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XL. L'Empereur




Avec Caïr, Hyunjin put traverser la mer d'Elios en seulement trois jours. Attirant tous les regards sur lui, il atterrit directement dans la cour du château et il ne fallut pas plus de quelques minutes, alors qu'il se remettait de son périple éreintant, pour que des dizaines de gardes débarquent et l'encerclent comme un intrus indésirable. Il regardait chacun d'eux puis les hautes fenêtres du château, peu surpris par l'accueil. Après tout, le Continent était en guerre et Londinium tenait à conserver son statut de neutralité : laisser se poser le cheval ailé du Roi de Pandore dans l'enceinte de leur château, avec sur son dos, le Prince Hyunjin d'Agora...


« Vous avez perdu la tête mon garçon ? » S'exclamait Ulric II en approchant avec trois gardes personnels à ses côtés.


L'homme âgé n'en demeurait pas moins autoritaire et impressionnant. Sa démarche était assurée et son regard, même si avenant en surface, cachait son courroux parfaitement retenu. Ses cheveux gris et sa couronne posée sur la tête, il respirait la longévité, la prospérité d'un royaume qui n'allait surement pas se laisser bousculer par ses voisins, tout aussi allié fut il sur des échanges commerciaux. Londinium avait toujours été en retrait et il en restera ainsi. C'était en tout cas ce que pouvait lire Hyunjin dans ses yeux furibonds.


« Votre Majesté, je suis désolé de vous imposer ma venue mais vous savez très bien que je n'aurai jamais pris le risque si la situation ne l'exigeait pas.

- Sire Hyunjin, qu'on soit bien clair vous et moi, vous n'êtes pas ici en tant qu'invité, ni en tant qu'émissaire diplomatique pour signer un quelconque traité de paix, vous êtes tout au mieux un ennemi qui se paie l'outrecuidance d'oser me parler d'imposition et d'exigence ! Sire Hyunjin, votre frère aurait peut-être dû vous apprendre les règles de bases de la diplomatie, on ne vient pas à l'improviste en pleine guerre dans une citée libre ! Ou on prend le risque de se retrouver emprisonner !

- Sans vouloir vous offenser Majesté, mais aux vues des dernières escapades de votre prison, je ne risque pas grand-chose. »


Le bruit uniforme des armes remontées vers le Prince, fait presque frissonner Hyunjin mais il n'en montre rien. Il reste plus sérieux que jamais et le regard encore plus haut démontrant toute sa détermination. Ulric II en fulminerait, s'il n'était pas autant impressionné par son courage. Ou sa folie ? Il en jugera bien plus tard.


« Vous avez de la chance, il soupira finalement. Je suis dans un bon jour. »


Il fit signe à ses gardes de venir se poster de chaque côté de son visiteur impromptu et de l'accompagner sur ses pas, pour remonter l'allée du château et passer ses portes.

Hyunjin était soulagé mais il le gardait pour lui. Se faire embrocher était une possibilité qu'il avait envisagée, même s'il avait espéré de tout son être que Ulric II ne soit pas assez stupide pour tenter le coup. Après tout, il avait appris comme les autres que le Geai Bleu était à nouveau réuni et de quelle côté ces derniers étaient.


« Et cela ne vous donne pas pour autant la victoire. Votre quotte a quelque peu augmentée mais ça ne me fera pas nécessairement changer d'avis », répondait Ulric aux premiers mots de Hyunjin alors qu'ils continuaient d'avancer.


Les deux hommes remontaient le grand hall du château. Ce dernier était fait de pierres anciennes et grises, froides et rugueuses. Les lustres au plafond pendaient sur plusieurs mètres et reflétaient la lumière qui traversaient les vitraux d'innombrables faisceaux de toutes les couleurs, donnant cet aspect ecclésiastique, presque sanctifié.

L'écho de leurs pas résonnait et couvrait pratiquement tout le reste du bruit environnant, les servantes qui s'affairaient à leur tâche, ou le passage de quelques soldats en rondes. Ils arrivèrent enfin dans la salle du trône. Hyunjin s'arrêta alors sous l'ordre des deux gardes qui l'accompagnaient, tandis qu'Ulric II prenait place. Bien en hauteur et marquait ainsi sa position de force.

Soit. Il en fallait plus pour faire reculer Hyunjin. Il observait le vieux monarque s'installer et s'agiter pour trouver la position la plus adéquate. Le regard toujours froid, presque dédaigneux, il fit signe aux gardes de reculer et de le laisser s'approcher de quelques pas. Deux autres restaient derrière le trône, prêt à exécuter la moindre sentence qui serait prononcée par leur Roi.

Hyunjin passa rapidement la langue sur ses lèvres, il devait trouver les mots justes, ne pas paraître trop impétueux et ne surtout pas répondre aux provocations : car il était de notoriété que le Roi Ulric II était fourbe. Il maniait très bien la langue politique et ce n'était pas nécessairement le cas du plus jeune qui manquait cruellement d'expérience. Il devait être malin, sans trop lui montrer. Ne pas risquer de mettre un terme brutal à cette conversation. Il en allait de leur victoire, qui - Ulric avait raison – n'était pas assurément acquise par la simple existence des cinq mages légendaires.


« Je ne vais pas passer par quatre chemins. Il nous faut votre soutien. C'est le seul moyen d'arrêter le Roi Fenrir.

Ulric restait silencieux. Il regardait sur la gauche, déjà excédé. Il s'attendait surement à mieux et il était déçu de devoir se répéter.

- Comme je l'ai déjà dit à votre Roi, je ne donnerai mon soutien à aucun des camps présents. Londinium restera neutre, comme il en a toujours été.

- Je suis désolé Majesté, mais ça n'est plus possible. Vous ne pouvez plus vous le permettre.

- Me le permettre ? Répétait Ulric, tiqué.

Hyunjin avait visé juste. Il redressait la tête, ouvrant les bras pour appuyer son propos.

- Si vous n'apportez pas le soutien à Agora et Pandore, alors tout ce que vous aurez connu, tout votre château va périr dans les flammes. C'est une certitude.

- C'est une menace mon garçon ?

- C'est la réalité. Fenrir en a assez de jouer les Rois dociles d'une alliance qu'il méprise, et vous le savez aussi bien que nous. Ce qui le maintenait tranquille jusque là c'était la peur de devoir affronter les autres nations et surtout, le besoin de retrouver les mages...Il ne voulait pas attaquer et risquer de perdre leur trace car il avait besoin de les identifier pour pouvoir les détruire. »


Ulric fronçait les sourcils. Hyunjin savait qu'il en révélait beaucoup mais ça serait complètement contreproductif d'essayer de tromper le Roi de Londinium, l'homme était orgueilleux et il en savait déjà plus qu'on l'imaginait. Après tout, il avait abrité Felix pendant des années. Sous le nez de Fenrir et il devait parfaitement se douter de son importance. Il n'avait pas toutes les cartes, mais pour un homme aussi éloigné des parties en question, il avait de quoi tirer avantage et faire son jeu.


« Si Fenrir gagne cette guerre, il viendra assurément sur votre île et il vous faudra abdiquer ou brûler avec tout le reste de votre citée.

- Fenrir n'est pas assez idiot pour risquer de mettre à feu et à sang Londinium. Nous avons un avantage commercial pour lui. Vous êtes novice dans le milieu mon garçon, mais si vous concentrez tous intérêts de toutes les nations, alors vous détenez le pouvoir, sourit le Roi pas peu fier de vouloir lui apprendre une leçon.

- Sauf que votre puissance mercantile, Fenrir s'en moque. Il veut devenir Empereur et il veut surtout devenir le seul. Et je ne serai pas surpris que vous soyez dans ses priorités de règne, une fois les mages anéantis. Mettre quelqu'un de plus docile à votre place peut-être ? »


Hyunjin laissa planer un instant de silence duquel Ulric se semblait plus vouloir se moquer. Le Prince était certes nouveau dans ce domaine, mais il en comprenait les systèmes bien mieux qu'il ne laissait à penser. En réalité, il semblait même assez sûr de lui pour laisser le doute s'insinuer dans l'esprit du Roi de Londinium. Hyunjin y voyait une ouverture, alors il s'avançait d'un pas serein, faisait se redresser les gardes. Il s'arrêta, conscient qu'il ne devait pas tenter le diable mais il était assez près à son goût. Assez pour qu'Ulric voit davantage ses expressions, entende mieux ses intonations et qu'il sente alors l'argumentaire se refermer comme un piège.

Ulric baissait le regard pour plonger dans le sien et bien qu'il fût celui qui était en haut, il ne se sentait pas nécessairement en position de supériorité, d'autant plus quand le Prince esquissait ce très léger sourire. Un sourire qui se voulait rassurant mais qui lui hérissait le poil. Il était doué le garçon.


« Notre armée est puissante et nous avons le Geai Bleu, nous pourrions presque croire que la victoire est à notre portée mais comme vous l'avez dit plus tôt, ce n'est pas assuré. Parce que Fenrir est un Sørensen, et bien que nous ayons pris son dragon, il est rusé, il a encore de la puissance de feu et je suis un peu près sûr qu'il a déjà une nouvelle monture. Il n'aurait pas pris le risque de se battre contre les mages sans avoir un atout sous la manche. Ce qui est certain, ponctuait Hyunjin, c'est que cette guerre va faire des ravages. Tant sur le plan humain que sur le plan matériel. Et si les deux puissances que sont Pandore et Agora tombent, si les terres sont brûlées, quel rempart il vous restera pour lui faire face ? Et si vous n'avez plus d'alliés, qui d'autre pour faire du commerce ? Car c'est bien connu, les affaires se portent mieux en temps de paix. »


Ulric jugeait une fois encore ses mots. Il ne montrait aucun changement et Hyunjin pourrait presque croire que son discours était inutile, que le vieux bougre était buté, mais c'était un contre la montre et il devait jouer encore un peu, abattre toutes ses cartes avant de se coucher. Le moindre signe de faiblesse et il serait renvoyé dans la seconde sur son cheval avec une menace au cul de se faire abattre dès que lui prendrait à nouveau l'envie de défier les frontières de son territoire et le traité qui les liait.


« Vous êtes intelligent, Sire Hyunjin, dit le Roi après un long silence. Vous savez parler au pragmatique que je suis, plutôt que d'essayer de m'amadouer de phrases pompeuses comme l'honneur, la loyauté ou encore mon devoir. Chose que n'a cessé de répéter votre frère dans sa dernière lettre. En plus des menaces sous-entendues d'une représailles dès sa victoire acquise. »


Hyunjin se mordit l'intérieur de la joue, Chan pouvait aussi être assez impulsif quand il était énervé. Et le rejet du Roi de Londinium l'avait surement énervé.


« Bien que ça ne suffise pas. Parce que si je regarde la balance du coût/avantage, elle ne penche de votre côté que parce que vous êtes jeune et sentimental. Fenrir ne l'est pas autant que vous l'imaginez. C'est un souverain, et s'il n'est pas capable de voir l'inconvénient que représente l'attaque de Londinium, la Reine Ada saura l'en dissuader. »


Sur ces mots, Ulric se levait de son trône, reculant jusqu'au plateau posé sur un immense autel derrière le trône. Sur le plateau était posée une enveloppe qu'il agitait comme un éventail en revenant à sa place initiale sauf qu'il restait debout cette fois, en haut des marches.


« Vous savez que c'est ? » Dit il en pointant l'enveloppe juste devant son visage sur lequel était griffé à la plume le nom du Roi.


Hyunjin fronça les sourcils, comprenant alors que le ton de la discussion avait changé.


« Une lettre de la Reine me confirmant nos accords sur la non-violation de nos terres respectives, de l'interdiction totale d'insurrection dans le conflit qui vous oppose. Je demeure neutre et ils me laissent tranquille. Alors dites-moi, Sire Hyunjin, si vous étiez à ma place, est-ce que vous prendriez le risque de violer ce traité ? »


Hyunjin avait la sensation d'avoir été devancé sur la ligne d'arrivée. Ulric l'avait laissé parler tout du long, l'avait écouté avec attention pour ensuite lui balancer cette promesse sous le nez, comme si c'était son meilleur bouclier à la plus subtile de ses attaques verbales.

Il se sentait bête mais il se refusait encore à partir. Il ne pouvait pas rester sur cette défaite, il n'avait pas le droit. S'il échouait ici, la guerre n'en sera que plus longue et il y avait encore le risque qu'ils perdent. Chan, Felix et tous les autres, ils ne pouvaient pas les laisser tomber.

Il ne restait alors qu'une option possible.


« Alors je vous demande de respecter un autre traité.

Ulric leva les yeux, incrédules. Hyunjin serrait les poings et le regardait cette fois avec encore plus de force. Le Roi de Londinium ne comprenait pas du tout où il voulait en venir.

- De quel traité parlez vous ?

- Celui que vous avez passé il y a des décennies. Que votre père et votre grand père a passé, en s'agenouillant devant mon ancêtre. »


Ulric était encore plus perplexe, il avait presque envie de rire devant une telle affirmation mais Hyunjin s'approcha une fois encore et cette fois les gardes venaient se poster devant lui, lui barrant la route avec leur lance. Il n'était pas plus effrayé pour autant, le regard toujours fixé sur le monarque, il répétait avec fermeté.


« Vos prédécesseurs ont prêté serment et allégeance devant Eivor Vagari et échange de votre liberté en tant que citée indépendante, vous avez juré et vous avez signé, un traité d'alliance. En toutes circonstances, vous deviez soutenir l'Empire et la famille Vagari. Chose que vous avez brandi et proclamé quand Konrad a assassiné mon père, Kane.

- Votre père..., il murmure stupéfait.

Mais Hyunjin ne s'arrête pas, il n'en a pas fini et de plus en plus gonflé d'agacement, il pousse sur les lances qui le maintiennent.

« Au nom de ce traité, vous avez demandé à Agora et Pandore de prêter main forte à Haendel pour défaire Konrad. Sans savoir qu'en réalité...Fenrir avait tout orchestré...Car ce n'est pas Konrad qui a tué mon père, c'est bien le Roi d'Haendel.

- Que dites-vous...Vous êtes fou...

- Pas du tout. Je l'ai toujours su. »


Sa voix devenait presque trop basse, songeant à des évènements du passé qu'il avait longtemps terré dans son esprit et dont il n'avait jamais parlé à personne, pas même à Chan ou Ryujin.


« Et des années après, le Roi Marius l'a appris aussi mais il était trop tard, tout le monde avait été dupé par Fenrir et il était impossible de retourner en arrière sans risquer de me mettre en danger car...J'étais la preuve vivante.

- Ce que vous dites n'a aucun sens ! » S'énerve presque Ulric.


Perdu une seconde dans ses souvenirs, de très lointains souvenirs, Hyunjin se mord la langue. Alors que sa mère le porte et qu'elle le cache sous une grande robe de chambre tandis qu'il voit sur le sol de la chambre, le corps sans vie de son père. Un couteau dans la gorge.


« Fenrir ne se doutait pas une seconde de notre existence et il est venu le tuer, sous nos yeux...Faites venir votre physicien, vos mages alchimistes, ils sauront que je dis la vérité. Bien que je n'ai plus la marque...Il reste des traces magiques.

- Mensonge ! Kane est mort assassiné par son frère ! Je me souviens parfaitement de...

- Ada ? C'est elle qui vous l'a dit n'est-ce pas ? C'est justement elle qui était là, le jour où mon père est mort, parce que c'est elle qui a tué son demi-frère, pas Konrad. Elle et son époux ont tout manigancé depuis des décennies et vous, qui vous vous êtes toujours cru si intelligent, qui ne respectez que les conventions et aucunement la parole, vous avez été trompé parce que vous avez cru être plus fort que lui à ce jeu ! » S'exclamait Hyunjin.


Sa colère jaillissait malgré lui, même si elle demeurait maîtrisée, il se sentait de plus en plus fébrile et Ulric à son tour perdait de son calme. Il commençait à déambuler, marchant de son pas frénétiques et marmonnant ses pensées d'incompréhension, d'humiliation.


« Vous ne pouvez pas...Non. Un descendant ? Depuis tout ce temps ?

- Je le suis et il y a peu, j'étais comme tous les autres, maudit et j'aurai pu mourir si le Geai Bleu ne m'avait pas sauvé.

- Alors...

Ulric songea aux messages qu'il avait reçu, la force phénoménale qui avait été ressenti et aperçu au Palais de Mirin. La preuve que Geai Bleu était revenu, en activité et qu'ils avaient réalisé une obscure cérémonie. C'était donc ça ? La cérémonie pour retirer la malédiction des Vagari.

« En retirant la malédiction, ils ont à nouveau lié mon sang aux leurs.

- Le pacte est actif.

- Il l'est.

- Alors l'Empire...Vous êtes l'héritier de l'Empire. »


Hyunjin redressait la tête sans avoir besoin de confirmer les mots du Roi, ce dernier se rendait brusquement compte de tout. C'était comme un défilé d'indice, d'images qui se superposaient et qui formait le seul ensemble de vérité dépeint par le jeune garçon sous ses yeux. Ce dernier dont les traits lui apparaissaient plus flagrant que jamais, semblable aux peintures et au dessin qu'il avait de l'ancien Empereur, Eivor Vagari. Son descendant direct. Sans cette marque d'infamie et à nouveau réconcilier avec la faction la plus puissante de mages.

L'Empereur comme à son origine.


« Empereur..., il répétait.

- Et si vous respectez toujours vos actes, alors respectez celui de votre grand père. Lorsque pour obtenir sa liberté, il a voué son allégeance à l'Empereur et ses descendants. Si vous me reconnaissez en tant que tel, les autres suivront. Parce que vous êtes le Roi Ulric II, le monarque avec le plus long règne, vous représentez la prospérité et la prudence. Mais vous avez aussi votre fierté.

- La fierté a peu de valeur face à la vie. L'argent. La sécurité...

Hyunjin avait envie de rétorqué mais il se retenait, bouillant de frustration.

« ...Mais Fenrir n'apporte que chaos..., conclut le Roi. S'il est capable de tourner le dos à tous, qu'il manipule à sa guise, il sera difficile de prédire ses choix. »


Ulric s'affaissait et revenant sur son trône. Il devenait soudainement muet, perdu dans ses pensées. Il peinait en réalité à encaisser la nouvelle, à tout démêler et à avaler le fait d'avoir été à ce point aveugle. Il en voulait au feu Roi Marius de ne rien lui avoir dit. Il savait que le père de Christopher ne le portait pas beaucoup dans son cœur, le trouvant trop opportuniste, mais ils se respectaient. Ulric n'avait jamais plaidé la guerre ou la violence et encore moins la cruauté. Le plus souvent il se dressait devant Fenrir et ses idées guerrières, il avait été longtemps un conseiller privilégier pour Aden Vagari. Marius essayait parfois de le raisonner, de plaider des causes justes même si Ulric préférait des causes plus lucratives. Aucun d'eux n'étaient pour les assassinats, les massacres.

Son aveuglement à la haine de Fenrir, à son comportement toujours plus immoral, le croyant trop impulsif pour être calculateur, avait conduit les royaumes aujourd'hui à cette guerre. Peut-être que s'il avait su pour Kane, pour son fils...Il regarda Hyunjin encore une fois, la main sur le menton alors qu'il réfléchissait et que l'héritier ne disait rien, attendant sa décision.

Quelle ironie. L'Empereur qui attendait le choix de son vassal, parce qu'il l'avait toujours été, fidèle à son Empereur.

Ulric esquissa un sourire qui fit reculer Hyunjin. Le Roi se levait alors de son trône et descendait les marches, lentement. Il s'approchait de plus en plus des gardes qui avaient croisé les lances, leur intima de reculer et de laisser le passage. Ces derniers s'exécutèrent faisant déglutir discrètement Hyunjin. Ulric II était aussi grand que lui. Le port de tête toujours droit et les deux hommes se regardaient. De longues secondes où le cœur de Hyunjin tambourinait subitement dans sa poitrine, que sa tête devenait soudainement chargée de crainte, d'impatience d'un dénouement qu'il espérait favorable.

Puis doucement, comme au ralenti, Ulric s'inclina, jusqu'à poser un genou au sol.

Le silence se faisait encore plus lourd. Plus majestueux dans toute l'immense salle de pierre, aux vitraux de multiples couleurs qui laissaient passer les rayons jusqu'aux corps du souverain. Hyunjin avait les mains moites, ne sachant pas s'il devait parler mais sa poitrine alors se gonflait d'un sentiment jusqu'ici inconnu. La sensation que sa vie avait changée, ou qu'elle devenait ce qu'elle aurait toujours dû être.

Et ce fut encore plus intense, quand tous les gardes présents, s'agenouillaient à leur tour.


***


Chevauchant au galop, en tête cortège, Chan sentait encore une fois ce courant électrique le traverser suivi d'un flash. La vision de Felix se battant contre une rangée d'invocateur qui avait fait déferler sur lui une nuée de créatures mythiques aux dents acérés, aux griffes tranchantes. Leurs cris résonnaient presque aussi bien dans son esprit que dans le vent qui lui fouettait le visage. Il sentait sa mâchoire sous la frustration de ne pas pouvoir aller plus vite.

Derrière lui, la rangée de ces trois Capitaines, Wooyoung, San, Ryujin, le suivait sur leur monture, tenant la cadence comme ils pouvaient. Ils sentaient bien que leur monarque tentait de pousser leurs chevaux au bout de leur capacité, mais les animaux s'épuisaient et même leur grognement ne parvenait plus au souverain qui ne voyait que sa ligne d'horizon, mourant de ne pouvoir déjà être présent sur le champ de bataille.


« Majesté ! » Criait Wooyoung contre le vent.


Mais le dos de Chan secoué par la course continuait de monter et descendre sans réagir. L'archer se mordit la langue, regardant une seconde San sur sa gauche qui compris le message. D'un coup de rennes, le cavalier fit remonter sa monture une seconde pour se retrouver sur le flan du cheval brun du Roi.


« Chris, tu dois ralentir ! Ton cheval est épuisé et il va finir par trébucher ! Il deviendra inutile en plus de l'avoir fait souffrir par ton entêtement ! Tu m'entends ? »


Mais le Roi semblait coupé dans son monde, fermé et le regard toujours porté au loin, vers le combat qu'il sentait comme un battement de cœur régulier mais intense dans la poitrine et qui faisait échos dans ses oreilles. Seungmin qui faisait face à aux chefs de guerre d'Haendel.


« CHAN ! » Criait cette fois Ryujin


Pour toute réponse Chan donna un nouveau de talons et le cheval hennissement allait encore plus vite.


« Putain », jurait Wooyoung.


Mais les Capitaines ne pouvaient que tenter de suivre, en espérant qu'ils allaient tenir jusqu'à rejoindre le reste de l'armée.

De l'autre côté de la vallée, où la bataille faisait rage, Felix venait de faire voler en éclat un immense golem de glace. Il avait brisé en un seul coup le colosse, et les invocateurs, qui scandaient encore plus fortement ne réussirent même plus à faire réapparaître une nouvelle créature, ni se protéger, que déjà l'Elémentaire atterri en face d'eux. Sans attendre, il joignait ses poings et remontait du sol des centaines de racines, telles des tentacules épineux, craquelant la terre jusqu'à plus profond, venant entourer les mages sans qu'ils ne puissent avoir le temps de fuir, criant qu'on les épargne et les piégeant à la manière d'un serpent, les racines les étouffaient et les relâchaient brusquement, comme de vulgaires pantins désarticuler.

Il était essoufflé, le cœur battant et les muscles échauffés, totalement enivré de sa magie qui transpirait par tous les pores de sa peau, jusqu'à faire briller ses yeux d'un éclat de toute puissance.

Cet éclat qui suffit à faire déguerpir les sorciers, pour ceux qui n'avaient pas déjà été ratatinés par son attaque précédente. Ces derniers couraient dans tous les sens, espérant lui échapper. Felix avait décimé en peu de temps la ligne magique d'Haendel.

L'adrénaline pulsait dans ses veines, mais il sentait clairement ses poumons brûler de ses efforts. Il pivota sur lui-même pour regarder plus bas, Changbin terrasser le dernier cavalier encore sur son cheval, qui lui résistait un peu plus que les trois autres. Le Commandant était parmi les plus grand guerrier du Continent, sa simple présence lui donnait un avantage psychologique et la peur se lisait clairement dans les gestes maladroits des soldats delions. Les cavaliers ne faisaient pas exception et le dernier même si expérimenté, n'en était pas moins hésitant et c'était précisément ce qui allait lui faire perdre son duel.

Le chevalier décida de descendre de son cheval, tout en faisant tourner son épée et vint directement à la rencontre du Berserker. L'aura trouble grondait encore et repoussait l'ennemi, il tentait de tenir, de parer les coups de haches mais c'était un épuisement physique et moral qu'il ne pouvait assumer. Son armure était lourde, Changbin lui s'en était défait d'une partie et découvrait ses bras jusqu'aux épaules, le rendant plus souple, plus rapide, ce qui pouvait être surprenant quand on voyait sa carrure. Mais c'était le propre du Berserker : une force physique brutale et une rapidité à couper le souffle.

Felix ne put que retenir sa respiration, incapable de le quitter des yeux alors que le Commandant attaquait une fois encore, son centre de gravité plus bas et remontait ses haches en croix pour bloquer la lame de son ennemi, lui voler et s'en servir pour lacérer aussi tôt l'homme désarmé en diagonale. C'était une attaque rapide, qu'il eut à peine le temps de comprendre alors qu'il sentait déjà ses forces, la vie le quitter et le faire s'effondrer à genoux. Vaincu.

Comme s'il avait senti le regard sur lui, Changbin regardait à son tour le haut de la colline et croisa le regard de Felix qui se tenait débout, aussi victorieux que lui. Il n'avait pas eu besoin de dégainer l'un de ses sabres, quelle force ! Se disait il, pas peu fier de celui qu'il considérait encore comme un disciple. Le Commandant, lui fit un signe de tête et Felix lui rendait, lui assurant qu'il allait bien. Les deux hommes avaient un léger sourire satisfait, bien que touchés, ils étaient vigoureux et Changbin portait maintenant son regard à l'opposer.

Le long du flanc Est, un peu plus en hauteur, Seungmin était resté à distance de sécurité. Leur étonnante décontraction lui recommandait la prudence et Iris n'eut pas tort. Quand un soldat d'Agora, un peu plus téméraire et manquant d'expérience du terrain, voulu les attaquer à revers et s'élança sur eux dans un cri de fureur, Seungmin n'eut même pas le temps de l'arrêter.

L'épée en l'air, il se retrouva dans un rayon de cinq mètres des chevaux des chefs qu'il se désintégra dans un craquement électrique d'une couleur étrangement sombre et disparut dans une épaisse fumée grise, jusqu'à ce qu'il n'en reste que le silence mortuaire.

Seungmin sentit son ventre se tordre et il parcourait les alentours d'un œil curieux avant de les apercevoir : les nécromanciens qu'il avait remarqués en arrivant. Ils se révélaient enfin et avaient créer une sorte de piège qui protégeait leurs dirigeants dont le Commandant principal semblait être de la même nature de pouvoir.


« Tu es intelligent, l'Alchimiste, l'invectiva le mage noire. Celui-ci aurait peut-être dû être mieux former, pour ne pas tomber dans le panneau. Ou bien te servait il à prouver ce que tu redoutais ? Comme un sacrifice tombant à point nommé. »


Seungmin ne prit même pas la peine de leur répondre, estimant qu'il était inutile de leur donner une quelconque information sur sa manière de penser ou d'agir. Il n'était pas du genre à narguer ses ennemis, comme semblait l'être le Commandant delion. Ce dernier jubilait presque d'être intouchable. Il savait que la magie noire ne pouvait être maîtrisée que par leur Mage Noire, et il était justement absent. Ni Zephilis ni Iris ne pourrait briser cette barrière.


« Tu en es certain ? » Lui dit finalement Seungmin, lisant de ses pensées.


Le leader tiqua au ton de sa voix, presque ironique et l'Alchimiste, droit, frappa à nouveau le sol de sa lance qui formait à un cercle de transmutation sous ses pieds. Ses arabesques s'illuminaient et les nécromanciens se tenaient prêts. La Commanderie n'était pourtant pas rassurée, les chevaux eux-mêmes s'agitaient tandis que Seungmin fermait les yeux. Puis ses lèvres se mouvaient soudainement lentement. Beaucoup trop lentement. Et finalement ce fut le son qui devenait lointain, et leur vision totalement ralentie. Coupée. Leurs gestes, leurs corps entiers se mouvaient dans une lenteur infinie.

Le leader réalisa alors, ses yeux s'écarquillaient et il sentit le souffle venir du Sud. Lancé à pleine vitesse, hallebarde dans les airs, se jetant sur eux dans un cri rageur, le Roi Christopher faisait exploser sa force spirituelle, son énergie condenser jusqu'à électrifier l'air et s'écraser sur la ligne de commandement, les faisant littéralement exploser dans un énorme choc spirituel. La lumière, un cratère. Aucun ne pouvait bouger, totalement figé dans le temps et leur chef regardait une dernière fois l'Alchimiste, Iris, le seul mage à contrôlé l'espace-temps.

La barrière comme le reste, tout était dans la petite bulle qu'il avait créé. Une bulle où le temps s'était arrêté, juste au moment il avait senti l'aura de Callum et le piège des nécromanciens ne pouvant jouer, le Mage-Guerrier les avait pulvérisés.

C'était cela, l'invincible Geai Bleu.

Le temps reprenait à nouveau son cours et au milieu des décombres, le Roi Christopher laissait ses respirations bruyantes faire remonter rapidement sa cage thoracique, ayant libéré une importante énergie. Ses cheveux ébouriffés et le visage rouge, il retirait sa lourde hallebarde du sol, emportant exclamation et exaltation de son armée. Les renforts gagnaient les rangs et les ennemis cédaient du terrain.

Seungmin se reprochait de son souverain.


« Heureux que tu sois arrivé à temps.

- Comme s'ils avaient une chance contre toi », lui sourit Chan de la même façon.


Seungmin haussait les épaules. En réalité, s'il n'avait pas senti Callum arrivé comme un boulet de canon, il aurait vraiment eu du mal à passer cette barrière. Il aurait pu arrêter le temps une fraction de seconde, de la même façon, mais ni lui ni Zephilis n'auraient pu le réduire à néant d'un seul coup et c'était prendre le risque de perdre des forces face à un mage noire, alors même que leur principal rival n'était pas encore arrivé. Il aurait fallu envoyer le Berserker, qui avait lui aussi un temps limité dans sa transe.

La puissance de Callum agissait comme une bombe à déflagration et qui anéantissait tout sur son passage. C'était la vitesse combinée à la puissance de frappe. Avec lui sur le terrain, les forces terrestres avaient peu de chance de s'en sortir.

Il n'en serait pas de même dans les airs, et à cette pensée, il entendit de nouveaux cris qu'il reconnaissait parfaitement. Haut dans le ciel, une dizaine de dragons de glaces et l'effarement ne fut que plus grand quand il remarquait leur taille. Chacun d'eux faisait le double de la taille de ceux qu'il avait vu jusqu'à maintenant. Sans parler de celui au centre, porter de quatre ailes au lieu de deux et d'un noir de jais à faire cacher les rayons du soleil.


« Par tous les dieux..., il ne put retenir. Qu'est-ce que c'est que ce truc... »


Felix sur sa colline, portait le même regard dans les airs, la gorge serrée et les sourcils froncés.

La confrontation était maintenant imminente. 


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