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XXXIII. La Générale



La pluie battante n'avait cessé. Le sol était gorgée d'eau et le bruit martelant des gouttes qui tombaient comme des lourds impacts de balle sur la végétation avait totalement inondé le Roi Christopher qui entrait dans les terres sacrées de la forêt des Quatre Cent Dieux.

Changbin n'était normalement pas autorisé la fouler mais accompagné de Callum réincarné, il était protégé et même s'il sentait les regards sur sa peau, tapis dans la nuit sombre, qu'il pouvait presque entendre leur souffle grondant, prêt à se jeter sur lui pour l'engloutir, il savait qu'en suivant le sillage que traçait les pas du Mage Guerrier, il ne craignait rien. Callum était chez lui et même trempé jusqu'à la moelle, il se sentait plus vivant que jamais. En sécurité dans sa maison.

Revenir sur ce sentier, des années après avoir passé son achèvement, c'était revivre les mêmes sensations que lors de son départ, de son ancienne mort. Il avait la sensation de redevenir le Callum du temps jadis, déterminé à protéger son peuple et son amour éternel. Christopher ressentait toujours cette intense connexion avec Zephilis mais aujourd'hui elle le rendait nostalgique, c'était transformé un lien fraternel qui le poussait à continuer de s'enfoncer dans l'antre de ses branches et racines alors que son lien vibrait d'un sentiment de danger profond, d'un bouleversement qui lui compressait le cœur.

Bientôt ils arrivèrent devant le lac de leur ancien village. Le ciel était noir, chargé de nuages orageux et le tonnerre grondait. Sans sa magie, il aurait été incapable de voir à un mètre devant lui et ne fut pas surpris t'entendre des pas plus hésitant de son Commandant. Le noiraud s'arrêta enfin à sa hauteur, observant les alentours avec ce qu'il pouvait en distinguer. Le réflet de l'eau était perceptible, troublé par la pluie, par les éclairs qui faisait par instant jaillir la lumière dans la plaine. Changbin en était stupéfait. Se retrouver ici, avec un Mage, c'était ressentir toute la charge spirituelle des entrailles de la planète se répercuter tout autour d'eux, jusqu'au dans les cieux.


« Il est par là, suis-moi. »


Lui dit Chan en empruntant un nouveau sentier. Ce dernier longeait la plaine, Changbin avait retiré son épée du fourreau, par précaution. Ils avançaient calmement dans la boue, soucieux et quand ils commencèrent à gravir la petite colline, le tonnerre se faisait un peu plus fort et la pluie battait sur leurs visages.

La montée était ardue, Christopher toujours en tête et son chevalier sur ses talons, ils arrivèrent finalement en haut et un nouvel éclair puis puissant que les autres révélait les murs de la petite maison. Le Roi sentit sa poitrine se gonfler d'un souffle inquiet. Il savait ce qu'elle représentait, pour lui, pour Zephilis mais il savait aussi qu'il était à l'intérieur et qu'il n'était pas seul.

D'un geste rapide, il retira sa propre épée de son fourreau, Changbin le vit faire, appréhensif et sur ses gardes. Les deux restèrent une seconde sans bouger, puis voyant la petite lumière à l'intérieur et le passage d'une ombre, ils avancèrent dans la boue, discrètement. Changbin sur la droite et Chan sur la gauche.


« C'était peut-être notre châtiment, avoir osé interférer dans les décisions des dieux eux-mêmes. Le petit garçon avait perdu ses parents, il devait devenir Zephilis mais Enkil l'avait déjà choisi...Et Zephilis se réincarna alors en mon petit fils. Dont le père avait été lui-même l'hôte précédent...Le père...O Seigneur...Felix je suis désolée. Tu aurais pu avoir une vie différente. Nous avons tout sacrifié pour ça. Moi j'ai sacrifié mon peuple, ma fille...Mais je ne savais pas, je t'assure, je ne savais qu'elle t'attendait et de qui cet enfant était. Si j'avais su... »


Résonnait la voix d'une femme à l'intérieur. Christopher fronça les sourcils, il connaissait cette voix, il l'avait déjà entendu.


« Attendez...L'hôte précédent...Mon père...C'est... »


Felix c'était lui. Il était bien à l'intérieur et le ton de sa voix était tremblant, paniqué. Chan échangea un regard entendu avec son Commandant, qui hocha la tête avant de pousser la porte et d'entrer à l'intérieur sans attendre.

Les deux occupants sursautèrent et Felix se positionna par réflexe en défense devant la chamane, retirant ses doubles épées.


« Du calme, ce n'est que moi », lui dit Changbin l'épée toujours en avant, pour le cas où Felix avait le réflexe plus rapide que le sien.


L'Elémentaire mis quelques secondes à le reconnaître et se détendre enfin. Ses épaules s'affaissèrent, tandis qu'il voyait maintenant derrière le noiraud, Chan entrer dans son champ de vision. Visiblement inquiet mais aussi très intrigué. Le Roi rangeait son arme, sans le lâcher des yeux puis dévia derrière lui. Felix comprit alors qu'il avait aperçu la chamane dans son dos. Il s'en écarta, rangeant ses lames dans ses fourreaux en expirant un soulagement laissant la vieille femme se remettre et comprendre à son tour qu'elle n'avait rien à craindre.


« Qu'est-ce que vous fichez ici ? Leur reprochait Felix.

- Ca serait plutôt à toi de nous le dire, tu devais revenir immédiatement après, on était inquiet », lui dit Changbin sur un ton autoritaire qui ne laissait place à aucune répartie.


La posture n'était pas en la faveur du plus jeune, même s'il était Zephilis, Changbin n'en demeurait pas moins son supérieur et il pourrait clairement lui rappeler à même le cuir, s'il le cherchait.


« Il a senti que quelque chose n'allait pas, intervint Chan. Et je dois avouer que moi aussi. »


Felix regardait Chan avec surprise puis culpabilité. Il savait exactement de qui il parlait en disant "il" et s'il avait senti son cœur s'agiter une seconde, ses autres sentiments reprenaient bien vite le dessus. Il était dans le brouillard, dans l'incompréhension la plus totale et il ne savait pas quoi faire de tout ce tumulte qui le bouleversait jusqu'au plus profond de son âme réincarnée.

Son âme réincarnée...Cette simple pensée le faisait baisser encore plus l'échine, écraser par des émotions qu'il ne contrôlait pas, par des réactions qu'il ne pouvait exprimer. Il secouait la tête, une grimace sur le visage qui interpellait Chan. Ce dernier voulu s'approcher mais Felix s'écarta tout aussi vite. Incapable de le regarder dans les yeux.

Hyunjin avait raison. Ça n'allait pas. Ça n'allait pas du tout et Felix était plus qu'à cran, son corps entier semblait pris de convulsions qu'il retenait, les dents serrées.


« Je...Je suis désolé...Je dois...J'ai besoin d'être seul. »


Felix sortit dans la petite maison, faisant bien attention de ne toucher personne et couru à l'extérieur. D'un pas il frappa le sol du pieds, un craquement qui fit trembler la terre une fraction de seconde avant de disparaître.


« Il commence à bien maîtriser l'air, dit Chan d'une voix calme et Changbin comprit qu'il ne s'adressait pas à lui.


Le Roi prit un temps d'arrêt, avant de se tourner vers la vieille femme.


« Tu ne trouves pas, Doren ?

- J'étais obligé de lui dire, elle avoua sans détour. Je sais que tu ne voulais pas, mais si je ne le faisais pas, et qu'il le rencontrait sans le savoir, que se serait-il passé ? Le choc l'aurait fragilisé et Fenrir en aurait profité.

- Attend...Tu la connais ? Intervint Changbin sans réussir à se retenir.

Chan se tournait maintenant dans sa direction, un air grave sur le visage et il hocha simplement la tête.

- Doren m'a aidé pour mon achèvement, il y a douze ans. »


Changbin observait la vieille femme aux yeux bandés, cette dernière se mordait les lèvres nerveusement, préoccupée par le départ de Zephilis plus que par le noiraud qui la dévisageait et qu'elle ne connaissait pas.

En réalité, elle le connaissait bien, elle savait exactement qui il était et de quoi il était capable, sa présence ne l'alertait pas plus que ça, elle ne pensait qu'au garçon qui avait fui, l'esprit dans le noir et de ce qu'il comptait faire après de telles révélations sur son existence.


« Fenrir ne sait même pas que c'est son fils, il sait simplement qu'il est le nouveau Zephilis », dit alors Chan agacé mais qui le contenait du mieux qu'il pouvait.


Il comprenait le choix de la chamane, bien qu'il ne l'approuvât pas mais cela rendait sa situation à lui bien plus complexe. Il n'avait pas prévu de devoir gérer une telle situation à un instant aussi critique. Ils étaient en guerre, ils avaient encore à faire avec l'esprit malveillant qu'était la Mère. Le mystère de la naissance de Felix, de sa réincarnation, ce n'était pas quelque chose qui pouvait être dit simplement, entre deux catastrophes qu'ils subissaient tous depuis des mois. Et le dire pendant son apprentissage n'aurait pas été plus judicieux, il était loin, sous pression pour sauver celui qu'il aimait.

Mais ce genre d'excuses ne semblait pas convenir à Changbin, se dernier se renfrognait à mesure qu'il prenait conscience de tout ce qui s'était dit.


« Mais il le saura, déclara la chamane en réponse à Chan. Dès qu'il le verra, il va comprendre que Felix est son fils. Comme tous les élus de Zephilis, ils se ressemblent et même si Fenrir n'est plus tout jeune et qu'il a une belle cicatrice sur le visage, Felix va le comprendre tout aussi rapidement. A la seconde où ils vont se regarder, la vérité va leur éclater à la figure.

- Felix l'a déjà vu à Londinium et il n'a rien remarqué.

- Parce qu'il était trop occupé à regarder quelqu'un d'autre », répondit Changbin faisant se tourner les deux autres dans sa direction.


Le noiraud était perplexe, réfléchissait, la mâchoire contractée alors qu'il levait cette fois le regard vers son Roi. Son aura soudainement plus froide, dominante faisait tressaillir Chan et pas dans le bon sens du terme.


« Je veux comprendre, il reprit. Fenrir est le père de Felix ?

- Oui, avoua Chan. Mais pas seulement son père, en plus d'avoir été quelques temps un élu choisi par l'âme de Zephilis, il était aussi le fils de l'ancien Enkil. Son fils naturel.

- Attend. Quoi ? »


Changbin ne comprenait rien. Tout lui paraissait insensé et même si Chan était mortellement sérieux et que la chamane semblait ressentir à chaque fois qu'il le prononçait, un peu plus de culpabilité, Changbin avait comme espoir que ça ne soit pas aussi simple.


« Comment c'est possible ? Comment il a pu devenir "un temps" l'élu de l'âme de Zephilis ?

- Fenrir a été Zephilis, dit cette fois la vieille femme. Le tatouage est apparu lorsqu'il a eu une vingtaine d'année, à cette époque, ma fille Soma...Est tombée enceinte. Un garçon qu'elle avait vu deux fois. La première fois, elle tomba amoureuse et la deuxième fois, elle tomba enceinte...Et elle a vu le tatouage. Alors nous avons agi, nous avons dévié sa réincarnation et elle s'est orientée sur son enfant, celui qu'elle portait de son amour secret. Felix est le fils de Fenrir. Et il est devenu le nouveau Zephilis.

- Putain de merde » lâcha Changbin abruptement.


Il se mordait les lèvres, soupirant et passant sa main sur son front. Il comprenait mais ça ne le rendait pas plus calme et regardant maintenant la porte ouverte, la pluie dehors et un point vide dans le ciel. Il jeta un nouveau regard glacial à Christopher. Il savait. Il savait depuis tout ce temps et il n'avait rien dit. Pas à lui, non ça ne le regardait pas, mais à Felix.

La colère commençait à gronder chez le chevalier. Il était furieux. Déçu de celui qu'il avait toujours respecté, admiré pour être un excellent leader mais pas seulement. Chan était avant tout humain, privilégiait la loyauté et l'intégrité avant la victoire. Mais aujourd'hui, c'était un monarque qui avait fait un choix proprement stratégique en dépit de son amitié. Réduisant l'histoire Felix à une arme qu'il pourrait brandir contre son ennemi. Rien de plus.


« Tss..., il claqua avant de commencer à partir.

- Où vas-tu ? Essaya de le retenir son monarque.

Changbin regardait froidement sa prise, lui demandant silencieusement de le lâcher ce que le Roi fit, non sans ravaler sa salive et baisser un instant les yeux. Blessé par l'amertume de son vis-à-vis.

- Je vais essayer de le retrouver.

- Au milieu de la pluie et du noir ? Tu n'as...

- Je vais me débrouiller ! »


Aucune autre protestation n'était acceptée. Ce n'était pas le chevalier qui lui parlait, c'était son meilleur ami, sa moitié qui lui montrait clairement qu'il avait merdé et que pour la première fois, il se positionnait en égale. Le Roi dû une fois ravaler ses ordres et le regarder partir. Il restait en retrait, se sentant coupable et même s'il avait le sentiment de ne pas avoir eu lui-même le choix, qu'il n'avait pas eu d'autres solutions, ça ne l'empêchait pas de le regretter amèrement.


« Il reviendra. Il ne peut pas échapper à son destin. », lui dit gravement la chamane. « Zephilis devra combattre son père. C'est la seule façon d'assurer son cycle car même achevé, si Felix meurt l'âme de Zephilis retournera vers son ancien hôte encore en vie. »


Le destin.


On lui avait rabâché tout ce temps que c'était le destin mais Felix avait la sensation que le sien ne lui appartenait même pas.

C'est sur cette pensée qu'il a atterri sur un balcon du château un peu maladroitement, au point de se laisser tomber contre la porte fenêtre. Son corps était lourd. Fatigué. Il avait mal à la tête, la gorge sèche et tout était flou, palpitant comme une vision au bord de l'agonie.

Ses nerfs étaient en train de lâcher. Tout ce qu'il avait vécu jusque-là, tout ce qu'il avait partagé dans son apprentissage, dans les regards de l'ancien Zephilis qui l'avait guidé. Dans le regard de Christopher quand il le vit pour la première fois à Londinium. Les mots d'Oro, d'Ysondre et maintenant l'image de sa mère devant son père. Il se sentait submergé et glissait lentement sur le sol. Mains dans les flaques et dégoulinant comme une masse informe.

Le bruit avait fait sursauter Hyunjin qui n'avait de toute façon par fermer l'œil de la nuit et qui bondit de son lit, mort d'inquiétude. Un éclair fit jaillir l'ombre recourbée derrière la fenêtre, il sut immédiatement de qui il s'agissait.


« Felix ! »

Il se précipita et laissa entrer vent et pluie, puis le corps trempé de Felix qui tombait dans ses bras. Tremblant, le souffle saccadé et lentement il comprit que ce n'était pas le froid, que ce n'était pas l'eau ou l'orage qui le mettait dans cet état. Felix contenait sa crise. Ses mains se plantaient sur ses avant-bras et ses dents grinçaient. Bientôt sa bouche s'ouvrait, dans un son étouffer dans sa gorge, ses sens chauffaient son corps entier se crispait alors qu'il entendait son âme hurler dans sa tête. Puis à travers tout son corps. Tombant à genoux et cachant sa tête dans ses épaules, il ne put tenir plus longtemps.


« AAAAAAAAAAAAAAH !!!! »


***


Du haut de sa falaise, sur son cheval, la Générale Kang observait, les poings serrés sur les brides, l'armée navale d'Haendel aux portes de ses terres.

Ses propres bateaux et ceux envoyés par Calcano se battaient sur les eaux. Le bruit des canons semblait encore lointain et pourtant à chaque détonation elle sentait la proximité de la guerre et le vent lui ramenait l'odeur de la poudre et les jours de batailles qui allait s'en suivre. Elle n'était pas assez naïve pour croire qu'elle pourrait les repousser indéfiniment sur la mer, les soldats finiraient par amarrer et lui faudra lancer sa force contre la leur. Elle avait remonté la population du port à l'intérieur des remparts de la ville. Remparts qu'elle s'était évertuée à reconstruire depuis qu'elle avait la charge de la région, au nom du Royaume de Pandore, sous les ordres directs du Roi.

Pourtant ici, elle était chez elle. Plus que ne l'était Minho. Kang Jian avait été nommée Générale par l'ancien souverain, le père du Roi Minho. Elle était la plus jeune de son rang, d'une famille inconnue, sans aucun titre, ni grade. Jian avait gravi les échelons à la sueur de son front et au sang de ses mains. Elle avait combattu aux côtés d'armées puissantes, de grands guerriers et avait su se montrer assez intelligente pour ne pas mourir. Peut être trop pour son bien, car elle était une femme dans un monde d'homme qui arrivé à un certain niveau, désirait plus de pouvoir que de gloire.

Vulci était une terre désolée, brûlée par les dragons de Fenrir lors de la Guerre des Cinq, elle n'était que cendres et ruines. Ses survivants étaient sous la protection de Pandore mais le Roi n'avait que faire de ces réfugiés. Alors il avait promu Kang Jian et l'avait nommé régente de la région. Un bon moyen pour ses camarades Généraux de se débarrasser d'elle. Tout juste un homme de paille pour un village de carton.

Le Roi n'avait jamais eu meilleure idée pour elle. Jian était loin d'être une femme qui se contentait de ce que la naissance lui avait donné. Ce qu'on ne lui avait pas permis, elle le prenait.

Jamais elle n'avait pris Vulci pour une punition, pour elle c'était une opportunité. Un bon moyen d'asseoir son autorité et de monter à tous ceux qui voulaient lui nuire qu'elle était bien plus méritante qu'ils ne le seraient jamais. Vulci allait devenir sa maison et elle s'était promis de tout faire pour la protéger. Contre l'extérieur comme l'intérieur.

Lorsque le Roi Minho fut intronisé, les vieux Généraux cupides furent remplacés. Le nouveau Roi était intelligent et il avait à cœur de faire le ménage dans son gouvernement, à tous les niveaux. Hors de question pour lui de s'entourer de nobles obséquieux qui avaient – selon lui – contribuer à la fragilisation de son pays et de son Roi. Des hommes qui manipulaient dans l'ombre pour leur propre intérêt au lieu d'agir dans l'intérêt du peuple. Pandore était l'ombre d'elle-même, terrifiée à l'idée de rentrer à nouveau en guerre et se pliait dès lors devant les ordres de souverains lointains, de l'autre côté de la mer. Elle qui avait accueilli jadis de puissants mages, sorciers et esprits anciens. Terre de mysticisme, du grand culte du Phoenix, tremblait maintenant devant des dragons de glace.

Trembler ce n'était pas digne de ces populations ancestrales.

Ce n'était pas digne du pays du Nécromancien.

Jian esquissa un sourire, brandissait son arc longue distance avant de sortir une flèche de son carquois. Elle bandait la corde, la tendant un maximum avant de lever son arme et tirer sa flèche dans les airs. Le bruit sifflant résonnait tout autour d'elle et quelques secondes plus tard, une fois disparue de son champ de vision, l'ensemble des catapultes postées le long de la falaise à ses côtés, surplombant le port, toutes s'actionnèrent dans un enchainement synchronisé de droite vers la gauche. Des boulets enflammés de plusieurs tonnes étaient envoyés à des centaines de mètres de là pour venir frapper les mas des bateaux au loin, enflammés leurs toiles et leur coque.


« Préparer un nouvel envoi ! » Elle ordonna.


Déjà tous s'afféraient alors qu'elle entendit de l'autre de la falaise sur sa droite, le bruit grondant d'une marée humaine, une partie de l'armée avait accosté. Elle entendit déjà du feu jaillir, des cris. D'un seul coup, elle brandit son épée, la levant dans les airs pour faire signe à son propre bataillon à cheval de la suivre. Elle remontait les rangs au galop, s'élançant et entrainant sur son passage des pelotons de plus en plus nombreux. La terre, l'odeur de l'eau et le vent qui fouettait son visage à mesure qu'elle voyait défiler les milliers d'hommes qui attendaient ses ordres.

Elle rejoignait une butte et vit enfin l'armée adverse de l'autre côté, courant dans leur direction, fantassins et chevaliers. Les drapeaux d'Haendel brandis.


« Ne vous battez pas pour un Roi, ni pour un Royaume ! " Elle criait d'une voix guerrière. Valeureuse. " Ne vous battez pas pour des hommes que vous n'avez jamais vus, qui ne vous connaissent pas ! Battez-vous pour vous ! Votre famille ! Votre survie ! Redorer le blason du peuple de Vagari, Vulci grande citée de l'Empire ! Soyez fier de vos ancêtres, fier de votre histoire et retrouver votre force ! Vous ne perdrez pas ce soir ! »


Son cheval piétinait, impatient et elle resserrait sa bride, entrainant des cris d'acclamation, de motivation. Les épées hors de leur fourreaux, l'ensemble de ses chevaliers à sa suite attendait l'ordre de fondre sur l'ennemi. Et souriant de sa propre exaltation, elle prit une profonde inspiration, puis une seconde, roulant le manche de son épée dans sa main avant de d'hurler son ordre.


« AN FAROE !* »

* A l'assaut


Et les chevaux galopèrent, d'un mouvement unique, dévalant le flan dans une ligne soudée, comme une vague qui s'apprêtait à déferler sur les forces ennemies. Les cris de ses camarades couverts par les sabots qui frappaient la terre, faisaient trembler la roche de la falaise. Epée en avant, boucliers, ils foncèrent droit sur les fantassins qui venaient à leur rencontre. A l'arrière, elle vit les archers lancés leurs flèches et rapidement ses propres archers ripostèrent. Lorsqu'elle vit le ciel se couvrir d'innombrables projectiles, elle souleva son bouclier rond, de fonte, au-dessus de sa tête, prête à bondir de son cheval s'il le fallait.

Les flèches frappèrent autour d'eux, firent quelques victimes, l'impact claquaient sur les boucliers de métal et le hennissement des chevaux se couplait aux cris des soldats adverses. D'un bond, Jian sauta de sa selle, épée en l'air pour le planter sur la tête d'un cavalier qui avait eu le malheur de croire qu'elle allait simplement se contenter de l'attaquer depuis sa monture. Son épée était lourde, ce qui était étonnant pour une femme. C'était une épée à deux mains, à double tranchant. L'avantage était qu'elle pouvait tout aussi bien trancher un homme en deux, que de l'écraser du plat. Jian, arrivait à jouer de son poids, à en faire une arme, l'enrouler de geste précis, autour de son bras, se servant de geste circulaire pour balayer un maximum de soldat adverses qui était dans son rayon. Elle semblait danser. Une danse macabre et qui faisait de gros dégâts.

Le bruit fracassant des armures, de la boue sous leur pas, les épées qui s'entrechoquaient et des respirations coupées, saccadée. Le sang. Le gargouillis des morts tombés et le visage bientôt recouvert de terre et la vue brouillée.

La guerre venait seulement de commencer.


***


Entrer dans la Palais de cristal fut une expérience plus qu'ardue. Les escaliers de glaces qui menaient jusqu'à ses hautes tours et ses grands remparts taillés dans la montagne donnaient la sensation de toucher le ciel. Ils étaient des centaines, fatiguant le plus motiver des assassins à les franchir. Il n'était même pas envisageable de grimper ses murs, ces derniers donnaient dans un vide de centaines de mètres et leurs parois étaient si lisses qu'un lézard ne pouvait s'y accrocher.

Le château le plus haut perché du continent. Une distance non moins nécessaire pour faire sortir le dragon du Roi de ses douves.

Tout le chemin était gardée, les rondes étaient effectuées régulièrement, entouré d'une magie très puissante qui pouvait ébranler le mage le plus aguerri et l'empêcher de s'absoudre de subir la fatigue la contrainte physique qu'était de monter les marches, une à une. Les deux clandestins n'avaient pas eu le choix, porter le poids de leurs armures et monter ces foutues marches jusqu'en haut.

Une fois devant la porte, d'autres gardes en armure étincelante leur faisaient face. Tous deux armées d'une immense faux qui surpris Minho. Il avait beau être Roi, il n'était jamais venu jusqu'à Alfost. Les rencontres diplomatiques se faisaient la plupart du temps en terre neutre comme Londinium. Jisung était plus habitué et il avait une assez bonne endurance pour ne montrer aucun effet que ça soit de l'altitude ou de leur ascension.


« Qui va là ?

- Personne. » Souffla Minho.


Un claquement de doigts plus tard et les deux gardes s'immobilisèrent, les yeux dans le vide. Jisung était impressionné. Le Roi de Pandore crachait encore ses poumons mais il avait quand même réussi à passer les barrières spirituelles, sans sourciller et neutraliser la milice. Il ne pouvait que s'incliner bien bas devant sa maîtrise. Le Nécromancien était un manipulateur d'âmes, il était facile pour lui de faire tomber dans l'inconscient quiconque croisait son regard améthyste, pour le faire revenir la seconde d'après comme s'il n'avait rien vécu.


« On a pas le temps de faire dans la dentelle, il expliquait alors à Jisung qui ne le quittait pas des yeux.

- Garde néanmoins tes forces pour Glass, s'il ne veut pas lier ton âme à la tienne, il faudra peut-être le contraindre.

Minho levait un sourcil, un petit sourire moqueur sur les lèvres.

- Tu crois qu'on peut contraindre un dragon comme Glass ?

- Il va bien falloir, s'il refuse.

- Lyubia, si Glass refuse, on l'aura dans le cul, c'est tout ce qui va se passer. Je te rappelle que c'est le fils d'Ysondre, ce sont des divinités primaires. Plus anciennes que le Geai Bleu. Aussi vieille que la Mère ou Maah.

- Et toi tu es le Nécromancien, Minho Reis. » lui dit Jisung mielleux.


Minho roulait des yeux sans réussir néanmoins à cacher une légère rougeur sur la pointe de ses oreilles, ce qui fit sourire l'ébène.


« Guide nous, au lieu de flirter. »


Jisung haussa les épaules, passant devant Minho et ouvrit les grandes portes du Palais de Cristal.

A l'intérieur, une immense cour leur faisait face. Des colonnades en cristal entourait l'allée qui menait à l'intérieur du bâtiment. Les reflets bleus de la matière lisse renvoyaient les rayons du soleil tout autour d'eux, comme un immense joyau au milieu des montagnes.

Des gardes faisaient le tour du chemin de ronde, ainsi que sur les tours pointues. Ils se sentaient encerclé, prisonnier et plus ils avançaient, plus ils sentaient l'étau se resserrer. C'était étouffant. Comme une corde autour de leur cou qui se refermait doucement.

La prestance, l'aura qui se dégageait des lieux était à couper le souffle et faisait se sentir petit le plus imposant des monarques. Pas étonnant que Fenrir était craint dans le monde entier, vivre dans cette forteresse, c'était vivre sur le toit du Monde. Il se fit la réflexion qu'il venait pour la première non seulement en tant que Roi mais en tant que Mage. De toutes ses vies antérieures, il n'avait aucun souvenir d'avoir un jour franchi le seuil de ce château.

Il jeta un petit coup d'œil en coin à Jisung qui avançait sans s'arrêter. Il était habitué, pour lui c'était loin d'être la première fois mais il ne se sentait pas plus serein. Son regard était devenu plus fermé, plus sévère.


« Une fois qu'on sera à l'intérieur, dit-il en approchant des grandes portes de bois noirs. Il faudra se faufiler jusqu'au souterrain du château. L'enclos de Glass est dans les douves les plus profondes.

- Des protections magiques ?

- Je n'en sais rien. Je n'ai jamais eu accès à l'enclos. On va improviser. »


Improviser. C'était bien un truc à Jisung, loin d'être l'idéal pour Minho mais ils n'avaient pas tellement le choix. Les deux hommes déguisés en gardes d'Haendel arrivèrent enfin devant les dernières portes qui menaient à l'intérieur du Palais. Deux nouveaux gardes étaient en postes mais ces derniers portaient des bâtons de mages et de grandes tuniques vert émeraude. Jisung retira alors son casque et dévoila son visage. Les deux hommes furent surpris une seconde puis ils s'inclinèrent, sans qu'aucun mot ne soit échangé. Minho se mordit les lèvres. A l'instant, il eut la preuve indiscutable que Jisung était bel et bien un espion à la solde de Fenrir et Jisung l'avait senti lui aussi, ce léger frémissement désagréable mais l'heure n'était pas à faire état d'une chose qu'il savait déjà depuis longtemps, même si jusqu'ici ça n'avait été qu'une accusation orale.


« Verkomin, dit l'un des deux mages dans une langue que Minho ne connaissait pas.

Du delion ?

- Eg kom», répondit Jisung sans hésiter.


Une nouvelle salutation et les portes en bois s'ouvraient, sans aucun mécanisme. Une ouverture magique et Minho sentait alors que c'était les deux mages qui les avaient activés. Jisung attendait que les portes soit complètement ouvertes avant d'emboiter le pas, Minho le suivait sans être trop prêt, faisant en sorte de ne pas croiser le regard des deux gardes, derrière son casque. Il ne voulait pas être reconnu et bien qu'aucun d'eux ne semblait le regarder, si ces derniers avaient une sensibilité spirituelle, il risquait de se trahir.

Une fois à l'intérieur, le cristal qui composait les murs et le sol étaient plus sombre. Recouvert de tapisserie blanche et verte, à l'effigie du dragon de glace. Devant eux trônait un immense escalier qui se divisait en trois. Une première allée allait droit devant, et vue la hauteur du plafond et la largeur du couloir central, ce dernier devait conduire à la salle du trône.

Mais Jisung n'emprunta pas l'escalier principal, il tournait aussi tôt sur la droite, avançant d'un pas plus rapide, plus pressé. Ils passèrent devant de nouveaux gardes postés comme des statuts, que Jisung ne salua même pas mais certains s'adressaient à lui. Minho cru même entendre le nom de « Han » dans leurs salutations.

Après avoir longé une longue allée, vide, sans porte ni fenêtre, seulement orné de statues et de tableaux des anciens monarques d'Haendel, ils arrivèrent devant ce qui ressemblait à une impasse mais Jisung jeta à peine un regard en arrière, puis se saisit brusquement du poignet de Minho avant de l'entrainer derrière une petite porte dérobée.

Un passage de domestique. Il refermait derrière eux et couraient pratiquement dans l'escalier en colimaçon.


« Il faut qu'on abandonne les armures, on fait trop de bruit. » Il chuchota en commençant à retirer ses épaulettes.


Minho retira à son tour son casque et rapidement ils se débarrassaient de leur déguisement, le laissant dans un coin de l'escalier, derrière un petit renfoncement. Minho était content de retirer le poids de la tenue de ses épaules. La fourrure et l'armure en métal, les bottes épaisses, lourdes, sans compter le casque, c'était une charge qui empêchait l'infiltration et le déplacement discret.

Jisung secoua ses cheveux avant de vérifier que Minho avait terminé de son côté. Un petit hochement de tête et il repartaient bien plus léger dans l'escalier de service. Ils arrivèrent devant une nouvelle petite porte, à peine assez haute pour les faire passer. Jisung glissa sa tête pour contrôler la sortie, puis il ouvrit en grand le petit pan de bois.

Ils arrivèrent devant un nouveau couloir. Sombre. Ils ne voyaient pratiquement rien mais il sentait l'odeur prenante de l'humidité, la moisissure et même le bruit de goutte d'eau qui longeait le mur.


« Ferme les yeux. » Lui dit Jisung.


Minho obtempéra et après un murmure, sans réussir à distinguer exactement les mots, il sentit une odeur sucrée avant de ressentir une brusque chaleur. Le châtain ouvrit alors les yeux, avec précaution et l'ensemble des torches étaient maintenant allumés sur ce couloir qui lui semblait interminable. Tant par la droite que par la gauche.

Il regardait à tour de rôle jusqu'au plus loin que sa vision lui permettait, de chaque côté. Ils étaient identiques.


« Par où ?

- J'en sais rien, dit alors Jisung. Mon exploration s'est arrêtée ici la dernière fois. Mais on a pas beaucoup de temps, alors à toi de jouer. Tu ressens peut-être quelque chose ? »


Minho voulut lui répondre de manière cynique mais il se ravisa. Ressentir quelque chose aussi loin sous terre, il ne savait si c'était possible. Il regardait une fois de plus de chaque côté, concentrant sa sensibilité spirituelle au maximum. Il essayait de se souvenir de la signature de Glass, son énergie, la densité de son âme comme une fréquence, une vibration dans l'invisible qui devait lui pourrait lui parvenir, faire vibrer sur la surface de sa peau. En Terres Obscures, il était un centre névralgique de pouvoir, ici, il demeurait un homme, physique et fini, et le monde autour de lui, la matière ne lui transmettait pas aussi bien les auras des êtres vivants comme il sentait celles des esprits.

Il n'était pas l'Elémentaire.

Les dents serrées, il essayait une fois encore, totalement immobile et sentant la moindre fragrance, le moindre indice.

Et puis le souffle. Un grognement.


« Là » ouvrit soudainement les yeux Minho. « Il est par là. »


Les deux hommes se tournaient sur la gauche, les lumières qui se répétaient flamboyantes le long des murs. Puis ils se mirent à courir.

L'heure défilait et aux étages au-dessus, sortait de la salle du trône le souverain d'Haendel. 


.


Bonsoir les amis ! 

J'ai l'impression que ça va vraiment lentement 😅 j'espère que ça vous frustre pas trop ! 

Voyez le bon côté des choses, il y a encore pas mal de chapitres à voir !


Dans le prochain Minho et Jisung vont enfin rencontrer Glass mais pas seulement...Ils vont voir le Roi Fenrir aussi...

Puis on reviendra à Agora avec le Hyunlix


Et le chapitre s'arrêtera sur un autre cliffhanger !

Parce que c'est mon truc héhé


A bientôt  !

D.

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