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⨁ INTERLUDE III ⨁



Il toussait fortement, ayant de plus en plus du mal à reprendre son souffle après ses quintes toux régulières. Assis sur le banc de pierre du petit jardin, il observait deux enfants se courir après en riant, deux soldats jouaient le jeu et se jetait par terre dès que le jeune Prince le frappait de son épée de bois.


« Meurs démon ! C'est moi ! l'Empereur Gwendel et je ne te laisserai pas terroriser mon peuple !

- Oh nooon »


Le petit garçon sautillait, ses boucles blondes secouées alors que le deuxième, un peu plus petit que son frère, se dodelinait jusqu'à l'homme qui les observait depuis son banc.


« Papa, regarde ! »


Le garçon montrait une chenille qui avançait sur son index comme si c'était la petite créature la plus extraordinaire du monde. Les yeux pétillant devant se petit insecte rampant qui le chatouillait et lui donnait envie de rire. De son autre main, il essayait d'en caresser les petits poils tandis que le plus âgé revenait, criant toujours victoire et se ruant sur son père qui l'accueillait dans ses bras fatigués.


« Père ! Père ! Sire Milo me dit que vous avez battu des monstres géants ! Mais c'est n'importe quoi, les monstres ça n'existent pas ! Il dit aussi qu'il y a longtemps, des méchants pouvaient les faire revenir de dessous terre et qu'ils étaient aussi grand que notre château ! »


L'Empereur Eivor regardait son aîné avec tendresse, la gorge serrée alors que les souvenirs de sa dernière grande bataille lui revenaient en tête par fragment. Le champ de bataille, le golem de Terre, le Mage et ses yeux bleus plein de haine, le serpent noir. La Marque.


« C'était il y a longtemps, chuchota l'Empereur. Il n'en existe plus. Je les ai tous éradiqués pour vous protéger.

Son aîné sourit davantage, fier et joyeux, il se tourna vers le chevalier resté en retrait.

- Tu vois ! Ça n'existe plus les monstres géants ! »


Son fils aîné partait à nouveau à l'assaut du chevalier, épée de bois en l'air et ce dernier le rattrapa pour le faire tournoyer. L'Empereur sentit une forte pression dans sa poitrine, la vue un peu plus trouble mais il secoua la tête avant de décider de se lever. Son corps était faible et chaque jour lui semblait le rapprocher un peu plus de son jugement dernier. Les visions de son présent commençaient à se superposer à celui de son passé. Par moment, il pensait même l'entendre, Zephilis, qui lui répétait qu'il était arrivé au bout du chemin.

Dix années depuis leur dernière rencontre et aucun mage, érudit, physicien, personne n'avait su arrêter le mal qui le rongeait depuis ce jour. Aucun mage n'avait pu conjurer la malédiction du Geai Bleu. Cette marque qui se rependait dans son dos et qui gagnait son cœur, son âme. Si elle n'était pas apparue sur sa famille, il l'accusait de lui avoir pris sa femme, morte en couche lors de la naissance de son deuxième fils. Sa bien-aimée. Sa raison d'être. Il allait enfin pouvoir la retrouver et c'était son seul lot de consolation à l'approche de sa destinée.


« Votre Altesse ! »


La voix du chevalier le fit s'arrêter alors qu'il était en train de sortir du jardin. L'Empereur revint rapidement sur ses pas voyant son aîné par terre, gémissant de douleur.


« Il est tombé d'un seul coup, paniqua le chevalier en voyant l'Empereur se ruer sur son fils.

- Gwendel ! Gwendel ! Regarde moi. »

Le petit gémissait, la main portée sur son épaule.

« J'ai mal, Papa, j'ai mal... »


L'Empereur regardait les gestes de son fils qui pointaient son épaule, il tira sur le vêtement pour regarder et remarqua avec effroi des lignes incandescente se tracer sur sa peau.


« Seigneur, qu'est-ce que c'est..., souffla le chevalier.

- Non..., chuchota l'Empereur. Non...Pas toi. Pas toi...»

Ses dents se serraient à mesure que ses yeux se noyaient de larmes amères. 


Son second fils s'approchait, choqué de voir son père pleurer alors qu'il serrait son aîné dans ses bras, laissant tomber la petite chenille dans l'herbe.



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