux yeux et une bouffée de chaleur m'envahir. Je ne suis peut-être pas seule finalement.

Soudain, une jeune fille apparaît derrière le petit garçon. Son visage froncé, ses yeux bleus luisant d'un mélange de tristesse et de colère, ses cheveux ondulés d'un blond foncé tombant sur ses épaules, des traces de larmes sur ses joues, pieds nus, habillée simplement d'une robe blanche, elle prend son petit frère dans ses bras. Elle le berce doucement et finit par le reposer. Elle se lève ensuite et rejoint les deux parents qui continuent de se disputer.

Ses yeux étincèlent de colère et elle leur crie dessus tout en désignant son petit frère, qui resté dans l'escalier, s'est roulé en boule.

Je sursaute. La jeune fille vient vers moi et... me traverse. Je me retourne stupéfaite. Elle ouvre la porte d'entrée qui se trouve derrière moi et sort sans la fermer. Je suis des yeux la jeune fille alors que ma vision commence à se brouiller.

Je suffoque, l'air me manque. J'ouvre alors la bouche et prends de grandes goulées d'air. Au bout de quelques instants, je réalise enfin que je suis de retour au Gouffre. Je l'ai nommé ainsi car j'ai l'impression de m'enfoncer davantage à chaque fois que j'y retourne et de ne pas pouvoir en réchapper. Je serre les poings et malgré ma frustration d'être revenue, je souris et laisse échapper une larme de joie. J'ai une famille, des parents, un petit frère, une maison... Je ne sais pas ce que j'ai vu, mais je suis sûre d'une chose : il faut que j'en sache plus sur ce qui va se passer et ce qui va arriver à la fille. Parce que cette fille, c'est moi. Je ferme alors les yeux et c'est avec le sourire aux lèvres que je m'endors.

Quelqu'un me prend la main. Je sursaute et ouvre les yeux, enfin plutôt j'essaye. Un maigre rayon de lumière s'infiltre sous mes paupières. Ma respiration s'accélère.

« On est en train de la perdre ! » s'écrie quelqu'un pas très loin de moi. Je voudrais lui demander ce qu'ils sont en train de perdre mais je n'arrive plus à respirer. J'étouffe. La lumière s'éteint brusquement, les voix et les présences disparaissent et je sombre de nouveau dans le Gouffre.

Je regarde ma main jouer avec une de mes mèches de cheveux. Ils paraissent si réels, ces cheveux, et pourtant j'ai l'impression de ne pas être réellement présente. Allez, on y va. L'avantage du Gouffre c'est que je n'ai jamais faim - de toute façon il n'y a rien à manger - alors je n'ai pas de temps à perdre. Je me redresse et regarde l'horizon qui se résume à du blanc, rien que du blanc, encore et encore du blanc, toujours du blanc. Je prends une profonde inspiration et m'élance vers un but inconnu.

Je cours toujours. Ça doit bien faire quinze minutes maintenant. Je dois accélérer si je veux retrouver cette vision, je songe en accélérant de plus belle. Il faut que je m'évanouisse pour que je la retrouve. Je coure, galope, bondis dans cet univers blanc qui est devenu ma seule et unique compagnie. Et, enfin, je sens ma tête devenir lourde, je ne résiste pas et me laisse emporter.

J'analyse les alentours, le cœur battant. Je suis dans un parc. Quelques marronniers et chênes font de l'ombre sur l'allée de poussière. Un peu plus loin, je vois une aire de jeux pour enfants. Trois personnes venant vers moi retiennent mon regard. La jeune fille à la robe blanche, une autre fille en jean, basket, tee-shirt et un garçon qui est également habillé avec un jean, des baskets et un sweat. Ils semblent avoir le même âge. Je les regarde s'asseoir sur un banc, à l'ombre d'un marronnier. La jeune fille s'assoit entre ses deux amis. J'ai l'impression qu'ils tentent de la rassurer.

Puis, brusquement, elle se lève et se met à courir, toujours pieds nus, sur le chemin. Mais ses deux amis la rattrapent. Le garçon passe son sweat à la jeune fille. Tandis qu'ils s'éloignent, j'ai l'idée de les rattraper. Je me mets alors à mon tour à courir en priant que ça marche. Et, ô miracle ! J'arrive à leur hauteur. Alex et Louise... Mes deux meilleurs amis... Alors que je marche à leurs côtés et qu'ils échangent des mots que je ne comprends pas, je sens tout à coup une vive douleur surgir à l'arrière du crâne et la vision s'efface brusquement.

Une voix me parle, j'en suis consciente. Je voudrais lui dire que je ne peux pas l'entendre, de parler plus fort mais ma bouche refuse de fonctionner. Je respire calmement et tente de bouger la main. Malgré mes efforts, je ne peux que la bouger de quelques millimètres. Mais c'est suffisant pour réaliser que je suis allongée.

Quelqu'un s'assoit à côté de moi.

Il faut que j'ouvre les yeux, me dis-je avec hargne.

Je réussis alors à entrouvrir les yeux. La lumière aveuglante me brûle les yeux et m'oblige à les refermer. C'est alors que j'entends la voix de la dernière fois : « On ne peut pas la maintenir plus longtemps. On a trop attendu. »

La personne assise émet un sanglot.

« Il faut la débrancher ».

J'entrouvre une nouvelle fois les yeux en tentant cette fois de les maintenir ouverts.

« Non, s'il vous plaît », murmure l'autre voix.

Avec le peu d'énergie qu'il me reste, je tourne légèrement la tête et je vois alors deux femmes qui parlent. La deuxième, qui était assise sur mon lit, je la reconnais.

« Elle se réveille ! » s'exclame soudainement un jeune homme doté d'une blouse blanche en arrivant dans la pièce.

Je lève les yeux vers ma mère et souffle :

- Maman ?

A peine revenue dans le Gouffre que je décide de tenter une nouvelle course. Je viens de comprendre ce qu'il m'arrive, ou du moins en partie. Tout ceci n'est pas réel. Je contemple l'étendue infinie autour de moi. Tout ceci n'est pas réel, je me répète heureuse. Ce n'est pas un rêve mais je ne suis pas dans la réalité non plus. Je ne sais pas où je suis mais tout ce que je sais c'est que je peux sortir et que des personnes qui m'aiment, m'attendent. Alors que je sens que je perds connaissance, je ralentis ma course et j'ai le temps d'apercevoir une dernière fois le Gouffre. Au revoir, je pense la gorge nouée.

Je mets un moment avant de réaliser que je me trouve dans une rue. Devant moi, je vois trois cyclistes s'arrêter à un feu rouge. C'est moi et mes amis. La chose assez étrange est que je porte à présent des chaussures. Je ne peux m'y attarder davantage, le feu passe au vert. Je vois alors le garçon démarrer en premier. Je ferme les yeux. Ça y est je me souviens. Une voiture traverse brusquement dans le carrefour. Je rouvre les yeux. Le garçon freine rapidement et tombe de son vélo sous la violence du freinage. La jeune fille en robe blanche, elle, n'a pas le temps. La voiture la percute de plein fouet, et elle est éjectée à plusieurs mètres de là. Je sens la douleur sur ma nuque surgir et s'amplifier. Mes oreilles bourdonnent, ma vision se trouble et je commence à suffoquer.

- Ramenez-la vite ! L'oxygène !

Je sens alors l'air s'infiltrer dans ma gorge et entrer dans mes poumons. Ma vision s'améliore et je distingue alors plusieurs personnes qui me regardent bouleversés. Mon petit frère paraît plus âgé, je lui donne entre sept ou huit ans. Tandis que mes amis, eux, ils doivent avoir dix-sept ans. Ma mère m'enlace soudainement dans ses bras.

- Je savais qu'il fallait garder espoir !

J'esquisse un sourire mi- soulagé mi- attristé.

- Bonjour maman... je marmonne d'une voix pâteuse. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu... Tu étais dans le coma, ma chérie, répond-t-elle avec émotion.

Je ferme un instant les yeux pour encaisser le coup et de prendre le temps de formuler la question qui tourne dans ma tête.

- Je... Je suis restée combien de temps ?

Je vois les personnes présentes baisser la tête.

- Trop longtemps, Emilie, murmure mon père en passant sa main dans mes cheveux.

Je sens les larmes me monter aux yeux. Emilie, c'est mon prénom. Je me souviens maintenant...

Je regarde tour à tour les personnes présentes et je souris de nouveau. Me voilà enfin rentrée.

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