XIV. l'Elementaire 🍋
Ça ne ressemblait en rien aux précédents, ce n'était ni chaste, ni timide et encore moins furtif. Il n'y avait rien de doux et ce n'était pas sauvage pour autant. C'était une promesse. La promesse que jamais je ne pourrais oublier ce moment précis, qu'il restera graver dans ma mémoire, jusqu'à ébranler mon âme réincarnée. Comme les baisers partagés avec ma moitié, mon âme liée, celle de Callum, c'était ce goût, cette sensation. Toutes vies antérieures qui se rappelaient à moi par la force d'un échange qui me donnait vie.
Il prenait et je me perdais complètement contre ses doux croissant de chair, plein et chaud. Et cette langue qui glissait par instant, venant titiller l'interstice, alors qu'il continuait de presser, tenant mon visage entre ses longs doigts bagués. J'avais besoin de le garder encore plus près, alors je glissais mes bras autour de sa taille, je l'enfermais contre moi. Son dos se cambrait, ses épaules remontaient et je perdais mon souffle. Ma raison gardée.
Je senti un brusque changement, comme un éclair de souvenir, un cri, des pleures mais différents de ceux qui hantent mes nuits. Ce n'était pas moi, c'était lui, le Mage au fond de mon âme. Sa dernière vie. Je l'entendais crier et pleurer, je l'entendais. Je voyais, je sentais l'odeur de la terre brûlée, son malheur qui me prenait la gorge alors ma bouche était aspirée, que le souffle chaud de Hyunjin me caressait le visage.
Encore un fragment, un claquement et le bruit d'une créature qui siffle, un serpent. Je sens les mains de Hyunjin se crisper et ses dents se serrés, se détachant lentement. Il reste contre moi mais son visage est traversé par des spasmes douloureux, de plus en plus intense et je me rends alors compte que je sens un frémissement contre ma paume, sous ses vêtements.
« Hyunjin, je l'appelle inquiet. Tu as mal ?
- Ma marque..., il dit alors. Elle me brûle... »
Je retire alors mains soudainement mais cela a pour réflexe de se serrer encore plus contre moi, garder mon visage entre ses mains. Je l'observe alors, tandis que la douleur s'estompe et qu'il ne reste que le désir latent, en demande.
Il ne reculera pas. Il ne fuira pas et pourtant ce serait une réaction toute naturelle. Il avait succombé à la tentation et je n'avais rien fait pour l'arrêter. Au contraire, j'aurai pu gémir de soulagement d'avoir enfin pu exaucer mon vœu inavoué.
« On devrait aller voir Seungmin, pour qu'il vérifie que tout va bien. Je dis alors sentant encore ma poitrine déraillée à chaque froissement de son corps contre le mien.
- Tout va bien. Je m'y étais préparé. »
Je ne comprends pas ce qu'il entend par là, je reste suspendu à ses lèvres et mes iris parcourent son visage dont l'expression se radoucit sans être spécialement rassurante.
« Tu es Zephilis », dit il enfin.
C'était la première fois que je l'entendais le dire. Nous n'en avions pas encore parlé même si je me doutais qu'il était parfaitement au courant. Quand je m'en suis rendu compte, j'étais moi-même perplexe et je n'avais peur que d'une chose : qu'il me repousse encore à cause de ce que cela signifiait pour lui. Pour nous. J'avais occulté la question, comme j'avais occulté tout ce que je ressentais. Chaque jour un peu plus, chaque minute.
« Tu as créé cette marque, ta vie antérieure en tout cas, et tu y as lassé une partie de ton âme immortelle... La partie la plus sombre, la partie damnée après avoir utilisé la magie noire alors que tu n'y étais pas autorisé. C'est à cause de ça que cette malédiction suit mon sang, ma lignée. Et l'âme qui est en toi rentre en résonnance avec elle.
- Le Roi Minho m'en a un peu parlé. Hyunjin, je ne veux pas te faire du mal.
Hyunjin resserre sa prise sur mes joues, un petit sourire fin étire ses lèvres encore rougies du baiser.
- Alors tu vas fuir ? Me laisser là avec mon impatience ? Tu sais ce que ça signifie tourner le dos à son Prince ?
- Ce n'est pas un jeu, je ne connais rien à la magie, aux effets qu'elle a sur toi mais si un baiser te provoque déjà de vives douleurs, que se passera-t-il lorsque ma réincarnation sera achevée ?
- Je n'en sais rien mais nous n'y pouvons rien. Ni l'un ni l'autre. Je suis prêt à le supporter. »
Sa réponse ne me satisfait pas, alors qu'il veut m'embrasser je me détourne et lui attrape les épaules pour le repousser doucement. Je sais que je commets une terrible erreur, je le sens ramper sur ma peau. Ses sourcils se froncent et ses lèvres se pincent. J'ai bafoué une fois de trop sa fierté car cet air renfrogné, blessé, je le connais par cœur et toutes les explications que je pourrai lui fournir quant à mon geste ne suffiront jamais à lui faire comprendre combien ça me coûte.
D'un geste brusque il écarte mes mains et recule. De plus en plus furieux puis ne tenant pas en place, il commence déjà à remonter la petite allée jusqu'à la sortie de la verrière.
« Ne me suis pas ! » Il crie en partant, me coupant dans mon élan.
Je m'en veux. Je sers le poing et les dents. Je sais que j'ai fait une bêtise mais je ne la regrette pas pour autant. Mais que puis-je faire d'autre ? Je ne veux pas lui faire du mal. Je ne veux pas qu'il souffre de ma proximité ou pire encore.
C'est la première fois depuis que j'en ai connaissance, la première fois que j'en prends réellement conscience et que je me projette en tant que tel. Un futur Mage du Geai Bleu. Minho avait raison, je ne peux pas éternellement repousser l'échéance et je ne peux y échapper alors je dois l'accepter. Et cela passe par la distance que je dois mettre avec le Prince, assumer la conséquence des actions de Zephilis dans mon autre vie, jusqu'à ce que je sois capable de lever sa malédiction.
Dès lors, quand j'ai rejoint le Roi Christopher et le Roi Minho dans la salle du Conseil, ils ont été surpris de voir je n'ai pas refusé leur proposition de but au blanc et que je semblais au contraire, plutôt enclin à les écouter. Sans doute que le Roi Christopher avait préparé tout un discours pour me convaincre et s'en trouvait pris au dépourvu.
Il a partagé un regard surpris avec le Nécromancien, sans pour autant me demander de lui confirmer, il a vu à mon regard que je ne plaisante pas.
Après un petit raclement de gorge, il reprend donc.
« La délégation de Pandore part dans trois jours, Minho te mettra en contact avec Lia, une dryade qui pourra t'apprendre la magie élémentaire, Seungmin se joindra à vous pour les bases de la magie du Geai Bleu. C'est un puit de connaissance, il pourra t'épauler dans ton apprentissage. Pour ce qui est du combat, les entrainements seront donc suspendus, Changbin les reprendra avec toi à ton retour. Et pour la garde de Hyunjin, j'assignerai Ryujin et San à cette tâche en attendant.
- Pandore compte bien plus de mages qu'Agora, c'est une cité pleine de spiritualité, bien plus que celle de Mirin car nous vivons avec les créatures même de la forêt. Elle regorge aussi de magie plus sombre, d'entité encore plus anciennes que le Geai Bleu. Si Agora est le portail du monde sensible avec le monde spirituel, Pandore est celui du monde sensible avec les Terres Obscures. Mais Zephilis est le lien entre les mondes, et je pense que ça accéléra ton achèvement de t'y rendre, continue Minho.
- D'accord. Je hoche simplement la tête. Nous partons dans trois jours c'est ça ?
- Oui, affirme Minho. Une chose encore. Si Pandore vit en harmonie avec les créatures qui la peuplent, ce n'est pas le cas des Mages du Geai Bleu. Tu ne dois en parler à personne et cacher ton tatouage en toutes circonstances. Pandore était très proche de Vagari, pour eux les Mages étaient leurs ennemis.
- Donc il n'y aura que vous et Seungmin au courant.
- Et Lia, la dryade le sentira de toute façon, rien qu'à te voir. Ses capacités sont proches de celles des chamanes de la forêt des Quatre Cent Dieux. Elle est neutre et c'est pour ça qu'elle sera la personne la plus adaptée pour t'apprendre l'essence même de la magie élémentaire.
- Quelques soldats t'accompagneront », me dit Chan comme s'il essayait de me rassurer.
En réalité, je dois avoir l'air encore trop sous le choc pour réussir à vraiment les écouter. Je suis perdu dans mon dernier échange avec Hyunjin et le regard profondément blessé qu'il m'a lancé avant de partir. Je comprends ce qu'ils me disent mais je ne suis pas vraiment apte à en discuter.
Minho et le Roi partagent un nouveau regard inquiet, finalement le Nécromancien décide de sortir de la salle, me laissant seul avec Christopher. Il vient s'asseoir sur le coin de la table, me faisant face alors que j'étais débout à quelques pas de lui. Lentement il apporte sa main à la mienne, me sortant de la torpeur. Je me perds dans ses yeux empreint d'une douceur toute particulière. Elle ne ressemble ni à celle de Hyunjin, ni à celle de Ben ou encore d'Eileen. Elle est d'une forme encore plus subtile. C'était Callum qui me regardait à travers ses yeux et qui essayait d'y trouver Zephilis.
« Tu as peur de partir ? Dis moi ce qui ne va pas. Il me demande d'une voix calme qui a pour effet de faire tomber l'ensemble de mes défenses.
Je ne sais même pas si c'est un effet magique ou simplement une capacité naturelle. Si c'est le Roi ou Callum qui me donne cette impression de pouvoir tout lui dire. Qu'il pourra toujours trouver la meilleure solution, apaisée mes craintes et mes souffrances. Peut-être les deux. Mes émotions sont en vrac, mes certitudes ne tiennent à rien, je ne sais même plus qui je suis mais je peux au moins m'accrocher à une seule question. La seule qui m'importe.
« Est-ce que...Si les Mages du Geai Bleu sont enfin réunis, est-ce qu'on pourra retirer la malédiction de Hyunjin ?
Christopher reste silencieux une seconde. Je ne sais pas si je l'ai surpris ou si au contraire, il savait que je finirai par poser la question. Il baisse une seconde les yeux puis il reprend.
- Je n'en sais rien... Tu sais, l'ancien Zephilis avait sombré dans une spirale de vengeance qui va contre tout ce qui faisait de nous l'équilibre. La vengeance est un sentiment humain. L'ancien Zephilis était sans doute plus humain de tous. Ses âmes liées ont été tuées, les unes après les autres, il a été emprisonné pour ça et il ne restait que lui à la fin. Il s'est senti seul, trahi et a succombé à des forces qui le dépassaient pour jeter sa malédiction. Ça n'était jamais arrivé, en aucune génération. Cette force qui l'a habité, a totalement bouleversé le cycle de réincarnation. Nous a laissé des séquelles, je ne sais pas encore lesquelles exactement. Quand tu auras fini ta réincarnation, si nous retrouvons Enkil, alors nous en saurons certainement plus. »
Je baisse la tête, le goût amer de la frustration dans la bouche car je n'ai pas vraiment de réponse claire. Il se relève alors et vient se saisir de mon menton pour m'obliger à relever les yeux.
« Mais je te promets, que je ferai tout pour sauver Hyunjin. Je n'ai pas d'autre but. Je suis peut-être Callum mais avant tout, je suis Christopher et Hyunjin est mon frère. Peu importe son sang, peu importe le mien. Qui plus est, je sais qu'en retirant cette marque, nous pourrons enfin racheter les âmes des demi-dieux, les laver de leurs propres tâches. Dans tous les cas, je ferai tout pour le délivrer de nos péchés passés. »
J'affirme d'un petit signe de tête, Callum esquisse enfin un sourire et passe sa main dans mes cheveux bleu, un regard de nostalgie.
« Tu lui ressemble beaucoup.
- Qui ?
- Zephilis. Nos traits sont restés les mêmes, il n'y a que ces cheveux qui te rendent différent. Et tes yeux bien sûr. Les siens étaient d'un bleu vif, comme deux saphirs. Ses cheveux étaient blancs et longs.
- Vous vous souvenez de tout ?
- Depuis l'achèvement de ma réincarnation. Tous les souvenirs antérieurs me sont revenus. C'est comme si je les avais vécus sans que ne soit réellement moi. C'est assez difficile à expliquer, mais tu le ressentiras aussi. On garde une trace de tout, même de leurs sentiments.
- Alors, l'ancien Callum était amoureux de Zephilis ?
- Oui et ils se sont même voués l'un à l'autre. Une sorte de mariage magique propre à la forêt des Quatre Cent Dieux, c'est ce qui rend nos deux âmes très proches. Tu le sens n'est-ce pas ?
Christopher dépose alors sa paume contre mon torse, aussi tôt je me sens étrangement agité puis la seconde d'après, à nouveau cet apaisement. La chaleur qui se dégage de sa main est agréable.
- C'est Zephilis qui se calme à mon simple touché.
- Et ce que...Ma réincarnation va changer quelque chose ?
Le Roi ne comprend pas tout à fait mais à mon regard fuyant, de plus en plus mal à l'aise, il finit par saisir le sous-entendu. Il rit doucement, retirant sa main.
- Non. Dit il sûr de lui. Je ressens les émotions de l'ancien Callum mais ce ne sont pas les miennes. Tu ne vas pas subitement tomber amoureux de moi, si ça peut te rassurer.
- Oh ! Ce n'est pas ! Enfin...Je ne veux pas vous offenser.
- Tu ne m'offense pas. Je comprends ta question, j'étais moi aussi inquiet quand c'est arrivé parce que j'aimais déjà quelqu'un, et je ne voulais pas le perdre. J'avais peur qu'en retrouvant Zephilis, je me retrouve pris dans une sorte de lien magique qui aurait annihilé tous mes sentiments, ceux que je pensais être sincères, véritables.
- Et ? Vous l'aimez encore ? Même après m'avoir rencontré ? »
Christopher ne sourit plus. Il comprend. Il comprend que je sais et si je me mords la langue, effrayé à l'idée d'attirer des ennuis à Changbin, je ressens au fond de moi le besoin de lui donner la même chose : une oreille attentive et une épaule sur laquelle il peut s'appuyer.
« Si vous ressentez les tourments de Zephilis, je peux aussi sentir ceux de Callum. Je ne peux pas encore les interpréter comme vous mais... Je connais aussi son cœur, à lui. Bien qu'il n'arrive pas vraiment à en parler.
Le Roi détourne le regard, un air indéchiffrable.
- Je l'aimerai toujours, dit-il finalement. Rien ni personne ne changera ça. »
Je souris. Je sais que la vie d'un monarque n'est pas facile, d'autant plus quand ses responsabilités vont à l'encontre de son cœur. J'aimerai pouvoir lui dire de suivre ses envies mais je sais que c'est utopique et je ne suis pas assez cruel pour lui reprocher de ne pas suivre ses sentiments. Il n'a pas besoin de moi pour en souffrir. Je me contente alors de poser une main compatissante sur sa poitrine, comme il l'a fait précédemment, en espérant que cela suffise à calmer ses propres souffrances. Au moins un temps éphémère.
« Quand le Geai Bleu sera au complet, qui sait ce que cet évènement pourra entrainer comme changement, j'essaie d'être optimiste. Rien n'est perdu, même si l'espoir est maigre, il est présent. Qui sait ce que les peuples ressentiront en sachant que le Roi est un Mage du Geai Bleu. Ils le verront peut-être comme un homme somme toute avec un pied dans leur monde et un pied dans l'autre, au-dessus de leur tradition habituelle. Et peut-être qu'il pourra alors choisir librement, autant que faire ce peut. Je le souhaite en tout cas.
- Il sera toujours temps de s'en préoccuper quand cela arrivera », il me répond avec un sourire reconnaissant.
Il apporte alors ma main à sa bouche et l'embrasse. Je souris à mon tour.
« Je suis heureux de t'avoir retrouvé, Felix.
- Moi aussi. »
Je quitte le Roi après quelques minutes, plus calme mais aussi le cœur plus lourd. Je sais ce qu'il me reste à faire et je n'y suis pas préparé. Je dois parler à Hyunjin, même si je sais que le Roi va aussi lui annoncer la nouvelle, j'aimerai pouvoir lui dire moi-même avant. Peut-être aussi expliquer mon geste et lui promettre, que je lui enlèverai cette marque. Je ferai ce qu'il faut pour.
Parce que je veux le retrouver et lui dire que peu importes les vies antérieures, peu importe les erreurs de nos ancêtres, c'est lui que je veux.
Gagner par un élan de courage, je cours presque à travers les couloirs pour rejoindre les quartiers du Prince. Lorsque je m'approche enfin de la porte de sa chambre je n'y vois personne. Tout est à sa place, aucune trace du monarque. Je sors alors en cherchant un domestique, personne ne semble l'avoir vu. Ce n'est pas le genre qui disparait facilement non plus, c'est quand même le Prince Hyunjin et comme il a quitté la verrière plus tôt, je doute qu'il se soit caché là-bas. Je sors donc dans la Cour du château, longeant le rempart jusqu'aux escaliers qui mènent au chemin de ronde, en haut. Je salue les soldats qui patrouillent et lorsque j'arrive enfin sur le haut du rempart, je parcours le chemin d'un regard circulaire sans voir sa longue silhouette. Le vent qui fouette doucement mon visage me fait plisser les yeux, ce dernier est de plus en frais, de jours en jours. Je marche lentement, regardant tout autour de moi et j'entends finalement des petites notes d'un instrument à corde. Une petite mélodie complète d'une voix murmurée.
Assis sur le bord du rempart, les pieds dans le vide et le regard tourné vers l'horizon, le barde marmonne, les mains appuyées sur le luth. Ses colliers autour de son cou et les boucles d'oreilles qui pendent jusqu'à nuque de perles et d'or me rappellent les troubadours descendus au port de Londinium, le jour du solstice d'été. C'étaient des habitants d'une tribu du désert qui étaient venus faire la fête et qui avait égayé les nuits chaudes de chant et de magie lumineuse. Il y avait des bardes aussi. L'un d'entre eux lui ressemblait mais jusque-là, je me suis toujours dit que les bardes se ressemblaient tous.
Ils avaient tous cet air nonchalant, sans maître ni dieu, de véritable courant d'air. Si j'ai été moi-même un esprit libre, un vagabond, ce qui pouvait me rapprocher de leur mode de vie, je me suis toujours senti foncièrement différent car j'ai toujours conservé une certaine loyauté envers ceux que j'estimais. Je reste humain et j'ose croire que j'ai encore un peu de moralité. Ce qui m'avait d'ailleurs poussé à sauver le Roi plutôt que ma peau. Un barde n'a que sa liberté pour fidèle amie, c'est un opportuniste par nature et les autres ne sont ses amis que pour le temps où leurs intérêts demeurent communs.
Il faudrait être idiot pour se fier à un barde, ou n'avoir peur de rien.
J'ai quand même besoin de savoir où se trouve Hyunjin et je ne peux pas juste tracer ma route sans lui demander avant. Si le Roi Christopher parle à Hyunjin avant moi, je crains que je ne perde toutes les chances de pouvoir m'expliquer avant mon départ.
« Excusez-moi, je demande alors.
Le luth s'interrompt, il se tourne dans ma direction et un grand sourire illumine son visage.
- Tiens ! Le Garde aux cheveux bleus ! Quel plaisir de vous voir ! Alors votre pari vous a rapporté une belle somme ? Je devrais vous remercier, grâce à vous, j'ai pu aussi bien garnir mes poches avec toutes les commissions.
- Je suis heureux d'avoir pu contribuer à votre bonheur. Vous n'auriez pas vu le Prince Hyunjin par hasard ?
- Le Prince, le prince... Je ne crois pas. »
Il regarde de l'autre côté du chemin de ronde, puis à ses pieds, comme s'il pouvait le voir à travers la foule en bas.
« Et Seo Ryujin peut-être ?
- Vous parlez de la Mage ? Je crois qu'elle était dans les jardins Sud avec une dame de Pandore.
- Bien. Je vous remercie.
- Avec plaisir. Oh ! Avant que vous ne partiez, puis je vous poser une question ?
Méfiance. C'est tout ce qu'il m'inspire. Sa tête se penche, un petit sourire complice sur les lèvres.
- Les gardes m'ont raconté que vous avez combattu une armée de zombie aux abords de la forêt, est-ce que c'est vrai ?
Je lève un sourcil. Je ne sais pas exactement ce que j'imaginais, mais surement pas cette question.
- En partie, j'ai surtout été sauvé par le Roi Minho avant de me faire bouffer.
- Oh...Le Roi, ses yeux pétillent davantage de curiosité, réfléchissant sans doute à des paroles bien tournées.
En plus de l'inspiration, il semble sincèrement fasciné et la mention du Roi a éveillé une nouvelle petite lueur joyeuse.
- On dit que c'est un Nécromancien, il dit alors.
- Ça l'est. Il a invoqué une énorme créature d'ombre et de fumée, un archer gigantesque qui a anéanti l'armée des morts-vivants en un coup.
- Vraiment ? Il doit être fort ! »
Les yeux grands ouverts, comme ceux d'un enfant, les pieds du barde s'entrechoquent, comme pour exprimer son excitation. Il remet son luth en place, pressant déjà quelques notes.
« C'est parfait, je ferai de lui mon nouveau héro. Mais promis, je ne vous oublierai pas, Garde aux cheveux bleus.
- Felix. Quitte à être dans une chanson, autant prendre mon nom.
- Felix. Felix, le garde aux cheveux bleus », sourit le barde satisfait.
A nouveau cette petite lueur taquine.
« Nous nous reverrons surement bientôt, sourit à nouveau le barde », inclinant légèrement la tête.
Quel échange étrange mais pas désagréable, bien que je ne comprenne pas vraiment ce qui lui passe par la tête. Je n'ai pas le temps de m'éterniser davantage.
Je suis au moins sûr d'une chose maintenant. Cette inclination, ce timbre particulier et cette voix, je l'ai déjà entendu. Il était à Londinium et je suis certain de lui avoir parlé même si je ne sais plus vraiment ce que nous nous sommes dit. Il faut dire que j'étais rarement sobre pendant les fêtes du solstice. Espérons que je ne figure pas dans une chanson moins flatteuse.
Je quitte le chemin de ronde, regardant une dernière fois le musicien fermer les yeux, chantonner doucement sa chanson.
***
J'ai toujours détesté jouer au chat et à la souris, quand c'est moi qui me retrouve dans le rôle du chat. C'est agaçant. C'est frustrant et le Prince a toujours été quelqu'un de foutrement frustrant. Bien sûr, il n'était pas avec Ryujin. Elle était uniquement en compagnie de Yeji et elles discutaient tranquillement dans les jardins. Aucune d'elles n'avaient vu le monarque.
« Tu devrais essayer les écuries. Il aime bien passer du temps avec sa jument quand il a besoin de réfléchir. »
Me voilà donc à rejoindre les écuries, j'ai croisé entre-temps Jeongin qui est revenu de leur sortie en ville sous les ordres du Capitaine San, ils avaient des préparatifs concernant le départ de la délégation de Pandore d'ici quelques jours. A priori le plus jeune sera du voyage et je me suis retenu de lui dire que j'étais heureux qu'il m'accompagne, il ne devait pas encore le savoir et je ne voulais pas lui dire tant que ses supérieures ne l'avaient pas fait. En plus, j'étais pressé. Si Hyunjin n'était pas écuries, j'allais définitivement l'attacher avec une longe assez grande pour qu'il puisse tout juste se promener dans sa chambre.
En arrivant afin vers l'enclos et les bâtiments des écuries d'où s'échappaient par moment le hennissement de chevaux, je remarque enfin la silhouette du Prince, perché sur sa jument. Devant lui, caressant la tête de l'animal, le Roi Christopher est là, accompagné de Changbin.
Je me mord la langue. Je suis arrivé trop tard. Hyunjin a l'air contrarié, il serre la bride de sa mouture, je le vois se crisper et baisser la tête sans ouvrir la bouche. Changbin reste en retrait, néanmoins son air solennel me ferait presque croire que c'est une mort que le Roi Christopher vient de lui annoncer. Le souverain reste calme et moi, je meurs à l'intérieur.
Je ne réussis pas à faire pas, me sentant coupable et lâche car je n'arrive pas à le rejoindre. Je sais qu'il ne m'écoutera pas, comme il n'écoute déjà pas son frère et je m'y attendais. Il fait soudainement pivoter l'animal pour galoper hors de l'enclos. Le Roi ne le suit pas et interdit même Changbin de le faire alors qu'il s'apprêtait à partir récupérer son propre étalon. Hyunjin disparait déjà hors de la Cour et je devine que ses galops le conduiront hors de la ville.
« C'est dangereux, il faut le rattraper, s'exclame Changbin.
- Ca ira. Ce n'est pas un enfant. Laisse le respirer, il reviendra quand il sera plus calme. »
En me voyant tout près, le Roi Christopher se contente d'un petit coup d'œil avant de commencer à repartir. Changbin reste en retrait, me voyant enfin, il coule le même regard compatissant. Je n'ai même pas besoin d'ouvrir la bouche, j'ai la sensation qu'il sait tout. Même les évènements que je suis le seul à connaître.
« Tu n'es pas resté longtemps », sourit Changbin un tantinet peiné.
Ca ne devrait pas me faire le plaisir mais je ne peux pas m'empêcher de répondre à son sourire, heureux que mon départ lui cause un peu de chagrin. Notre relation ne ressemble en rien à celle que j'entretien avec les autres. C'est presque comme retrouver un membre de sa famille perdue, une confiance particulière nous lie. Et je me rends compte que m'éloigner de la Capitale ne va pas seulement m'éloigner de Hyunjin.
« Je reviendrai. C'est une question de quelques semaines, je suppose.
- Sans doute.
La peur que cela me prenne plus de temps me saisit brusquement à la gorge.
- Tu veilleras sur...Le Prince, hum ?
- J'ai toujours veillé sur le Prince », me dit doucement Changbin.
J'hoche doucement la tête, les épaules basses et subitement beaucoup plus lourd. Sa proximité ou la fatigue d'avoir couru jusqu'ici pour voir Hyunjin s'enfuir, encore une fois. J'ai l'impression que je pourrai m'effondrer dans les bras du Commandant et comme s'il l'avait senti, sa poigne ferme et ses mains puissantes finissent par me tirer contre son torse pour m'envelopper d'une étreinte étouffante. Et il n'en fallait pas plus. Une longue expiration s'est échappée de mes lèvres alors que mon corps s'est mis à trembler, d'abord lentement puis de plus en plus fort. Pour finalement lâcher prise. Pleurer de tout mon soule contre ses épaules larges, me tenant au cuir de son uniforme.
« Je suis complètement paumé Changbin... Je ne veux pas partir. Je ne veux pas qu'il me déteste...Si seulement il comprenait que je fais ça pour lui, pour le sauver.
- Il le comprend. J'en suis sûr. Il ne t'en veut pas. Comme je n'ai jamais pu en vouloir à Chan d'être Roi. Il en veut au destin d'avoir fait de lui l'héritier d'Eivor Vagari et d'avoir fait de celui qu'il aime...La réincarnation de Zephilis. »
Je ravale ma salive. Même si ce n'est pas Hyunjin qui me le dit, j'ai la même sensation que si la déclaration était sortie de sa bouche. Une brusque et intense chaleur qui me fait autant de bien que de mal. J'aimerai l'entendre dire, parce qu'ici je pourrai lui répondre. Je pleure encore un peu, Changbin resserre sa prise attendant patiemment que mon sanglot se tarisse. Se contentant d'être présent sans en dire plus.
« C'est à croire que ça fait partie de la malédiction, je marmonne en me détachant un peu plus calme.
- Non. Pas la malédiction. C'est toi Felix. Tu lui as volé son premier baiser, c'était couru d'avance que ton air désinvolte allait s'ancrer dans son petit cœur. Je le connais bien, j'ai su immédiatement ce qui se passerait et j'ai été content de voir que j'avais raison. » Me sourit Changbin tendrement en essuyant mes larmes. « Hyunjin s'est toujours plus ou moins bridé sur ses sentiments, c'est ce qui le rend si irritable. Il croit toujours que quelqu'un ou quelque chose va finir par venir le chercher. Sa mère avait déjà cette peur profondément enracinée et depuis que Chan s'occupe de lui, elle a moins d'emprise mais on efface pas des années d'éducation à se méfier du monde de l'autre côté du rempart. Alors ta venue a un peu tout détruit sur ton passage, comme le boulet que tu es.
- Je vais le prendre comme un compliment.
Changbin me répond par un petit sourire mais le mien est encore trop timide. Je soupire alors.
- Vous ne serez pas séparé longtemps et puis tu n'es pas encore parti, il ne va pas pouvoir t'éviter pendant des jours, tu es son garde personnel après tout. »
J'acquiesce, reprenant mon souffle et essuyant les dernières traces de ma décharge émotionnelle. Changbin a raison, Hyunjin n'aurait pas le choix que de me faire face, tôt ou tard. Alors au lieu de courir, je vais attendre. Le temps qu'il faut.
Et du temps, il lui en a fallu.
Le soir même, alors que j'attendais devant ses quartier, Hyunjin est revenu au milieu de la nuit. Le visage rouge, ébouriffé, ayant a priori galopé jusqu'à l'épuisement pour revenir dans un état déplorable. Les vêtements sales et déchirés par endroit, comme s'il avait cavalé à travers une jungle et qu'il en était ressorti, griffé, avec des feuilles et des morceaux de brindilles dans les cheveux. A peine a-t-il levé les yeux sur moi qu'il s'est refermé aussi tôt, le regard noir. Il m'en veut. Aussi durement que lorsqu'il m'a rejeté sur le bateau alors que le Roi venait de lui annoncer que je prenais le poste de son garde personnel.
Il fulmine, il n'est pas calmé et tandis qu'il passe devant moi, que je reste perplexe, il s'enferme dans sa chambre. Je ne sais pas quoi faire, si je peux rentrer, si je dois attendre. Je me sens indécis, j'ai les mains moites et tandis que j'hésite, des femmes arrivent avec de l'eau chaude pour préparer son bain. Des hommes de chambres viennent de leur côté avec des vêtements propres.
La porte se referme à chaque fois, je ne vois que des brides, des instants où sont corps est tantôt dévêtu par les domestiques, tantôt il s'avance dans la bassine en cuivre pleine d'une eau parfumée. S'y glissant avant de disparaître à nouveau. Puis des cris, des domestiques s'excusent à voix basse et il les congédie d'une voix autoritaire à faire trembler les murs du château. Voyant les femmes déguerpir avec les serviteurs, je m'engouffre à leur suite et ne vois que le dos de Hyunjin dans son bain. Courbé.
La marque noire me semble encore plus grande que dans mes souvenirs pour ne l'avoir vu que dans la pénombre. A la lumière des bougies, elle me parait encore plus vivace. Peint même dans son corps, sa chair, comme une peau calcinée. Ses mains étaient agrippées à ses épaules tandis qu'il frémit
« Hyunjin...»
Ma voix arrête ses spasmes. Il ne se retourne pas pour autant. Je m'approche alors, non sans crainte qu'il me hurle dessus à mon tour. Il se recroqueville davantage, ses jambes remontent et son visage se cache entre ses genoux.
« Hyunjin », je l'appelle à nouveau.
Lentement je viens m'accroupir à ses côtés. Je n'ai jamais été aussi prêt de cette infâme dessin et j'ai presque l'impression qu'il s'en dégage une odeur putride. C'est à peine perceptible, presque halluciné et pourtant plus je la regarde, plus je la sens et plus elle me révulse. Son corps tremble à nouveau et ses ongles se plantent dans ses muscles. Derrière son rideau de cheveux noir, je ne le vois pas, je ne peux qu'entendre sa respiration courte, entrecoupée de gémissements qu'il tente de retenir.
J'aimerai tant pouvoir le soulager, effacer sa douleur, l'implorer de me pardonner, moi et mes anciennes vies. Lui demander de me regarder parce qu'il saurait ainsi, il pourrait peut-être comprendre. Lentement je pose alors ma main à l'endroit même de la sienne, espérant pouvoir apaiser au moins une seconde ce qui le ronge.
« Ne pars pas...,Il chuchote. Ne m'abandonne pas.»
Ma voix se coupe et mon cœur explose. Je n'ai plus le choix, et sans réfléchir mon corps bouge de lui-même, ne tenant plus ni la distance ni la mesure. Je plonge littéralement dans la baignoire, tout habillé. Sans me soucier une seconde du poids que prend brusquement mes vêtements, de l'eau qui s'infiltre, qui monte alors que je me glisse contre Hyunjin, relevant son visage qui est devenu blême de me voir me précipiter dans l'eau pour le prendre dans mes bras.
Je me mords la langue, étouffant un juron et profite de sa surprise qui écarte sa délicieuse mais si vicieuse bouche pour m'en emparer. J'inspire mon souffle pour voler le sien. Et le monde s'effondre à nouveau mais il pourrait bien brûler que je me m'en moque. Dans ces moments-là, le temps s'arrête et c'est tout ce que je souhaite, tout ce qui compte. Que le temps s'arrête et que je reste ici pour toujours, dans l'eau tiède, à glisser mes bras autour de son corps pour le soulever et l'aider à s'asseoir sur mes jambes, tandis que ses mains encore hésitantes il y a une seconde, se dépêchent maintenant de me défaire de la veste de mon uniforme. Puis ma chemise. Les jetant dans un bruit lourd et trempé d'eau sur le sol.
Je veux l'enfermer ici et m'enfermer avec lui. Oublier les cris de mon âme réincarnée, oublier la chaleur qui se dégage de sa peau pour me laisser emporter sous ses caresses, ses baiser. Je vais posséder cette langue, la faire mienne au moins pour cette nuit.
Quand il m'embrasse la joue, le menton et le cou. Lorsque ses doigts plongent dans mes cheveux, qu'il ondule son bassin contre le mien, je me perds complètement dans chacune de ses caresses, de ses murmures.
« Felix... »
Je frissonne, rien qu'à l'entendre susurrer contre mon oreille qu'il mordille avant de glisser ses longs doigts dans ma chevelure. Je presse les miens sur ses hanches, accompagnant ses mouvements lascifs, langoureux, je le lève un peu plus et tandis que ses mains redescendent contre mon torse dévoilé, rejoignant mon ventre immergé, il se heurte à nos entrejambes pressés l'une contre l'autre. Ma tête bascule sous la sensation sa main qui s'enroule, l'allonge. Ses cheveux retombent à nouveau devant son visage rougissant, essoufflé.
« Regarde-moi », je lui dis alors.
Son visage remonte, et je dévoile son regard. Ça me brûle les lèvres à mesure que je me perds dans ses perles noires, brillantes de terreur. J'ai envie de lui dire, de l'entendre me le dire.
« Je suis tout à toi Hyunjin... »
Puis le silence couvert des battements de nos cœurs, de clapotis de l'eau. Il devient si écarlate, incapable de répondre mais j'ai envie de sourire. Il ne m'a jamais paru si fragile, si sensible. Je m'approche alors pour déposer un baiser sur sa clavicule, tendre, puis un autre plus près de son épaule, et parsemant ainsi jusqu'à son cou.
Mes mains viennent le redresser et toucher l'arrondi de ses fesses, glisser sous le galbe pour mieux les attraper, les écarter.
Hyunjin siffle, sa tête penche, venant s'appuyer contre le coin de ma tempe.
« Felix. Ne t'arrête pas. Je te l'interdit. Si tu t'avise de me repousser encore...
- Non. Je ne le ferai plus. Je te le promets.
Le Prince laisse échapper un long râle, tandis que je palpe l'arrière de ses cuisses, puis son visage se fige, sa bouche s'écarte à nouveau et je le sens se courber. Il souffre, encore une fois.
- Fais-moi oublier, dit-il alors. Fais-moi oublier la douleur. »
Je déglutis, et je l'embrasse à nouveau avec avidité. J'encercle sa taille dans mes bras, ses cuisses se presse autour de mes hanches et tandis qu'il commence à onduler, je me sens perdre la tête.
« Hyun...jin...Ralenti ! »
Ses frottements se font plus intenses, la main sur ma nuque et l'autre mon épaule, il me maintient et j'ai du mal à reprendre le contrôle, sans parler de son corps qui serpente, qui se tend et je suis juste spectateur tandis que sa voix s'élève de plus en plus.
« Ah ! Oui...Felix...
- Hyun ! »
Je lui attrape les jambes ce qui l'oblige à se raccrocher à mes épaules avant de se sentir basculer en arrière, l'eau bouge par vague et sort de la baignoire sous les larges mouvements. Je passe sous ses genoux, il se tient aux bords tandis que ses cuisses remontent sur mes hanches. Ses yeux me transpercent et mon cœur palpite. Je bouillonne, il succombe et sa langue glisse sur ses lèvres et main sur son ventre tandis que d'un coup de rein je le remonte. Il se cambre, murmurant à nouveau mon prénom.
Le désir nous rend impatient, nous fait oublier les précautions, les préparations, nous nous précipitons mais c'est de la passion, de la folie charnelle et il ne ressent aucune douleur. Physique ou immatérielle et je me sens complet, apaisé comme je ne l'ai jamais été. Il se cambre alors que je me glisse contre lui, en lui. Il gémit, se tord. Sa main griffe mon buste, mes épaules, il me mord le cou et je lui embrasse la joue, le menton. Bientôt il n'y aura plus d'eau, bientôt elle sera froide au milieu de nos corps enchevêtrés. Bientôt, il fera jour.
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Olà !
Chapitre assez long au final, il devait être un peu plus court mais je voulais pas couper notre petite scène légèrement citronnée.
Et oui Felix va partir un petit moment et nous allons donc quitter Chan et Hyunjin, pas longtemps promis !
Par contre on va voir plus souvent Minho et Jisung 😀
A bientôt !
D.
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