⨁ INTERLUDE VIII ⨁
Enveloppé dans leur grandes capes couleur de sable surplombées de multiples tissus pourpre, or et fuchsia, comme des châles couvrant leur visage et ne laissant apparaître que leurs yeux mordorés et leur peau mate, les mages d'Insomia marchaient comme un seul homme.
Appelé les Nuée Nova, capables de soulever des tempêtes, de couvrir le ciel de nuages noir, orageux et lançant des éclairs sur le champ de bataille. Ils étaient redoutés et redoutables, par tous les Royaumes. Leur unité s'avançait sur la terre ocre, noyés de corps ennemis, à l'effigie du loup, des armes, des drapeaux qui voletaient dans le silence lourd et pesant. Eivor était aux portes de la défaite, l'épée planter au sol, entourés de ses hommes encore en vie et d'officiers dans un état identique. Il ne manquait qu'Insomia pour asseoir son autorité sur le continent, pour fonder son Empire sous une seule bannière. Ce peuple de nomades, aussi mystiques que ceux de la forêt des Quatre Cent Dieux, n'avait jamais connue aucune défaite, ne s'était jamais plié sous aucune oppression, aussi insaisissable que les cumuls que les Née Nova convoquait dans leurs langues sifflantes.
Eivor se mordit la langue et croisant le regard du Roi de leur tribut, sa longue tresse noir entouré d'anneaux et la nuque couverte de bijoux et pierres précieuses, il le toisait de ses yeux émeraudes, sans pour autant être irrespectueux mais c'était encore pire, il le regardait avec pitié et Eivor ne pouvait en supporter davantage. Sa fierté était piétinée et tandis qu'il se redressait sous de nouveaux éclairs contrôlés par la ligne de mages devant lui, il prononça les mots.
« Vocavi ! Aucellus Azul ! » S'exclama Eivor.
Un rayon de lumière perça les nuages noirs, les Nuée Nova s'arrêtèrent et le visage du Roi d'Insomia changea brutalement alors que le chant d'un oiseau, traversait les cieux, attirant tous les regards sur le battant de ses ailes, tous sauf ceux d'Eivor, brillant d'un éclat victorieux.
Dans un tonnerre suivi d'un éclair, cette fois incontrôlé par les Nuée Nova, cinq silhouettes apparaissaient à quelques mètres sur le champ de bataille pour se terminer sur celui à la chevelure blanche immaculée, le tatouage sur son avant-bras s'illuminait et le chant de l'oiseau continuait de couvrir les terres mutilé et le sentiment de peur qui gagnait peu à peu les adversaires.
A sa droite, Callum tirait deux épées de son dos, ses cheveux bleus et le tatouage sur le haut de l'épaule découverte. A sa gauche, des longs cheveux lilas virevoltaient alors qu'elle avait relevé le voile qu'elle portait constamment, Félane au tatouage sur le haut de son dos dénudé de sa longue robe noire.
Iris, adolescente au tatouage sur le visage, les yeux bandés comme l'avait été leur chamane, pour développer sa magie alchimiste jusqu'à la perfection et enfin près de Callum, un homme à la longue chevelure noire, la tunique rouge et des arabesques le long de ses bras, son corps entier était tatoué et brillait de runes. Le mage blanc, Enkil tenant son bâton de pèlerin qu'il frappa d'un coup sur le sol répandant une onde de choc sur le sol qui fit trembler les soldats ennemis encore debout.
Zephilis s'avança d'un pas, sans un bruit et pourtant tous l'avaient ressenti au plus profond de leurs cages thoraciques. Les Nuée Nova reculèrent. Ses yeux azur semblables à deux joyeux les transperçaient, et quand ils le virent prendre une profonde inspiration, puis la lâcher en levant légèrement les mains, ils se mirent en position de défense. D'un mouvement mécanique et militaire, tous étaient près à accueillir la contre-attaque mais au lieu d'une riposte, le ciel s'éclaircissait, les nuages se dissipaient. Les Nuée Nova sentaient qu'ils n'avaient plus aucun contrôle, que leur maîtrise leur avait été volé. Zephilis était l'Elémentaire. Le plus fort des mages, il releva la tête devant le désespoir qui transformait leurs yeux auparavant si sûrs d'eux.
« Finissons-en. » Annonça le chef du Geai Bleu.
Les quatre autres ne dirent mot. Félane ferma les yeux en première.
« Gaen Orantis », elle murmura.
Des runes apparaissaient au sol, puis tout autour d'eux suivi de cercles tracés d'un fil magique. Iris tira sur la manche de sa tunique, elle traça un signe dans les airs et un cercle vint lier toutes les runes entre elles, Enkil joignait les mains et complétait les invocations de Félane. Callum s'avança à son tour, il rejoignait Zephilis, puis le dépassa sans quitter les Nuée Nova des yeux, puis leur Roi. Ce dernier avait les lèvres tremblantes, impuissant, frustré et cria un ordre dans sa langue qui fit bouger d'un seul coup ses mages.
A leur tour ils tentèrent un sortilège, le sceau d'une protection qui fit se lever le vent tout autour d'eux, tel le début d'une tempête mais Zephilis ne le laissa pas faire. Il leva simplement le doigts dans leur direction. Les Nuée Nova psalmodiait encore plus fort, plus rapidement, peu à peu des flammes rougeoyantes apparaissaient tout autour d'eux suivi d'un visage dans le brasier. Le visage d'un démon invoqué.
« Atendio » chuchota Zephilis.
Le démon se mouvait encore plus vite, plus grand et dans un cri retentissant alors qu'il allait foncer sur le groupe du Geai Bleu, une lumière vive et bleutée jaillit de la main de l'Elémentaire, le coupant en deux.
Un éclair fit plisser les yeux des spectateurs et lorsque le cri du démon s'estompa, les flammes disparues. Le Geai Bleu intact, immobile, le sceau qu'ils avaient fait apparaître était prêt et Callum ferma les yeux.
« Désolé », il murmura à l'attention des mages d'Insomia.
Il leva les lames et les planta dans le sol, Zephilis joignit les mains, Callum, puis les trois autres. Le cercle de runes s'agrandit, enveloppant un rayon de plusieurs mètres et un seul regard. Il se recroquevilla sur lui-même comme la distorsion avant l'explosion.
Zephilis expira et ouvrit brusquement les yeux.
Une seconde plus tard, le terre, puis l'air, le ciel, tout vacilla et explosa dans une énorme déflagration.
Ne restait plus rien. Juste un désert. Le néant à la frontière des pas des cinq mages, derrière eux, les survivant de Vagari et Eivor bouche bée.
« Seigneur... », il souffla.
Jamais encore il n'avait ressenti la peur jusqu'au tréfond de son âme. Jamais encore il ne s'était senti aussi insignifiant, vulnérable et faible. Zephilis revint sur ses pas et leva maintenant les yeux sur lui. Des yeux bleus. Des yeux qui ne quitteront plus jamais son esprit, comme la marque de son destin funeste.
L'oiseau chanta une dernière fois avant de venir voler au-dessus de sa tête.
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Un petit interlude pour vous faire patienter, le chapitre arrivera plus tard dans la soirée...
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