VII. Le Maudit
A genoux, transpirant à grosses gouttes, j'ai du mal à ne pas me laisser simplement tomber dans l'herbe humide. Je relève la tête et vois Changbin planté son épée dans le sol terreux tout en réajustant ses bracelets de cuir au poignet. Il va s'asseoir sur une souche, attendant que je reprenne mon souffle tout en buvant à sa gourde.
« Tu n'es pas humain, je lui dis alors que je secoue la tête. Ça fait trois heures qu'on s'entraine et tu n'es même pas essoufflé.
- Je suis le Commandant de la Garde royal. Je m'entraine tous les jours depuis que je suis en âge de tenir une arme.
- C'est-à-dire ? Six ans ?
- N'exagère pas non plus. Huit ans. »
Je pouffe de rire et retombe sur mes fesses, penchant ma tête en arrière, les yeux fermés. Je souris béatement lorsque je sens un petit vent frais venir balayer par vagues les hautes herbes du pré que nous entoure et refroidir mes muscles échauffés.
« On devrait retourner au camp. Ils vont servir le repas. »
Je hoche la tête et me relève en couinant de douleur. Heureusement, Changbin n'est pas aussi moqueur que moi, au contraire, il est plutôt compatissant. Là où je l'aurai traité de vieillard, lui m'attend patiemment.
Au crépuscule du deuxième jour sur la route en direction de Mirin, je me réjouis à l'idée de bientôt pouvoir gagner le château. Un bon bain et un lit me ferait le plus grand bien. Si hier nous avons pu profiter d'une nuit à l'auberge, en tout cas pour les officiers et la famille royal, ce soir nous dormons à la belle étoile. Heureusement la météo est clémente, il faut doux pour la saison et Agora est située plus au Sud que Londinium, les chaleurs de l'été durent un peu plus longtemps mais se termineront de manière plus abrupte, pour laisser place au froid mordant.
Je déteste le froid, c'était en grande partie ce qui me faisait haïr Londinium. Les hivers sur l'île étaient glacials et les autonomes humides, la combinaison des deux était un enfer. Mes vêtements étaient toujours mouillés, ma peau gelée et j'ai bien failli perdre quelques orteils sur certains hivers trop rudes, sans savoir où j'irai dormir. Au moins, je me dis que cette année sera différente.
Alors que nous avançons dans la forêt pour retrouver le camp, je commence à sentir l'odeur de la nourriture cuite au feu de bois.
Pour ne pas être dérangé nous quittons toujours le groupe pour nous entrainer, de ce que j'ai pu comprendre, Changbin ne s'entraine que très peu devant ses soldats, même dans l'enceinte du Palais. Lorsque nous serons arrivés à la Capitale, j'aurai toujours mes entrainements particuliers avec le Commandant, en plus de ceux avec le régiment qui seront dirigés par les responsables d'unités. Je me suis toujours trouvé assez sociale mais je dois avouer que je crains un peu de me mêler aux autres soldats, non pas que je n'ai pas confiance en mes capacités, je sais que je ne vaux pas moins qu'un autre, je n'ai honte de rien, mais j'apprécie d'être seul avec le Commandant.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, avec ce que je sais de sa vie privée et ayant été capable de le faire entrer dans en mode Berserker, j'ai l'impression qu'il est plus facile pour lui d'être lui-même. Maintenant que je suis au courant, il n'a pas de raison de se cacher derrière sa figure d'autorité pour empêcher qu'on s'approche de trop près. Je me sens un peu privilégier, je le reconnais. Et bien sûr, ça me rend fier comme un paon.
« Tu fais de bons progrès », il finit par me dire me sortant de mes pensées.
Ça me surprend un peu mais j'en suis content.
Nos sessions m'ont permis de me rendre compte que la froideur apparente de Changbin n'est qu'une façade, ou une manière de se protéger. S'il n'a jamais été avare en compliment avec qui que ce soit, du moment que le travail est bon, il est le premier à le reconnaître et à nous féliciter, je le trouvais habituellement distant.
En réalité, sa personnalité est bien plus subtile. Je pense qu'il garde une certaine retenue du fait de son statut avec les autres, parce qu'il est le Commandant et qu'il doit imposer un respect incontestable, mais avec moi il laisse parfois entrevoir un caractère un peu plus taquin. Sans jamais laisser tomber son implacable stature, il se permet des traits d'humour assez inattendue, parfois à la limite du politiquement correct mais j'évite de lui faire remarquer, je tiens à ce que ça dure et je n'ai pas envie de le refroidir. Mais au moins j'ai pu moi aussi me laisser aller, même si je n'ai jamais vraiment réussi à tenir ma langue, au lieu de l'imaginer s'emporter, il répond par un petit sourire en coin et un œil pétillant d'indulgence complice. J'arriverai à lui arracher un fou rire, c'est mon nouveau défi personnel.
Dans tous les cas, que ça soit avec moi ou les autres, il n'a jamais été malveillant ou humiliant. Il est intransigeant mais il reconnait les efforts de chacun et préfère la récompense à la punition, ce qui est tout à son honneur et ne fait que renforcer l'estime que les gens lui portent. Je n'échappe pas à la règle, alors telle une groupie, je m'extasie de savoir qu'il est satisfait.
« J'ai un bon professeur, je lui dis tout sourire. Même si je sens encore la douleur des deux côtes cassées lors de notre premier duel.
- Ça t'a pas empêché de soulever la serveuse de l'auberge hier, je me trompe ?
Je manque de me prendre les pieds dans une racine. Comment il a su ? Qui m'a balancé ? C'est surement cette fouine de Hyunjin. Le Prince et lui sont plutôt proches, ça ne peut être que cette petite sa...
- Arrête un peu de faire cette tête, dit-il comme s'il avait deviné mes pensées. Tout le monde est au courant et tu ne peux t'en prendre qu'à toi, fallait pas t'en vanter. Un régiment militaire c'est une petite famille, tout finit par se savoir. »
Je le regarde dubitatif, un sourcil levé et il comprend à mon expression toute l'ironie de sa phrase. J'en ai pas reparlé avec lui, au risque de me faire péter les deux genoux et j'aime marcher, mais il ne semble pas réellement énervé que je le sous-entende. Il perd juste son air moqueur et redevient mortellement sérieux.
« Je peux te poser une question ? Je pousse ma chance en voyant une ouverture.
Il hésite mais je comprends à son silence qu'il ne me l'interdit pas.
« Entre vous... Ça veut dire quelque chose ou c'est juste comme ça ?
- Tu crois que je risquerai ma carrière, ma réputation et l'honneur de mon Roi pour quelque chose juste comme ça ? »
Je déglutis et baisse aussi tôt la tête. Il n'a pas été spécialement cinglant mais je pouvais sentir à chacun de ses mots le tranchant de son humeur. Je suis couillu pas suicidaire et j'ai vu une fois le Berserker, je n'ai pas forcément envie que cela recommence. Il est sans doute trop tôt pour les confidences, j'en ai conscience, alors je ne dis plus rien.
Puis après quelques secondes de silence, il soupire et s'arrête sur le chemin. Mains sur les hanches. Je peux voir tout le désarroi que provoque le conflit de ses sentiments : de la frustration, en passant par la colère mais aussi un peu de tristesse et le besoin d'évacuer.
« C'est compliqué, il finit par souffler en passant sa main dans sa crinière épaisse, découvrant son regard habituellement sombre d'une lueur plus mélancolique.
- J'imagine, je réponds avec sincérité.
J'aimerai lui dire qu'il peut me faire confiance mais je ne pense pas que cela suffise. Je me contente donc de le regarder, sans un mot.
- C'est... Tu ne le connais pas encore bien mais le Roi Christopher est particulier. Parce qu'il est Roi, oui, mais pas seulement... »
Changbin semble chercher ses mots. Ses yeux naviguent d'un point à l'autre, confus et soudainement fatigué.
« Il n'est jamais réellement lui-même. Devant ses sujets, sa famille, ses ennemis, ses amis... A chaque fois sous un masque différent. Depuis qu'il a accédé au trône, il est le Roi Christopher et ne cesse jamais de l'être. »
Sa voix se fait plus faible et ses épaules s'abaissent d'un poids qui pèse autant sur son corps que sur sa conscience. Je fais un léger pas dans sa direction, par instinct. Il soupire à nouveau, discrètement, avant de reprendre sa marche.
« Comme je l'ai dit...C'est compliqué. » Il termine finalement.
Je me mords les lèvres et le suit pour éviter de me retrouver distancé au milieu de cette végétation dense. J'imagine qu'il essaie de couper court à la conversation mais j'ai la sensation que la tension n'a pas quitter son corps légèrement courbé, et que ses pensées sont presque aussi bruyantes que nos pas écrasant les petites brindilles sous nos pieds.
« Le masque, tu penses qu'il en porte avec toi ? J'ose d'une petite voix.
Si j'ai craint une seconde qu'il me fusille du regard, il se contente de baisser un peu plus la tête, sans s'arrêter pour autant.
- Je crois qu'il ne sait plus, quand il n'en porte plus. Et moi... Avec le temps, j'ai peur de ne plus faire la différence, non plus. »
Nous commençons à voir les tentes du régiment et le camp, rapidement les voix et l'odeur du feu de bois nous parviennent plus fortement. Changbin s'arrête à nouveau, se tenant au tronc d'un arbre avant de planter son regard dans le mien. Il n'a pas besoin de le dire, il sait parfaitement que je n'en parlerai à personne. Pas parce qu'il pourrait littéralement me replier sur moi-même – ce qui serait une vraie prouesse acrobatique – mais parce qu'il sait que je n'en ferai rien de toute façon. Ce n'est pas mon style. Et si j'ai pu le cerner avec plus de clarté ces derniers jours en sa compagnie, je sais que lui aussi, a fini par comprendre ma façon d'être.
Je n'aurai jamais cru que ma première réelle relation de confiance parmi mes nouveaux camarades soit avec le Commandant en personne. Même j'adore les garçons, Jeongin et les autres, je me sens proche de Changbin d'une façon différente.
Ne dit-on pas que les meilleures amitiés peuvent parfois commencer de la pire des façons ?
Si c'est bien le cas, j'en connais un qui va devenir mon meilleur ami pour la vie.
Et quand on parle du loup, le Prince Hyunjin sort de sa tente en même temps que nous traversons l'allée centrale pour rejoindre l'espace où les repas sont servis. A nouveau ce regard de dégoût quand il pose les yeux sur ma personne et je roule automatiquement les miens, épuisé par son sale caractère, Changbin me regarde du coin de l'œil un petit sourire sur le bord des lèvres qu'il se cache bien de montrer devant les autres.
« Je suis sûr que vous allez finir par vous adorer, il me dit espiègle.
- Bien sûr et nous ferons des pyjamas party où je lui ferai des nattes pendant qu'il me racontera à quel point il trouve trop craquant le capitaine San et ses muscles d'acier, je minaude exagérément. »
Changbin lève un sourcil avant d'étouffer son rire dans sa main. Cette expression aura au moins le don de faire tourner les regards sur nous, avant que le Commandant ne reprenne son sérieux, secouant la tête de droite à gauche.
« Tu sais, moi aussi je me disputais souvent avec Cha...Avec le Roi, dit-il en se râclant la gorge.
- Ouais. Bah le jour où ça arrivera, je te t'autorise à me faire bouffer de la pelouse, par palette.
- C'est pas déjà ce que je fais à tous nos entrainements ?
- Eeeeh », je grimace comme un enfant.
Il n'a pas tort cela dit, et c'est bien pour ça qu'aucun mot intelligible ne franchi ma divine bouche à la langue bien pendue.Au lieu de quoi je préfère me taire tandis que j'observe rapidement le dos du Prince, à quelques pas devant nous.
Quelle injustice. Même des jours à voyager, d'abord sur bateau, maintenant sur les terres humides, il garde une prestance naturelle qui ne laisse pas indifférent. Ses habits plus informels et plus larges n'arrivent pas à faire disparaître son aura royale. A croire que le pognon ça change la génétique, et que contrairement à ce que raconte les fables, la beauté intérieure c'est du flan.
Et alors que je peste dans ma tête sur la destinée dorée du Prince, je le vois parfois se masser les trapèzes et rouler la nuque. Visiblement la traversée commence à peser, même chez Hyunjin, le fait qu'il préfère chevaucher plutôt que le confort, somme toute, relatif de la calèche, doit y être pour quelque chose. Il aura tenu plus longtemps que je n'aurai imaginé. Je dois au moins lui reconnaître ça.
« Ceci étant dit, reprend Changbin alors que nous arrivons à destination. Pourquoi San et ses, je cite, « muscles d'acier » ?
- Jaloux ? T'aurais préféré que je dise qu'il bave sur les tiens ? Mais ça serait pas un peu abusé que tu te tapes toute la famille royale ? Laisses en pour les autres !
Changbin se rapproche, regardant autour de lui, craignant qu'on m'entende et claque la langue d'un air réprobateur.
- Moi au moins, je m'en tape un.
- Oh ! Commandant ! Comment osez vous ! » Je m'exclame faussement outré.
Changbin me pousse discrètement d'un coup d'épaule avant de s'éloigner.
Je souris, amusé malgré moi de découvrir chaque fois un peu plus le caractère espiègle du Commandant, qu'il ne s'autorise à montrer que lorsque nous sommes tous les deux. Certainement que d'autres officiers ont ce privilège mais je suis content d'en faire partie
Je regarde les soldats qui se sont tous assis à même le sol, sur des petites caisses ou encore sur des pierres, mangeant la mixture préparée par le proposé à la nourriture. L'odeur ne m'inspire pas tellement confiance mais je vois au regard sévère de Changbin que je ne peux pas me permettre de rater un repas, les entrainements risqueraient d'en pâtir. A contre cœur, je prends un petit bol et je vais me servir dans l'immense marmite qui crépite sur le feu.
En revenant avec mon auge vers mes amis habituels, il me regarde tous faire une grimace peu convaincu en observant la surface brune de la masse mi-liquide mi-solide qui remplit mon bol.
« On dirait que c'est toi qui vas te faire manger, se moque Yeonjun en voyant ma tête.
- Franchement, je me le demande. Il y a des restes humains là-dedans ou quoi ?
- Ferme les yeux. Tu n'auras qu'à te dire que c'est du poulet. Essaie de relativiser Jeongin.
- Où t'as vu qu'un poulet ça avait cette gueule ? Je sais pas ce que vous appelez poulet à Agora mais à Londinium, c'est un type de volaille. Là, j'ai l'impression qu'il y a le fruit d'un rapport non désiré entre une pieuvre et un castor.
- S'il te plaît, je vais gerber », soupire Jake en prenant une bouchée et pas de gaité de cœur.
Je me gave essentiellement de pain, essayant de faire mine de prendre ce que j'apparente à des pommes de terre pour ne pas me faire tirer les oreilles par mon maître d'armes. Une fois terminée, Jeongin soupire et se lève en premier pour partir aider la garnison à ranger le reste des vivres dans les charrettes – soit pas grand-chose vue le ragoût douteux qui nous a été servi – mais c'est toujours ça de moins à ranger quand nous partirons à l'aube.
La nuit tombe rapidement en ce début d'automne, il ne reste bientôt plus que les petites torches qui jonchent les allées entre les tentes et permettent la circulation, ainsi que le feu sous la marmite qui perd peu à peu de sa force.
« Ca vous dit d'aller à la rivière ? Un brin de toilette ne ferait pas de mal avant la journée la plus longue, propose Yeonjun en s'étirant.
- Demain on a huit heures non-stop, me dit Jake pour répondre à mon interrogation silencieuse. On peut pas trop trainer parce qu'on passe à côté de la forêt des Quatre Cent Dieux. On préfère ne pas traîner et éviter de longer la forêt pendant la nuit.
- On a toujours des surprises quand ça arrive, ponctue Yeonjun tout à fait sérieusement. »
Beomgyu se lève déjà pour aller récupérer du linge et nous l'imitons tous. Wooyoung me prête à nouveau un change et je remarque en sortant de ma tente que Jeongin nous a rejoint. Nous partons souriant jusqu'à la rivière, d'ailleurs nous ne sommes pas les seuls à y avoir pensé, une dizaine de soldat se baigne déjà sur le bord, certains chahutent au clair de Lune. L'eau est évidemment froide mais on ne va pas faire la fine bouche, je retire mes derniers vêtements comme les autres et je rentre dans l'eau, me languissant des sources chaudes des Trois Ours. A cette pensée, je me rends compte que je n'avais pas resongé à Eileen depuis mon départ, cette constatation me rend subitement un peu plus morose et déjà je n'écoute plus les railleries des autres qui rient de Jeongin et sa phobie des anguilles.
Je me bascule sur le dos et flotte à la surface, le regard rivé sur le ciel. Coupé du monde, je me demande ce que fait la belle brune à Londinium, j'imagine qu'elle est à l'accueil de l'auberge, comme tous les soirs. Qu'elle regarde par instant la porte d'entrer, comme si elle s'attendait à me voir débouler pour lui demander un énième service. Qu'elle est un peu déçue de se dire que finalement, ça n'arrivera plus jamais.
Je sens brusquement l'eau s'agiter à côté de moi, je me redresse et je remarque des acclamations encore plus forte alors que Changbin, Wooyoung et San arrivent en même temps. Le troisième enlève ses vêtements sous les sifflements du régiment qui taquine leur Capitaine. Je souris en voyant San nous faire une démonstration de danse sensuelle sous les cris hystériques. Il joue le jeu, c'est amusant. Jake le siffle sans vergogne et soudainement Wooyoung lui saute dessus avec sa serviette alors qu'il s'apprêtait à descendre son sous-vêtement.
« Hé ! Bande de pervers ! Ca suffit maintenant ! C'est votre Capitaine un peu de tenue !
- Ouh il est jaloux, s'exclame l'un des soldats.
- Pourquoi je serai jaloux ? Tout ça c'est à moi ! »
Pour appuyer ses dires Wooyoung le serre encore plus dans ses bras, ce qui n'est pas évident quand on voit l'envergure du type, San est bien plus grand et plus large mais ce dernier a le sourire d'un enfant plein de fierté. Ce qui ne manque pas de lui donner un charme. Il se tourne vers l'archer et lui embrasse le haut de la tempe d'un claquement sonore ce qui fait à nouveau siffler les autres. Je penche la tête sur le côté, intrigué et même si jusque là je n'ai pas hésité à rire, en pensant qu'il ne s'agissait que d'une blague, je me rends compte que je suis peut-être passé à côté d'un truc.
« Ils sont ? Je demande à Jeongin sans finir ma phrase.
- En couple ? Oui, le Capitaine Wooyoung et le Capitaine San sont ensemble depuis plusieurs années maintenant. Je ne me souviens même pas les avoir déjà vu autrement », songe Jeongin sérieusement.
Mes lèvres forment un « o » de surprise et en même temps j'acquiesce silencieusement. Qu'on soit clair, les relations entre hommes ne m'ont jamais dérangé, ça serait gonflé de ma part même, mais plus on monte dans les sphères sociales et plus les relations de mêmes sexes sont jugées sans intérêts légitimes. Tout au plus, les nobles ou autre titre, ont des amants mais le mariage se scelle entre un homme et une femme, puisque c'est le seul moyen d'avoir un héritier de sang. Il est donc rare d'assumer une vraie relation entre deux personnes du même sexe. Peut-être que la culture à Agora est différente. Je me pense alors à Changbin, à quelques pas de ses officiers qui retire sa tenue militaire et qui peu à peu se défait des épais tissus de cuire. Brusquement je le vois sursauter alors qu'une main se pose sur son épaule, à ses côtés la silhouette du Roi qui fait presque taire l'ensemble des soldats survoltés.
« Majesté, arrive à articuler Changbin.
- Quelle bonne idée, un bain me ferait aussi le plus grand bien.
- Majesté, si vous voulez un bain, je peux m'occuper de vous faire chauffer de l'eau et de vous en préparer un dans votre tente, se précipite un des soldats, visiblement chargé de ce genre de tâche.
- Non ne t'inquiète pas, la rivière fera l'affaire et puis l'eau fraîche me fera du bien. »
Le Roi Christopher se déshabille sous beaucoup moins d'exclamations hystériques, c'est presque respectueusement que les officiers s'écartent sur son passage. Je me sens moi-même particulièrement troublé. Je recule dans l'eau, plongeant le bas de mon visage alors que je le regarde descendre, frissonner et que je perçois la lueur dans les yeux de Changbin, toujours resté en retrait.
Quelle torture ce doit être, de voir l'objet de ses désirs nu se pavaner devant soi, sans pouvoir le toucher comme il aimerait. J'en ai le cœur qui se serre. Je continue de m'écarter quand le Roi m'aperçois et étire un grand sourire ravi.
« Alors Felix ! M'interpelle le souverain après avoir plongé et ébouriffé ses cheveux sombres. Comment se passe cette garde ?
Je mets une seconde à comprendre et je secoue la tête, ne sachant plus trop où regarder alors que je sais qu'il est totalement nu, tout près.
« B-bien.
- Je suis content alors. Et ton entrainement ?
- Il est doué, intervient Changbin en s'approchant à son tour.
Ses larges épaules sortent toujours de l'eau, au niveau du torse du Roi qui lui sourit à son tour, bien plus tendrement. Toutes ces différences subtiles, je dois être le seul à les percevoir.
- J'ai un excellent professeur, je complimente à mon tour. Le Commandant est aussi très patient et ça m'aide beaucoup. J'ai quand même encore beaucoup à apprendre.
- Ne te sous-estime pas, se tourne à nouveau Christopher. Si Changbin nous dit que tu es doué, c'est ce que tu dois être plus que ça. J'ai eu de l'instinct, quand je t'ai forcé à venir avec nous.
Je rougis à cette pensée, baissant légèrement la tête.
- Je n'ai pas..., je m'interromps, j'avais fait mon choix.
Un choix qui n'en était pas un et pourtant, je n'ai pas senti une si grande pression, comme s'il était certain que j'allais accepter, pas par peur de mourir mais parce que je voulais savoir. Et nous devions être les seuls, à le comprendre. Le Roi me regarde avec la même complicité muette, puis finalement il regarde sur sa droite, l'herboriste.
« Beomgyu, il faudrait que tu ailles voir le Prince Hyunjin s'il te plaît.
- Oh, c'est...
Le Roi ne dit rien mais j'imagine que l'herboriste comprend à son regard sans avoir besoin d'aller plus loin. Il s'incline simplement et ressort de l'eau. Les autres n'ont pas l'air plus surpris.
« Ne restez pas trop longtemps dans l'eau froide, cela pourrait vous engourdir et ça serait dommage de devoir vous laisser sur place, sourit le Roi à chacun de nous puis s'écarte après un petit signe de tête.
Changbin nous regarde et le suit, comme à l'accoutumer.
- Il a raison, on devrait sortir », dit alors Jeongin.
Nous affirmons tous, je commence de toute façon à trembler et puis, je ne peux m'empêcher de regarder Bemogyu se précipiter vers le camp, une pointe de curiosité qui me pique au vif. Le Prince a fait appeler l'herboriste, sans doute que ses courbatures d'avoir trop cavalé commence à le déranger, enfin c'est ce que j'imagine mais j'ai la sensation qu'il y a autre chose.
L'air frais sur mes cheveux me glace la peau, j'ai hâte de retrouver mes couvertures et de prendre un peu de repos avant le lever du jour, j'avance d'un pas rapide et entrant dans la tente je sens Jeongin me tirer une mèche de cheveux sur la nuque et me faire frissonner.
« C'est bleu, il me dit. Tu as des cheveux bleus ?
- Hein ? Oui. Je te l'avais déjà dit, non ?
- Tu m'as dit que c'était une teinture mais j'ai l'impression que c'est plutôt bien fixé. Comment tu as fait ça ?
- C'est pas une teinture, je dis alors. C'est ma couleur naturelle.
Je prépare ma paillasse et me dépêche de sauter sous les tissus.
- Comment c'est possible ? Il me demande plus intrigué que jamais.
- J'en sais rien. Un sortilège peut-être ? J'ai peu de souvenir de mon enfance, tout est possible.
- Tu sais, chez nous les cheveux bleus c'est une véritable signification.
- Laquelle ? Je baille de tout mon saoule.
- Le Geai Bleu.
- Encore cette histoire, je soupire.
- Je suis sérieux Felix, c'est le signe que tu as croisé ou que tu vas croiser un Mage du Geai Bleu. C'est ce qui explique qu'on a plus aucune personne avec des cheveux bleus naturellement depuis plus de deux siècles.
- C'est ridicule. Bon nombre d'habitant de Londinium utilisent des parchemins vendus par des mages pour colorer leurs cheveux avec un sortilège, ce n'est pas si inédit tu sais. J'en ai vu d'autres comme moi.
- Vraiment ? » Lève un sourcil Jeongin, septique et étrangement inquiet.
Ils ont vraiment un truc avec ces Mages. J'ai bien compris qu'ils terrorisaient tout le monde, Eileen m'en parlait déjà souvent mais de là à trouver de la superstition dans chaque petite chose qui rappelle leur peuple, c'est un peu ridicule. Je ne pensais pas que des gens aussi terre à terre que des militaires puissent autant s'inquiéter de détails insignifiants.
« Je te le dis. C'est rien.
- Et ton tatouage alors ? »
Je me fige brusquement. Je pensais pourtant bien l'avoir caché, même lorsque j'étais à la rivière je n'ai pas quitté le bandage que je prends soin de poser tous les jours depuis que je suis monté sur ce navire. La seule fois où je l'ai retiré, c'est quand Beomgyu a dû me soigner après ma défaite face au Berserker.
« Il ressemble à celui du Roi.
Je me lève soudainement.
- Tu sais quelque chose ? Sur le tatouage du Roi ? »
Je me montre bien plus intéressé que je ne le voudrais mais jusqu'à maintenant, j'ai bien compris que le Roi Christopher évitait le sujet, je ne voulais pas le remettre sur le tapis avant d'avoir atteint Mirin. Si Jeongin sait quelque chose, j'ai besoin de le savoir à en juger par son regard, je vois bien qu'il hésite à me le dire mais après une seconde, il finit par reprendre.
« Felix, le Roi est un Mage des Quatre Cent Dieux,
- P-pardon ? Tu veux dire que la légende...
- Non. Pas le Geai Bleu mais simplement du peuple de la forêt des Quatre Cent Dieux. La famille Bang est une famille qui trouve ses origines dans ce peuple, et le Geai Bleu est un symbole qu'ils avaient marqué sur leur peau, sans doute en lien avec les puissants Mages du Geai Bleu qui avaient un jour vécu parmi eux. C'est vrai qu'ils avaient tous les cinq un tatouage mais on raconte qu'il était spécial.
- Et celui du Roi ?
- Je ne sais pas. »
Le peuple de la forêt des Quatre Cent Dieux...Alors, c'est peut-être ça, mon passé. Je déglutis, sentant mon cœur battre à tout rompre et mon esprit s'égarer dans d'innombrables pensées et évènements, mes souvenirs plus ou moins flous. Voyant mon regard devenir livide et ma respiration un peu plus rapide, Jeongin se penche vers moi, inquiet.
« Ce peuple, il est toujours dans la forêt ? » Je lui demande aussi tôt ne le laissant pas parler.
Il fronce les sourcils, il doit comprendre ce que je cherche et que c'est pour cela, que cela lui coûte autant de me répondre. Il s'assoit sur le bord de ma paillasse, reprenant d'un ton plus calme.
« Ils sont tous mort, il avoue gravement. L'Empereur Eivor les a tous fait tuer, il y a longtemps. Nos livres d'histoire nous disent quand il a condamné les Mages du Geai Bleu, il a condamné tout le peuple des Quatre Cent Dieux. Ils ont été exterminés, jusqu'au dernier. »
Je devrais m'en trouver simplement déçu et pourtant c'est pire que ça, je me sens, vide. Comme si on avait arraché une page de mon histoire personnelle, alors que je ne suis sûr de rien, que ce n'est qu'une supposition mais elle faisait sens, elle a résonné immédiatement en moi comme une évidence et elle répondait à tellement d'interrogations à la fois. Je sens tout mon corps se ratatiner et Jeongin continue de me fixer avec compassion.
« Si tu es toi aussi un descendant de ce peuple, Seungmin pourra peut-être t'aider.
- Que peut faire votre Mage ?
- C'est pas un simple Mage, c'est un Erudit. Il pourra t'aider à savoir qui tu es. Il pourra peut-être retrouver ce qu'il s'est passé en sondant tes souvenirs.
- Il en est capable ?
- Bien sûr. Ce n'est pas la première fois qu'il le fait tu sais, il l'a fait pour le Prince aussi.
- Le Prince ? Je fronce les sourcils. Pourquoi faire ?
- Je ne sais pas trop. Je sais qu'il va souvent voir Seungmin et même Beomgyu. Il a une santé fragile et je crois que c'est spirituel. On est pas trop autorisé à en parler, c'est un tabou chez nous. En tant qu'héritier, il doit montrer qu'il n'a aucune défaillance. Le peuple n'en a même aucune idée. En tant que soldat on est un peu plus au courant mais même comme ça, on ne peut rien dire. Même entre nous alors s'il te plaît, n'en parle pas.
- Je suis son garde personnel, j'allais de toute façon m'en rendre compte, tôt ou tard.
- Je sais, c'est pour ça que je te le dis maintenant. »
Je comprend alors. Je hoche la tête, revoyant toutes ses fois où le Prince semblait fatigué, quand il s'est massé les trapèzes mais aussi quand le Roi est venu quérir Beomgyu. Je me sens un peu concerné, en tant que garde personnel j'aurai aimé être au courant mais Hyunjin ne me parle que pour m'envoyer chier, alors bon, peu de chance d'avoir une information de ce côté-là. D'un autre côté, l'annonce de sa santé fragile ne suffit pas à effacer mon sentiment de frustration. J'ai une piste, une réponse possible à mon existence étrange et pour le moment, je ne sais pas si j'en saurai plus un jour. Est-ce que le Roi serait au courant ? Il s'intéressait à mon tatouage, il l'a vu et il a bougé, j'en suis sûr. Est-ce que cela peut avoir un rapport avec ce peuple mystérieux ? Et si c'était le cas, comment je pourrai en apprendre plus s'ils sont tous morts ?
« En tout cas, sourit Jeongin me faisant sortir de mes pensées. Ne baisse pas les bras, Seungmin pourra t'aider à y voir plus clair, j'en suis sûr. Et puis, on garde pour nous cette coloration. Tu n'auras effectivement qu'à dire que c'est un sortilège.
Je le remercie d'un petit sourire, et tandis qu'il quitte enfin mon lit pour aller sur le sien, se déshabillant à son tour, je souffle :
- Merci Innie. »
Le jeune soldat sourit au surnom puis se couche avant d'éteindre la lampe à huile.
***
Comme bon nombre des nuits de mon existence, je fais face à une énième insomnie. Sauf que cette fois, mon esprit est complètement surchargé de questions diverses et variées. Tellement d'éléments m'échappent tout en étant presque à porter de mains, que j'en ai le cerveau en ébullition.
Après des heures interminables où je soupire de lassitude, ne réussissant pas à faire cesser ce flot continue de pensées, je me décide à me relever. Je fais le choix d'aller me promener et mes pas me dirigent instinctivement vers la rivière que nous avons quittée plus tôt.
Sur la rive, la cime des arbres est moins dense, je peux voir la clarté de la Lune qui se reflète sur la surface plutôt calme, les ombres sont moins sombres et rapidement j'ai une sensation d'apaisement. J'expire, laissant mon corps s'affaisser lentement, mes épaules lâcher cette pression qui me comprimait la poitrine jusque-là, quand j'entends un mouvement dans l'eau. J'ouvre soudainement les yeux, je me dis qu'un animal est peut-être dans les parages. Je regarde autour de moi, puis je sonde les bords de la rivière avant de m'apercevoir qu'il y a une silhouette près de l'autre rive. Un autre mouvement me confirme qu'il s'agit d'un homme, il semble nagé.
Je recule pour éviter d'être vu et je m'approche du tronc d'un arbre, à l'ombre de ses feuilles. J'ai oublié mon épée dans ma tente, ce n'est pas très malin, mais il n'a pas l'air hostile, il ne fait que nager. J'essaie de voir si je peux apercevoir ses vêtements quelques parts, peut-être m'assuré d'un écusson et s'il s'agit d'un membre de l'armée, je n'aurai qu'à partir sur la pointe des pieds, si en revanche il s'agit d'un intru, il me faudra peut-être réveillé Changbin.
« Sss... »
Un gémissement me parvient. Cette voix. Elle me dit quelque chose. Je plisse les yeux et je m'approche, toujours en restant caché dans les fourrés. Il se redresse, je ne peux voir que son dos et même comme ça, je ne le distingue pas tellement. Il s'avance doucement dans l'eau et peu à peu, il se découvre aux rayons de la Lune, sa peau blanche, ses cheveux noirs mi-longs qui collent à sa nuque. Sa main malaxe le haut de son épaule.
Le Prince.
J'écarquille les yeux, le Prince Hyunjin siffle à nouveau entre ses dents alors qu'il se plaint de maux de dos et quand ce dernier glisse à son tour à la lumière, je sens mon cœur s'arrêter.
Une immense trace sombre prend une bonne partie de ses muscles dorsaux, une trace gravée dans la peau, pas comme un simple tatouage, une trace, une tâche qui se meut presque sous mes yeux ébahis. Un serpent. Un crâne. Et je l'entends presque couiner de son cri horrifique étouffé, comme s'il se manifestait au tréfond de mon esprit capté par la marque.
Une marque maudite.
« Qui est là ? »
Je me fige. Il se retourne le regard noir et se lève hors de la surface, laissant sans aucune pudeur sa nudité se découvrir alors qu'il attrape son épée laisser au sol. Il la tire de son fourreau et s'avance dans ma direction. Je reste néanmoins caché, je bloque ma respiration alors qu'une petite voix me dit de simplement sortir, de prétexter de devoir le suivre pour sa sécurité et non de l'épier comme je fais, comme un vieux pervers. Mais est-ce que Hyunjin m'a déjà cru un jour depuis que nous nous sommes rencontrés ?
Il continue d'avancer, son corps d'éphèbe ruisselant. En d'autre circonstances, je l'aurai trouvé hypnotique, et si à cet instant j'espère disparaître, je ne peux m'empêcher de le trouver presque immortel sous les lueurs de la Lune. Comme un demi-dieu sorti des abysses. Ses cheveux noirs et fin qui gouttent sur sa nuque, ses muscles tendus. J'en perds presque la notion de la réalité et son envie de meurtre qui transparait sous son regard affuté.
« Sors de ta cachette. »
Je cligne plusieurs fois des yeux puis je me décide enfin à me relever. Il va finir par me trouver de toute façon, autant éviter de me faire embrocher pour rien. Mon mouvement le fait se retourner, épée tendue et dès qu'il me reconnait, je vois son visage passé de la colère, à la surprise, pour finir sur l'effroi.
« Que...
- Je ne voulais pas vous espionner. J'étais là pour prendre l'air et je vous ai vu...Désolé, je décide d'avouer, mains levées en signe de reddition.
- Tu...Tu..., il bégaye. Tu...Tu as vu...»
Je penche la tête. Puis soudainement il recule mais quand il comprend qu'il va me tourner le dos et me montrer sa marque, il préfère baisser la tête et partir à reculons, passant sa main sur son épaule alors que son visage s'empourpre, que sa respiration devient saccadée.
Plus que furieux, il semble terrorisé et je me sens aussi tôt coupable.
« Votre Altesse, je souffle inquiet malgré moi. Tout va bien.
- Va t'en.
- Attendez, vous ne devriez pas...
- AH ! »
Ne voyant pas où il se dirige, il ne fait pas attention et trébuche sur je ne sais quelle végétation, je me précipite alors par instinct et si je pensais pouvoir le retenir contre moi pour éviter qu'il ne se fasse mal, nous tombons tout simplement tout les deux dans l'eau glacial.
La douche froide et foudroyante me fait presque crier de stupeur, le Prince toussote à son tour, secouant les cheveux.
« Est-ce que ça va ? » Je demande en essayant de respirer normalement.
Tout à l'heure j'avais encore le corps échauffé de l'entrainement, cette fois je suis non seulement habillé mais pas du tout préparer à me baigner dans une eau à dix degrés. Je sens presque le sang quitter mon visage pour chauffer le reste de mes organes et m'éviter l'hypothermie.
« Votre Altesse ? Je l'appelle à nouveau alors qu'il finit enfin de recracher l'eau qu'il a bu par mégarde.
- Ca va ! » Il crie finalement.
Cette fois il est furieux.
« Ca va... », il répète plus calme mais c'est illusoire, il bouillonne littéralement.
Il se tourne vers moi, mordant sa lèvre inférieure avec une rage contenue comme si j'avais insulté toute sa famille, j'ai l'impression qu'il se sent humilié et je me retrouve totalement dépourvu de la moindre répartie, incapable d'aligner un mot.
« Que fais-tu là ?! Nom de Dieu c'est pas possible ! Tu...Tu ne fais que me gâcher la vie chaque jour un peu plus ! Bordel !
- Altesse...Je suis désolé.
- Arrête de t'excuser ! Je ne veux pas de toi, tu n'as pas compris ?! Ni toi ni personne ! Je n'ai pas besoin qu'on me protège ! Je suis déjà mort de toute façon ! »
Sa voix s'étrangle alors brusquement dans sa gorge. Il a craqué. Ses lèvres tremblent et j'ai l'impression qu'on m'a mis une véritable claque. Je tente de m'avancer mais il recule soudainement et s'en va pour sortir de l'eau, s'enfuir le plus loin possible de moi et ma tête d'ahuri.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
◯
○
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Alors est-ce que vous avez saisi qui est Hyunjin...Avec les Interludes, vous devriez.
Un indice, il n'a pas de lien de sang avec Chan et vous allez le découvrir très bientôt.
Et pour ce qui est de Chan d'ailleurs, il est issu du peuple de la forêt et la théorie se confirme...Le retour des Mages à venir ?
Aaah j'aime toujours autant me plonger dans cette histoire 😀
A bientôt mes choux à la crême !
D.
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