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VI. Le Gardien 🍋(⚤)





Après une semaine sur le navire, une petite tempête et des blessures presque guéries, nous arrivions enfin au Port d'Agora. La simple vue au loin du Port me laissait sans voix. A lui seul, il faisait la taille de Londinium. Je ne pouvais imaginer la taille de Mirin.

Le navire était l'un des plus grands amarré et à peine nous jetions l'encre que déjà une foule de personne se tenait sur les quais, criant, et courant dans tous les sens. La masse militaire qui descendait en premier se noyait dans la population, des marins qui transportaient les caisses et qui reprenaient la mer. C'était une mêlée dense et je préférais ne pas quitter mes nouveaux camarades d'une semelle, si je me perdais ici, je sais pas du tout comment je pourrai rentrer.

" Tu dois rejoindre le Prince, me dit Jeongin. A partir de maintenant, tu es son garde personnel"

J'avais oublié cette histoire. Je fais une petite moue mais je me résigne. Je regarde autour de moi et décide de rejoindre Changbin qui est resté près du ponton pour l'arrivée des membres de la famille royal qui descendent bien évidemment en dernier.

Les autres militaires s'affairent déjà dans tous les sens, je vois de l'autre côté sur le chemin le convoi de calèches en attente avec des chevaux pour les soldats. Une charrette pleine de caisses à l'arrière chargée par l'équipage dans une synchronisation parfaite.

"Concentre-toi, chuchote le Commandant. Dès que le Prince touche le pied au sol, je ne veux plus que tu le quittes des yeux, c'est clair ?"

J'affirme d'un signe de tête. Je regarde à ma ceinture les deux épées que le Commandant m'a donné quelques jours plus tôt.

" Tu es ambidextre," il m'avait dit pour mon premier entrainement il y a quelques jours sur le bateau. "Alors tu auras deux épée courtes. Je suis sûr que ça sera parfait pour toi."

Ce premier entrainement, je m'y étais rendu à reculons, je ne lui avais pas reparlé depuis notre duel et en allant sur le pont, au plus à l'avant du navire, le Commandant m'attendait, en tenue. Je pensais qu'il allait se venger, même un peu, en étant volontairement dur mais ce ne fut pas le cas. Dur il l'était mais je n'avais pas senti d'intention particulière, rien qui ne pouvait me laisser penser qu'il voulait me faire payer ma bassesse lors de notre combat.

Mes premiers entrainements étaient chargés, physiquement.

" Tu as une sale condition physique, il va falloir changer ça. On va essayer de garder ton agilité comme un atout dans ton programme mais il faut à tout prix que tu muscles ton dos et tes cuisses. Je pense que tu seras un bon combattant même au corps à corps, pour ça il faut te rendre plus dense. Pas nécessairement plus lourd."

Des exercices de musculations, d'endurance, toute la journée en plein cagnard et à moitié assommé par mon mal de mer mais je tenais le coup, parce que j'étais une tête de mule et je ne voulais lui donner la chance de dire qu'il avait eu raison de me trouver faible ou indigne de la confiance qui me portait le Roi.
C'était étrange, mais je crois que c'était ce qui me motivait le plus. La confiance du Roi Christopher. Plus le temps passait et plus je sentais que je l'estimais chaque jour un peu plus. Je voyais ses interactions avec ses soldats, ses officiers mais aussi avec son frère, le regard doux qu'il portait sur chacun d'eux comme s'il voulait tous les protéger. C'était admirable et je n'étais pas assez insensible pour fermer les yeux sur une telle beauté d'âme, surtout de la part d'un monarque. Peut-être étais je un peu naïf ? Si c'était le cas, alors nous l'étions tous.

Et puis il y avait le Prince. Hyunjin et sa colère noire qui m'observait de loin m'entrainer et qui rageait littéralement de voir qu'on m'intégrait définitivement dans sa garde. Le faire pester, c'était la cerise sur la gâteau. Un vrai spectacle et je ne m'en lassais pas. C'était mon côté casse burnes et avec le Prince, il était exacerbé.

La veille donc notre arrivée au port, Changbin accepta de me confier deux sabre agoriens à simple tranchant. La garde ronde et tressée de manière traditionnel par des fils de soie bleu rappelait celle qu'il portait lui-même.

" Je te les donne.

- Quoi ? J'étais perplexe.

- Considère ça comme une validation officielle de ton statut de garde royal. A partir de maintenant, tu ne réponds de tes faits qu'à ma personne ou au Roi. Personne d'autre, tu m'as compris ?"

Je hochais vivement la tête. Etrangement, je me sentais reconnaissant. Je m'étais attendu tous les jours à ce qu'il se montrât sous son vrai visage, qu'il me rit au nez et qu'il se vengeât définitivement mais il n'en fut rien. Parfaitement professionnel et bon professeur, il était resté digne comme laissait à penser sa réputation d'homme d'honneur. Tout comme le Roi, il gagnait aussi en estime à mes yeux, je continuais de le craindre un peu – carrément beaucoup – mais je me sentais réellement comme un de ses soldats. Je sentais son propre respect à mon égard et cela changeait complètement mon rapport à cette nouvelle vie. A mon nouvel entourage.

« Ton entrainement est loin d'être terminé, alors n'imagine pas que tu as réussi à passer une quelconque épreuve. On n'arrête jamais de se perfectionner et puis tu as encore tout à apprendre sur l'art militaire, notre histoire, l'architecture du château, le dialecte agorien.

- Le dialecte agorien ?

- Le langage qu'on utilise entre officiers. C'est une vieille langue qui nous permet de communiquer secrètement, lorsque c'est nécessaire.

- J'ai toujours rêvé d'apprendre une autre langue, je lui dis d'un air sarcastique.

- Ravi de contribuer au but de ton existence, il répondait sur le même ton. Enfin, dernière chose... 

Il s'était approché de moi à pas lent, les mains sur les hanches et soudainement son regard se fit plus noir que jamais, ses pupilles brillaient du même éclat de fauve que lors de sa perte de conscience dans notre duel.

- Si tu parles à quiconque de ce que tu as vu, entendu cette nuit là...Je t'arrache la gorge à mains nues et je te donne à bouffer à nos lions de compagnie.

Je sentis un courant glacial me traverser jusqu'à me faire trembler. Sa voix était grave, emprunte d'un sérieux qui n'attendait aucune réponse, quelle qu'elle soit. Je ravalais ma salive et finalement, parce que j'étais un petit crétin arrogant, je lui dis d'une petite voix :

- Des lions de compagnie ? C'est pas un peu cliché ? »

Et si je n'étais pas encore la personne la plus digne de confiance à ses yeux, j'avais au moins réussi à lui arracher un petit sourire.

Avait-il au moins compris que je n'en parlerai jamais, tout simplement car leur histoire me semblait surréaliste et que personne ne me croirait une seconde, sans compter le fait que j'avais la sensation que ce n'était pas une simple relation physique. Je l'avais entendu à leurs mots et rien que d'y penser, j'en avais à nouveau des frissons. Il fallait vraiment que je me sorte ses images de la tête, ça ne correspondait ni à ce que je voyais du Commandant ni à ce que je pouvais imaginer du Roi. Pourtant, à bien y penser, si je devais choisir un dominant et un dominé...Il était plus facile d'imaginer le Roi torturé Changbin pour le faire supplier, que l'inverse. Aussi sauvage soit Changbin.

" Tu rêves ? " Me secoue brutalement Changbin d'un coup d'épaule.

Je cligne plusieurs fois des yeux et je reviens sur le port. Il faut vraiment que j'arrête avec mes fantasmes éveillés. Si le Changbin savait, je serais mort de honte.

Je marmonne une excuse alors que le Roi Christopher et le Prince Hyunjin descendent du bateau. Derrière eux, le Capitaine du navire dont je n'ai toujours pas appris le nom. Wonho ? Wonjin ? Wonpil ? J'en sais rien, encore un nom agorien à coucher dehors.

Le Roi me regarde, constatant ma tenue et mes sabres. Wooyoung m'avait aussi prêté une de ses tenues d'officiers, le temps que j'en récupère au château. Le regard plein de fierté de Christopher me gonfle la poitrine, plus que je ne le voudrais mais ce n'est rien comparé au regard surpris de Hyunjin. Je suis moi-même étonné de ne pas y voir de la simple haine. Je m'en sens un peu perturbé par son changement d'attitude, je n'ai pas l'habitude de voir son visage autrement que renfrogné quand il me regarde. Et lui non plus, puisque soudainement il détourne les yeux, visiblement mal à l'aise.

" Parfait", murmure le Roi en passant devant moi et en me faisant un clin d'œil.

Je lui réponds par un sourire timide, inclinant la tête. Changbin me regarde du coin de l'œil, pas peu fier de son travail et alors que Hyunjin passe à son tour, il fait comme si je n'existais pas.

Je lève les yeux vers mon chef qui me fait signe de le suivre.

Que le supplice commence.

J'emboite le pas du Prince, maintenant une distance de deux mètres avec lui, comme on m'a appris. Une étrange sensation me gagne. La main sur la garde, je me sens un autre et ce n'est pas désagréable. Au contraire, je sens mes sens s'aiguiser, une intense sensation faire battre mon cœur. Comme si je pouvais enfin sentir un changement, une liberté particulière malgré les circonstances, je me sens à la bonne place, d'une certaine façon.

J'ai l'impression que j'ai définitivement laissé le Vagabond derrière moi, sur l'île à regarder le navire prendre la mer et me revêt d'une nouvelle vie, celle du Gardien. Ou bien est-ce le fait d'enfin pouvoir poser un pied sur les terres d'Agora. Des terres ancestrales, un continent de mystères, accueillant ici même la forêt des Quatre Cent Dieux, terre natale du légendaire Geai Bleu.

Quelle que soit la raison, la vérité, je me fais un serment personnel, qui fait briller mon regard mordoré, celui de tout faire pour ne rien regretter. Je protégerai ce petit Prince de mes deux, qu'il le souhaite ou non et je découvrirai enfin d'où je viens et qui je suis. Je sens que je me rapproche du but.

La brise marine secoue ses cheveux noirs qu'il glisse derrière son oreille et son dos plus large que je ne l'aurai pensé se redresse dans sa posture princière, je vois légèrement son profile se tourner alors qu'il essaie de me scruter discrètement, mais c'est peine perdue, je l'ai vu et me donne que plus envie de sourire. Je te suis comme ton ombre Hyunjin. Va falloir t'y faire.

***

De voir le régiment à cheval, avancé d'un même pas, entourant la calèche royale, je me rends compte de l'impressionnante garde militaire qui a été dépêchée pour cette délégation. Sur le bateau, ils avaient tous l'air de marin d'eau douce, sans vraiment de tenue militaire mais maintenant qu'ils sont sur terres, ils sont dans leur rôle de protecteur. Le Comandant à l'avant avec une avant-garde, entouré de plusieurs cavaliers, la calèche royale et enfin juste derrière, moi et d'autres gardes dont Wooyoung. En tant qu'archer, il vaut mieux qu'il reste en retrait, s'il devait prendre position, elle serait forcément plus éloignée d'une attaque le plus souvent frontale.

Ensuite nous avons la charrette pleine de vivre et encore des cavaliers de soldats qui la protège. Le plus surprenant est encore de voir avancer à côté de la calèche, le Prince sur un cheval à la robe grise. En réalité, à peine a-t-il vu le cheval, qu'il a presque couru pour venir lui caresser le cou, lui murmurant des mots à l'oreille. Son visage s'est même adoucit, lui que je pensais coincer sur la même expression, me faisant penser qu'il était peut-être naturellement désagréable.

Depuis qu'il trottine sur son étalon, il semble bien plus calme et détendu, fermant parfois un peu les yeux. Revenir sur ses terres doit lui faire du bien, je le surprends parfois à caresser le crin de l'animal. Il doit beaucoup aimer les chevaux. Je me rends compte que je ne connais pas grand-chose de la personne que je dois protéger, je sais que je n'obtiendrai rien de lui, il me faudra peut-être demander aux autres voire au Roi lui-même.

" Nous sommes vraiment à trois jours de Mirin ? Je demande à Wooyoung.

- A cette allure, minimum. Seul on peut faire le chemin en une journée. Et avec un petit coup de pouce de Seungmin en une demi-journée.

- Votre mage c'est ça ? Il fait quoi ? Il vous téléporte ? Je souris un peu espiègle mais surtout curieux.

Je n'ai jamais rencontré de Mage de ma vie. A Londinium, être Mage n'est pas très bien vu. La plupart sont à la cour du Roi pour le protéger exclusivement et ont ordre de ne jamais en sortir. Je me suis toujours demandé à quoi ils pouvaient bien ressembler.

- Le contrôle de l'espace-temps n'est pas donné à tout le monde, sourit à son tour Wooyoung. C'était un privilège de Iris.

- Une autre de vos mages ?

Wooyoung fait les gros yeux. Il pense que je plaisante mais quand il comprend que je suis sérieux, il s'esclaffe.

- T'es sérieux ? Tu ne connais pas Iris ? L'Alchimiste ?

Je lève un sourcil.

- Bien sûr, j'ai bu un café avec elle ce matin, une perle cette alchimiste, je lui dis exagérément et Wooyoung se met à rire à nouveau.

- Les Mages du Geai Bleu, ça te dit quelque chose ?

- Encore cette légende ?

- C'est pas juste une légende Felix. Ils ont vraiment existé.

- Oui, il y a deux cent ans mais que restait-t-il de cette époque ? En dehors de chants de barde totalement loufoques. Je vois bien comment les autres soldats parlent de mon sauvetage du Roi, si on les laisse faire, dans deux semaines je mesurais deux mètres et j'ai fait exploser l'assassin avec mon petit doigt.

- Ok je te l'accorde mais le Geai Bleu...C'est autre chose. On a des livres d'historiens, d'Erudits qui content avec précision ce qu'il se passait sur le champ de bataille. Mon grand-père les a vu à l'œuvre dans la bataille du Fond du Gouffre. Alors que l'Empereur les avait convoqués contre les mages des Nuée Nova d'Insomia. Les cinq mages du Geai Bleu sont apparus et on réduit à néant toute l'armée adverse en une seule attaque. Ça a duré que quelques minutes et il n'y avait plus rien, juste une terre désolée, désertique. Le Désert d'Insomia vient de là, tu sais. Parait-il que ce fût si puissant, que l'Empereur lui-même en aurait pris peur. C'était la dernière fois que l'on voyait le Geai Bleu à l'œuvre. L'Empereur les aurait trahis par la suite et en rompant le pacte qui les liait, il aurait aussi condamné son Empire. Parce que ce n'était pas un simple pacte, c'était un sceau spirituel qui liait leurs âmes. Et si tu regardes bien toute la descendance de l'Empereur Eivor est morte dans des circonstances particulières et assez jeune. Son fils Gwendel s'est suicidé après des années de démences, son second fils Ewan a été empoisonné par son épouse, son petit-fils Aden est mort a trente-huit ans, d'une pneumonie qui l'a fait souffrir des années, son arrière petit-fils Kane assassiné par son demi-frère Konrad. Et Konrad, même s'il n'était pas du sang de l'Empereur Eivor, a non seulement provoqué la Guerre des Cinq mais est mort sur le champ de bataille, décapité par le Roi Fenrir d'Haendel. C'est tout l'Empire qui était maudit.

- Donc, si je te suis, tu attribues des morts aléatoires à un groupe de mages mystérieux, juste parce que l'Empereur a décidé de se passer de leur service ? Pire, tu leur attribues la chute de l'Empire de Vagari, qui régnait sur le monde pendant près de cinq siècles, tout ça avec des faits que tu peux lier à tout et n'importe quoi ?

- T'as rien compris Felix. L'Empereur ne s'est pas contenté de laisser tomber le pacte qui les liait, il a ordonné leur mort. Sauf qu'on parle du Geai Bleu et que pour ça, il a dû ruser. Ne me demande pas comment, j'en sais rien. Entre invocation chamanique, démonique, destruction du peuple des Quatre Cent Dieux. Eivor aurait même sacrifier un village entier pour pouvoir affaiblir les pouvoirs des mages dans une transmutation alchimique. Des conneries de vieillards ou de bardes en manque d'inspiration, mais en tout cas ce qu'on sait, c'est qu'il a réussi à tuer deux d'entre eux et que leur chef, Zephilis, a détruit l'armée de l'Empire à lui seul avant de maudire l'Empereur et sa lignée.

- Tu m'as l'air bien sûr de toi.

Wooyoung me sourit avec douceur, comme si j'étais un enfant naïf.

- On est la terre des Quatre Cent Dieux Felix, tout est disponible à notre grande bibliothèque, si tu en doutes. Et puis, j'ai d'autres raisons plus empiriques. »

Wooyoung regarde brièvement devant lui avant de revenir vers moi puis l'horizon. Je suis son regard et comprend qu'il a jeté un coup d'œil vers le Prince qui chevauche à quelques mètres devant nous. Son dos courbé vers son cheval qu'il caresse sur le flan avant de se redresser. Je me tourne vers l'archer, il secoue doucement la tête.

« Tu le découvrira bien assez tôt. »

***

Après six heures de marches, nous nous sommes arrêtés dans un petit village entouré d'une forêt dense. Un village de relais voyageur, peu habité mais visiblement accoutumé aux gens de passages. Un point d'arrêt presque obligé quand on vient du port. Et sans doute que nous étions attendu car à peine les premiers chevaliers ont franchi les portes que la population s'est mise à sortir de leurs maisons, des tavernes, affluer vers le convoi. Des enfants, des femmes et des hommes qui ont commencé à murmurer, puis appeler et crier le nom de leur Roi. Je fais galoper un peu plus vite mon cheval pour rester tout près du Prince et faire barrage aux rares mendiants car la plupart ne souhaitent ni plus ni moins que pouvoir le toucher, comme un être divin qui pourrait leur apporter chance. C'est très inhabituel pour moi, lorsque le Roi de Lonidinium sortait de son palais, c'était la crainte qu'il inspirait, la peur d'être taillé en pièce par ses gardes stupides si on approchait de trop près. Voire des attaques suicidaires de petits groupes de brigands qui n'avaient aucune jugeote. Ici, le Roi est acclamé et adulé avec respect.

Je remarque certains habitants m'observer, intrigués et je me dis que je ne dois pas être tout à fait aux couleurs locales. Je n'ai pas le teint agorien ou bien serait-ce à cause de mes cheveux ? Dont le bleu commence clairement à revenir.

La calèche s'arrête enfin près d'une auberge, la seule du petit village et le tenancier au ventre bien rond nous attend déjà en haut des marches. Changbin est le premier à descendre de sa monture et immédiatement après, deux enfants se précipitent autour de lui. C'est la première fois que je vois Changbin sourire avec douceur. Toute cette atmosphère me laisse perplexe mais au lieu de me rendre méfiant, elle ne fait que renforcer l'idée bienveillante que j'ai de mon nouveau Royaume.

« Bonsoir Commandant, vous avez fait bon voyage ? Demande la voix grave du tenancier.

- Bonsoir Dongho, nous avons un peu de retard, les routes étaient moins praticables que d'habitude.

- Aucun problème. Vous savez bien que je vous réserve tout l'établissement à chaque fois.

- Je vous remercie Dongho.

- Venez vite vous dégourdir les jambes autour d'une bonne bière. Vous devez être fatigués.»

Changbin le salue avec respect. Vraiment, les pratiques agoriennes me laissent sans voix. Le Commandant royal en bas des marches qui s'incline devant un tenancier lambda se tenant en haut, bras autours du torse volumineux.

Le Commandant fait signe au reste des officiers qui descendent un à un de leur monture, puis viennent ouvrir la calèche du Roi. Changbin s'approche à son tour et le Roi en sort sous une immense acclamation. Il a un grand sourire, fatigué mais heureux. Il fait signe aux habitants et n'hésite pas à se mêler à la foule, sans réelle crainte. Changbin sur ses pas. Le souverain se baisse pour secouer les cheveux des enfants qui l'entourent, saluer poliment des habitants qui se tiennent avec respect un peu plus loin comme s'il s'agissait d'un agorien parmi tant d'autres. Une célébrité locale mais bien loin de l'image que j'ai d'un Roi intouchable caché derrière les remparts de son château. Bien loin de l'échos des murmures des nobles lors de son avancé au Palais de Londinium. Le contraste entre son comportement au sein de son peuple et celui qu'il maintient devant le reste du Monde est flagrant.

« Tu ne dois pas être habitué », me dit le Prince.

Sa voix me fait littéralement sursauter. Depuis des heures que je ne l'ai pas entendu et je ne m'y attendais vraiment pas. Je pensais qu'il allait m'ignorer le reste de mon existence et se contenter de grogner en me voyant.

« Ici, les gens ont du respect pour nous. Et nous leur rendons.

- Je ne suis pas si surpris. C'est la marque d'un grand Roi. Le respect de son peuple. »

J'offre un grand sourire à Hyunjin de quoi le décontenancer parce que je décide pour une fois de ne pas mettre de l'huile sur le feu et si j'ai cru un instant qu'il allait simplement repartir comme toujours, renfrogné, il n'en est rien. Il garde l'air irrité mais à son tour, il porte les yeux sur son frère, tenant fermement la bride de son cheval.

« Sur ce point, nous sommes d'accord. »

Aucune colère dans cet échange, juste les restes d'un agacement qui disparait lentement pour laisser place à une réelle admiration qu'il porte au Roi Christopher, pudique mais bien présente. Un consensus qui me laisse entrevoir la vraie nature de sa personnalité, lorsqu'il n'est pas juste un gamin à l'égo blessé. Hyunjin est comme tous les sujets d'Agora, il aime son Roi mais plus encore, il vénère son grand frère.

Se pourrait-il qu'il ne soit pas aussi insupportable que je l'imagine ? Ça pourrait me rendre la tâche plus facile s'il voulait bien laisser tomber cette histoire ridicule mais je me retiens de lui dire. Prenons ces quelques minutes de répit où je peux voir le visage du Prince autrement que respirant la haine que je lui inspire.

J'esquisse un petit sourire, discrètement, bien vite interrompu lorsqu'il tire finalement sur sa bride. Il fait quelques galops jusqu'à la petite troupe qui a déjà commencé à attacher leurs propres chevaux dans le parc de l'auberge, il descend et glisse les rennes dans les mains d'un soldat avant de me jeter un regard, ni bon ni mauvais.

« Tu vas pas rester là toute la journée ? » Il me lance finalement sans être trop agressif.

Mais c'est qu'il m'attend. Oh bordel, il va neiger de la bouse c'est pas possible ! Sonnez l'alerte on a empoisonné le Prince !

Je me mords la langue de toutes mes remarques que je retiens du mieux que je peux, cela doit se voir à mon regard car il finit par lever les yeux au ciel d'un air de résignation avant d'avancer jusqu'aux marches de l'auberge. Je me précipite alors, descendant de mon cheval puis donnant les rennes à mon tour au soldat avant de suivre ses pas, comme un garde royal est censé le faire.

A nouveau, nous attirons les regards des habitants qui avaient encerclé jusque là le Roi, en voyant son frère arrivé, ce dernier étire un plus grand sourire et s'adoucit aussi tôt en me voyant juste à l'arrière.

« Tu en as fini avec de ta séance de congratulations narcissiques, s'exclame Hyunjin, je meurs de soif.

- Tu as raison, sourit Christopher en empoignant l'épaule de son frère. Dongho servez nous votre meilleure bière !

- Comme toujours Majesté », sourit le vieux tenancier.

Le Roi monte alors les marches, son frère à ses côtés et Changbin juste derrière, à son regard je comprends que je dois le suivre et je m'exécute. Il va encore me falloir un peu de temps avant d'agir sans attendre qu'on me rappelle à l'ordre, même si c'est par de simple coup d'œil.

En entrant de l'auberge vide et réservée pour la délégation, le Roi semble se dirigé directement au comptoir avec son frère qui se pose sur une chaise haute. Je pensais qu'il irait s'installer à une table mais a priori, il adore s'entretenir avec le propriétaire des lieux comme n'importe quel citoyen.

Je dois rester à proximité sans avoir besoin de me coller à mon protégé, Changbin reste près d'eux avec deux autres officiers. J'en profite pour rejoindre Jeongin et les autres, je m'assois lourdement sur la chaise, expirant bruyamment avant de voir une serveuse déposer cinq chopes sur la table. Elle nous sourit, mais je vois bien son regard s'attarder sur moi et ses joues légèrement se colorer alors qu'elle me détaille par des coups d'œil en biais. Surpris, je mets quelques secondes à saisir ses intentions faussement innocentes. A croire qu'une semaine en mer m'a totalement fait oublier mes bonnes vieilles habitudes mais c'est avec un plaisir non feint que je réponds d'un sourire charmeur, la remerciant du bout des lèvres quand elle me tend ma chope.

Je suis son départ sans aucune discrétion, regardant ses hanches généreuses rouler entre les tables dans sa longues robe pourpre. Sa poitrine offerte par un décolleté plongeant et ses longues boucles brunes qui couvrent ses épaules. Une douce chaleur ravive mes sens alors que j'apporte la bière à mes lèvres.

« Pourquoi ça ne m'étonne pas ? Me taquine Jake alors que je continue de suivre les déplacements de la jolie serveuse. Tu devais être un vrai coureur à Londinium.

- J'ai pas à me plaindre, je réponds.

- Tu sais qu'elle n'est pas à son coup d'essai, me dit Jeongin. Elle a juste envie de se taper un garde royal plutôt qu'un simple soldat.

- C'est parfait alors, j'ai un garde royal à lui présenter. »

Yeonjun s'arrête de boire avant de partir en fou rire avec les autres. Je ris à mon tour sans complexe. Une autre chose qui n'est pas arrivé depuis un moment. A croire que je commence vraiment à me sentir plus détendu, en confiance. A nouveau moi-même. Il ne me manque plus qu'une chose et je m'empresse d'aller y remédier.

Je bois une énorme gorgée puis je me lève et passe non loin de la serveuse, m'excusant alors que je l'effleure à peine pour rejoindre ce qui me semble être un couloir qui mène aux toilettes. Un simple regard, un contact visuel et je sais déjà que j'ai fait passer le message. La jeune fille ravale la salive et je ferme lentement les yeux, satisfait.

Le bruit de la salle couvre tout autre et lorsque j'ouvre la porte des cabinets, que je sens des mains se glisser dans mon dos, je me dis qu'au moins, personne ne pourra nous entendre.

Dans la précipitation et l'espace exigu, je tire les lacets de sa robe tandis qu'elle se défait de ma veste d'officier en cuir. C'est brouillon, exultant, j'adore cette excitation qui la prend aux tripes et fait bouger sa poitrine opulente de haut en bas. Je relève brusquement ses jambes autour de mes hanches lui arrachant un hoquet de surprise alors que d'une main experte je baisse sa culotte. La jeune fille sourit, déjà essoufflée alors que je ne l'ai même pas encore réellement touchée. Ses joues sont si rouges, et ses petites dents ne cessent de mordre ses lèvres d'impatience. Elle n'en peut déjà plus, impatiente elle se cambre, frottant contre mon entrejambe durci.

J'ai envie de rire, sentant ses bas blancs sous la paume de mes mains et voyant chaque petite expression se peindre sur son visage rond, chaque petit gémissement qu'elle retient dans sa gorge tendue.

« Oui..., elle souffle suppliante. Oh...oui... Prenez moi.»

Elle veut m'embrasser mais je ne lui en laisse pas le temps commençant déjà des vas et viens. Me laissant aller à mes propres râles de plaisir mêler à sa voix fluette, entrecoupée d'encouragements pour aller plus vite. Je la plaque plus fortement contre la petite cloison de bois, m'enfonçant au plus profond et butant avec précision jusqu'à la faire frémir.

Dehors j'entends les voix rauques, les rires des soldats, aucun risque qu'on nous entende mais sa voix devient plus aigüe et ses gémissements plus rapprochés, je crains qu'elle ne nous fasse repérer alors je pose lentement ma main sur sa bouche qu'elle n'hésite pas à lécher d'un œil lubrique. Je souris et accélère mes coups de reins. De plus en plus fort jusqu'à totalement me laisser submerger alors qu'elle me serre davantage contre elle, croise ses jambes dans mon dos et s'arc-boutant à chaque coup un peu plus. Sa robe découvre la poitrine qui se balance, c'est enivrant et étouffant, elle me griffe le torse tandis qu'elle se tend brusquement sous l'orgasme. Encore quelques coups de butoir et à mon tour je me libère, étouffant mon propre cri dans son épaule.

Bordel que ça fait du bien. Toute la pression redescend et je me sens juste euphorique, groggy par la jouissance. J'ai la tête qui tourne et les muscles tremblants de mes cuisses, je la redépose lentement. Un grand sourire béat couvre ses lèvres alors qu'elle se rhabille à la hâte et j'en fais de même.

Je ne la remercierai pas de vive voix, ça fait mauvais genre, mais c'est tout comme, nous nous regardons simplement avec la même espièglerie satisfaite. Et alors qu'elle s'apprête à sortir, je la tire à nouveau contre moi simplement pour lui embrasser la main. On peut baiser comme des lapins qui ne connaissent même pas le prénom de l'autre, je ne suis pas un rustre sans aucune délicatesse. Elle couine de plaisir et ouvre finalement la porte sans un mot de plus. Je réajuste mon arme à ma ceinture avant de la suivre.

En relevant les yeux cependant, je remarque qu'elle s'est figée dans le couloir, bégayante.

« Votre Altesse », elle arrive à articuler.

Adossé au couloir, bras croisés sur le torse et la tête penchée sur le côté d'un regard glacial, le Prince qui patiente.

« C'est bon ? Vous avez fini ? Dit il d'un ton tranchant.

- Euh...Oui-désolé. » Elle balbutie rouge écarlate.

Elle passe devant le monarque, tête basse, espérant très certainement disparaître le plus rapidement possible. Hyunjin la suit une seconde puis se tourne dans ma direction. Le regard toujours aussi froid mais contrairement à la serveuse, je ne me sens ni honteux ni fautif. Au contraire, je me sens mal pour cette pauvre fille qui n'a pas mérité qu'on la regarde avec autant de dédain. Ce mec n'a aucune...

« Aucune éducation, dit-il en roulant des yeux. Tu es un garde royal maintenant, essaies de te comporter en tant que tel pour une fois.

- Et c'est quoi le comportement d'un Garde royal, votre Altesse ? Je devrais peut-être embarrasser une jeune fille qui a simplement voulu prendre du bon temps en la regardant comme si c'était une vulgaire catin ? Ou peut-être attendre devant une porte à écouter de jeunes gens faire leur affaire ? Dites-moi, je manque cruellement de pratique. » Je réponds sarcastique et passablement énervé.

Quand on sait ce que fait son frère avec son propre Garde, je suis sûr qu'il en tomberait dans les pommes. Si je n'appréciais pas autant le Roi – et si je ne craignais pas que Changbin écourte ma misérable existence - je pense que je lui ferai bouffer sa condescendance, une bonne fois pour toute. Au lieu de quoi, je soupire en secouant la tête.

« Aies au moins la décence de faire ça ailleurs que dans les seules toilettes de l'établissement. C'est pas possible d'être aussi égoïste. Pousse toi un peu !

Il essaie de me faire bouger pour accéder aux toilettes mais cette fois j'en ai marre, je le pousse contre le mur et le faisant sursauter par la même occasion.

- Ca suffit. J'en ai marre de votre méchanceté à longueur de journée ! Quand je pense que ça s'arrange, vous redevenez un connard fini et j'en ai assez. Que cela vous plaise ou non, je suis votre Garde personnel ! Et je le resterai aussi longtemps que le Roi le demandera alors va falloir faire avec.

- Pff, pouffe Hyunjin d'un rire mauvais. Bien sûr. Jusqu'à ce que tu trouves une meilleure opportunité ou qu'il décide de te rendre ta liberté. T'es là parce que tu n'as pas eu le choix, ne me fais pas croire l'inverse. Tu me planteras à la première occasion. Comme toutes les personnes de ton espèce. »

Son regard s'assombrit davantage, me tenant avec force les poignets pour m'écarter.

« Maintenant, si tu le permets. J'ai une envie pressante, et à la base, c'est à ça que servent des toilettes. »

Il me repousse sans ménagement et s'enferme dans la cabine.

Super. Comment je vais bien pouvoir tenir avec une pareille tête de nœud ? Si je le pousse malencontreusement par-dessus les remparts du Palais, est-ce que ça pourra passer pour un accident ? Un suicide d'un couteau dans le dos, ça peut le faire ?

D'un autre côté, il a beau me frustrer au plus au point et me donner envie de meurtre, je ne sais pas pourquoi mais je me sens étrangement mal à l'aise, peut-être un peu coupable. J'imagine qu'être Prince, avoir été trahis par son ancien Garde personnel, se faire voler par un inconnu et voir ce même inconnu en tant que nouveau Garde, ça n'aide pas à établir un lien de confiance.

Au fond, j'aimerai vraiment que les choses se passent différemment mais je ne peux pas changer le passé, et je me suis déjà excusé. Alors que me reste-t-il ? La patience ? Un coup de latte en misant sur une amnésie ?

Je reviens à ma table, me laissant tomber à nouveau lourdement sous l'œil pervers de Jake. Jeongin n'hésite pas à lui donner un coup d'épaule pour le faire arrêter et je laisse filer un petit rire. Je jette un coup d'œil au couloir, voyant le Prince revenir qui me toise d'un regard sombre avant de rejoindre à nouveau son frère. 



.

Hello à tous ! 

J'espère que vous passez un bon week-end ! 

Avec les Interludes vous devez avoir compris quelques petites choses. Bien sûr les Interludes se passent des décennies voire parfois des siècles avant les évènements du présent avec Felix. 

Nous continuons encore l'évolution des personnages et leurs relations, puis nous verrons peu à peu les intrigues sur fond de pouvoir, magie et politique.

A bientôt !

D.

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