« Ne faites pas ça, le suppliait son vassal. Si vous menez l'offensive sur ces innocents, vous ne ferez qu'attirer davantage l'attention sur une catastrophe qui n'aurait jamais dû voir le jour.

- Vous ne devez pas faiblir, vous êtes l'Empereur, intervenait un autre. Peu importe ce que vos prédécesseurs ont fait, il n'empêche que vous avez une position à tenir, celle de l'Empire de Vagari et que pensera le peuple s'il vous voyait aujourd'hui courber l'échine devant ceux qui ont piétiné votre lignée ?

- Votre Majesté Impériale, ce n'est qu'un peuple qui cherche à survivre, il n'y a pas eu une seule apparition du Geai Bleu depuis plus de cent ans. Vous vous basez sur des spéculations et le premier signe ne signifie en rien qu'il sera suivi de la réincarnation.

- Majesté...

- Majesté...

- Ca suffit. » Finit par trancher l'Empereur agacé.

Autour de sa grande table du conseil, ces trois principaux vassaux, les Seigneurs d'Haendel, de Pandore, d'Agora mais aussi le Roi de Londinium, cité libre.

« Majesté, commença dès lors le Roi de Londinium. Je comprends les inquiétudes de vos Seigneurs, tant celle du Seigneur Fenrir que celle du Seigneur Marius. Il est vrai que par le passé la rivalité qui opposait votre grand père, l'Empereur Eivor et Zephilis du Geai Bleu a conduit l'Empire à faire face à des difficultés sans précédents, toujours plus fragile. Néanmoins, ne serait-il pas temps de faire table rase et d'essayer de se tourner vers l'avenir ? Je comprends que vous vous sentiez investi d'une certaine responsabilité, d'un certain devoir envers vos ancêtres, mais il est clair que vous ne pourrez jamais empêcher une légende aussi ancienne que celle du Geai Bleu de continuer sa réincarnation. Tout comme la vie trace son chemin, le destin et la volonté des dieux ne peut être contrecarré par un seul homme. Votre grand père en a subi les conséquences...Pour le bien donc de notre civilisation, ne serait il pas préférable d'utiliser cette carte à votre avantage ?

- Que sous-entendez vous ? Demanda Aden curieux.

- Si vous ne pouvez empêcher la réincarnation, peut-être pourrez vous la contrôler ? sourit le Roi de Londinium. Pourquoi ne pas sceller à nouveau votre lignée aux demi-dieux ?

- En quoi cela va m'aider à contrôler leur réincarnation ?

- Je ne parle pas du pacte de sang qu'avait fait jadis la famille Vagari, je vous parle d'un tout autre serment. Celui du mariage et de la descendance. Si vous réussissez à trouver les futurs mages, peut-être pourrez vous les faire intégrer votre famille. En mêlant votre sang au leur, la malédiction sera peut-être levée...

- Attendez, intervint soudainement le Seigneur Marius Bang, je croyais qu'il s'agissait d'un enfant, un petit garçon avec des cheveux bleus. En dehors du fait qu'il ne doit avoir que cinq ans tout au plus, l'Empereur n'a pas de fille.

- C'est quelque chose qui peut peut-être évoluer, dans tous les cas, vous devriez vous arranger pour récupérer cet enfant, le garder près de vous », continuait le Roi de Londinium.

Son sourire faussement bienveillant contrastait avec le regard sombre et glacial de son voisin de table, Fenrir aux yeux clairs et acérés. Ses poings se refermaient sur la table, alors que les muscles de son cou se contractaient. En face, Marius Bang sentait une longue sueur froide couler le long de sa nuque, rien qu'à imaginer le peu d'emprise qu'il avait encore sur les actions de son Empereur et les choix qu'il faisait sous l'influence d'homme aussi perfide que le Roi de Londinium.

Fenrir enrageait de voir la faiblesse d'esprit de son Empereur, devenu si facilement manipulable par les belles paroles d'Ulric II. Son cœur endurci par les glaces éternelles d'Alfost n'avait qu'une ambition, celle de prendre sa place.

Marius Bang sentait le poids de l'avenir peser sur ses épaules tandis qu'il songeait à son fils.

« Qu'il en soit ainsi, jugea l'Empereur. Capturez moi l'enfant aux cheveux bleus, je le veux vivant. Eradiquez les autres, je m'en moque. »

L'Empereur se leva de son siège entrainant avec lui la levée de ses vassaux qui le regardaient quitter la salle laissant derrière lui un silence lourd et pesant. Et avant même que l'un d'entre eux ne se manifeste, le Seigneur Fenrir quitta la salle, le pas claquant, sans un regard pour aucun d'entre eux. 

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