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XXV. Le Capitaine


Seungmin refermait la porte en soupirant. Ses épaules lui faisaient souffrir, sans parler de sa nuque qu'il massait en espérant soulager la tension qui s'accumulait, après autant d'heures d'insomnies.

Il sentait le passage du flux spirituel lui donner des fourmillements dans les mains. Il savait bien que c'était dangereux, ne pas se laisser de repos et utiliser autant de ressources risquait de le mettre en danger, même en tant que mage du Geai Bleu fraîchement réincarné.

Il jeta un nouveau coup d'œil à la porte qu'il venait de refermer, un autre soupire à fendre l'âme franchissait ses lèvres puis il emboîta le pas pour s'éloigner des appartements royaux.

Trois jours sans interruption à apposer des sceaux sur la marque maudite. Hyunjin avait passé en soixante douze heures à peine quatre, totalement lucide.

S'il n'était pas en pleine crise, il était endormi, anesthésié par les plantes de Beomgyu. Seungmin n'avait aucune idée de l'évolution de cette marque, les écrits des différents physiciens et mages qui s'étaient occupés des précédents Empereurs de Vagari avaient des descriptions totalement différentes des unes des autres. Certains avaient eu une évolution lente puis fulgurante sur les derniers instants, d'autres étaient mort avant même qu'elle n'apparaisse et d'autres encore étaient devenus fous sous la douleur. La seule chose qui coïncidait et l'endroit même de la tâche, dès que la tête du serpent atteignait le cœur, alors s'en était fini. Qu'elle passe par le haut de l'épaule ou sous le bras. En l'occurrence, le serpent enveloppé de sa fumée noire, ouvrait la gueule en passant sur le pectoral gauche de Hyunjin et ce dernier avait évolué en quelques semaines si rapidement qu'il lui semblait que de jours en jours il gagnait des centimètres.


« Il dort enfin ? » Résonna soudainement la voix de Christopher, manquant par la même occasion de le faire sursauter.


Le monarque était resté silencieux dans le grand hall, attendant son retour et visiblement, autant en proie aux insomnies que l'Alchimiste.


« Oui, répondit Seungmin mais ça ne semblait pas rassurer le Roi. Mais les plantes font de moins en moins effets, en tout cas peu de temps. »


Christopher le savait, il détourna simplement le regard, totalement impuissant. Seungmin pouvait sentir toute sa colère contenue, de part leurs âmes liées mais aussi parce qu'il connaissait bien son ami. Il s'approcha lentement, déposant comme toujours une main qui se voulait réconfortante sur son épaule.


« Il va s'en sortir. Felix a achevé sa réincarnation, il ne va plus tarder maintenant.

- Je sais. »


Mais rien dans sa voix ne montrait une quelconque confiance en ses propres mots. Suspendue dans le vide, la question qui brûlait ses lèvres, la fatalité qui se dessinait sur la peau de Hyunjin alors qu'il ne pouvait rien faire.

Est-ce qu'il arrivera à temps ?

Sur les terres sacrées d'Ysondre, même dans le monde sensible, Seungmin ne pouvait se téléporter. Qui plus est, à force de concentrer ses efforts sur la marque maudite, il n'avait plus assez d'énergie pour tenter l'expérience alors qu'il commençait à peine à maîtriser cet aspect de ses pouvoirs. Il ne pouvait que patienter, espérer que les trois derniers mages arriveraient à Mirin avant que le serpent n'ait atteint son but.


***


La sensation de la terre ferme sous mes pieds peut à lui seul me donner envie de me mettre à genoux et d'embrasser la poussière.


« De quoi tu te plains ? Ce n'est pas tous les jours qu'on peut se vanter d'avoir chevaucher Caïr, tu sais que c'est un prince parmi les siens ? » Me rappelle Minho en descendant dans la bête ailée.


Je ne relève même pas les yeux vers le Roi de Pandore, préférant m'allonger un peu plus sur le sol alors que je sens mes jambes trembler. Bras en croix, je ferme les yeux en m'imprégnant de l'immobilité du sol tandis que j'entends des petites moqueries de mon compagnon de vol, murmurant à la fois des mots doux à sa bestiole aux grandes ailes de chauve-souris.

Quelques secondes plus tard, c'est d'autres battements d'ailes qui me parviennent, j'ouvre alors un œil pour observer l'atterrissage de Jisung. Ses propres ailes aux plumes bleues balayent l'air et m'impressionnent toujours autant, même après plusieurs jours de voyage. Le garçon les secoue et les rétracte jusqu'à la faire disparaître, ne laissant qu'un dos marqué de deux cicatrices qui me fascinent, au point de vouloir aller les toucher. Comment des pareils membres peuvent ils se glisser ainsi sous sa peau et complètement se fondre dans sa chair ? Je n'ose demander car je sais qu'on me retoquerait que c'est simplement magique mais quand même.


« La nuit va tomber, pour éviter de voyager près de la forêt, il faut qu'on trouve un endroit où dormir, dit le Mage Blanc, en s'approchant de Minho.

- Tu as peur de la forêt des Quatre Cent Dieux ? » Se moquait gentiment le Nécromancien.


Il est vrai que pour un membre du Geai Bleu, la chose est assez amusante à imaginer mais je n'ai pas la tête à relever, bien que je sois épuisé par ce long voyage, je n'ai qu'un objectif.


« Non, on doit continuer. On a pas de temps à perdre. » Je leur dis en me redressant soudainement sur mes pieds. « Hyunjin nous attend. »


***


Après mon achèvement, je me suis réveillé dans l'antichambre d'Ysondre, seul. Le dragon avait disparu et même si je savais que j'avais subi une transformation, je ne me sentais pas différent pour autant. C'était une sensation étrange, comme de savoir qu'on avait gagné quelque chose, qu'on était enfin complet sans pour autant en ressentir la présence ou l'absence d'un quelconque élément. J'étais toujours Felix, et je comprenais que j'étais aussi Zephilis. Entièrement.

C'était encore difficile à l'assimiler mais je ne pouvais le nier, c'était ancré et accepté. J'étais un mage du Geai Bleu, j'en étais même le leader.


« Rassure-toi, c'est normal. » m'avait dit Minho en me retrouvant un fin sourire sur les lèvres.


Il avait senti, comme je le sentais à mon tour, notre lien indéfinissable qui nous liait comme aucun autre. Il savait que j'étais devenu l'Elémentaire et me regardait avec une certaine fierté, comme on accueillerait un membre de la famille partie depuis trop longtemps, ou un ami enfin devenu son égal.

Cette connexion entre nous me faisait me sentir moins seul et à la fois totalement transparent, de la même façon, j'avais senti une autre présence, un autre lien qui me démangeait et me faisait me rendre compte de la silhouette presque cachée de Jisung derrière le monarque de Pandore. Le Mage Blanc m'observait avec retenue, il se tenait l'épaule, le visage bas et un sentiment de remord qui se dessinait sur ses traits. J'avais la sensation qu'il essayait de disparaître et qu'en même temps, il était totalement perdu. Ne sachant plus ce qu'il devait faire, il s'était contenté de suivre Minho et ne disait un seul mot. D'ailleurs, jusqu'à ce qu'on revoie la lumière du jour, dans le monde sensible, il était resté totalement silencieux.

Une fois dehors, ressentait à nouveau la réalité de mon corps, la gravité et tous les éléments qui m'entouraient et me galvanisaient, j'avais lâché un profond soupir de soulagement. Le terre ferme, l'air, le bruit de l'eau sur la surface. La chaleur même de ma peau l'une contre l'autre. C'était mon monde, le monde des hommes et j'avais terminé mon apprentissage.

Sans même le prononcer, Minho m'avait donné une tape dans l'épaule et rebroussait chemin dans la neige.

Le froid n'eut même pas raison de ma bonne humeur et tandis que Minho m'expliquait qu'on devait rentrer par nos propres moyens, jusqu'à sortir des terres sacrées du Lac d'Urenal, je sentais que ce n'était pas tout à fait vrai mais qu'il n'en avait pas conscience. En réalité, il y avait une personne qui pouvait faire quelque chose et c'était moi. Sans savoir comment ni pourquoi, je le savais au fond, que j'étais autorisé à utiliser ma magie.


« Ne sois pas trop confiant, m'avait averti Minho septique. Aucune magie en dehors de celle d'Ysondre ne peut être utilisée ici. N'essaie pas, tu risques de t'épuiser pour rien. Même le Mage Blanc ne peut rien faire ici, alors que c'est son territoire. Sa passerelle. »


Mais je ne l'écoutais pas et c'était un point qui n'avait pas changé malgré ma maturité spirituelle nouvellement acquise. Minho leva alors simplement les yeux au ciel alors que je me rapprochais de l'eau du Lac.

Quelque chose ou quelqu'un me murmurait les mots, une incantation dans mon esprit qui bien que je ne comprenne ce qu'elle signifiait, me donnait l'impression que c'était le seul moyen de partir plus vite. Je fermais alors les yeux devant l'eau lisse, glissait ma main sur la surface et l'effleurait à peine alors que les mots franchissaient mes lèvres. Une langue inconnue sifflait sur ma langue. Ce n'était ni de la langue ancienne, ni aucune autre que n'avait déjà entendu Enkil ou Felane. C'était une langue qu'aucun être humain ne pratiquait, la langue des dragons.

Je murmurais les sons, sans vraiment les comprendre, sentant le crépitement jaillir de ma poitrine et lentement se répandre dans mes veines jusqu'à ma pomme. Alors un cercle se formait de fil d'or se dessinait au-dessus de ma tête et le sceau se rompit. J'ouvrais les yeux, et s'écartait la surface réelle pour ouvrir un portail vers une autre dimension.

Minho était bouche bée et Jisung n'en menait pas large non plus. Il regardait le cercle, l'espace noir comme un gouffre sans fond et sans aucune dimension spatio-temporelle.


« Ça ressemble au portail d'Iris, mais, comment tu as fait ? Demanda alors Jisung, m'adressant la parole pour la première fois depuis des heures.

- Je crois qu'Ysondre m'a donné la clé », je souris en haussant les épaules.


Minho clignait frénétiquement des yeux et tandis que les deux mages s'observaient, sans rien dire, Jisung se décida en premier à avancer. Il prit une profonde inspiration et traversa alors le portail. Il disparu derrière la masse noire mais on le sentait toujours près de nous, comme s'il n'était que de l'autre côté d'un mur fin, facile à franchir. Je regardais cette fois Minho, qui bien que méfiant, traversa le portail d'un pas. Je regardais une dernière fois les terres qui m'entouraient, levant mes yeux vers le ciel comme si je pouvais sentir le regard d'Ysondre, tout en haut, en dessus des nuages et derrière les rayons du soleil.


« Merci », je soufflai avant de disparaître.


Nous nous sommes ensuite retrouvés sur à la frontière des terres habitées d'Haendel, Minho ne perdit pas de temps pour invoquer Caïr, sa monture ailée qui apparue au milieu de runes. C'était la seule monture qu'il pouvait faire apparaître car elle était spéciale, elle était liée à l'âme du Roi de Pandore. Il me demanda alors de grimper sur son dos et demanda à Jisung s'il était capable de voler, ce dernier lui confirma après avoir soigné sa plaie à l'aide de sa magie. En tant que Mage Blanc, il était spécialisé en sort de soin et n'avait eu aucune difficulté à faire disparaître la plaie, après que Minho eut fait disparaître les résidus de la magie noire dont était imprégnées ses flèches.

Je n'osai demander ce qui s'était exactement passé entre eux, j'avais des doutes et bien que j'imaginais comment cela avait pu se solder, je ne voyais pas d'intérêt à savoir exactement ce qu'ils s'étaient dit. Ne comptait que la finalité, à savoir qu'Enkil nous accompagnait.

En retrouvant la totalité de mes pouvoirs, j'avais également retrouvé les souvenirs de mes vies antérieures. J'avais retrouvé la façon dont Zephilis avait appris la trahison d'Enkil mais j'avais également retrouvé les autres souvenirs, les bons, les moments que les mages avaient partagé comme une famille unie par un lien plus fort que nul autre. L'ancien Enkil avait toujours été solitaire, le dernier à avoir intégré le groupe mais aussi le plus doux. Un être sage, plus âgé que les autres au moment de son achèvement, proche de Felane. Et s'ils considéraient la Nécromancienne comme une mère, Enkil était devenu leur père.

Je me souvenais alors de la paix qui régnait à cette époque, la confiance qu'ils s'accordaient et qui avait rendu la trahison que plus difficile, bien que Zephilis l'avait senti, plusieurs semaines avant qu'elle n'arrive. Il avait senti l'éloignement du Mage Blanc, ses craintes et ses doutes. Il aurait peut-être pu l'éviter mais il était trop occupé à gérer sa rivalité avec Eivor, pour voir que ce dernier avait déjà un coup d'avance.

J'étais heureux de constater que mes sentiments n'étaient pas impactés par mes souvenirs d'anciennes vies vécues. Comme je n'avais pas retrouver l'amour que Zephilis portait à Callum, je ne retrouvais pas la haine qu'il ressentait pour Enkil.

Et je n'avais proprement aucune haine envers Jisung.

Cela renforçait l'idée que je n'étais pas devenu une autre personne, j'étais simplement moi, avec un petit truc en plus et cela rendait les choses plus faciles, me concernant. Je laissais ceux qui avaient des reproches à lui faire, s'occuper de s'assurer de sa loyauté car je n'avais qu'un objectif maintenant : revenir le plus rapidement possible à Mirin.


Pour quitter Haendel il n'y avait qu'une trajectoire possible, sans risque de mourir en pleine mer, il fallait passer par Alfost. La grande île pouvait relier le port d'Aurora pour prendre un bateau en direction de Londinium puis Agora. Il devait dès lors abandonner Caïr avant d'arriver sur l'île, se dernier nous retrouverait qu'une fois sur les terres du lion ailé.

Impossible d'aller directement sur le territoire d'Agora, Jisung ne pouvait voler aussi longtemps et aucun bateau d'Haendel ne réussirait à accoster en cette période complexe.  Nous n'avions aucun autre choix puisque Seungmin ne pouvait nous rejoindre. Je le sentais, le lien tenu de l'Alchimiste. J'étais Zephilis, je pouvais ressentir les battements de cœur de chacun d'entre eux et le flux spirituel qui nous liait les uns les autres, bien plus que quiconque. Et Seungmin était sur le fil du rasoir, il utilisait beaucoup de pouvoir, à intervalle régulier et je pouvais aisément deviner pourquoi, bien que j'essayais de ne pas y penser trop longtemps.

Gagner Alfost fut plutôt simple. Jisung connaissait bien le chemin, Minho le suivait sur sa monture et moi je m'agrippais fermement à sa taille, voyant le sol blanc sous mes pieds disparaître. Peu à peu, les îles bien que sombre mais découverte de neige par la saison estivale, se faisaient plus nombreuses et après une bonne journée de vol, nous atterrîmes sur une petite île aux larges de la Capitale.

Au milieu des grands pins centenaires, Minho donna un dernier ordre à Caïr qui s'envola dans un dernier battement d'ailes. Jisung reposait à son tour un pied au sol et rentrait ses ailes, grimaçant sous la sensation comme à chaque fois. Je regardais de mon côté au loin, les maisons d'Alfost qui jonchaient la grande île comme un enchevêtrement de toitures pointues, en tuiles marrons, des petites fenêtres et de la fumée qui s'échappait des cheminées. Au peu plus au loin, dans les renfoncements des montagnes rocheuses, un point blanc au milieu du reste. Le Palais de cristal.


« On doit traverser Alfost pour aller sur Aurora, on a pas le choix, disait Jisung en s'approchant du bord de l'eau. Il va falloir être discret. C'est la ville qui abrite le plus de gardes et d'espions sur tout le Continent. Les condamnations sont nombreuses et se passent de jugement. Si vous avez de la chance vous êtes condamné aux travaux forcés et si vous tombez sur un officier mal luné, vous êtes décapité. Alors il faut se fondre dans la masse, ne pas faire de vague et on atteindra le port avant la nuit.

- Est-ce qu'il sait que tu es là Jisung ? Demanda Minho.

Un long silence gagna les deux hommes, je les regardais faire et tandis que Jisung se pinçait les lèvres, il reporta à nouveau son attention sur le Palais dans l'horizon.

- Je ne me suis pas manifesté et je ne pense pas qu'il le sache mais j'ai appris à ne pas être sûr de quoi que ce soit en ce qui le concerne. Il est malin, bien entouré et il semble toujours avoir un coup d'avance. Je ne peux pas l'assurer.

- D'accord. Alors on doit agir vite. Felix ? »


Je me retournais à l'entente de mon nom, Minho se positionna devant moi et d'un claquement de doigts, je percevais les petites mèches sous mes yeux devenir noirs et de la même façon ses propres yeux devenaient marrons. Jisung remontait la capuche de sa cape et nous partions pour Alfost.


A peine avions nous franchi l'une des nombreuses grandes portes de la ville, nous déambulions dans les rues pavées et humides de la cité. Alfost était aussi sombre que Mirin était lumineuse et aussi terne que Calcano était colorée.

Les gens se marchaient presque dessus, les rues étaient grouillantes mais tous s'évitaient, se regardant à peine et n'interagissaient pas, cachés derrières d'amples vêtements, chaud car même si l'été avait aussi frappé leur ville, l'air restait frais et le ciel nuageux.

Les larcins étaient nombreux, me faisant penser à Londinium et les voleurs à la tire dont je faisais partie mais au moins la capitale mercantile dégageait une certaine opulence de vivres, ici, les habitants semblaient tous en quête de chaleur et de nourriture tout en se repoussant. Les soldats étaient armés jusqu'aux dents, si nombreux qu'au moins une personne sur trois étaient vêtus d'armures aux motifs d'écailles de dragon.

Par deux fois, je vis des arrestations musclées, certains frappés jusqu'à l'inconscient alors que Jisung continuait d'avancer sans même y prêter attention alors que le pauvre bougre pissait le sang et qu'il était relevé sans aucune compassion par deux soldats. Tout le monde s'en fichait. Il y avait une violence omniprésente, une impression de délation haineuse envers son prochain. Ici, personne n'était à l'abri et je n'avais qu'une envie, quitter le plus vite possible cet endroit maudit.

Je sentais Minho aussi tendu que je l'étais, nous passions au milieu de la foule et bientôt nous gagnons les quartiers plus populaires, plus pauvres où des pauvres gens dormaient à même la terre humide en aillons, des orphelins courraient après un chat errant.


« Par ici », leur dit Jisung alors que nous arrivions dans un immense bâti noirci par le feu.


Visiblement incendié il y a des années, à en juger par la couleur du bois et du métal rouillé qui tenait encore les gonds d'une grande porte.


« En passant par l'intérieur, on traverse le canal et on pourra rejoindre le rempart Sud. Derrière, il y a des petits canaux utilisés par les contrebandiers, qui pourront nous faire traverser jusqu'au port d'Aurora. »


Aucun de nous ne le contredisait, Minho regardait à une nouvelle fois la bâtisse, jugeant de sa structure avant de suivre le Mage Blanc et de passer par deux pans de bois écartés. Je me glissais à l'intérieur en dernier et sentant la forte odeur du bois brûler, je regardais une seconde autour de nous. Jisung s'était figé devant ce qui avait été jadis le four de la vieille forge. A son regard, je senti qu'il y avait une raison à son immobilité et Minho le savait aussi. Nous restions silencieux, sans savoir exactement pourquoi mais respectueux et rapidement Jisung revint à lui. L'air de rien, il se retourna et nous fit signe de le suivre. Il s'enfonçant dans les dédales de pièces presque détruites, ne restaient plus rien si ce n'était de vieux outils rouillés et quelques caisses vides, démontées.

Finalement, j'entendis le bruit de l'eau sous nos pieds et vit à travers les planches le canal passer sous le bâtiment. Après avoir esquivé par deux fois des planches qui grinçaient un peu trop à mon goût, nous arrivâmes de l'autre côté du bâtiment. Jisung y déplaça deux caisses pour découvrir un petit tunnel, ce dernier ce jetait ensuite dans la mer. Un tunnel d'évacuation.


« Après toi », dit il à Minho qui s'accroupit en premier.


Puis à mon tour, je passais, Jisung refermait la marche et le passage par la même occasion. Une fois à l'extérieur, je constatais que le soleil avait entamé sa descente. Les lumières rouges de ses rayons léchaient les mouvements de la mer, la petite barque de fortune tanguait sous les mêmes mouvements, amarré à un pique sur un rocher, à quelques mètres plus bas. A l'horizon, les premières lampes du port s'allumaient.


« Allons y. Avant que les contrebandiers ne nous vendent pour quelques pièces d'or. »


Jisung descendait les roches avec agilité, je restais dans son sillage et cette fois c'était le monarque qui restait derrière, moins assuré à chaque pas qu'il faisait pour ne pas glisser bêtement et se faire mal.

Jisung m'aida à monter dans la barque, puis il tendit la main en direction de Minho qui arrivait derrière. Il n'était vraiment pas à l'aise et je pouvais un petit sourire amusé sur les lèvres du barde, alors que Minho glissait sa main dans la sienne.


« Ne me lâche pas, il lui dit presque comme s'il avait peur qu'il le fasse réellement.

- Bien sûr que non », lui répondit Jisung à voix basse.


Il y avait quelque chose d'intimiste dans leur échange qui me donnait envie de sourire. Je me détournais alors avec pudeur, leur laissant ce petit moment pour eux, sans avoir à épier l'échange de regards.

J'entendis l'accélération de leurs cœur une seconde au fond du mien, puis j'essayais de me fermer à leurs sentiments par respect, mais c'était encore quelque chose que je devais apprendre. Finalement, après un petit raclement de gorge gênée, Minho vint s'asseoir devant moi, la pointe des oreilles rougissantes. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un petit sourire complice et le Nécromancien le vit. Ce dernier fronça les sourcils avant de vite détourner le regard, gêné.


« Felix ? Tu peux nous faire avancer ? Demanda Jisung en retirant la corde.

- Hein ? Je revenais à moi.

- Avec ta maîtrise de l'eau.

- Ah ! Oui, bien sûr. »


Lentement je me mis à la pointe du petit bateau et levant mes mains, d'une petite ondulation je fis glisser la barque rapidement, peut-être un peu trop car elle se redressa et fit tomber les deux autres occupant, m'arrachant par la même occasion un rire franc et bruyant, voyant Minho dans les bras de Jisung, tout penaud.

C'était cocasse et pas prémédité mais je dois avouer que j'étais plutôt fier de moi et que je riais tellement que j'en avais mal au ventre.


« Avance au lieu de te bidonner ! » S'exclamait Minho en essayant de se redressant mais il n'arrivait pas à trouver un appuie suffisant, ne faisant que retomber un peu plus contre le torse de Jisung qui commençait à son tour à être contaminé par mon fou rire.


Rire m'avait fait du bien et je voyais que pour Jisung aussi, relâchant alors la pression qu'on avait gardé inconsciemment depuis que l'on était sorti des Terres Obscures.

Nous avancions en direction de l'île d'Aurora après quelques minutes à trouver un rythme normal, je gardais les stigmates de mon rire incontrôlé en gardant simplement un sourire benêt qui irritait au plus haut point Minho qui me fusillait du regard de son côté. Jisung se contentait de sourire plus tendrement, regardant les alentours pour surveiller qu'on ne nous remarquait pas et puis doucement nous entrions dans la brume que j'avais fait apparaître pour nous camoufler alors que l'on approchait du rivage. Alors que je faisais ralentir les mouvements de l'eau et que Jisung se relevait pour aider à l'amarrage, je n'ai pas loupé que les deux hommes s'étaient tenus la main tout au long de la traverser.

Minho se rapprochait et une fois accroché, je fus le premier à sortir, aider par Jisung puis vint Minho qui encore une fois peinait à garder l'équilibre.


« T'es vraiment pas à l'aise sur l'eau, sourit Jisung en le réceptionnant contre lui.

- Non. J'ai jamais été à l'aise sur un bateau et c'est pour ça que j'en emprunte jamais, avoua Minho avec une petite moue.

- Bon, si vous avez fini de flirter, on devrait se dépêcher si on veut quitter cet endroit de malheur ce soir », je dis cette fois un peu plus sérieusement.


Les deux hommes se détachaient alors, sans un mot et Jisung reprenait la tête de la marche. Minho me fit une grimace cette fois comme un enfant de dix ans et je pouffai, les suivant cette fois, en dernier. D'un petit geste des doigts, la brume s'estompait.


« Je connais quelqu'un qui pourra nous faire quitter l'île rapidement et sans encombre », nous dit alors Jisung tandis que l'on gagnait le port.


La clarté du jour laissait place à la pénombre du crépuscule, déjà des marins gagnaient les tavernes et les bordels qui longeaient le port, peu de chance qu'un bateau ne quitte maintenant les quais mais Jisung semblait confiant. Il déambulait au milieu de la foule, nous le suivons jusqu'au fond des quais, j'évitais par deux fois la cohue d'une altercation d'ivrogne, manquant de peu de perdre mes deux compagnons. Je les retrouvais finalement devant un grand voilier dont les toiles noires et la sirène sculptée sur la coque me semblait familier.


« Capitaine Alios ! » Hala Jisung en approchant, levant la main.


Ledit Capitaine pivotait sur lui-même, une chope à la main et une fille de joie dans l'autre. La femme peu vêtue aux longs cheveux rouges fut déçue de ne plus attirer son attention, mais le Capitaine la délaissa sans vergogne, buvant d'une traite de ce qui restait de sa chope alors qu'il s'avançait à son tour vers le barde.


« Vous n'êtes pas encore mort ? » Lui sourit le Capitaine.


Sa cicatrice lui donnait un air encore plus hostile que l'aura qui l'entourait mais pour une raison étrange, je ne me sentais pas effrayé alors que j'arrivais à mon tour à leur hauteur. Puis lorsque j'aperçu complètement son visage je me figea, littéralement.

Un flot de souvenirs anciens, de mon enfance, me revenait brusquement.


« Capitaine, nous avons un clandestin... »

« Tiens...Tiens. Quelle pauvre petite bestiole prise au piège... »

« Tu as le mal de mer petit ? »


Le bateau, l'odeur de la mer et du sel. L'odeur du rhum, du sang. Mais aussi sa voix, bourdonnante, rocailleuse et son regard froid qui pourtant m'avait donné la sensation de ne plus être seul. La sensation qui que j'étais protégé, même si c'était fugace. Jusqu'à être abandonné dans les bras d'une prostituée sur le port de Londinium alors que l'homme qui était mon seul repaire dans ma vie d'enfant, repartait sur son bateau sans un regard en arrière.

Un pirate.

Le Capitaine Alios qui souriait à Jisung et qui en parcourant les visages de ceux qui l'accompagnaient s'arrêta sur le mien et le perdu tout aussi vite.


« C'est...

- Hé ! C'est le barde ! S'exclama un nouveau marin qui venait saluer Jisung. Tu voyages avec nous ?

- Ca se pourrait.

- C'est génial ! On va pouvoir quitter ces terres de malheur ! Je tanne le Capitaine pour qu'on lève les voiles, ça m'file la chair de poule ici. En plus les catins son trop frigides et leur bière est dégueulasse ! Hein ? Pas vrai Capitaine ? »


L'homme s'arrêta à son tour en voyant l'air hagard de son Capitaine et suivait son regard dans ma direction. Il plissa les yeux comme s'il avait du mal à voir et finalement son visage s'illuminait à son tour.


« C'est pas vrai ! Mais c'est l'gamin ! Nom d'une pipe ! C'est bien toi ? »


Il se rua sur moi, me secouant mais j'étais encore trop choqué pour ouvrir la bouche. Le marin semblait pourtant heureux de me voir et bien que j'avais un vague souvenir de son visage boursoufflé par l'alcool et brûlé par le soleil, je peinais encore à revenir à moi.


« Mais t'es vivant ! Et quel gaillard t'es devenu, dis ! »


Minho me regardait, intrigué, j'ouvrais la bouche mais aucun son ne sortait, j'étais pétrifié et Jisung à son tour ne comprenait pas tellement puis il se tourna à nouveau vers le Capitaine qui ne m'avait pas quitté des yeux.


« Vous avez vu Capitaine ? C'est l'gamin ! Il a pu' les cheveux bleus mais c'est bien lui ! On reconnaîtrait ta petite bouille entre mille ! Pas vrai ?

- Oui, souffla finalement le Capitaine. C'est bien lui. »


Après quelques minutes de plus, je me retrouvais entrainer dans les bras du pirate qui semblait si ravi de me revoir, je comprenais qu'il s'agissait du second et dans mes souvenirs, l'homme était bien moins gros et bien plus distant mais il fallait croire que le temps l'avait rendu plus aimable ou avait rendu mes souvenirs encore plus troubles qu'ils ne l'étaient. Nous montâmes sur le bateau, convaincu que c'était de toute façon la seule solution plausible de quitter l'île et puis même si j'étais choqué, je n'étais plus un gamin chétif qui craignait qu'on l'abandonne.

L'équipage n'avait pas tant changé, certains me reconnaissaient, d'autres avaient un vague souvenirs et pour les nouveaux, je n'étais qu'une anecdote qu'on racontait. Le gamin au cheveux bleus, recueilli par le Capitaine Alios pendant la Guerre des Cinq. Ce dernier n'était d'ailleurs pas resté longtemps avec nous, il ne m'avait pas adressé un seul mot, se contentant de me regarder de loin avant de s'enfermer dans sa cabine et d'ordonner qu'on quitte le port.

Le second prit la barre, après m'avoir une dernière fois donné une tape dans le dos.


« T'as toujours le mal de mer gamin ? Il demanda en montant en les escaliers.

- Malheureusement, oui », je lui souris timidement.


Le marin laissa un rire gras s'extirper de sa gorge avant de commencer les manœuvres. Le reste de l'équipage se dépêchait d'ouvrir les voiles, s'agitant sur le pont alors que Jisung regardait une dernière fois les terres d'Haendel depuis la rambarde, le rejoignait Minho, surement soucieux. Je décidais de laisser les deux hommes seuls, regardant une nouvelle fois la porte de la cabine du Capitaine et décida de m'avancer jusqu'à elle. Une fois devant, je frappais le battant de bois, me remémorant toutes les fois où je l'avais fait enfant. Etrangement, je sentais comme de plaisir à le revivre.


« Quoi ? »


J'ouvrais la porte et en me voyant il se figea à nouveau mais ne me demanda pas de repartir, il se redressa simplement, le visage impassible et je pris cette posture pour une autorisation à entrer. Je refermais la porte derrière moi et je m'avançais sans être trop près. J'étais maintenant un homme et me retrouver face à cette figure si importante dans ma vie me vidait de toute pensée cohérente. Je ne savais pas ce que je ressentais mais une chose était sûre, ce n'était pas de la colère ou de la haine.

Je l'observais avec plus d'attention, me souvenant parfaitement de son visage d'antan et voyant alors la cicatrice sur son cou, je me faisais la réflexion qu'elle n'était pas là, il y a quinze ans. Elle était boursoufflée.


« Vous n'avez plus personne pour vous soigner ? Elle a mal cicatrisé. Je lui disais.

Il passa une main l'ancienne plaie, je cru apercevoir un début de sourire poindre mais très vite effacé.

- On ne soigne pas facilement une blessure de dragon. »


Je me penchais alors la tête sur le côté, un étrange flash de pavillon d'Haendel non loin du bateau, les attaques répétées peu de temps avant qu'il ne m'abandonne sur Londinium. J'avais l'impression de mettre le doigts sur quelque chose, une étrange pensée me venait à l'esprit alors que je me rendais compte d'un dernier détail. Je passais ma main sur mon avant-bras, à l'endroit même de ma cicatrice. Le tatouage était apparu quelques jours avant d'avoir été débarqué.


« Vous saviez. Pour le tatouage. Je demandais alors. Vous saviez ce que ça représentait. »


La Capitaine déglutit, ne voyant nullement l'intérêt de mentir maintenant, néanmoins il se retournait, comme s'il espérait me cacher la vérité ou la repousser. Il soupira, jetant son regard partout ailleurs que sur ma personne.


« Qu'est-ce que ça change ? Ne me regarde pas comme ça gamin, je ne l'ai fait que pour moi. Si Fenrir ou n'importe lequel de ce salaud découvrait qui j'abritais sur mon bateau, que crois tu qu'ils auraient de fait de moi ?

- Vous auriez pu me jeter à la mer.

- Je suis égoïste mais pas cruel.

- C'est vrai. Et c'est pour ça que vous m'avez laissé à Londinium, le seul pays neutre dans le conflit et vous connaissiez aussi le Roi Ulric II, il ne m'aurait jamais tué, tout au mieux il m'aurait utilisé.

- Ca suffit, n'imagine pas n'importe quoi », il grommelait.


Néanmoins il continuait d'éviter de me regarder. Je m'approchais alors parce que je sentais que j'avais touché le point sensible, ma simple présence avait ébranlé un sentiment qui jamais je n'aurai imaginé voir dans ses les traits d'un souvenir. Je sentais une inspiration me gonfler la poitrine et tandis que je me postais devant lui, je le regardais cette fois avec gratitude, il ne put s'empêcher relever alors les yeux sur mon visage, se figeant encore une fois. Incapable de se détourner, comme s'il superposant l'enfant qu'il avait sauvé, bien qu'il ne l'assumât pas, sur le visage d'un homme aujourd'hui dans la fleur de l'âge.


« Merci. Je lui dis. Merci de m'avoir sauvé. »


Il ne répondit rien. Gêné. Honteusement ému.


« Ne dis pas n'importe quoi, tu t'es sauvé tout seul gamin. »


Soit. Je n'insistais, me contentant alors d'acquiescer silencieusement avant de sortir de la cabine.


« Vous savez le tatouage, je lui dis en pointant simplement mon bras. Il est achevé aujourd'hui. »


L'homme comprit aussi tôt ce que je voulais dire et écarquillant les yeux, je lui souris cette fois de toutes mes dents. Heureux comme un gamin qui avait accompli un exploit et qui était fier de l'annoncer à son père.


« Mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez juste m'appeler Felix, Capitaine. »


.


Oyé les amis ! 

Promis il va vite rejoindre Hyunjin mais je voulais refaire un petit chapitre de voyage, au prochain il y aura encore un dernier passage par Londinium et vous devinez qui il verra là bas héhé ! Le but étant qu'il fasse une sorte de paix avec son passé pour avancer. C'est primordial avant de retrouver Hyunjin. 

Pour information il s'est presque passé un an depuis son départ d'Agora.


A bientôt !

D.

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