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XLI. Le Fils



« ASHEN VALOR ! »


Criait Felix alors que les flammes pleuvaient au-dessus de leur tête comme une immense dôme de feu, un brasier qui leur cachait les cieux. Les dragons s'étaient tous réuni et avaient tous frapper en une seule fois. Seungmin avait édifié une protection mais cette dernière avait volé en éclat sous les flammes noires du dragon au quatre ailes, chevauché par Fenrir lui-même.

Felix s'était alors précipité dans les airs et mains tendues, avait suppléé à l'Alchimiste, une barrière encore plus grande qui puisait dans ses forces comme aucun autre sort. Les flammes s'étaient heurtées au mur, protégeant la vallée et tous les soldats présents au sol. Christopher le regard faire, ébahi, sa silhouette sombre au milieu de l'incendie était comme un point minuscule, tenant bon jusqu'à ce que les dernières lueurs incandescentes s'épuisent et disparaissent dans un écran de fumée. Un silence de mort s'abattait brutalement dans tout le champ de bataille, Felix se relâchait brusquement, transpirant, à bout de souffle et revenait poser le pied à terre. Seungmin arrivait à temps pour l'empêcher de basculer en avant.


« C'était impressionnant, où as-tu appris un tel sortilège ? Demanda le brun réellement époustouflé.

Felix lui sourit, jouant les fier alors qu'il semblait totalement épuisé.

- Je connais un type qui connait un type...

- Si tu peux faire de l'humour, c'est que ça va », lui dit alors Chan en s'approchant à son tour.


Le Roi d'Agora déposa lourdement sa hallebarde, les yeux rivés sur les créatures ailées qui ressortaient déjà des cendres. Leur cri uni résonnait tout autour d'eux, voletait au-dessus comme des oiseaux de proie. Des oiseaux de proies qui auraient pu engloutir des dizaines d'hommes rien qu'en ouvrant la gueule.

Et Fenrir, sur le plus gros qui les dominait d'un œil acéré, empli de haine. Le bas du visage caché par un tissu noir relié à son armure. Ce dernier observait les trois mages au sol, distinguant parfaitement celui qu'il savait comme étant son remplaçant : celui qui lui avait volé l'âme de Zephilis.


« Je m'occupe de lui. Leur dit alors Felix sans quitter son père des yeux.

- Non, on y va tous les trois, rétorquait immédiatement Chan.

- Ce n'était pas une suggestion.

- Tu crois que tu peux commander ton Roi ?

Et bien qu'il n'était pas en colère, son ton ne montrait aucune légèreté.

- Ici et maintenant, tu n'es pas mon Roi, Callum, répondit très sérieusement Felix.

- Tu ne peux pas le battre tout seul. Pas avec cette créature de son côté. Tu as vu ses flammes noires ? Ce n'est pas un dragon ordinaire.

- Je sais qui il est. »


Seungmin fronça les sourcils. En tant qu'érudit, il avait énormément de connaissance, qu'elles lui viennent de ses anciennes vies ou de ses propres recherches mais il n'avait souvenir d'aucun dragon noir.

Felix se pinça les lèvres, se souvenant alors des derniers instants en compagnie d'Ysondre, alors qu'il venait de lui permettre d'achever sa réincarnation. 

Il avait mis du temps à trouver ce souvenir, comme s'il avait été délibérément scellé dans son esprit. Ce dernier lui ait apparu alors qu'il avait regagné la chambre de Hyunjin, après avoir découvert qui était son père. Felix s'était alors vu aux côtés d'Ysondre, dans un monde onirique après avoir récupéré tous ses pouvoirs, ses anciennes vies en une seule.


« Il viendra un temps Zephilis, ou tu devras l'affronter, lui susurrait le dragon de glace.

- Mais je ne serai pas seul.

- Non. Mais lui non plus. Je dois te parler d'un dragon, plus fort que je ne le suis. Qui n'a accepté de se soumettre que parce qu'il le voulait bien. Appolyon, le dernier dragon noir, pas un dragon de glace mais un dragon de la ceinture d'Os. Ses flammes sont inarrêtables, si elles te touchent, elles ne termineront jamais de te consumer.

- Comment le battre alors ?

- Il y a peu de forme de magie qui peuvent le contrer, celle que tu connais ou que toutes tes vies antérieures ont pu connaître n'en font pas partie. Mais je peux te donner une clé, un moyen pour t'approprier notre savoir, notre langue...Revenir à la magie la plus primaire, celle des premières divinités. Un seul être humain connaissait ce pouvoir avant toi, c'était le premier à apprendre à la magie et qui l'a ensuite apporté aux autres hommes : Shinrei Vagari.

- Vagari ? Répétait Felix perplexe. Comme Eivor Vagari ?

- Son premier ancêtre, celui-là même qui a passé le pacte avec le premier cycle du Geai Bleu. Shinrei Vagari venait d'un peuple nomade des mers, ses terres d'origines sont aux confins du monde connu, bien au-delà de la carte et qu'aucun homme du Continent n'a foulé. Là bas, la spiritualité est partout, comme elle l'était à l'aune du monde, avant la division du Dieu qui a créé les cinq mages. Avant la division du monde spirituel, sensible et obscure. Shinrei en étant empreint jusqu'au plus profond de son cœur mais avec l'ambition d'un conquérant et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé sur le Continent. Mais alors qu'il avait réussi à gagner la forêt des Quatre Cent Dieux, il comprit qu'il ne pouvait rien faire face au Geai Bleu, quand bien même il serait presque aussi puissant que le premier Zephilis. Il décida de passer un pacte, pour éviter des guerres inutiles. Un pacte d'âme et en échange, personne ne devait plus foulée la terre sacrée de la forêt. Ce qui fut respecter jusqu'à Eivor. Du temps de Shinrei, un Sørensen avait essayé de s'imposer sur le Continent et ce furent les connaissances du leader de la famille Vagari qui leur permis de ne pas être engloutis par les flammes noires. Rainer Sørensen fut repousser dans ses terres glacées, battu par Shinrei et il y mourut, laissant Appolyon rejoindre les Terres Obscures.

- Tu veux dire que Fenrir va aller le récupérer ? Que tôt ou tard, il viendra chercher Appolyon ?

- Quand il n'aura plus d'autre choix, il le fera. Mais ça signifiera aussi qu'il sera acculé. Appolyon n'est pas un dragon qu'on peut dompter, il se soumet de lui-même mais peut tout aussi bien se retourner contre son maître à tout moment, ce qui n'est pas le cas des autres dragons, à moins d'avoir briser le lien des âmes.

- Donc je devrais me battre contre une bête que toi-même tu ne peux arrêter ?

- Tu peux le faire Zephilis, c'est ta destinée. Rétablir l'équilibre. Je te donnerai la connaissance nécessaire pour le contrer. Mêler à la magie élémentaire, tu pourras le défaire.

- Pourquoi fais-tu cela ?

- Parce qu'il nous faut tous faire un choix un jour. Et ceci, est le mien. »


Son flux spirituel se chargeait soudainement, mêlé de sa nature élémentaire qui faisait gronder la terre, trembler l'air et rendait les courants plus chauds, plus électriques. Seungmin dût reculer de quelques pas, stupéfait par la puissance que dégageait Felix et qui ne cessait d'augmenter. Même Christopher s'en trouvait sans voix, surtout lorsque de nouvelles runes apparurent autour de lui, dans une langue que ni lui, ni Seungmin semblait connaître. Une langue pourtant familière mais qu'il ne pouvait décrypter et qui s'entremêlait à ses pouvoirs d'origines. L'aura subtile qui se dessinait revêtait la silhouette, la carrure d'un dragon blanc, des ailes, les yeux acérés brillant et rugissait dans l'invisible. Le Roi en était muet d'admiration.

Sur sa monture, Fenrir observait la danse de magie à ses pieds, il sentait alors la puissance d'Ysondre, il en reconnaissait les effluves et Appolyon aussi, dont le grondement sourd faisait vibrer son énorme cage thoracique. Le Roi d'Haendel releva la tête, d'un air de défi, et sans quitter des yeux Zephilis, il s'adressait aux autres dragonniers.


« Foncez sur Mirin. Je veux voir le Palais brûlé, avec ses habitants.

- Majesté, vous êtes sûr ? Nous pourrions vous aider. »


Le dragonnier qui osa parler se sentit brusquement en danger, d'un simple regard Fenrir venait de lui glacer le sang, littéralement. Le jeune homme s'inclina aussi tôt, répétant des excuses, terrifié. Les autres faisaient pivoter leurs dragons, quand lui n'attendait qu'un dernier regard de son souverain pour être autorisé à partir à son tour. Fenrir se détourna simplement et le soldat ne chercha même pas à obtenir plus, il s'éclipsa rapidement, avant qu'il ne change d'avis et ne se fasse engloutir par le dragon noir.


« A nous, usurpateur », chuchota Fenrir.


Voyant les autres dragons tourner en rond puis quitter le champ de bataille, Chan comprit immédiatement leur direction.


« Ils vont à Mirin », il souffla alors.

Il se retourna vers son armée, fit signe à Changbin de rassembler des hommes.

« Occupe-toi de nos forces terrestres, d'autres mages sont arrivés, dit alors le Roi en direction de Seungmin. Tu prends le commandement ici, je vais arrêter les dragons et toi... », cette fois il se tournait vers Felix qui n'avait toujours pas quitté des yeux son unique objectif.


Chan savait que rien ne pourrait le dissuader d'attaquer Fenrir frontalement, d'y mettre toute sa force, aucune recommandation ne pourrait l'empêcher d'aller à confrontation. Mais il ne savait pas exactement ce que Felix souhaitait. Simplement le battre ou prouver son existence réelle ?

Ce qui pouvait se passer dans la tête du mage était hors de sa portée, devoir affronter son propre père, même s'il n'en connaissait rien, le regarder dans les yeux et lui faire comprendre qui il était, tout en l'arrêtant, c'était quelque chose que personne ne pouvait comprendre. Le sentiment qui pouvait animer Felix, ses résolutions, si elles étaient assez fermes, pouvaient elles tenir face au lien du sang ? Face à son passé, son origine, la preuve de son existence. Car s'il tuait Fenrir, il ne lui restera plus aucune famille.

On imagine pas le poids que peut représenter l'héritage, le partage génétique. Jusqu'où pourra-t-il aller ? Serait-il même capable d'en finir définitivement ? Des questions que Chan taisait, car il savait que Felix n'en avait pas la réponse, mais une chose était sûre, il ne le laissera pas anéantir ce pourquoi tant de gens se sont sacrifiés.


« Je te fais confiance », lui dit alors le Roi.


Et Felix sentait sa sincérité dans ses mots, faisant vibrer le lien qui les unissait. Le Mage Guerrier coulait un regard doux vers son ami. Ils ne se reverront que lorsque le combat sera terminé.

Changbin revenait avec une partie du régiment, galopant sur un cheval qu'il avait récupéré et une fois à hauteur du Roi, ce dernier grimpa derrière lui et les deux militaires partirent au galop, un dernier regard vers les deux membres du Geai Bleu à qui il confiait le commandement du reste de son armée.


***


Trois jours avaient suffi à Jisung pour se remettre complètement sur pieds. Le Mage Blanc était un spécialiste en sort de récupération, il usait du flux spirituel pour accélérer le processus de guérison, il pouvait aussi bien le ralentir et rendre la magie de son adversaire inutilisable. Sur un champ de bataille, sa magie était un avantage considérable pour réussir à rendre les lignes magiques ennemies totalement inutiles. Il savait dès lors que son intervention était primordiale pour aider ses amis du Geai Bleu, surtout depuis qu'il sentait son lien avec Zephilis devenir plus instable.

Seul l'Elémentaire arrivait habituellement à tous les ressentir, mais depuis que Zephilis avait gagné la Forêt des Quatre Cent Dieux, Jisung devait bien reconnaître que quelque chose avait changé. Leur lien était devenu plus fort, plus réel. Il le sentait vibrer, se tendre et parfois tirait sur sa propre âme immortelle, comme pour lui signifier qu'ils étaient en danger. Ainsi, il savait que Minho avait combattu avec Glass, qu'il avait continué sa compagne pour remonter la falaise de Vulci et détruire les forces ennemies qui accostaient jour après jour. Des bannerets d'Haendel arrivaient par centaines. Si les premiers combats avaient été rapides, ce n'était pas encore gagné. Plusieurs invocations avaient été faites dans l'autre camp, des créatures faites pour essayer de barrer le dragonnier et comme tout mage, Minho perdait des forces, même avec Glass à ses côtés.

Au Nord, Zephilis avait engagé également le combat depuis deux jours. Il avait dégagé une telle intensité de magie comme aucun autre membre, que Jisung commençait à se douter de son ennemi. Callum était reparti, à peine arrivé, il avait regagné Mirin pour arrêter les dragonniers qui descendaient sur la capitale, et cette information lui avait été confirmé par les conseillers de Minho.

Calcano préparait actuellement ses défenses, aucune armée n'avait encore atteint les frontières de la ville, aucun dragon n'avait volé au-dessus de la forteresse mais ils se préparaient tous à les recevoir.

Les prêtres du Culte du Phoenix utilisaient une magie très ancienne et protectrice dont ils avaient seuls le secret et qui ressemblaient à celles des Chamanes de la forêt. Les hommes s'étaient rassemblés autour de cinq pilonnes érigés haut dans le ciel, un sur le château, deux en ville, un sur la cascade et les deux derniers de chaque côté de la montagne. Ces derniers servaient à la concentration de magie, ils étaient aussi la représentation des cinq premiers mages, de la division de l'ancien dieu qu'ils nommaient le Grand Phoenix, et scandaient des mantras destinés à les protéger. Une sorte de dôme invisible se formait autour de l'enceinte du château, maintenu en continue par les hommes du culte. Le Grand Prêtre arpentait leurs positions, regardant le ciel, soucieux. Sa cape noire sur le visage ne couvrait pas les signes de son âge. Ses cheveux gris et sa barbe longue. Il triturait le long collier d'or qui pendait de son cou et dont le médaillon en forme d'oiseau de feu arrivait à hauteur de son sternum. Il murmurait ses propres incantations, alors que Jisung sortait enfin à la lumière du jour, après son repos forcé.

Sa tenue était bien moins décontractée que celles qu'il avait l'habitude de porter. Il arborait toujours ses longues boucles d'oreilles qu'il avait gardé en souvenir de ses amis du désert mais ses vêtements amples de barde avaient été remplacés par une tenue plus militaire. Une tunique blanche au col montant, ses bras étaient découverts et tout au long de son torse des boutons tenaient les pans épais en cuir qui se séparaient en deux sur le bas. Ses mains étaient gantées, et son pantalon même si un peu plus fluide, était rentrer dans deux bottes épaisses à lacets. Il ressemblait à un fantassin de l'armée d'Agora, quoi qu'un peu moins vêtus et le cuir était semblable à une peau de reptile. Le symbole du Pheonix était gravé dans la matière comme un relief imprimé. Un vrai mage de l'armée de Pandore. Non pas qu'il se sentait mal à l'aise, après tout, il aurait pu espérer pire. Maintenant que tout le pays était au courant que leur Roi était un membre du Geai Bleu, et qu'il était lui-même le Mage Blanc, sa simple venue aurait pu simplement déclencher coup d'état meurtrier.

Mais il n'en fut rien. Les nouvelles du front et du courage de leur Roi était venu aussi vite que la confirmation de ses pouvoirs. La haine prenait sa source dans la peur, et le peuple avait peur du Geai Bleu, mais il se sentait protégé avec leur Roi. Alors dans un consensus quasi unanime, et sans que personne n'ose réellement le prononcer, la décision fut simple : ils resteraient fidèles à leur Roi.

Le Grand Prêtre avait lui-même rappelé d'où il tenait sa propre légitimité. Il était le légataire du bâton du premier Enkil, il était le représentant du premier cycle et du Grand Phoenix qui avait choisi le Geai Bleu en bras armé. Il était temps d'oublier les vieilles rancunes, et de se tenir aux côtés de celui qui n'avait jamais failli à prouver qu'il était le meilleur à les diriger : se battre aux côtés de Lee Minho.

Jisung ne se sentait pas mieux accueilli pour autant, la Reine consort Soyeon lui avait à peine adresser un regard derrière son voile noir, elle commandait avec le Conseil, en l'absence de son fils. Jisung n'avait même pas essayé d'aller lui parler, il savait que la Reine avait fait un vœu de silence en tant que veuve, ce n'était pas le cas du Grand Prêtre.


« Vous vous êtes bien reposé, votre grâce ? Demanda le Grand Prêtre en voyant Jisung s'approchant, escorté par deux gardes.

Aussi tôt le vieil homme s'inclina, en signe de respect.

- Votre grâce ?

- C'est le titre qu'on réserve aux Mages du Geai. Vous êtes des êtres presque divins.

Jisung leva les sourcils. Il n'était vraiment pas habitué mais il ne voulait pas le contrarier. De toute façon, il n'était pas venu pour discuter protocole et autres règles de bonnes conduites, dont il se fichait complètement.

- Comment dois-je vous appeler ? Il demanda néanmoins.

- Le Grand Prêtre n'a pas de titre, vous pouvez simplement m'appeler Jaar Mareth o Shuhei

Jisung fronçait cette fois les sourcils et le Grand Prêtre lui sourit avec bienveillance. Son prénom en langue ancienne n'était pas des plus simple.

« Shuhei suffira », fini par lui dire le prêtre s'inclina à nouveau.


Jisung portait alors son regard tout autour d'eux. Les gardes postés à différents points stratégiques, et le dôme brillant de magie que scandait toujours les prêtres du culte. Il régnait comme un silence pesant sur la ville, un silence où la population essayait de vivre en craignant à chaque instant la venue de la guerre à leur porte. Savoir que le Mage Blanc était parmi eux ne les avait pas rassurés et ils le regardaient presque avec curiosité, se demandant ce qu'il allait faire. De la même façon, ils scrutaient le Grand Prêtre et sa prochaine action. Jisung savait que sa survie ici ne tenait pas seulement à la loyauté que le peuple avait en son Roi, elle tenait aussi au bon vouloir de ce chef religieux, qui représentait littéralement le contre-pouvoir de la famille Lee.


« Si je puis me permettre votre grâce, vous pouvez encore prendre le temps de regagner toutes vos forces, les nouvelles du front nous indiquent que le Roi Minho a repoussé l'envahisseur sur la mer. C'est notre flotte navale qui a pris le relais.

- Et qu'en est-il d'Agora ?

- Le Roi Christopher aurait rejoint les remparts de la ville basse. Après un combat long et acharné sur le chemin, il aurait battu deux dragons sur la dizaine qui volait en direction de la capitale. Certains ont pris d'autres chemins pour espérer rejoindre la ville, des chemins plus longs puisqu'ils contournent la forêt des Quatre Cent Dieux. D'autres se sont éloignés pour panser leur blessure et a priori au moins trois sont revenus vers le front principal.

- Auprès de Fenrir ?

Le Grand Prêtre affirme.

- Le combat contre Zephilis a été écourté par une intervention imprévue.

- Quelle intervention ? »


Le chef spirituel sourit alors que ses yeux clairs mais brillant de sagesse et de ruse à la fois, observaient Jisung, comme s'il se remémorait de vieux souvenirs. Le jeune barde ne pouvait l'expliquer, même s'il avait passé plusieurs mois à Calcano, Minho l'avait toujours tenu à l'écart du culte. Ils savaient que le chef spirituel et le Roi ne s'entendaient pas très bien, il était hors de question qu'il s'approche alors du barde, que le prêtre aurait surement vu comme une distraction immature pour le souverain.

Son regard n'avait rien de curieux, ou de mauvais, c'était réellement une lueur de nostalgie qui passait dans ses orbes voilé par l'âge.


« Londinium, dit-il alors en les faisant tous les deux revenir dans la discussion. Le Roi de Londinium a décidé de prendre part aux combats et plutôt que de se diriger vers Agora pour appuyer les forces alliées, il a mis le cap sur Alfost. En l'absence du Roi, Haendel est sans défense.

- Vraiment ? Ne put s'empêcher de dire Jisung, un petit sourire en coin. Quel revirement intéressant. Une raison à ça ?

- Il a simplement obéi à son Empereur. »


Il ne peut cette fois cacher sa surprise. Le prêtre lui tend un morceau de papier, un parchemin roulé que le mage se dépêche de déplier.

Jisung n'était jamais avare de mots et de phrases bien tournées. Difficile de lui couper le sifflet mais cette fois, aucun mot ne franchissait la barrière de ses lèvres qui s'ouvraient pourtant sous la stupéfaction, à mesure qu'il lisait les mots du Roi Ulric II.

Le Roi de Londinium, en son nom et sur l'honneur de toute sa lignée, reconnaissait Hwang Hyunjin comme le descendant direct de Kane Vagari, et par la même, en tant qu'Empereur. Il expliquait la trahison de Fenrir, le complot qu'il avait monté pour tuer l'héritier d'Aden et faire porter le chapeau à Konrad. Dès lors, coupable de lèse-majesté, lui et sa femme Ada qui était sa complice, si ce n'est coupable de l'assassinat lui-même.


« Moi, Souverain de Londinium, Ulric II, rappelle à l'ensemble des suzerains et chefs des territoires libres, qui autrefois étaient réunis sous la bannière des Vagari, le serment qu'ils ont prêté envers leur Empereur, qui les a conduits à prendre les armes pour combattre Konrad, le présumé assassin de feu Kane Vagari, sous de fausses accusations ; Rappelle que c'est par ce serment précisément, qu'ils doivent aujourd'hui prendre les armes, porter justice contre celui qui a fomenté ce crime, pour remettre sur le trône impériale le seul vrai Empereur vivant à ce jour : Hwang Hyunjin, fils de Kane Vagari et Sunhee Hwang, pupille du Roi Marius Bang et héritier en second du trône d'Agora. »


« Bien joué Hyunjin, murmurait alors Jisung en refermant le parchemin. Il a été plus rapide que je ne l'aurai cru. Mais ce n'est pas plus mal. Si je comprends bien, dit-il cette fois en regardant le prêtre. Fenrir est retourné en arrière pour défendre son royaume ?

- Pas tout à fait. Il semble plutôt qu'il ait dû diviser son armée mais il est resté. Et dans son combat contre Zephilis, il a été contraint de battre en retraite. Il était tenu en échec mais... »

Le vieil homme s'arrête une seconde, essayant de trouver les mots.


« Zephilis aurait laissé le Roi fuir. »


***


Que ce soit dans les airs, sur terre, contre la roche d'un flanc de falaise, près de l'eau dans l'élancé de nos envols, nous nous rendions coup pour coup. Les flammes noires dansaient tout autour de moi, alors que j'ondulais, je me protégeais, remontait de colonne d'eaux de mer. J'attaquais par mes propres flammes, par des piques de glaces, mêlés parfois de vents acérés. Je faisais trembler la roche, je la modifiais comme du sable et j'essayais de l'atteindre. Parfois cela fonctionnait, je déséquilibrais l'immense dragon qui partait s'échouer contre le sol, une paroi rocheuse, mais à peine je m'approchais qu'il crachait encore plus fort. Parfois j'arrivais à atteindre Fenrir lui-même, qui répondait avec les mêmes sorts élémentaires. Le Roi était un mage puissant puisqu'ancien hôte de Zephilis.

Une sorte de pointe de fierté ne pouvait s'empêcher de s'immiscer dans ma poitrine.

Au fond de moi, je savais exactement ce qui allait suivre, et bien que je voulais fermer mon cœur, mes sentiments et toute ma faiblesse, que j'essaie de la camoufler derrière de gigantesque barrière magique que j'érigeais les unes après les autres, en espérant arrêter le dragon noir, guidé par le souverain au regard azuré me rappelant ceux de ma vie antérieure. Ce dernier se rapprochait inexorablement et avec lui le rêve fou, que je puisse peut-être, le sauver de sa déchéance.

C'était saugrenue, sans espoir mais c'était humain.

Nous n'étions jamais assez prêts, jamais assez proche pour que je puisse lui parler, voir même le toucher, avec son dragon, il était presque inatteignable, à moins de pouvoir me débarrasser du monstre ailé mais je n'étais pas assez fort pour ça. L'immense bouche du dragon noir pouvait m'engloutir si je restais dans son champ d'attaque et l'esquive devenait plus difficile à mesure que je sentais que je perdais des forces, que je m'essoufflais.

Tellement que je ne vis pas le coup de queue et que je ne pus que partir m'écraser comme un boulet de canon tombé du ciel, en plein sur une petite parcelle arborée autour de la vallée. J'emportais sur mon passage, arrachait troncs et terres, qui me recouvraient maintenant, alors que je me hissais faiblement des décombres.

Ça faisait un mal de chien. J'étais plus résistant grâce à mes pouvoirs et mon aura me permettait de survivre à des catastrophes qu'aucun être humain normalement constitué n'aurait pu subir. J'étais l'Elémentaire, je savais que je ne pourrai pas mourir aussi facilement mais souffrir, c'était encore à portée de mon enveloppe mortelle.


« Quelle idée de masochiste, je crachais littéralement en m'essuyant le bord de la bouche. N'avoir que d'immortelle que l'âme...Vraiment une idée de merde... »


Le dragon posait enfin ses pieds au sol, à l'orée de la petite parcelle arborée, démoli en l'occurrence, et descendait de son dos le Roi d'Haendel. Au loin, je pouvais encore entendre les batailles mais c'était ma chance, celle de pouvoir lui montrer qui j'étais.

Fenrir tirait sur le tissu qui couvrait le bas de mâchoire, dévoilant alors sa cicatrice, qui remontait jusqu'au haut de son visage. Sa mâchoire était anguleuse, comme j'aurais pu l'avoir si j'avais trente ans de plus. Ses yeux bleus rappelaient la couleur de mes cheveux, même si maintenant noircis par nos combats et la crasse que j'emportais dans ma chute.

Je savais que la haine avait changé son visage, rendu sa peau plus terne, plus ridées mais je ne pouvais m'empêcher d'y trouver des ressemblances. Le mal qu'il incarnait était comme une douleur qui me rongeait et qui me rendait plus triste que nerveux. Et puis finalement c'était aussi la colère qui me gagnait, non pas celle envers mon ennemi, mais celle envers un géniteur que je n'aurai jamais la chance de connaître parce qu'il n'a pas eu le courage de combattre ses démons.

J'étais un mélange incompréhensible d'intentions et plus ses pas réduisaient la distance entre nous et plus je me sentais perdre de ma combativité, de ma rage de vaincre.


« Quelle perte de temps. Tous ces sacrifices, toutes ces précautions pour m'empêcher de devenir ce que je suis censé être...Me voler ma destinée et à m'obliger à venir la reprendre de mes propres mains ! Sais-tu seulement ce que c'est ? Ce que ça fait ? Non, toi tu n'aies qu'un pauvre innocent pris au hasard. J'en serai presque désolé... Tu n'es qu'un dommage collatéral. Prends t'en à ceux qui l'ont voulu. »


Fenrir restait à quelques mètres, sortait la lame de son épée qui s'illuminait des runes gravées. Cette dernière avait une aura particulière, presque magnétique et je savais qu'elle n'était pas seulement forgé d'acier.


« Attendez, il n'est pas trop tard... »


Ma voix s'est presque exprimée d'elle-même. Alors je tendais la main pour l'arrêter, Fenrir cessa d'avancer. Il me regardait, intrigué, presque perplexe. Il ne s'attendait surement pas à cette réaction de ma part.


« On peut arrêter tout ça, revenir en arrière. On peut...On peut essayer de ne pas simplement s'entretuer et trouver un moyen de s'entendre.

- Un moyen de s'entendre ? »


Oui, même dans ma bouche ça semblait bête et pourtant je ne pouvais continuer d'espérer, de sentir mon cœur battre la chamade alors que j'avais du mal à tenir son regard sans laisser mes émotions s'exprimer pour moi. Il sentait pourtant le changement, l'étrange tension qui se dégageait et qui le perturbait aussi.


« Vous avez été trahis, on va a pris votre destinée, je le comprends tout à fait...On a créé la mienne de toute pièce. Et même si j'essaie parfois de me dire que c'est simplement là, notre vrai destin. Au-delà de tout ce que les autres ont essayé de faire pour l'en empêcher, nous sommes l'un contre l'autre, comme un duel mythologique ridicule mais bien réel. Et...Et je suis prêt à pardonné. A...Je pense que je pourrais convaincre les autres...Avec un geste, un signe de repentance quelconque, on peut faire en sorte qu'ils vous laissent en vie et...

- Mais de quoi parles tu gamin ? Tu t'es cogné la tête en tombant ? M'épargner ? C'est toi qui es au bout de mon épée, pas l'inverse. »


Sur ces mots, il lève sa lame et la pointe dans ma direction, réduisant alors encore une fois l'espace, jusqu'à ce que la pointe se retrouve sous mon nez et que je sente ma respiration devenir plus courte. Je remonte lentement mes yeux dans les siens, qui continuent de me transpercer l'âme et puis sans rien dire, car les mots sont tous bloqués, je le vois cligner lentement des paupières. Son visage se renfrogne une seconde, puis les secondes passent, et une vision lui vint à l'esprit.

Celle d'une femme aux fêtes masquées d'Alfost, puis des années après, avec un enfant aux cheveux bleus.


« Soma...Tu es le fils de Soma. »


Je déglutis, faisant rouler ma pomme d'Adam et je me contente de baisser la tête mais sa lame remonte encore une fois sur mon menton. Je ne fais aucun geste et mes yeux s'agrandissent, comme si je craignais qu'il en comprenne plus, autant que je le désire. Parce que je veux qu'il le sache, je veux lui donner cette dernière chance.

C'est idiot et tous les autres ne pourraient le comprendre mais c'est plus fort que moi. J'en ai besoin. Je veux qu'il me voie, et qu'il se voit à travers moi.


« Non...C'est...Non...

- Je n'en savais rien non plus, je marmonne d'une voix rauque. De toute mon existence, de ma vie entière, je n'ai jamais rien su et quand je l'ai appris...C'était déjà trop tard. Je ne pouvais pas simplement laisser tomber. Je ne pouvais pas simplement oublier.

- Tais-toi ! » Criait soudainement Fenrir.


Son visage se mouvait, en prise avec des émotions de plus en plus intenses. Ses souvenirs qui revenaient le hanter au milieu de la réalité, qui le faisait perdre équilibre et reculer.


« Comment elle a pu...Comment elle a pu... , il marmonnait. Ma vie, mon cœur et maintenant ça ! COMMENT ELLE A PU ? SOMA ! »


Il baissait définitivement son arme, reculant un peu plus, totalement submergé par sa colère. Je restais à l'observer. Je pourrai presque en profiter pour l'attaquer. Il était tellement sans défense à cet instant, qu'il ne me sentirait pas venir mais c'était loin d'être dans mes intentions. Je n'étais un lâche à prendre la vie d'un homme dans le tourment, j'aurai pu à une époque en profiter, mais j'avais évolué.

Il s'arrêta finalement, la tête en arrière, je voyais ses épaules monter et descendre sous ses profondes inspirations. Puis brusquement, il se retourna dans ma direction et fendant l'air de son épée, j'eu juste le temps de les parer avec mes doubles lames en croix. Je reculais sous l'impact jusqu'à heurter le bois d'un tronc tandis qu'il maintenait la pression. Un hoquet de douleur franchissait mes lèvres, sous le coup, je pense m'être explosé quelques côtes et je n'étais pas assez en alerte pour m'être protégé par l'aura de magie qui m'entourait habituellement.

Son regard était encore plus cinglant, ses lèvres retroussées et les dents serrées, il crachait sa colère qui jaillissait par tous les pores de sa peau et qui m'explosait à la figure comme les dernières brides d'un espoir vain que j'avais osé exprimer.


« Vous m'aurez tout volé, jusqu'à la dernière goutte de mon humanité tout entière ! Votre peuple, votre histoire, le Geai Bleu ! Tous autant que vous êtes ! J'anéantirai votre cycle pour toujours ! Je serai la dernière réincarnation, je le jure sur ma vie ! »


Perdu dans sa folie, je sentais son aura devenir écrasante et me faire grimacer davantage mais je savais alors que je ne pourrai pas le ramener à la raison. C'en était terminé. Et dans un élan répondant à sa propre force, je le repoussais en arrière en faisant entrechoquer mes épées et me positionnant pour le recevoir.


« C'était votre dernière chance.

- Ma dernière chance ! Haha ! Riait à gorge déployer le Roi. Je peux te reconnaître ça, tu as le sens de l'humour, fiston. »


Le dernier mot, il le prononçait comme une insulte.

Nos auras destructrices se répondaient parfaitement et alors que nous combattions à l'épée, mesurant notre force brute, notre rapidité, j'avalais la déception et je laissais ma tristesse répondre à sa haine. 



.



Hello !

Alors comme vous avez pu le remarquer, il y a bien deux timeline dans ce chapitre. 

Pour vous faire un petit rappel chronologique : 

Il s'est passé seulement un jour entre le moment où Chan est parti du Palais jusqu'à son arrivé sur le champs de bataille, au Nord. Pendant cette fameuse journée, Minho a combattu a Vulci et Hyunjin est parti pour Londinium. 

Quand Hyunjin arrive à Londinium, il s'est passé trois jours.  Ces mêmes trois jours, Jisung était à Calcano pour se reposer. Donc ! Au moment où Hyunjin discute avec le Roi de Londinium, Chan est déjà arrivé sur le champs de bataille et est reparti ! 

DONC !

Quand Jisung parle avec le prêtre, il y a déjà eu un combat entre Felix et Fenrir. Et de toute évidence, Fenrir a même pris la tangente parce qu'il était en train de perdre...Et c'est ce qu'on va voir au prochain chapitre. 

J'espère que c'est compréhensible :)


A bientôt ! 


PS : j'ai galéré à publier parce que mon chaton saute sur mon écran et mon clavier quand il voit la flèche de la souris...



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