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XVI. l'Etranger



Dans un sursaut, le cœur palpitant et les yeux fous, le Roi Christopher Bang peine à revenir de son cauchemar qui n'était que les vagues souvenirs d'un instant du passé.

Il n'y avait rien qui lui avait fait peur réellement, pas de monstres ou de créatures mythiques que ses prédécesseurs avaient pu combattre ou invoquer. Les souvenirs de tous les Callum se superposaient parfois dans ses songes, comme un film en continue de multiples vies. Plus jeune il avait pu en être terrifié, au point de hurler parfois dans son sommeil, de revenir à la réalité en ayant encore la sensation physique qu'il était au milieu d'une forêt mystique, d'une grotte enchantée ou sur un champ de bataille.

Ce rêve ci était différent, c'étaient ses souvenirs. Et il avait encore cette sensation persistante, rampante, alors qu'il avait à peine six ans et que son père était revenu d'un long voyage. Alors qu'il s'était précipité dans ses bras pour rester près de lui, le garder, tandis qu'il craignait plus que tout de ne jamais le revoir. Il lui semblait avoir remonté le temps et tremblait encore de lui lâcher la main.

A chaque départ c'était la même angoisse insondable. Le temps n'avait pas guéri cette insécurité qu'il gardait comme un traumatisme de l'enfance, car un jour, son père n'était effectivement plus revenu et depuis, il revenait gâcher ses nuits. L'impression fugace mais proprement instinctive : le changement.

Felix allait partir à l'aube, avec la délégation de Pandore et sa cavalerie légendaire. Les chevaux de Pandore était bêtes ailées. D'une robe noire et sombre, comme des nuits sans Lune, appelés par des nécromanciens des Terres obscures il y a longtemps. Un cadeau à la famille royal de Pandore et pour gagner leur liberté il y a plusieurs siècles et pouvoir vivre en harmonie sur leur terre gorgée de flux spirituel. Les bêtes étaient dès lors rentrer dans la cavalerie comme un emblème, aussi important que le phœnix sur leur blason, accentuant le côté mystique et ténébreux de la cité de Pandore.

Leur hennissement était un grondement sourd, vibrant jusque dans la cage thoracique. Leurs yeux aussi noirs que leur pelage, et ce halo vaporeux qui les entouraient dès qu'ils s'apprêtaient à gagner les airs, tandis que leurs ailes semblables à celle des chauves-souris se dépliaient. Des créatures sorties d'un conte d'épouvante, mais la peur était déjà un pas dans la victoire, une victoire psychologique qui avait empêché jusqu'à là toute nation de vouloir s'en prendre à la cité de feu.

Le Roi Christopher devrait être soulagé, personne n'osera s'en prendre à la forteresse perchée sur une falaise en bord de mer, inaccessible par la route et imprenable depuis toujours. Felix ne pouvait être plus en sécurité, peut-être encore plus qu'à Mirin. Pourtant, il n'arrivait pas à s'enlever cette sensation de l'esprit, cette petite voix dans sa tête qui le mettait en garde : Felix s'éloignait des terres ennemies d'Haendel et pourtant, il avait l'impression que Fenrir n'avait jamais été aussi près.


« Tu n'arrives pas à dormir ? », grommela la voix rocailleuse à ses côtés.


Christopher glissa son regard sur sa droite. Allongé au milieu du lit, le torse découvert et le drap à peine poser sur la taille, laissant apparaître un flan creusé, musclé. Les yeux noirs de Changbin le regardaient comme s'il était réveillé depuis des heures, sans une once de fatigue, alors même que les chandeliers étaient éteints depuis quelques heures seulement, il en sentait encore l'odeur de la cire chaude dans l'air.

Le monarque lui sourit tendrement, se penchant pour venir quémander une douceur qui finirait peut-être par dissiper ses pensées noires. Il n'y avait que dans les bras de son chevalier qu'il pouvait tout oublier. Ses responsabilités, ses peurs et ses mauvais rêves.

Depuis qu'il l'avait vu dans cette allée, alors qu'il tenait à peine sur ses petites jambes, les mêmes billes noires cachées derrière une épaisse crinière qui l'observait sans détourner le regard. Était-ce possible de tomber amoureux à seulement six ans ? De sentir le sol s'effondrer sous ses pieds et de se perdre totalement, oubliant même de rester près de son père, de le supplier de ne plus repartir. Changbin était devenu en une fraction de seconde le centre son univers. Sauf qu'il était le fils du Roi et lui son futur garde royal qui bien que fera le serment de ne jamais se lier à quiconque, se promettant à lui, comme on se promet à un dieu, ne pourra jamais partager sa vie aux yeux du monde.

Il savait que c'était une manière de lui promettre sa fidélité, sous toutes ses formes. Chose qu'il ne pourrait jamais lui promettre à son tour.

A cette pensée ses lèvres se pressaient davantage contre celles plus fines de son vassal, les mains rugueuses de l'épéiste remontaient dans sa nuque, caressaient sa peau et la parcourait d'un millier de frisson qui remontait le long de son crâne. Sa tête bascula légèrement en avant, pris d'un vertige qui le fit sourire contre sa bouche. Le chevalier ouvrit les yeux, observa ses traits avec admiration, sans pour autant réussir à l'exprimer. Toute la puissance des sentiments qui les gagnait tous les deux, était muette de toute explication, de toute description. Il n'y avait que le silence, que la sensation de leur torse l'un contre l'autre qui se soulevaient en même temps. Ils ne voulaient ni parler du passé ni de l'avenir. Tous deux étaient sans importance, tristes à souhait, et n'auraient jamais le dénouement qu'ils espéraient.

Parce qu'il était Roi, et qu'il était son Chevalier. Qu'il était une réincarnation d'un demi-dieu et qu'il n'était qu'un guerrier.

La main de Changbin glissa néanmoins le long de son visage, passait dans ses cheveux avec douceur à mesure qu'il en suivait le tracé. Il se pinça les lèvres et se hissa à nouveau pour venir happer sa bouche pulpeuse, dont il connaissait chaque courbe, chaque réflexe, dès qu'elles s'appuyaient, qu'elles attrapaient les siennes pour mieux les relâcher.


« Majesté..., il souffla.

- Non..., il répéta comme à chaque fois.

- Chan », tremblait alors le Chevalier.


Le brun observait son amant fermer les yeux sous le plaisir de prononcer ce simple surnom intime. Un retour en arrière, aux prémices des premiers baisers timides, des premiers regards langoureux. Alors qu'ils acceptaient tout juste leur attirance, le printemps d'une adolescence dorée et pourtant si compliquée. Un rappel de ce qu'ils étaient et qui continue de battre dans leurs poitrines.


" Mon ange...", répondait le monarque.


La nuit se passait des titres.


***


A l'aube, le lit était vide. Le Roi était déjà parti dans la salle du trône, attendant avec Minho l'arrivé de Felix. Changbin était parti le chercher et lorsque les deux hommes franchirent le seuil marbré, le futur mage aux cheveux bleus, semblait plus abattu que jamais.

Christopher sentait son âme liée s'agiter, comme si elle pleurait sa propre tristesse. Il savait exactement ce qui l'affligeait, il était loin d'être aveugle. Il les avait laissés toute une journée seuls après tout, enfermés dans les appartements du Prince et tous les domestiques du château avaient pour ordre de ne pas les déranger.

Il avait senti dès le premier jour leur attachement, n'en déplaise à Hyunjin qui criait à qui voulait l'entendre qu'il haïssait le plus jeune, il n'en était pas moins obsédé par lui. L'observait parfois quand le garde avait le dos tourné, s'inquiétait quand il avait été blessé par Changbin sur le pont du bateau. Il avait appris par le Chevalier comment s'était déroulé leur première rencontre et du fameux baiser volé. La véritable cause de toute sa rancœur, en plus de l'avoir humilié, comme il aimait bien le rappeler il y encore quelque temps de ça. En réalité, Hyunjin n'avait pas subi moins que ce qu'il avait lui-même expérimenté enfant, il avait été marqué au fer par le regard incandescent de Felix et l'avait fermement repoussé parce qu'il en détestait l'idée. Sauf qu'on ne se bat pas contre ses sentiments. A cette pensée il eut un léger coup d'œil vers son garde personnel avant d'aussi tôt se détourner, sentant déjà sa poitrine se compresser. Discrètement, il peut reprendre ses esprits, retrouver les yeux fuyant et résigné de Felix.

Le Roi Christopher se pinça les lèvres. Il aurait aimé pouvoir le rassurer, lui dire que ce n'était que pour un temps mais il n'était même pas sûr que les sentiments que le garçon partageait avec son petit-frère soit si simple.

En réalité, Christopher était inquiet. Il craignait que ça ne soit qu'une illusion. Sans aucune méchanceté ni mauvaise intention, de quiconque. Il ne savait pas encore si la malédiction avait un rôle à jouer là-dedans. Il craignait d'en parler, de peur que Felix change d'avis. Le garçon semblait tout aussi impulsif que l'était son frère. Surtout qu'il avait déjà dû y songer seul. Tout comme l'âme de Callum appelait celle de Zephilis, il ne savait pas si la malédiction que les unissait d'un lien tout aussi ancien, était à l'origine de leur ressentiment premier ou au contraire, les attirait l'un vers l'autre pour mieux pouvoir les blesser.

Les forces obscures convoquées par le précédent Zephilis étaient si anciennes qu'elles en étaient de véritables énigmes. Il ne savait jusqu'où elle irait pour leur faire du mal, au Mage comme au Prince. L'achèvement leur donnera surement des réponses, il espérant seulement qu'elles ne soient pas trop blessantes, pour l'un comme pour l'autre.


" Tu es prêt ? Demanda Minho une fois que Felix arrivé à leur hauteur.

- J'ai tout donner à charger dans le convoi. Je n'avais pas beaucoup d'affaire de toute façon, marmonna le plus jeune, la mine basse.

Impossible de cacher son dépit, il tentait par tous les moyens de se donner bonne figure mais c'était bien plus compliqué qu'il ne l'aurait cru.

- Tu viendras en apprentissage officiel, tu pourras donc porter l'uniforme d'Agora sans problème. Lui rappela le Roi de Pandore.

- J'ai assigné Jeongin, Yeonjun et Seungmin à ton escorte, lui dit Christopher.

Espérait-il lui arracher un sourire en évoquant deux de ses camarades ? Il n'en fut rien. Felix était encore bien loin, sans doute dans les bras du Prince qu'il avait eu tout le mal du monde à quitter.

- Le temps passera vite, souffla alors le Roi en posa une main réconfortante sur son épaule. Tu retrouveras ta place là où tu l'avais laissé, je te le promets. Tu es un agorien Felix, ne l'oublie pas. »


Le garçon aux cheveux bleus croisant finalement ses yeux empreint d'une douceur quasi fraternel. Une seconde, le monarque vit la peine marqué son regard puis tirer sur ses lèvres avant de ravaler ses larmes. Il prit une profonde inspiration et retrouva une fierté toute guerrière. Changbin coula un regard vers le plus jeune plein de fierté et comme pour l'exprimer il lui donna une petite tape dans le dos.


« Essaie quand même de t'entrainer un peu au combat, même si je ne suis pas là. Je te donnerai ta revanche à ton retour, lui sourit son supérieur.

Felix répondit à son sourire sans hésiter, presque avec défi.

- T'es sûr ? Si d'ici là j'ai eu l'achèvement de ma réincarnation, je vais te mettre une raclée.

- C'est ça oui, continue de rêver. En attendant j'ai pas oublié tu sais ? J'ai des palettes de pelouse à te faire manger. »


Felix cligna des yeux avant de rire se souvenant parfaitement de leur discussion au camp où il avait évidemment émis l'hypothèse de se transformer en herbivore s'il devait finir par bien s'entendre avec le Prince. Faut dire qu'il avait toujours beaucoup de chance. Enfin bon, si c'était pour revivre une journée comme il avait vécu la veille, il était près à refaire tout le jardin du Palais.


« Bien ! S'exclama Minho en tapant dans ses mains. On a pas de temps à perdre. Même si nous voyageons par les airs, nous avons deux semaines de voyages.

- Deux semaines ? S'étonna Felix.

- Pandore est totalement de l'autre côté du continent, le plus au Sud, et tu n'as pas idée à quel point Agora est grande. C'est la nation la plus étendue. Nous ferons plusieurs arrêts dans des cités précises. Et une fois à Vulci, l'ancienne capitale de l'Empire de Vagari. Aujourd'hui une terre presque morte, ravagée par la guerre les feux de dragon de glace d'Haendel. Néanmoins, depuis la fin de la guerre, Vulci est sous la protection de mon Royaume et les survivants essaient de reconstruire la citée. C'est surtout une ville gorgée de magie, peut-être que cela aura un effet sur toi. »

Felix hochait simplement la tête.


Après quelques dernières précisions, les quatre hommes quittaient la grande salle du trône, le Roi d'Agora en tête avec Minho, puis Felix et enfin Changbin qui fermait la marche. Ils s'avançaient jusqu'à la sortie du château qui rejoignait les écuries ou tout le convoi était près. Des hommes allaient et venaient autour des chevaux noirs. Leur prestance fit légèrement vaciller Felix qui ne s'attendait pas à des étalons aussi haut. Leurs ailes battaient dans un bruit de claquement et le grognement à chaque fois qu'ils secouaient la tête lui donnait des frissons. Il lui semblait presque de la fumée jaillissaient de leur narine, une fumée à peine visible et qui se dissipaient à peine exprimer. Comme si les bêtes étaient sortis des ténèbres et qu'ils en gardaient les stigmates.

Pourtant, Felix n'en avait aucunement peur. Au contraire, il se sentait presque proche des chevaux et à leur regard fixe, il avait la sensation étrange qu'ils pouvaient le comprendre, et que lui, pouvait les comprendre.


« Bien, tu monteras dans ma calèche, lui dit alors Minho. Tu es un invité officiel, pas un garde. »


Le Roi de Pandore salua rapidement son homologue, sans s'encombrer de niais aurevoirs ou flatteries, les deux hommes comme chiens et chat se toisait avec néanmoins beaucoup d'affection, bien cachée mais présente.


« Je compte sur toi », rappela le Roi d'Agora.


Il parlait à Félane, pas à Minho. Le jeune Roi aux yeux améthyste affirma d'un geste bref puis se dirigea vers sa monture. Felix prit un peu plus le temps de saluer son souverain, sentant une forte pression sur ses épaules et sur son crâne. Il ne s'attendait pas à ce que ça soit si dure de le quitter, lui aussi. Il s'était si vite attaché, à tous, cela le fit soupirer dans un très léger tremblement.


« Je vous remercie, dit il alors. De m'avoir permis de vous rejoindre. Et même si ça parait bizarre, je vous remercie de m'avoir laissé le choix.

Le Roi lui souriait, Callum lui souriait.

- C'est à moi de te remercier, de m'avoir sauvé et...D'avoir redonné le sourire à Hyunjin.

- Prenez soin de vous Majesté, s'inclina Felix. Je reviendrai vite.

- Tu as intérêt ! » Cria une voix masculine de l'autre côté de la cour.


Adossé au muret qui entourait les écuries, Hyunjin dans une tenue sobre mais toujours aussi princière, lui souriait tendrement, les bras croisés sur son torse.

Felix laissa échapper un petit rire. Il secoua la tête, un dernier regard vers son amant d'un jour avant de rejoindre le Roi Minho. Son cœur se faisait à nouveau lourd, sa respiration un peu plus difficile. Il détestait les départs, il détestait les adieux larmoyants. Il avait une pensée pour Eileen, Sire Neven qu'il avait laissé derrière lui. Puis Ben dont l'image se remplaçait doucement par celle du Prince, de ses lèvres, de ses caresses sur sa joue et son front qui se collait au sien. Les mots qu'ils n'avaient prononcés mais qu'il avait parfaitement entendus.

En arrivant vers la cabine, il remarqua derrière, Jeongin perché sur un des chevaux ailés, puis Yeonjun qui montait sur une des calèches, à côté du coché. Enfin, Seungmin grimpait à son tour dans ladite calèche, un immense livre dans les bras. Ce qui le surpris le plus, fut ce garçon qui se pencha en avant dans une pirouette acrobatique, comme s'il dansait. Un véritable arlequin au grand sourire éclatant. Le Barde.


« Hé ! Le garde aux cheveux bleus, je vous avais dit qu'on se reverrai bientôt.

Il avait plaqué son luth contre son dos.

- Vous venez à Pandore ?

- Le Roi Minho a gentiment accepté que je puisse bénéficier de son escorte jusqu'à la Capitale. C'est très généreux de sa part. Je vais pouvoir écrire des dizaines de chansons sur notre périple. Cela fait des années que je n'ai pas mis les pieds à Pandore, j'ai vraiment hâte de revoir la citée de feu. D'ailleurs, nous allons passer un peu de temps ensemble alors permettez-moi de me présenter, Han Jisung.

Lui sourit le musicien. Il était toujours aussi mal à l'aise, ne sachant pas vraiment s'il était dans un personnage ou totalement sincère.

- Lee Felix.

- Je sais, vous me l'avez déjà dit. Lee Felix, le garde aux cheveux bleus. »


Le barde appuyait sans cesse sa caractéristique. Il savait que c'était une couleur peu ordinaire mais c'était une manière toute particulière qu'il prononçait ses mots. Comme s'il voulait les enregistrer, les analyser. Comme s'il savait ce que cette couleur signifiait, en réalité. Il devenait véritablement paranoïaque, la tension politique commençait peu à peu à s'insinuer dans son esprit, il devait réussir à en faire abstraction sinon il allait commencer par soupçonner tout le monde et n'arrivera jamais à se concentrer sur son entrainement.

Si le Roi Minho lui faisait confiance, si Félane lui permettait de les accompagner, il n'avait pas de raison de se méfier.


« ITE ! » S'exclama finalement un garde qui se répercutait sur tous les soldats de la délégation.

Allons y.


Felix fronça les sourcils. Le dialecte de pandore, proche de la langue ancienne. Il comprit, comme il avait compris quand Minho lui parlait. Il quitta alors le barde et grimpa dans la calèche du monarque, le musicien se repositionna lui à côté du coché. Le voyage allait être long mais il s'en réjouissait.

Des battements d'ailes résonnèrent dans la cour, des pas, des ordres en pandorin et puis d'un coup, claquant de leurs puissants muscles, les chevaux galopèrent avant de s'envoler. Felix s'accrocha par instant à la banquette sous le petit sourire moqueur de Minho, il savait exactement ce qu'il ressentait pour l'avoir lui aussi ressenti de nombreuses fois avant de complètement s'habituer à cette façon de voyager. Felix devenait presque blanc alors que le convoi passait près des murs du château puis continuait leur chemin en survolant les remparts, faisant s'engouffrer le vent par leurs petites fenêtres. Il entendait presque les exclamations de joie du barde qui devait se croire dans une attraction, et lui priait simplement pour que ces canassons soient bien assez reposés pour ne pas les laisser se crasher.


« Aucun risque, sourit Minho en devinant ses pensées. Ce ne sont pas des créatures de notre monde, elles ne fatiguent jamais et puis nous avons Iris avec nous, l'Alchimiste qui contrôle l'espace-temps. »


Minho fit un geste du menton pointant la calèche qui convolait derrière eux avec Seungmin à son bord.


« Ce lui permettrait de s'entrainer pour son achèvement.

- J'aimerai autant qu'il s'entraine quand j'ai les pieds sur terre, lui dit aussi tôt Felix. »

Minho pouffa.


Christopher les regardait quitter la cour, les terre d'Agora d'un œil soucieux. S'était joint à lui, Hyunjin, qui faisait tous les efforts du monde pour ne rien laisser paraître et serrait simplement les poings jusqu'à ce que la délégation disparaisse de leur champ de vision.

Une fois que les chevaux ne furent que des points noirs dans l'horizon, le Prince revint sur ses pas, ne laissant même pas le temps à son frère d'essayer de lui glisser un mot réconfortant. De toute façon il n'en avait pas. Il avait lui-même la mâchoire trop serrée pour s'exprimer. Il bassa la tête, ayant la désagréable sensation d'avoir peut-être commis une erreur, en laissant Zephilis partir. Il ne savait si c'était son esprit pragmatique royal ou si c'était les sentiments irrationnels de Callum, il ne trouvait néanmoins pas de moyen de se calmer.


« Ca ira », murmura alors Changbin en s'approchant.


Il sentit alors ses doigts venir à peine effleurer les siens. Un geste qu'il ne s'était jamais autorisé en public, même le plus discrètement possible. Il devait vraiment avoir l'air mal pour que le Chevalier s'y risque.


« Je sais ». Il marmonna alors entre ses dents ne se gênant pas pour pousser un peu plus l'étreinte de leurs mains jusqu'à s'unir totalement quelques secondes, avant de se quitter.


***


Si les chevaux ne se fatiguaient pas, ce n'était pas le cas des hommes qui composaient la délégation. Chaque soir, l'attelage s'arrêtait, parfois dans un village, parfois en pleine nature. Ils installaient ensuite un camp de fortune, mangeait et dormait avant de reprendre le voyage.

La première nuit, Felix n'avait pas réussi à fermer l'œil, comme c'était souvent le cas. Il s'était levé pour se promener, suivi du regard d'un autre insomniaque qui perché sur une petite bute, accordait son luth à l'écart pour éviter de réveiller les hommes déjà endormis.

La nuit était fraîche néanmoins la vie nocturne continuait de chanter dans le silence. D'innombrables petits insectes qui couvraient l'espace de sons, rien d'effrayant mais lorsqu'on manquait de sommeil et qu'on se concentrait sur ces uniques bruits, on les trouvait assourdissant. Felix vint s'assoir finalement sur une petite roche, passant ses mains des cheveux alors qu'il relevait la tête pour regarder les étoiles. Une pensée fugace vers son Prince qui devait faire de même, il le sentait au fond de sa poitrine.


« Magnifique, il entendit dans son dos.

Felix sursauta presque, ne s'attendant pas à être surpris. Le barde leva les mains en signe de paix, un petit rire amusé secouait ses épaules alors qu'il continuait de s'approcher.

- Je parle de vos cheveux, il continua en les pointant du doigts. J'avais déjà vu ce type de coloration, parfois magique, parfois chimique, mais c'est la première fois que je vois cette couleur au naturel. Un bleu est proprement magnifique, qui même dans une nuit sans rayons de lune, scintille. Tel une luciole de la forêt des Quatre Cent Dieux.»


Felix pencha la tête, toujours ce sentiment étrange, ce malaise. Il se racla la gorge tandis que le barde venait se poster à ses côtés. Ses cheveux noirs légèrement décoiffés et ses bijoux qui pendaient de son cou et de ses oreilles. Un vrai troubadour au regard enjôleur.


« C'est votre prochaine chanson ? Il demanda alors ce qui fit sourire davantage le musicien.

- Peut-être bien ! »

Felix opina, il joignait ses mains, continuant sa contemplation de la voute céleste.

« Vous savez que ça signifie, n'est-ce pas ? Sur la terre d'Agora, ce n'est pas une couleur ordinaire.

- Je sais. On me l'a dit.

Felix senti un frisson désagréable. Le ton du barde était moins plaisant, plus direct.

- A Haendel aussi, cette couleur a une signification particulière.

Il tourna vivement la tête dans sa direction. Jisung avait un petit sourire en coin, il était heureux d'avoir pu attirer sa curiosité et ça se lisait dans ses yeux brillants de malice.

- Vous êtes d'Haendel ?

- Je ne sais pas d'où je suis. J'ai vécu sur les routes toute ma vie mais je me suis longtemps établi à Haendel. A Alfost. Et là bas, les gens qui ont les cheveux bleus, sont exécutés. »

Felix frissonna à nouveau. Sa gorge se serrait mais il essayait de n'en montrer aucune trace.

« Pas que les cheveux d'ailleurs. Toute manifestation qui laisserait supposer que vous êtes originaires du peuple des Quatre Cent Dieux est passible de la peine de mort.

- Je...C'est possible ?

- C'est une règle officieuse mais tous les delions la connaisse. Certains ont même fuis la Capitale en apprenant que l'un de leur enfant avait une des traces. Notamment ceux qui avaient les yeux bleus, alors que parfois ce n'était absolument pas un signe.

- Mais le Roi d'Haendel a les yeux bleus, se souvint Felix.

- Ironique n'est ce pas ? »

Jisung semblait soudainement mélancolique, il tira sur son luth, caressait les cordes tendues.

« Il est même impossible de prononcer leurs noms...Au risque d'être emprisonné. Avec le temps, le peuple a fini par l'accepter et épouse même la haine du Roi Fenrir vers tout ce qui concerne les anciens mages de la forêt. Mais ce n'est rien comparé aux anciens sympathisant de la famille de Vagari. »


Jisung tira sur une corde, faisant résonner une note puis une seconde. Lente. Triste mélodie. Felix le regardait faire, sentant sa tension se transformer en une sensation lourde, dense.


« Vous avez fui Haendel ?

- Je fuis le monde entier », il sourit douloureusement.


A l'orée de la Forêt, se cache le cœur meurtri

Pleurant, implorant le retour de son aimé

Le mage aux yeux bleutés

Appelait son tendre dévoué

A l'orée de la Forêt, se cache le cri

Les portes de Vagari se sont fermées

Sur toi j'ai laissé ma marque, la trace

La promesse maudite


Jisung connaissait donc la malédiction, ce n'était pas si étonnant pour un barde. Les contes et les légendes se perdaient au milieu de ce qui était la vérité. Cette chanson, Felix aussi la connaissait et jusque-là il n'avait jamais fait le rapprochement. Soudainement il sentit une profonde mélancolie le gagner, comme s'il en voyait les images, les souvenirs d'un Zephilis implorant pour qu'on lui rende son amour, pour qu'on l'aide à ne pas sombrer. Zephilis dont les pleurs n'avaient pas attiré les âmes des dieux mais ceux des esprits maléfiques.

Le serpent à la tête de mort.

Il continuait de chantonner, dans la nuit sa voix pourtant basse, bourdonnait dans ses oreilles.


« C'est une chanson triste, conclut Felix.

- Tout dépendra de la fin. »


Et comme pour appuyer ses mots, il balayait les cordes de ses doigts tendus, en éventail, puis égayait sa mélodie, comme un vent d'espoir. Il marmonnait la suite, sans pour autant en dire les paroles et Felix ne put s'empêcher de lui sourire.

Il préférait les fins heureuses, à n'en pas douter.

Les autres nuits du périple, Felix retrouvait son ami d'insomnie. Les deux garçons parfois, discutaient, restant en surface. D'autre fois Jisung sifflotait un début de chanson, composait devant lui, Felix le regardait faire, un brin fasciner par le sérieux dont il pouvait faire preuve quand il s'agissait de son luth.

Et chaque soir, alors que Felix finissait par regagner sa tente, Jisung lui, gagnait celle du Roi. C'était toujours une épreuve que de réussir à s'introduire dans sa tente sans se faire prendre, la tente du Roi de Pandore était farouchement gardée et même lorsque celui-ci avait encore sa bougie allumée, signe qu'il ne dormait pas, ses gardes personnels, de véritables armoirs à glace, ne laissaient personne s'approcher.

Jisung avait commencé à croire que c'était à dessin. Minho voulait qu'il galère un peu, il voulait surtout voir son ingéniosité pour réussir à venir le retrouver. Tout ce qui se mérite ne s'obtient sans se battre un peu, que ça soit avec ses mains – ce qui n'était clairement pas le point fort du barde – ou avec son cerveau.

Dès lors, quand finalement le barde réussi à passer les pans de la tente et à se présenter devant le Roi, un tantinet essoufflé avec des branches dans les cheveux et un sourirez rayonnant, le monarque ne put s'empêcher de s'esclaffer. Il plaqua sa main sur sa bouche aussi tôt pour ne pas faire de bruit mais c'était bien trop tentant.


« Comment as-tu fait ? Il demanda au musicien.

- Ça, c'est mon secret, chuchota Jisung du mieux qu'il pouvait car il tentait encore de reprendre son souffle.

- Bien. Alors tu mérites ta récompense. »


Le Roi se leva enfin de sa petite chaise et d'un pas lent, félin, il retrouva bien vite le garçon, le débarrassait des brindilles et autres cadeaux de la nature. Ses gestes étaient délicats, élégant, Jisung n'arrivait même pas le quitter des yeux. Il se perdait dans ses améthystes que le parcouraient d'une lueur taquine et tendre à la fois, ses magnifiques lèvres rebondies étaient étirées en un fin sourire. Il était heureux de le voir et chaque soir, Jisung s'en sentait comblé.

Une fois la dernière feuille par terre, le barde l'encercla de ses bras pour le plaquer contre lui. Minho fut surpris et les mains légèrement suspendues au-dessus de ses épaules, étonnamment larges, il laissa faire le brun qui s'approchait déjà de son cou pour y déposer des baisers. La tête du monarque bascula légèrement, sa bouche laissa passer une expiration satisfaite.


« Hum...Jisung... »


A l'entente de son prénom, le barde ouvrit sa bouche et le mordilla légèrement. Minho se crispa, retint un cri plus bruyant.


« P-pas de marque, bégaya le souverain.

- Je sais. »


Minho ne pouvait se permettre de sortir de sa tente avec des suçons. Déjà qu'il avait furieux de voir qu'il lui en avait laissé après leur première soirée, il était hors de question qu'il arrive à Pandore avec des traces d'ébats sexuels. Rien de visible en tout cas. Son peuple était bien moins ouvert d'esprit que celui d'Agora, et sa mère l'était d'autant plus. Surtout qu'elle essaierait à tout prix de savoir qui et qu'elle forcerait surement un éventuel mariage. Si elle découvrait qu'il s'agissait d'un homme, un troubadour qui plus est, elle en fera une syncope.

Les mains de Jisung passaient sous sa tunique, caressait la peau de son dos en remontant le long de sa colonne, le faisant se cambrer encore davantage contre lui. Minho se tenait définitivement sur ses bras, palpant les muscles pour le plaisir de les sentir se contracter. Jisung n'était pas en reste d'une belle silhouette musclée, dense comme celle d'un archer. Il aurait fait un bon soldat, un soldat agile et intelligent. Mais il le préférait avec ses bijoux, son sourire enjôleur et sa voix qui le faisait chavirer à chaque fois qu'il lui murmurait dans l'oreille.


« Je vais te dévorer An Reis Minho

- Aah... Je n'attends que ça. »


Minho défaisait le lien qui retenait le chemiser ample du barde, le fit remonter au-dessus de sa tête, des expirations excitées emplissaient la pièce, les mains de Jisung défaisait les propres vêtements du Roi. Son torse sous ses yeux le faisait saliver, Minho déglutit, déposant à plat ses mains sur sa peau légèrement halée, il passa lentement jusqu'à remonter sur ses épaules, subjugués par les vagues de frissons qui le gagnait. Il sentait sous sa peau des aspérités délicates, des cicatrices mais ce n'était rien comparer aux deux grandes cicatrices que le barde avait dans son dos. Entre ses omoplates, de ligne d'environ quinze centimètres chacune, parallèle, à proximité de la colonne. Dès que Minho glissait sur celle-ci, Jisung se tétanisait une seconde, comme si elles étaient encore sensibles. Le Roi n'avait pas encore osé demander comment c'était arrivé, il craignait d'en connaître les détails. Après tout, Jisung était d'Haendel, un musicien vagabond, nul doute que les raisons pouvaient être tout plus affreuse les unes que les autres.

Le monarque sentit alors son corps reculer jusqu'à sa couchette, il tomba de tout son long, les cheveux relevés par la chute et observant avec ferveur le corps bien fait du brun qui le surplombait. Ce dernier avait déjà le pantalon déboutonné, légèrement descendu mais le gardait sur lui. Il se pencha un sourire carnassier pour s'attaquer à la ceinture du Roi, qu'il défaisait d'un geste rapide, puis doucement, prenant la peine de griffer doucement sa peau, il glissa le vêtement sur ses longues jambes galbées.

Minho se perdait en gémissements alors que Jisung approchait son visage de la peau de son ventre, caressant cette dernière de son souffle brûlant.


« Splendide, une vraie sculpture, il murmura avant d'écraser ses lèvres sur son estomac.

- AAh !

Minho ondulait par instinct alors que Jisung remontait sa main sur ses cuisses, puis vint se saisir de sa hanche.

- J'arrive pas à croire que j'ai le droit de te toucher, de t'embrasser...J'ai envie de te gouter, entièrement. A chaque fois, j'ai l'impression de pouvoir sentir des saveurs différentes.

- Quel beau parleur, souriait le Roi le torse soulevé.

- C'est mon métier, il sourit à son tour.

- Pff... Viens m'embrasser plutôt. »


Jisung s'exécuta avec plaisir. Se hissa contre le Roi, plaquant son bassin contre le sien et vint se caler dans ses mains en coupe. Il se laissa guider jusqu'à ses belles lèvres remonter, rougies par le désir. Il sentit la chaleur gonfler ces joues, creuse son estomac et son cœur déraillé une seconde. Dans ces baisers, Jisung se sentait sans défense, à sa merci. Lui et son assurance prenait une claque et restaient passif de chaque sensation purement instinctive qui parcourait son corps. Il pouvait en sentir ses mains tremblées de vulnérabilité. Contre ces lèvres, enveloppé de sa langue, Jisung redevenait un jeune homme devant un Roi, son Roi. Le Roi qu'il avait choisi et qui trônait déjà dans son cœur.


***


La pluie avait commencé à tomber sur les chevaux ailées, leur pelage noir ruisselait et les cochés hélaient avec plus de force. Jisung avait été autorisé à gagner la calèche impériale, aux côtés de Felix pour se protéger de la tempête qu'il traversait.

Minho était toujours serein, imperturbable alors qu'ils voyaient les nuages noirs, déchirés d'éclairs.


« Nous approchons, il marmonna.

Felix qui essayait du mieux qu'il pouvait de rester calme, les yeux fixés sur ses mains, releva enfin la tête vers le souverain.

- La cité de feu, il continua. Pandore est entouré d'une chaîne de volcans, aussi légendaires que la forêt des Quatre Cent Dieux. Le portail des Terres Obscures.

- La Ceinture d'Os , termina Jisung impressionné.

Au loin, il pouvait parfois apercevoir le haut des volcans en fusion, crachant dans la fumée noire qui se mêlait aux cumulus foudroyant. Soudainement la calèche bifurqua, manquant de les faires se reverser.

« Si on met autant de temps à rentrer c'est parce qu'on contourne la Ceinture d'Os, tout comme on n'entre pas dans la forêt, on ne s'approche pas des Terres Obscures. »


Pourtant à ses mots, Minho souriait. Félane, le Nécromancien souriait. Les Terres Obscures, lui s'en était déjà approché et c'est presque avec soulagement qu'il en sentait les flux magique venir chatouiller ses sens. Il était à la maison.


.



Olà ! 

Bien désolé pour ce léger retard, je suis rentré tard et du coup je me suis endormi sans publier (>人<;)


Dans le prochain chapitre ils feront une dernière halte à Vulci ! La Capital de l'ancien Empire et nous aurons un peu plus de Seungmin et Jeongin ! Voilà


A bientôt 

D.

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