XXXVI. Le Sacrifié
L'atterrissage en dragon ne ressemblait en rien à ses atterrissages avec Caïr, son cheval ailé. Glass pouvait creuser la terre sous son poids, ses longues serres brisaient même la roche alors qu'il venait de se percher en haut d'une montagne de la chaîne de la Ceinture d'Os.
En quelques heures, ils avaient parcouru des milliers de kilomètres et déjà le jour se levait sur le haut des volcans.
Minho redescendait simplement de sa monture, s'avançant jusqu'au bord du gouffre d'un pas lent. La longue cape de la tenue de soldat qu'il avait volé voletait sous le souffle des orages volcaniques éternelles tandis qu'il s'arrêtait, les pieds presque dans le vide. Les grands nuages noirs autour couvraient sa vue et pourtant il continuait de regarder le point fixe dans sa ligne d'horizon, en direction du Nord. Glass observait le dos du monarque. Son silence était aussi déchirant qu'un cri de douleur. Depuis qu'ils avaient quitté les cieux du territoire d'Haendel, Minho n'avait dit un mot mais il était facile de savoir à quoi ou plutôt à qui il pensait. Glass était peut-être une créature légendaire, il pouvait comprendre le sentiment des humains. Comme il avait compris ceux de Fenrir pendant près de quarante ans.
L'animal se mouvait, ses pattes frappaient le sol et venait se poster aux côtés de son compagnon de voyage. Ses grandes ailes blanches se rétractaient et son énorme tête se baissait pour être au niveau du mage.
« Si ça peut te rassurer, il est toujours en vie, grondait la voix de la créature.
- Je le sais », il répondit d'une voix basse, maîtrisée mais Glass pouvait en sentir le léger tremblement contenu.
Le Nécromancien était un mage du Geai Bleu. Mais habituellement, seul Zephilis pouvait sentir l'état de ses frères immortels d'aussi loin, mais le Mage Blanc et le Mage Noir étaient complémentaires. Ils avaient ce lien spécial qui leur faisait partager leurs pensées. Au de là ça, Minho parlait d'un sentiment plus difficile à saisir et impossible à expliquer, si on ne l'avait jamais ressenti. Glass pouvait le comprendre. L'amour était un sentiment humain qui le fascinait. Tout comme la haine. Ce qu'il était capable d'engendrer était bien au-delà de la plus puissante des magies.
C'était précisément ce qui avait plongé le monde dans le chaos et qui serait aussi capable de le sauver.
« Il se bat pour moi. Pour nous. Je n'ai pas le droit d'être égoïste, je dois aller au bout de ma mission et pourtant..., les poings du Roi serraient jusqu'à en faire blanchir les jointures. Pourtant je meurs de ne pas pouvoir l'aider, d'être si loin...Parce que je le sais, il me répète sans cesse. Il ne gagne pas du temps, il se sacrifie et moi...Moi je suis impuissant devant sa détermination. »
Le Roi fronçait les sourcils fermaient les yeux et ses dents grinçaient sous la souffrance. Glass l'observait de son œil torve et regardait à son tour l'horizon, le point de ligne comme s'il pouvait lui aussi traverser les kilomètres du regard et se retrouver dans ces souterrains où un combat se faisait rage.
« Le seul moyen d'affaiblir Fenrir et de lui donner une chance, c'est d'aller au bout, lui dit Glass. Je sais ce que tu veux faire. Je l'ai toujours su et déjà l'époque, je t'avais dit que je voulais rétablir l'équilibre. Je n'ai pas changé d'avis. »
Le dragon pivota, le Roi lui faisait face à son tour et ses yeux bleus se plantèrent dans les améthystes du monarque.
« Lions nos âmes. Cela rompra celui que j'ai avec Fenrir et il perdra de sa force. Enkil pourra profiter de cet instant de faiblesse pour s'enfuir.
- Et s'il est lui-même trop faible pour réussir. Fenrir lui fera payer.
- Rassure-toi. Quelqu'un est déjà en route pour l'aider, s'ouvrit doucement la mâchoire du dragon comme s'il était en train de lui sourire. »
Un grognement bestial grondait dans sa gorge et interrogeait Minho regardait à nouveau la ligne d'horizon.
***
Le sang perlait maintenant sur la ligne de son menton, une plaie ouverte sur le haut de son crâne l'obligeait à fermer un œil et ses sorts de récupérations ne marchaient plus. Il avait tout concentré dans ses attaques, impossible de faire les deux. D'autant plus qu'il sentait Zephilis puiser dans leur magie commune pour maintenir la Mère dans sa prison dimensionnelle.
Jisung avait malheureusement posé un genou au sol après de longues joutes puissantes, la pointe de la dague plantée dans la terre et les ailes bougeaient légèrement, prêt à le faire esquiver le prochain coup.
Fenrir repositionnait son épée, ses longs cheveux blonds lui barraient le visage et le léger essoufflement en soulevaient les mèches. Il avait dû aussi puiser dans sa magie pour se défendre. Sa main gauche tenait l'épée et la main droite était au-dessus du sol, prête à provoquer la prochaine salve. Ce que Jisung n'avait pas prévu, même si cela semblait évident, c'était l'étendue de sa maîtrise des éléments.
Après tout, il était l'ancien Elémentaire.
« Tu abandonnes déjà ? Sourit Fenrir. Ou tu gagnes simplement du temps pour ton ami ? »
Jisung était essoufflé, il doutait qu'il puisse encore tenir des heures. Ses ailes avaient même perdu des réflexes et il craignait que la prochaine attaque, il ne doive complètement la parer et puiser dans les dernières forces qu'il avait. Sa spécialité était l'esquive et la défense, ici, même si l'espace était grand, il demeurait étroit comparer à l'extérieur. Et ses sceaux de défense étaient nécessairement plus faibles alors il les ménageait.
C'était mal engagé et même s'il l'avait prévu, il ne pensait pas tenir si peu de temps. Heureusement pour lui, son autre spécialité, c'était la ruse.
Jisung esquissa alors un sourire, battant d'un coup ses grandes ailes avant de se redresser. Le mouvement attira le regard de Fenrir qui ne pouvait s'empêcher d'être envieux de cette capacité. Et comme pour se moquer de lui, il n'avait pas eu le temps à l'époque d'apprendre à maîtriser l'air.
« Magnifique, il murmura alors. C'est le plus beau premier signe que je n'ai jamais vu. Savais-tu que le premier Enkil avait des ailes, lui aussi ? »
Jisung le savait, il en avait le souvenir et Seungmin lui en avait parlé avant son achèvement, comme s'il avait déjà deviné qui il était à l'époque.
« Aussi brillantes que de l'or. Aussi solides. Indestructibles. C'était une arme pour lui mais lui permettait aussi d'être libre. Je t'envie. Qui n'a pas rêvé de voler un jour ? Il a toujours été dans la nature du Mage Blanc d'être un dissident, un électron libre dans au sein des mages du Geai Bleu. Celui qui t'a prédécédé a trahis les siens, il a eu un enfant en plus de ça, avec une femme qui était destiné à devenir Reine d'Haendel. Et toi...Toi aussi tu étais prêt à trahir tes frères. Tu m'avais rejoint. Même si tu désirais ma tête, tu étais prêt à tout pour ça. Prêt à te salir les mains. Penses-tu que les autres arriveront réellement un jour à te faire confiance ? Je ne parle pas du Mage Noir, lui est aveuglé par ses sentiments. Mais Zephilis ? Celui là même qui a été emprisonné par l'ancien Enkil. Qui a vu son être cher mourir sous ses yeux par ta faute. Et Callum, est-ce qu'il sait que je t'avais confié la mission de tuer sa mère à l'époque ? Même si quelqu'un s'en est chargé à ta place.
- Cela doit être fatiguant pour vous, de toujours croire qu'il est impossible de pardonner. C'est ce que vous cherchez au fond ? Le pardon ? »
Fenrir fronça les sourcils. Sa poigne sur la garde de son arme fit couiner le tissu tressé et l'éclat de la lame éblouit une seconde Jisung. D'un seul coup, son adversaire s'élança, épée en avant et Jisung le devina. Il releva juste à temps sa dague pour le parer mais son corps fut malgré tout projeter. La puissance de Fenrir avait encore augmenté. Il n'aurait peut-être pas dû le provoquer.
Jisung supporta la charge, battant d'un coup d'aile pour s'élever mais cela restait trop bas. Fenrir leva sa main gauche et referma soudainement le poing. Jisung devina une fois encore ses attentions, c'était un mouvement qu'il avait déjà vu. Il regarda le plafond et vit alors la pierre et la terre se mouvoir en forme circulaire. Une cage que le Roi créait pour l'enfermer avec sa maîtrise de la terre. Jisung donna un coup sur le côté pour y échapper, il se heurta maladroitement sur la paroi opposée. De son autre main, Fenrir fit grimper des blocs de pierres et venaient s'écraser contre le Mage Blanc. Jisung ouvrit la bouche sous la surprise mais à nouveau, réussi à les esquiver de justesse.
A mon tour, se dit il. Les dents serrées, il pointa l'index en avant et traça dans les airs des symboles qui s'illuminaient d'une lumière dorée. Un sceau se formait et s'agrandissait.
« Mareth Aen Gonas ! »
Une tête de serpent jailli. Un serpent blanc qui ouvrit grand la gueule, tissé de lumière comme un dessin en trois dimensions qui se mouvaient et dont le cri était totalement réel. C'était une projection d'âme qui lui permettait de faire diversion, il créa déjà un nouveau sceau sur le sol et ces derniers se mouvaient maintenant comme des bandes de tissu impossible à briser. Fenrir se défendait de son épée contre la projection, grognant de frustration avant de réussir à le faire éclater. Il n'eut cependant pas le temps d'empêcher les bandes de tissus de venir l'entourer pour l'enfermer et le maintenir prisonnier. Jisung reprenait déjà sa lame à l'envers, et fonçait droit sur le Roi, couteau en avant et le regard perçant de détermination.
« Ne me fait pas rire ! » Cria Fenrir
Une puissante charge d'énergie émergea du corps du Roi et alors que les parois se mirent à trembler, comme ébranler par un tremblement de terre, faisant s'arracher de la roche du plafond, le sceau se rompit. Jisung fut surpris qu'il réussisse avec une telle facilité mais il était déjà trop tard, dans son élan, il ne pouvait pas l'éviter. Fenrir reprenait son arme, fendant l'air par le côté et Jisung eut juste le temps de se protéger avec son aile droite. Sous l'impact, se corps partit percuter de plein fouet la paroi et la creuser pour se retrouver ensevelis. Le sang remontait dans son œsophage et jaillissait de bouche par toussotements. Ce connard lui avait cassé des côtes. Ça faisait un mal de chien. Ses forces s'effondraient, sa retenue et sa conscience vacillaient en même temps que sa vue.
La poussière qu'avait soulever l'impact et les derniers morceaux de murs qui tombaient, couvrait la silhouette du Roi. D'un geste sec, il secouait sa tunique, sa poitrine se soulevait sous ses respirations lourdes.
« Tu viens tout juste d'être achevé et c'est à peine si tu t'es entrainé à la magie du Mage Blanc. Ton sceau n'avait aucune force, aucun point d'encrage. Tu es faible. Vous l'êtes tous. Le Geai Bleu réunis ? Quelle plaisanterie. En dehors de Callum et Félane, aucun de vous ne pourraient rivaliser avec ma propre maîtrise. Pas même Zephilis. Et avec mon sang, ma lignée, les Sørensen et Enkil lui-même comme père, je suis invincible. » Fenrir leva sa lame qu'il pointait dans sa direction.
Jisung relevait tout juste la tête. Le corps toujours écrasé et la cage thoracique totalement coincé dans les gravats. La douleur l'empêchait presque de respirer mais il ne baissait pas la tête, jamais.
« Et une fois que je t'aurai tué, je serai devenu le nouvel hôte du Mage Blanc. Les autres pourront bien me supplier, qu'ils subiront le même sort.
- Pour-quoi ? Sorti difficilement Jisung. Tout ça pour un Empire ? Je sais que vous n'en voulez pas au fond. J'ai travaillé assez longtemps à vos côtés...kof !
- Parce que ça me revient de droit, il dit simplement. J'ai été élu par Zephilis et je suis le fils d'Enkil. Je suis un Sørensen, descendant des premiers dragons. Je suis né pour être le Maître du monde sensible. »
Jisung léchait le sang sur ses lèvres, il perdait connaissance, il le sentait et la lame continuait de pointer dans sa direction et bientôt se trouvait juste sous son menton, appuyait sur sa gorge.
« Crois-le, je ne prends aucun plaisir à ça. Lui dit Fenrir le regard indifférent. Ton frère ou les autres, vous n'êtes que des personnes de passages qui n'ont d'importance que lorsqu'ils quittent ce monde. »
Jisung déglutit, sentant ses muscles se contracter alors que Fenrir évoque Jinyoung. Il revoyait ses souvenirs, son dernier regard et ses mots. Ses sourcils se fronçaient alors qu'il se sentait gagner d'une rage profonde. Ses bras ensevelis faisaient leur possible pour bouger et ses ailes commençaient à remuer les gravats. Le voyant faire, Fenrir contrit, leva soudainement son épée et fendit l'air pour la planter sur son ennemi. Ses yeux qui ne le quittaient, qu'il voulait fermer à jamais.
Soudainement la lame s'arrêta. A seulement quelques centimètres du cou de Jisung.
Le silence. Le temps suspendu. Jisung ouvrait grand les yeux et reprit à peine son souffle alors que Fenrir se décomposait. Son visage devenait livide et recula de plusieurs pas dans une expression d'effroi, il lâcha son épée. Cette dernière retombait sur le sol alors qu'il apportait sa main au tissu abîmé de son uniforme. Il tirait dessus comme si elle était en cause, qu'elle l'empêchait de respirer. Il faisait plusieurs pas en arrière, la voix coupée qu'il n'arrivait à extirper et quand soudainement elle jaillit, elle fit trembler Jisung.
« AAAARRRGH !! »
Il fallait qu'il en profite, il devait se sortir de là. Jisung donnait tout ce qu'il pouvait, tout ce qui lui restait pour sortir ses membres et s'extirper. Il s'en mordait presque la langue et quand les premiers morceaux se décrochaient et lui laissaient plus de place, il puisa à nouveau dans un sort d'énergie. C'était faible mais suffisant pour bouger le reste. Ses ailes battaient à nouveau. Blessé, fatigué mais libre. Il tombait à genoux et Fenrir se tenait le crâne maintenant, hurlait à la mort en regardant le plafond.
Jisung regardait autour d'eux, ne voyait aucun signe pour expliquer cette situation et puis il comprit. Il releva alors la tête vers le Roi et il décryptait ses gestes.
Glass venait de se lier à Minho. Il n'y avait que cette explication plausible.
« Comment...Comment a-t-il osé ! » Crachait le Roi d'Haendel.
Il retrouvait ses forces et Jisung n'avait plus beaucoup de temps. Il essaya de se lever mais sa jambe était cassée. Il grimaça de douleur et alors que Fenrir se penchait pour rattraper son arme, courir dans sa direction, il jeta sur le côté pour rouler et l'empêcher une fois encore de le trancher. Il avait mal partout, mais il devait tenir, encore un peu. L'épée fendait à nouveau l'air et il l'arrêta juste à temps avec un petit couteau qu'il sortit d'un étui sur sa cuisse. Le Roi crachait sa rage, sa souffrance et ses yeux bleus devenaient fous.
« Vous croyez que ça va m'arrêter !! Vous allez me le payer ! »
Jisung perdait du terrain, sa force ne tenait qu'au balbutiement d'un instinct de survie. Il ne lui restait assez d'énergie que pour un seul sort et s'il le gâchait maintenant, il ne pourrait peut-être pas sortir de cette cave, vivant.
Il songea une seconde à Minho. Non. Il ne pouvait laisser Fenrir le tuer maintenant.
« hava aa tufan ke chalte »
Ce n'était pas de la langue ancienne. Fenrir fut surpris une seconde. C'était une incantation Ashin, le peuple du désert.
Brusquement le vent sembla s'engouffrer autour d'eux, alors même qu'il n'avait aucune ouverture dans les parois mais ce dernier tournoyait de plus en plus, comme une tornade qui se formait de cet espace clos et qui emportait de la roche, de la terre, qui bousculait leurs corps.
« Vous ne maîtrisez pas l'air, pas vrai ? Sourit Jisung tenant toujours de toute ses forces la lame prête à lui trancher la tête. Vous m'enviez sur mes ailes mais Zephilis sait voler parce qu'il peut plier l'élément de l'air à sa volonté. Alors vous n'avez pas eu le temps, pas vrai ?
- Comment ? Comment as-tu appris ?
- Ce n'est pas de la maîtrise...Shh ! C'est un sort des Nuée Nova. »
Fenrir fronçait à nouveau les sourcils. Inutile de demander davantage. Il s'en doutait et il savait que Jisung avait passé du temps parmi le peuple du désert. Ce gamin fourbe. Il aurait dû le tuer quand il était encore sous ses ordres. Sa colère grondait, répondant à la tempête qui se créeait autour d'eux. Les roches se fracassaient contre les murs. L'un des morceaux vint sur eux, prêt à les frapper de plein fouet mais Fenrir l'arrêta, il dû par la même relâcher la pression sur Jisung qui en profita pour le frapper d'un coup de pieds. Le Roi chuta de l'autre côté, il pivota mais Jisung se jeta à nouveau sur lui, les poings levés et frappait le monarque en pleine mâchoire, lui arrachant un cri étouffé et une giclé de sang. Jisung frappa à nouveau, battant le visage de l'homme sans se soucier de la tournade autour d'eux. C'était primaire, mais c'était le seul moyen qu'il avait de le maintenir.
Il crachait ses poumons, frappait sans s'arrêter et les mains du Roi vinrent se perdre sur ses bras, qu'il essayait d'arrêter puis son cou. Jisung le repoussait et les deux roulèrent, donnant coup pour coup. Fenrir frappait les côtes déjà blessées du plus jeune qui criait à chaque coup.
« Aaaah !! » Cria Fenrir, le visage ensanglanté.
Il fit tournoyer ses bras et récupéra les morceaux qu'il fit ressortir de la bourrasque pour les faire s'approcher et les lancer comme des boulets de canons contre Jisung. Ses deux ailes vinrent automatiquement se positionner devant lui, alors que ses bras couvraient son visage. La roche le percuta de toute part, jusqu'à nouveau le jeter dans les vents de la tournade. Il retenait ses cris de douleur alors que ses ailes commençaient à faiblir, qu'elles étaient en train de se briser sous les impacts puissants. C'était comme de sentir ses bras se casser, il en perdait le souffle et sa poitrine se déchirait sous le supplice.
« MARAL AA GHMAVAL JALA » Hurlait Jisung.
Et le vent s'intensifiait, de telle sorte que Fenrir ne pouvait plus bouger, plus avancer et que son corps fut à son tour projeter contre la paroi adverse. Les murs continuaient de se disloquer sous la puissance de l'élément, la cave allait s'effondrer sur les eux ou imploser.
Fenrir regardait le Mage Blanc de l'autre côté, Jisung semblait résigner, laissait sa force s'éteindre et lui ne pouvait rien faire. Il l'avait piégé. Il était fou de rage mais n'arrivait même pas à l'exprimer, ne pouvait qu'essayer de protéger avec ce qui lui restait comme pouvoir sans savoir combien de temps il pourra tenir. Il n'allait pas mourir ici mais il lui sera difficile de revenir et il sera nécessairement très affaibli. Ce gamin avait réussi, il avait peut-être tout sacrifié pour ça et le sourire qui trônait maintenant sur ses lèvres, était un sourire victorieux.
Le Roi explosait sa colère, impuissant et Jisung fermait les yeux.
« JE NE ME LAISSERAI PAS FAIRE ! JAMAIS ! »
Jisung devait tenir un maximum, ne pas mourir trop vite pour que Fenrir reste coincé dans les décombres le plus longtemps possible. Avant de devenir Enkil lui-même car il devait bien l'accepter, si le Roi d'Haendel pouvait y survivre, en tant que Sørensen, lui n'aurait aucune chance.
Il s'en voulait. Il n'avait pas pu tenir sa promesse envers Jinyoung, pas tout à fait. Et pire encore, il ne pouvait tenir celle envers Minho.
Pardonne Minho Reis, mais j'ai atteint mes limites.
Sa voix portait jusqu'aux confins du monde, il savait que son Roi l'entendait et au fond de son cœur, qu'il serait pardonné. Un jour.
Ses bras retombaient, sa tête et son souffle devenait de plus en plus faible.
Et puis un craquement résonna, le plafond s'effondrait, la chaleur intense montait dans la cave, rendait les vents étouffants et commençait à brûler leur visage. Fenrir s'était tut à son tour et des flammes commencèrent à jaillir, rejoignant les vents de la tournade, Jisung était déjà presque inconscient, ne sentait plus que son corps être happé, emporté.
***
Minho s'arrêta sur le sentier des douceurs. Au milieu de marécages, il se figea. Ses yeux s'écarquillaient et se remplissaient de larmes.
Ses marques étaient maintenant présentes autour de ses yeux, les symboles des dragons semblables au dessins de fines écailles illuminés d'un bleu glacial. Il se retourna brusquement, regardant dans son dos alors qu'il était seul. Son cœur tambourinait et son âme immortelle hurlait de désespoir.
Enkil. Il ne le sentait plus.
« Non...C'est impossible... »
Jisung. Sa voix. Les battements de son cœur. Le lien. Il avait disparu.
« Non...Non non non...C'est pas vrai... » Il commençait à sangloter.
Son corps était pris de convulsions, ses dents tressautaient et les larmes dévalaient ses joues. Une intense émotion le submergeait et faisait exploser sa charge spirituelle autour de lui, faisant crier les animaux et autres créatures magiques autour de lui.
« JISUNG !!! »
Et son cri de détresse résonna dans la toute la forêt, remontait les frontières des territoires jusqu'aux portes d'Agora. Dans la salle des entrainements, Felix revêtait des vêtements militaires et rangeait ses doubles épée alors que la peine de Felane lui explosa à la figure au point de lui donner un violent vertige. De la même façon, le Roi Christipher à quelques pas de lui, se figeait sur la même expression d'ahurissement, mêlé d'incompréhension. Les deux mages se regardaient, interloqués.
« Il est..., commença Christopher. Jisung... ? »
C'était une question et il savait que Zephilis était le seul à pouvoir lui répondre, Felix avait le cœur qui battait à tout rompre, les liens du Geai Bleu vibrant au fond de son âme, faible et presque disparu.
Dans les marécages, Minho ne cessait de pleurer, hurler à la mort, le cœur en morceaux et la haine aveuglante faisait exploser sa magie noire. L'aura sombre se répandait comme un poison, faisait souffrir le sol, les esprits, et réveillait plus rapidement que prévu les trois sœurs qu'il était venu libérer.
« Ne pleure pas Falen...Vous ne craignez pas la mort. » Disait l'une d'entre elle dont la voix flottait autour de lui.
« Vous n'êtes même pas vraiment vivant. Vous êtes des demi-dieux. » Disait une autre.
« Pas vraiment de ce monde. »
« Pas vraiment humain. »
« Ne pleure pas Falen. »
« Il reviendra. »
« Sous une autre forme. »
« Oui, une autre forme. »
« Mais peut-être qu'il est déjà revenu ? »
« Alors, c'est ça qui l'inquiète ? »
« Oui. L'homme du Lac d'Urenal. Le Roi d'Haendel. Un enfant dragon et mage...»
« Alors c'est lui que tu détestes ? »
« Aller ne pleure pas Falen...Ce n'est pas encore fini. »
« Oui, Falen...Tu sais ce qu'il te reste à faire. »
« Dis aux Dames de la forêt, quel est ton souhait... »
◯
○
.
Et voici la deuxième partie du chapitre précédent. C'est pour ça qu'il est un peu plus court :)
Et je ne m'étends pas sur le sujet...Le suspens, il y a que ça de vrai !
(vous avez pas le droit de me frapper, je me suis déjà enfui sur mon propre dragon ! 👀)
D.
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